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Le développement financier et la croissance économique au Camreroun

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par Nathalie Carine ASSOMO TEUBO
Université de Douala - DEA en Economie Monétaire et Bancaire 2005
  

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Section 2 : La corrélation entre le développement financier et la croissance économique au Cameroun

La plupart des études théoriques menées sur le développement financier depuis Goldsmith (1969) portent à croire que celui-ci constitue une variable déterminante dans l'explication de la croissance économique.

Dans le cadre du Cameroun, très peu d'études ont essayé de valider ou d'invalider cette assertion. Une analyse graphique conjointe des deux phénomènes dans ce pays nous permettra probablement d'émettre quelques hypothèses quant à l'existence d'un lien de corrélation entre les deux types de variables.

source : banque mondiale, 2002

Le graphique 1.4 nous montre qu'autour de la crise du système bancaire camerounais de 1989, on observe une décroissance du PIB par habitant. La question que suscite en nous cette observation est celle de savoir si l'évolution de la croissance du secteur réel a une incidence quelconque sur le système financier ou plutôt existe-t-il une relation entre l'évolution de la sphère financière et celle de la sphère réelle ?

Cette section s'atèle à répondre à ces questions qui sont toutes aussi essentielles que la durée de la relation.

Ainsi, nous envisagerons dans notre première sous-section la liaison entre les phases du cycle économique et la fragilité du système financier en général et du secteur bancaire en particulier. Notre seconde section s'épandra sur l'existence d'une corrélation à long terme entre les deux phénomènes.

A. Récession économique et fragilité du système bancaire

A la suite des deux chocs pétroliers, les pays en développement lourdement endettés voient leur service de la dette extérieure augmenter de façon exponentielle en raison de la mise en oeuvre de la nouvelle politique anti-inflationniste américaine. La chute des cours des produits de base vient s'ajouter à cette situation déjà déplorable pour un pays comme le Cameroun. Le début des années 1980 est marqué par une allocation totale des fruits de la croissance au remboursement du service de la dette.

source : banque mondiale

Le graphique 1.5 illustre bien cette assertion. Il nous montre que malgré un accroissement régulier du PIB, le revenu national brut croît à taux décroissant ; les fruits de la croissance ne sont pas redistribués aux populations.

Au cours de la même période, les dépôts bancaires de l'Etat ont considérablement diminué tandis que les crédits accordés à l'Etat ont augmenté. Ceci pourrait laisser supposer qu'ils étaient eux aussi utilisés pour le paiement du service de la dette qu'elle soit extérieure ou intérieure.

source : BEAC

Le graphique 1.6 nous montre qu'à partir de 1983, l'Etat réduit ses avoirs bancaires et augmente son endettement intérieur et ceci jusqu'en 1987, date à laquelle le gouvernement camerounais décrète de façon officielle la crise économique. A cette date, L'Etat est asphyxié et n'arrive plus à honorer ses engagements.

Le retrait des fonds publics et l'accumulation des créances compromises déstabilisent le système financier déjà très fragilisé par la fermeture de quelques grandes banques commerciales et des petites banques financièrement peu structurées qui survient quelques années avant la crise systémique de 1989.

Cette crise est caractérisée par une généralisation dans le système d'une mauvaise position bilancielle bancaire. Ainsi sur les 7 banques encore en activité en 1989, seules les grandes multinationales à savoir SGBC, BIAO, BICIC et SCB Crédit Lyonnais subissent des restructurations, toutes les autres sont liquidées.

La crise du système bancaire est à l'origine de la création de la SCR (Société Camerounaise de Recouvrement) dont la mission principale est le recouvrement des créances douteuses et dans une moindre mesure la liquidation des banques en difficulté.

La crise du système bancaire qui survient au lendemain de la récession économique démontre bien combien le système financier camerounais est fragile et instable. Cette instabilité se perçoit aussi bien à travers les effets positifs et négatifs que peuvent avoir les chocs extérieurs sur l'évolution des agrégats du développement financier.

Tout comme la crise économique influence le système financier, les politiques libérales mises en oeuvre à la suite de la dépression survenue dans le système affectent son évolution. Le graphique 1.7 nous montre qu'au lendemain de la libéralisation et surtout à l'issue de la restructuration, le système financier camerounais s'est enrichi. Les dépôts et les placements bancaires ont tous augmenté ; et ceci conformément à une évolution positive du PIB (cf graphique 1.1).

source : BEAC

Au total, le système financier camerounais évolue de façon colinéaire par rapport à l'activité réelle. Il serait par conséquent opportun de poser quelques hypothèses quant à l'existence d'une corrélation entre les deux phénomènes.

B. La corrélation à long terme entre le développement financier et la croissance économique au Cameroun

L'étude que nous menons sur la corrélation à long terme entre le développement de l'activité financière et celui de l'activité productive constitue une ébauche d'un travail plus élaboré sur le sens de la causalité entre l'amélioration du système financier et la croissance économique.

Aussi, dans cette deuxième sous-section, nous nous intéresserons à la signgificativité des différents coefficients de corrélation de la relation de long terme Finance-croissance. Nous prendrons la peine de les calculer pour une simple régression entre le taux de croissance du PIB par tête et nos indicateurs de développement financier. Nous procéderons pour ainsi dire à une estimation simple des modèles symétriques qui prennent en compte les variables financières retenues plus haut.

y=1.27X-2.7

(0.543905)

R²=0.007725

source : banque mondiale et calculs de l'auteur

Le graphique 1.8 nous montre que dans le long terme, il est difficile d'appréhender la relation entre le développement financier et la croissance économique à partir de la droite de régression. Le coefficient de corrélation calculé entre la croissance du PIB par habitant et le logarithme du ratio crédit au secteur privé/PIB soit 1.27 n'est significatif ni aux seuils de 5% et 10%, ni même au seuil statistique de 20%. En effet, la valeur de la statistique de Student calculée (0.54) est inférieure aux valeurs critiques respectivement égales à 1.96, 1.64 et 1.28.

Néanmoins, le signe positif de la relation nous amène à penser que dans une étude plus élaborée, l'accroissement de la part du crédit au secteur privé dans l'économie contribue à l'amélioration de la production du secteur réel.

De plus, la faiblesse de coefficient de détermination (0.007) nous suggère déjà que le modèle tel que spécifié ne saurait permettre une analyse pertinente. Il est indispensable pour une estimation ultérieure de considérer d'autres variables théoriquement significatives dans notre modèle.

Parallèlement relation inverse entre la part du crédit privé et la croissance du PIB par habitant n'est non plus possible. Le coefficient de corrélation pour cette relation est de 0.006 et la valeur calculée de la Statistique de Student qui lui est associée reste la même.

y= -11.72X+ 31.66

(-2.842464)

R²= 0.175340

source : banque mondiale et calculs de l'auteur

En revanche, le graphique 1.9 nous montre qu'il est toujours possible à long terme de trouver une corrélation entre le développement de l'activité financière et la croissance économique à travers le ratio de liquidité. Le coefficient de corrélation calculée pour cette relation est de -11.72. Ce coefficient est significatif au seuil de 5%, car la valeur de la statistique de Student qui lui est associée soit en valeur absolue 2.84 est supérieure à sa valeur critique au seuil de 5%. La relation inverse elle aussi reste possible. D'après nos calculs, lorsque la masse monétaire augmente de 1%, le taux de croissance du produit par tête diminue de 0.015%.

Le signe négatif qui affecte cette relation trouve une explication dans la formulation du taux de liquidité de l'économie. En effet, le taux de liquidité de l'économie est un rapport entre deux types d'agrégats : un agrégat réel et un autre financier.

En général l'agrégat monétaire soit M2 est utilisé par les autorités étatiques comme instrument de politique économique. Aussi, le but recherché est l'incidence de celui-ci sur le niveau de l'activité réelle.

En théorie économique, les effets sont souvent étudiés une fois que la clause « cétéris paribus » est évoquée. Autrement dit, les effets ne sont étudiés que dans un environnement statique.

Ainsi l'incidence d'une évolution positive du PIB sur le ratio de liquidité est étudiée sous l'hypothèse forte « toute chose égale par ailleurs ». Et, puis que cet agrégat se trouve au dénominateur de notre ratio, ce dernier diminue lorsque le PIB augmente.

Au total, l'évaluation du développement financier mesuré par le ratio crédit au secteur privé sur PIB n'est pas corrélée à la croissance économique. Ce résultat empirique souffre quelque peu de robustesse. Pour cette raison, cette analyse doit être complétée par une étude plus approfondie sur la causalité entre l'amélioration du système financier et le développement de l'activité réelle dans notre troisième chapitre. Cette étude nous permettra de vérifier de façon statistique et empirique les résultats de nos observations.

A l'inverse, le développement financier mesuré par le taux de liquidité de l'économie est négativement corrélé avec la croissance du produit par tête. Il faut néanmoins noter que ce résultat est donné « cétéris paribus ». En effet, l'analyse de la corrélation n'intègre pas la simultanéité de l'évolution des variables considérées. Tout se passe comme si seul le PIB à l'instant t se modifie. Son incidence est par la suite mesurée sur le taux de liquidité et vice-versa.

Cependant dans la réalité la plupart des phénomènes ne sont pas statiques. On observe a contrario une évolution dynamique des phénomènes de telle sorte que les résultats que nous trouvons sont a priori en contradiction avec la réalité des faits. Pour cette raison, notre travail ne se limitera pas à une analyse statique de la relation à estimer ; il se consacrera davantage à l'étude dynamique de la relation entre les deux phénomènes.

Conclusion

L'économie de l'intermédiation financière de manière générale a beaucoup évolué au cours du temps. A la suite de multiples chocs, on est progressivement passé des systèmes répressifs aux systèmes libéralisés. Ces chocs ont été à l'origine de la remise en cause du paradigme fondamental keynésien sur le contrôle et la surveillance étatique. Dans les pays africains et en particulier au Cameroun, la mise en oeuvre d'un tel paradigme a conduit à une forme plus exacerbée de l'interventionnisme étatique qui a entraîné un ralentissement du processus de développement financier enclenché dans la décennie 1970.

La colinéarité des phénomènes d'approfondissement financier et de croissance de l'activité économique a donné une orientation précise à notre analyse. L'existence d'une corrélation possible entre les variables financières et les variables réelles nous suggère de nous intéresser désormais au sens de la causalité entre les deux phénomènes. Bien plus elle nous exige d'identifier la nature de la relation causale ainsi que sa durée.

Mais avant, il est crucial pour nous d'établir le cadre théorique d'une telle relation en situant notre travail dans un paradigme. L'analyse néoclassique de la croissance nous semble la plus pertinente même si elle reste très normative. Ainsi, la question à laquelle nous essaierons de répondre dans notre deuxième chapitre porte sur la dualité de la dynamique Finance-croissance.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle