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Le développement financier et la croissance économique au Camreroun

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par Nathalie Carine ASSOMO TEUBO
Université de Douala - DEA en Economie Monétaire et Bancaire 2005
  

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Section 2 : Les implications de politiques économiques

Dans la réalité camerounaise, il est peut être difficile de percevoir à court terme une relation franche entre l'amélioration du système bancaire et l'accroissement de la production globale, tout porte même à croire que la relation causale s'établit plutôt entre croissance économique et développement financier ; mais l'histoire économique de ce pays nous amène à penser que le développement de l'activité financière peut avoir une influence indirecte sur le niveau du PIB.

Les successions de crises et reprises de l'activité économique et de l'activité bancaire

nous démontrent à suffisance l'imbrication des deux phénomènes à court terme. Les décideurs politiques et économiques doivent en conséquence intégrer cet aspect dans l'analyse qu'ils font de la croissance économique.

A l'issue de ce travail de recherche, nous sommes à même de proposer quelques mesures dont la mise en application permettrait d'atteindre plus rapidement les objectifs de croissance fixés par les institutions internationales de Bretton Woods et les institutions sous-régionales, en accord avec les autorités camerounaises.

Aussi cette deuxième section fait état des propositions de politique économique et des implications économiques de telles mesures. A cet effet, nous étudierons en premier lieu les mesures institutionnelles et en second lieu les décisions économiques susceptibles d'être adoptées.

A. Les mesures institutionnelles et réglementaires potentielles

L'amélioration du niveau de l'activité économique passe nécessairement par l'amélioration du cadre institutionnel qui l'accompagne. De la même façon, le développement financier ne saurait se faire sans qu'au préalable le cadre institutionnel et réglementaire ne subisse quelques changements structurels.

Il est à noter que lorsque nous parlons ici de développement financier, nous considérons tous les indicateurs d'approfondissement que nous avons étudiés dans le premier chapitre. Ainsi les mesures institutionnelles se réfèrent aussi bien aux dépôts et crédits qu'à la monnaie.

La première mesure que nous proposons est la mise en place au sein de nos établissements de crédit d'un département spécifique de trésorerie. Le rapport de la BEAC de 2001 sur le fonctionnement du système financier établit comme phénomène paradoxal la surliquidité des banques camerounaises dans un contexte où l'endettement extérieur constitue la principale source de financement pour les secteurs dits prioritaires, à savoir, l'éducation et la santé.

Dans la plupart des pays financièrement développés, ce sont les grands groupes financiers et les holdings financiers qui soutiennent ces secteurs. Ils sont soit actionnaires dans les grandes écoles soit la principale source de financement pour des études chères payées mais rentables in fine.

Ainsi, au Cameroun le département trésorerie des établissements aura en charge la rentabilisation des fonds oisifs ; dans la mesure où le financement des projets d'investissement est rendu difficile par l'instabilité de la conjoncture économique qui accroît les risques idiosyncrasiques et les risques d'asymétrie informationnelle.

La construction des écoles et hôpitaux par les intermédiaires financiers est une solution proposée au problème de la surliquidité des banques. Cette solution s'inscrit mieux dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) et contribue pour une grande part à l'édification de la croissance économique, voire du développement socio-économique.

La seconde mesure institutionnelle concerne la réhabilitation de la cour de justice communautaire. Cette institution régionale a pour tâche première le règlement des conflits intra zone et pour missions secondaires la stabilité politique et la restauration d'un Etat de droit dans tous les pays appartenant à la zone CEMAC.

Cette mesure trouve toute son importance dans la régularité des conflits armés que nous observons depuis quelques années dans les pays voisins, en l'occurrence le Tchad et le Congo, ainsi que dans l'apparition des soulèvements sociaux et politiques qui ont bouleversé le Cameroun au début des années 1990.

A cet effet, il est important de noter que le système financier camerounais ne saurait se développer sans qu'au préalable règne une atmosphère de paix. L'instabilité socio-politique a pour principale conséquence de rendre très incertain l'avenir, élevant ainsi les risques.

L'accroissement des risques conduit les établissements de crédit à rationner les crédits et à limiter leur expansion géographique. Ceci a pour effet le ralentissement des investissements et à terme, la récession de l'activité économique.

En outre, l'instabilité politique a pour effet la réduction de la masse monétaire en circulation. En effet, pendant les périodes troubles, les agents économiques préfèrent thésauriser leurs avoirs. Ce comportement est rationnel, dans la mesure où les placements bancaires et les investissements comportent des risques trop élevés.

La réduction de la masse monétaire et de la masse des crédits alloués conduit l'économie vers une situation de crise qui n'est aucunement souhaitable pour un pays déjà très endetté comme le Cameroun

Il est par conséquent judicieux pour assurer la stabilité socio-politique dans ce pays que la cour communautaire soit réhabilitée et qu'il lui soit attribué la mission prioritaire de prévention des conflits intra pays.

Sur le plan réglementaire, il est crucial que la crédibilité de notre système juridique soit restaurée. Le système juridique camerounais souffre d'un manque d'autonomie véritable. Les autorités politiques ont en effet le pouvoir d'orienter les décisions de justice vers la satisfaction de leurs intérêts personnels.

Il faut noter que pour émettre de telles affirmations, il nous a fallu faire un stage académique dans une institution bancaire dans la ville de Douala en tant que gestionnaire de fonds de commerce.

Le constat que nous avons fait met en relief le fait que la plupart des administrateurs publics possèdent de petites structures soit familiales, soit personnelles. Pour assurer le financement de leurs projets d'entreprise, ils se servent de leur qualité de décideur pour bénéficier du crédit. Par la suite, lorsqu'il leur arrive de ne pas respecter leurs échéances de dette ou tout simplement de ne pas honorer leurs engagements auprès de la banque, ils usent parfois de cette même qualité d'administrateur pour dissuader les autorités juridiques de prendre des décisions susceptibles de les compromettre.

Cette main mise des autorités administratives sur le pouvoir juridique conduit au rationnement de crédit ainsi qu'à l'accroissement du risque d'antisélection qui a un effet néfaste sur l'efficience allocationnelle des intermédiaires et donc sur la croissance optimale de l'économie.

Par ailleurs, la corruption est un fléau social qui mine la société camerounaise. Les acteurs économiques en paient les frais lorsqu'ils possèdent des dépôts litigieux auprès des institutions de crédit. Ceci conduit la plupart des déposants à confier leurs avoirs à la banque sur de courte période, conservant ainsi le contrôle de leur épargne.

Cette attitude des épargnants n'est pas favorable à l'amélioration de l'activité productive en ce sens qu'elle ne permet pas aux institutions bancaires de faire des placements sur de longues périodes ; puisque ne disposant que des avoirs courts. Les projets d'investissement dont la rentabilité est avérée dans le long terme mais conséquente sont ainsi abandonnés au profit de simples crédits de campagne ou des facilités de caisse.

A la réforme du renforcement de la crédibilité du système financier doit s'ajouter celle de l'application effective de la loi sur le blanchiment d'argent. Le non respect d'une telle loi déteint sur la crédibilité du système financier et de manière plus générale sur la renommée du pays.

Il n'est d'ailleurs pas souhaitable pour un pays comme le Cameroun qui bénéficie encore de l'aide des institutions internationales d'abriter des réseaux de blanchiment d' « argent sale ». Un tel constat pourrait geler les relations avec ces institutions et freiner le processus d'assainissement du système financier.

D'un point de vue purement économique, la pratique d'une telle activité au sein du pays peut fausser les résultats attendus de la mise en oeuvre d'une politique sectorielle particulière.

Pour étayer nos propos, imaginons que l' « argent sale » soit blanchi à travers une société écran qui appartienne au secteur industriel. Les profits comptables générés par cette industrie démontre que le secteur industriel se porte bien et n'a en conséquence besoin d'aucune aide quelconque. La réalité économique peut cependant en être toute autre et les décisions de politique qui sont prises sur la base de ces informations sont totalement faussées.

En définitive, les mesures institutionnelles et réglementaires suggérées dans notre travail ont pour objectif principal l'instauration d'un cadre viable propice au développement du système financier et surtout à la croissance économique. Mais à elles seules elles ne sauraient suffire pour garantir une croissance auto-entretenue qui passerait par l'amélioration de la sphère financière. Aussi nous essaierons de compléter l'analyse par les réformes d'ordre économique.

B. Les réformes d'ordre économique susceptibles d'être envisagées

Les réformes économiques se distinguent des réformes institutionnelles et réglementaires en ce sens qu'elles exigent de la part des autorités monétaires et gouvernementales la mise en place d'un dispositif communicationnel important. Elles requièrent en outre un effort de la part des différents acteurs économiques, mais surtout un ensemble d'éléments motivants.

La première réforme que nous proposons est la vulgarisation des moyens de paiement modernes. Cette vulgarisation permettra l'accroissement du taux de bancarisation de l'économie. Celui- ci à son tour contribue à l'amélioration du système financier et donc à l'amélioration de l'activité économique via les différents canaux analysés au deuxième chapitre.

Comment vulgariser ces moyens de paiement modernes ? L'Etat camerounais depuis quelques années a entériné la décision ministérielle portant sur le paiement des salaires des fonctionnaires. Cette décision stipule que pour des appointements supérieurs à 100 000 FCFA, les fonctionnaires doivent recevoir leur salaire par virements bancaires. Cette décision oblige ainsi de nombreux agents économiques à se constituer des comptes bancaires de type compte chèque.

Même si elle n'est pas encore effective dans toutes les régions du pays, la décision ministérielle constitue un pas vers la vulgarisation des moyens de paiement. Elle a d'ailleurs été suivie avec beaucoup d'intérêt par quelques entrepreneurs camerounais qui désormais paient leurs employés dont le salaire se trouve au dessus du seuil sus indiqué essentiellement par virement bancaire.

Mais cette pratique était déjà mise en oeuvre dans la plupart des multinationales implantées au Cameroun pour des employés cadres et minoritairement pour des agents de maîtrise.

Quelle est l'incidence de cette vulgarisation sur le niveau de l'activité réelle ? Si d'ici l'horizon 2010, tous les fonctionnaires et les salariés disposent d'un compte bancaire qu'il soit un compte chèque ou un compte d'épargne, le volume de l'activité bancaire va augmenter. L'utilisation des chèques comme moyen de paiement est plus sécurisant, plus commode et elle facilite les transactions.

De plus, l'ouverture des comptes bancaires par les acteurs économiques accroît la quantité des fonds prêtables et partant donne l'opportunité à de grands projets d'investissement d'être réalisés.

Au total, la vulgarisation des moyens de paiement modernes dans la société permet aux banques secondaires de jouer pleinement leur rôle de création monétaire dont l'incidence sur l'activité réelle trouve ses fondements dans l'analyse keynésienne du multiplicateur monétaire.

Outre cette mesure, nous proposons aux banques camerounaises la diversification des produits de financement. Nous entendons par nouveaux produits de financement de nouveaux types de crédits qui répondent aux besoins d'une économie en développement.

D'après les critères mis en exergue par la Banque Mondiale, le Cameroun est un pays pauvre. Le rapport du PNUD en 2001 atteste d'ailleurs que plus de la moitié de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Une grande partie de la population camerounaise vit du petit commerce. Celui-ci a beaucoup de mal à se développer et nécessite pour cela un financement bancaire encore difficilement accessible.

A l'exemple de la « Grammy Bank » du Bangladesh, les institutions bancaires pourraient mettre sur pieds un crédit de petits commerces à taux bonifié pour renforcer et développer ces activités qui sont la source de revenu d'une grande partie de la population.

Ainsi, la demande globale pourra s'accroître conformément aux thèses keynésiennes, générant par conséquent l'accroissement de la production globale.

