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Réformes macroéconomique et intégration par le marché dans la CEMAC

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par Michel Dieudonné MIGNAMISSI
Université Yaoundé II - DEA 2008
  

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1.1.2. Une complémentarité commerciale et productive souhaitable

La complémentarité est une notion qui délimite la nature du commerce - composition des exportations et des importations - (complémentarité commerciale) ainsi que la possibilité d'existence des excédents (complémentarité productive) d'un pays ou d'une région. En Zone CEMAC hors Cameroun, tous les pays ont une structure commune dans leur architecture productive (tableau 5) : la prédominance de la monoculture et de la faiblesse des dotations, la conséquence étant la faible diversification des exportations. Zone appartenant au golfe de Guinée et situé aux confins de tous les autres blocs régionaux africains, seule la RCA ne dispose pas encore de gisement pétrolier.

La problématique de la complémentarité au sein d'une UM a longtemps été mise en veilleuse. Il convient de noter qu'un examen minutieux de cette notion remonte aux travaux précurseurs de Meade (1955) où il montre que la meilleure Union Douanière est celle qui se caractérise par la similitude et la complémentarité des économies qui la forment. Fouda (2003) soutient que l'une des conditions de réussite de l'intégration économique est la disposition, avant le passage des accords, de potentialités productives qui encouragent la complémentarité, en créant ainsi des courants additionnels d'échange.

Tableau 4 : Dotation en principales ressources naturelles des pays de la CEMAC

Pays

Ressources naturelles

Cameroun

Pétrole, cacao, café, coton, huile de palme, hévéa, bois, cultures

vivrières et élevage.

RCA

Or, diamant, cobalt et bois.

Congo

Pétrole et bois.

Gabon

Pétrole et bois.

Guinée Equatoriale

Pétrole.

Tchad

Pétrole, coton et élevage.

Source : Construit par l'auteur, à partir de CEMAC (2006b)

Sur un plan empirique, l'analyse de la complémentarité couvre deux aspects majeurs : la complémentarité commerciale et la complémentarité productive.

La complémentarité commerciale se base sur les échanges internationaux. Il capte les échanges effectués entre deux pays faisant partie d'un même bloc régional. Mickaeley (1994) a élaboré un indice pour mesurer cette complémentarité :

Mik est la part du produit i dans les importations du pays k et Xij est la part du produit i dans les exportations du pays j. Ainsi, si ICC=0, aucun bien exporté par un pays n'est importé par un autre ; ICC=1 implique que les importations et les exportations sont structurées de la même façon dans les deux pays. Plus la valeur de cet indice est élevée, plus l'intégration régionale a des possibilités de se consolider77(*). Mais cet indice se limite au plan commercial et ne permet pas de saisir les productions qui génèrent les échanges commerciaux. Pour lever cette équivoque, un indice plus parlant et qui permettrait de comprendre les causes de la faiblesse des échanges est l'indice de complémentarité productive (ICP), qui se réfère à la structure de production des pays membres. Cet indicateur permet de conclure à la possibilité des excédents et donc de commerce au sein d'une zone d'intégration. Son expression technique est la suivante :

pt est la production totale de la zone en %, pa la production du pays a membre de la zone en %, dt la demande totale équivalent à la population totale de la zone, da la demande du pays a représentée par la population totale du pays, np le nombre de pays producteurs du bien et n le nombre de pays faisant partie de la zone. Ainsi si l'ICP < 0, le produit est non complémentaire ; si l'ICP = 50, la complémentarité est supposée moyenne ; si l'ICP < 50, la complémentarité est faible ; si l'ICP > 50, la complémentarité est supposée forte.

Il convient de noter que les facteurs déterminants de cette complémentarité productive sont l'absence ou le manque de concurrence entre les industries de la zone et la taille interne des marchés (Boungou Bazika, 2004).

La conclusion tirée ci-dessus sur le manque ou la faible complémenté productive entre les pays de l'Afrique n'est pas absolue. En effet, les pays africains disposent de potentialités productives qui méritent d'être valorisées à travers les infrastructures routières, les études de marchés des pays partenaires par exemple. Il faut en plus noter que certains pays de la CEMAC en particulier et ceux de l'Afrique en général disposent des excédents exportables (tableau 5).

Tableau 5: Excédents des produits exportables au sein des pays africains

Pays

Nature des excédents

Ethiopie, Mali, Niger, Somalie, Soudan

Viande

Côte d'Ivoire, Madagascar, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Sénégal, Somalie

Poisson

Burundi, Cameroun, Kenya, Zimbabwe

Céréales

Côte d'Ivoire, Liberia, Nigeria

Caoutchouc

Kenya, Malawi, Mozambique, Tanzanie

Thé

Côte d'Ivoire, Ghana, Nigeria

Cacao

Maurice, Swaziland, Zimbabwe

Sucre

Congo Démocratique, Mozambique

Hydroélectricité

Angola, Nigeria, Congo, Gabon

Pétrole

Source : Extrait de Boungou Bazika (2004)

Une application empirique de l'ICP par Boungou Bazika (2004) en Zone CEMAC sur la période 1990-1998 décèle des résultats intéressants. Il trouve l'existence de quatre niveaux de complémentarité de produits dans la CEMAC CEMAC.

Ainsi, les produits non complémentaires au sein de la CEMAC sont le maïs, le café, le bois scié et les boissons alcoolisées, avec des ICP négatifs. Les produits à faible complémentarité sont la viande de boeuf et le riz paddy avec des indices de 47,9 chacun. Parmi les produits à moyenne complémentarité, on rencontre les produits de la pêche, le cacao, les tissus, les parties de machines, avec des ICP compris entre 50 et 60. Les produits à forte complémentarité sont nombreux : manganèse, autres bois, tabac, Okoumé, cartouches, dioxyde de carbone, azote, cigarette, gasoil, lubrifiants, diamants, coton tourteaux avec des ICP qui se situent au delà de 100%.

Il ressort que près de 85,7% des produits réalisés en CEMAC possèdent un indice de complémentarité élevé. En plus, la taille du pays et donc du marché influence la valeur de l'indice. Les produits issus des pays à petite taille sont plus complémentaires (surtout lorsqu'ils sont producteurs uniques) que ceux venant des pays à grande taille de marché, car le phénomène d'absorption entre en jeu. Il ressort que les produits manufacturés ont un ICP élevé, ceci s'expliquant par leur forte demande et le fait que leur offre est assurée en majorité par un seul pays (le Cameroun et plus ou moins le Gabon). En outre, la non complémentarité du café et du maïs s'explique par le fait que ce sont les pays à forte demande qui en sont les premiers producteurs78(*). Un produit tel que le textile ne présente qu'une complémentarité moyenne, due au fait que les importations extra-zone sont largement supérieures aux importations intra-zone, masquant ainsi toute création de courants de commerce additionnels. Ce dernier cas s'expliquerait par la compétitivité imposée à travers la faiblesse des coûts de productions dans les pays producteurs extra-CEMAC, malgré l'instauration du TEC.

De ce qui précède, il ressort qu'une analyse profonde de la sphère productive des pays de la CEMAC révèle des complémentarités (ex ante), contredisant ainsi l'hypothèse généralement répandue de productions non complémentaires. En plus, il convient, pour bénéficier de cette complémentarité potentielle, de renforcer le capital spatial.

Mais au delà de la complémentarité, qu'en est-il du potentiel commercial dans la zone ?

* 77 Les calculs effectués par Hugon (2001) montrent que cet indice se situe à 0,089 pour les pays de l'Afrique sub-saharienne et à 0,563 pour les pays de l'ALENA ou de l'UE.

* 78 Ces pays sont le Cameroun, la RCA et le Tchad, ce qui limite les exportations vers les autres pays.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand