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Réformes macroéconomique et intégration par le marché dans la CEMAC

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par Michel Dieudonné MIGNAMISSI
Université Yaoundé II - DEA 2008
  

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1.2. UN NOUVEAU DETERMINANT DU COMMERCE INTERNATIONAL : LA MONNAIE UNIQUE

Le rôle de la monnaie unique sur le commerce est aujourd'hui indéniable depuis les travaux pionniers de Rose (2000). Il arrive au résultat selon lequel les pays faisant partie d'une même UM et ayant des caractéristiques similaires, voient leurs échanges augmenter de plus de trois (03) fois. Il s'agit en s'inspirant de ce résultat, de dresser une revue sur les liens qui existent entre monnaie et commerce à travers la théorie des zones monétaires optimales.

1.2.1. La théorie des zones monétaires optimales (ZMO)

Une ZMO est une zone géographique où la résorption des déséquilibres provoqués par des chocs asymétriques est assurée par d'autres mécanismes que la manipulation des taux de change entre les régions ou les pays de cette zone. Elle est généralement discutée suivant deux voies : une voie traditionnelle cherchant un consensus sur la nature du régime de change, et une voie récente qui privilégie la coordination des politiques nationale. Cette théorie peut être présentée en plusieurs séquences.

Tout d'abord, la phase pionnière avec Mundell (1961) qui pense que le coût d'une monnaie commune est qu'elle est un frein à l'ajustement en cas de chocs asymétriques. Il conclut tout de même que l'organisation optimale est celle d'une monnaie unique pour des régions dont les facteurs sont mobiles.

Ensuite, vinrent les prolongements de McKinnon (1963) avec son critère d'ouverture. Il montre que les petits pays ont davantage intérêt à miser sur un régime de changes fixes, et qu'un taux d'ouverture élevé est une condition d'optimalité monétaire. Kenen (1969) pour sa part examine la problématique de la diversification des économies, diversification qui pourrait être à l'origine des demandes croisées et donc de l'augmentation du commerce.

Mais pendant les années 80-90, la théorie est soumise à des raffinements, surtout avec des analyse en équilibre général tout d'abord avec imperfection des marchés financiers (Helpman et Razin, 1982 ; Neumayer, 1998), et ensuite avec rigidité des prix et des salaires (Bayoumi, 1994 ; Ricci, 1997 ; Beine et Docquier, 1998). Deux conclusions sont avancées : la première montre que l'ouverture des économies, en accroissant l'ampleur des chocs réels, réduit les bénéfices nets de l'UM ; pour la seconde, l'adhésion à une UM accroît le bien-être si les gains issus de l'élimination du risque de change excèdent les coûts de réduction des divers instruments financiers dans l'économie (Bamba, 2004).

Les analyses ci-dessus proposent des critères qui sont qualifiés de statiques, c'est-à-dire exogènes. Cette phase pionnière de la théorie des ZMO manque cependant un cadre unifiant dans la mesure où selon la théorie appliquée, les frontières des ZMO peuvent changer radicalement. Une économie très ouverte devrait selon la théorie de McKinnon (1963) favoriser l'intégration monétaire. Or cette même économie peut être caractérisée par une mobilité des facteurs de production réduite ; ce qui, selon Mundell (1961), supposerait un système de change flexible. C'est ainsi que le débat s'est ensuite orienté vers l'endogénéité des ZMO, aboutissant à deux issues dialectiques. Tout d'abord Krugman (1993) qui démontre à partir d'un cercle vicieux que les pays d'une UM font face à des chocs asymétriques. Pour lui, l'intégration économique, financière et monétaire permet aux pays d'exploiter leurs avantages comparatifs, leurs dotations factorielles, donc de diversifier leur production par un processus de spécialisation à l'intérieur de la zone. Chaque pays réagit en effet aux évolutions spécifiques du secteur dans lequel il se spécialise. Ensuite, Frankel et Rose (1998)67(*) proposent, contrairement à Krugman (1993), un cercle vertueux entre la monnaie et le commerce. Ils sont renchéris par des auteurs tels que Rose (2000), Alesina et Barro (2002) et Alesina et Tenreyro (2003). La conclusion principale est que deux pays qui passent en changes fixes ou qui adoptent la même monnaie voient leurs échanges commerciaux s'accroître et leurs cycles réels se synchroniser, ce qui justifie ex post l'intégration monétaire.

Il est clair que les analyses ci-dessus n'épuisent pas le problème de l'optimalité d'une zone monétaire. D'autres analyses ont privilégiés les aspects tels que l'analyse coûts - bénéfices avec pour principaux auteurs Ishiyama (1975), Bean (1992) et Tavlas (1994). Ainsi, les bénéfices soulignés par Bean (1992) tournent autour des aspects tels que l'accroissement de la valeur liquide de la monnaie, la transparence des prix, la baisse de l'incertitude liée au taux de change, la réduction de la volatilité liée à la spéculation, les gains de réputation, bref la réduction des coûts de transaction. En contre partie, les coûts seraient généralement liés à l'abandon de l'instrument de change, à l'abandon de l'autonomie monétaire, aux effets externes négatifs. Quel serait donc l'arbitrage optimal ? Il convient de souligner qu'au final, la montée du régionalisme dans le monde a donné raison à la suprématie des avantages sur les coûts.

Au-delà de cet aperçu théorique, des études empiriques ont été entreprises dans presque tous les blocs régionaux du monde. Ondo Ossa (2000) s'intéressant à la Zone Franc (ZF) africaine arrive à la conclusion selon laquelle cette zone est optimale, non de part sa définition, mais de part sa finalité, c'est-à-dire la solidarité des pays.

La coordination des politiques budgétaires a aussi constitué un noeud dans l'analyse des problématiques des UM. S'il est interdit toute politique monétaire indépendante en UM, il n'est pas évident qu'il en aille de même pour la politique budgétaire. Les résultats montrent que les pays qui forment une UM doivent automatiquement coordonner leurs politiques budgétaires nationales. Cela passe par le respect des critères de convergence. Quelques limites peuvent être décelées au niveau interne (normes trop restrictives, laxisme dans la mise en oeuvre et dans l'application des sanctions) et externe (difficultés à définir un bon policy-mix et la non prise en compte du secteur social) (Avom, 2007).

Les conclusions tirées des critères traditionnels, qui se sont avérées peu réalistes, ont cédé depuis le début des années 90 la place à des critères plus raisonnables. Tous ces développements récents ont été regroupés sous l'appellation de « critères de convergence » (voir chapitre 1). Notion centrale en économie, la convergence signifie que la différence entre deux grandeurs devient arbitrairement petite (Bamba, 2004). Théoriquement, cette notion a une double acception : la convergence conditionnelle et la convergence inconditionnelle68(*).

Ainsi défini, les critères de convergence en Zone CEMAC peuvent être mis en cause. Leur caractère restrictif ainsi que leur statisme face à l'évolution conjoncturelle est discutable dans le cadre de ces économies en quête de croissance, et donc vouées à plus de dépenses (Avom, 2007). Une autre critique est que, la poursuite du respect des critères conduit à mettre en oeuvre des politiques budgétaires de court terme plutôt que structurelles, à effet succinct plus que curatif (Schor, 2000).

Ainsi, la théorie des ZMO, malgré son caractère multidimensionnel, explique au final le rôle de la monnaie sur l'intégration par le marché. Mais dans les nouveaux modèles empiriques (modèle de gravité par exemple), il est de plus en plus montré le rôle d'autres facteurs géographiques, historiques et sociologiques.

* 67 « Entry into a currency union may raise international trade linkages [...] ».

* 68 La convergence absolue, connue aussi sous le nom de sigma-convergence mesure en un point du temps la disparité des revenus par tête d'un groupe de pays. Empiriquement, elle s'appréhende à travers le coefficient de variation. La convergence conditionnelle ou bêta-convergence a un sens un peu plus économique : elle signifie qu'à terme, les pays pauvres rattraperont les pays riches dans le processus de croissance, surtout si l'écart est important. On peut aussi parler de clubs de convergence, c'est-à-dire des groupes plus ou moins homogènes de pays qui partagent les mêmes propriétés de croissance à long terme. On distingue une autre classification de la notion de convergence : la convergence nominale (inflation), la convergence réelle (taux de croissance) et la convergence structurelle (organisation de la base productive).

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