Une autre manière de booster la demande intérieure est d'offrir aux ménages des crédits de consommation. Mais il est vrai que des conditions de crédit bien ficelées doivent faire l'objet d'une étude plus approfondie.

La descente dans quelques établissements de crédit de la ville de Douala nous a donné de constater que les seuls types de crédit de consommation alloués sont des crédits d'équipements et des crédits automobiles. Encore faut-il noter qu'ils sont accordés à une classe particulière d'individus ; il s'agit en particulier des employés de l'institution et dans une moindre mesure de quelques employés des entreprises partenaires et des cadres de l'administration centrale.

Dans cet ordre d'idée, nous saluons les efforts entrepris par la Société d'aménagement de Douala en partenariat avec le Crédit Foncier du Cameroun qui oeuvre pour l'amélioration des logements des habitants de cette ville.

Cette action a bien entendu des conséquences sur la croissance économique ; dans la mesure où la construction de ces nouveaux logements requiert une demande abondante des matériaux de construction. Elle participe par conséquent à la redynamisation du secteur de l'industrie immobilière.

A côté de toutes ces réformes structurelles, nous recommandons que les mesures déjà envisagées par les autorités camerounaises deviennent effectives. Il s'agit en l'occurrence de la mise sur pieds d'un marché financier dynamique qui permettra aux petites entreprises de trouver le financement pour leurs investissements, et de la légalisation des associations tontinières qui sont le lieu d'un volume conséquent de flux financiers difficiles à percevoir à travers nos différents agrégats macro économiques.

Le marché boursier a l'avantage de présenter la situation financière réelle de chaque acteur qui désire y entrer en cotation. Le entreprises sont en effet obligées de présenter leur structure financière véritable qui dénote de leur crédibilité, afin d'émettre des titres dont les cours auront une évolution favorable.

Le marché boursier en plus d'être un lieu de financement est un lieu d'évaluation des entreprises. Sa réhabilitation permettra à l'Etat camerounais de résoudre le problème d'évasion et fraude fiscale qui est devenu depuis quelques années l'apanage des entreprises camerounaises.

La légalisation des tontines permettra d'autre part d'améliorer la « traçabilité18(*) » des mouvements de capitaux. Ainsi, les agrégats monétaires pourraient être construits sans ambiguïté et les décisions de politique économique auraient les effets escomptés.

En définitive, les mesures à entreprendre par le gouvernement camerounais sont à même de relancer l'activité économique via un accroissement de la demande domestique d'une part et d'autre part d'aider à la poursuite de l'objectif de réduction de la pauvreté d'ici l'horizon 2015 à travers le financement des secteurs jugés prioritaires par les institutions internationales.

Conclusion

Les estimations économétriques auxquelles nous avons procédé dans ce chapitre montrent que le développement de l'activité financière a une incidence positive sur le développement de l'activité réelle. Même si la relation inverse n'a pas l'objet d'une modélisation rigoureuse, tout porte à croire que la relation que nous avons étudiée est biunivoque.

A cet effet, nous avons proposé quelques mesures à mettre en oeuvre sur les plans institutionnel, réglementaire et économique qui vont dans le sens de l'amélioration du système financier. Celle-ci a un effet boomerang puisque le développement de l'activité productive exige un système financier de plus en plus étoffé et performant.

La performance du système financier est perçue à travers l'analyse du taux de liquidité et dans une moindre mesure du taux de quasi liquidité. Ces différents ratios nous renseignent sur le degré de monétisation de l'économie. Et, un système devient de plus en plus performant au fur et à mesure que l'économie devient monétaire.

Cette transformation a l'avantage que les politiques économiques mises en oeuvre peut aisément mouvoir l'économie vers un équilibre. Il reste cependant à établir la stabilité de ce nouvel équilibre. Ce travail est à envisagé dans une étude ultérieure.

* 18Le terme traçabilité est propre au jargon bancaire ; il désigne la possibilité qu'ont les autorités monétaires et publics à retracer sans difficulté les différents flux de capitaux dans l'économie.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo