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Le développement financier et les déficits budgétaires dans la CEMAC

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par zédou abdala
Université Yaoundé II - DEA-PTCI 2006
  

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Section 2 :

Le système financier et les finances publiques : les explications théoriques

Cette section veut faire le tour des aspects théoriques qui sous tendent le lien entre le système financier et les finances publiques. Dans une large mesure, l'on pense que le développement financier accentue les difficultés financières de l'Etat. Cependant des analyses existent qui soulignent que les performances du secteur financier contraint le pouvoir public à la discipline budgétaire.

1- Le développement financier, néfaste aux déficits publics.

Le développement financier crée des difficultés au Trésor public en ce qu'il occasionne l'abandon des privilèges de financement que l'Etat obtenait de son interventionnisme sur le secteur financier. Cet abandon implique en effet la perte des revenus implicites et l'alourdissement du service de la dette. Ces implications affectent alors du budget de l'Etat.

1.1- La perte des privilèges de financement.

Le gouvernement reçoit des privilèges de financement illégitimes du système financier du fait de son intervention sur le secteur financier. Il reçoit des revenus et une rente de

financement à cause des taux administrés à la baisse ou des taux de réserves obligatoires élevés. Le développement de la sphère financière suite à la suppression de l'interventionnisme étatique occasionne la perte des revenus et des rentes faciles.

Giovannini et De Melo (1991) soulignent que l'inflation et la répression financière sont utilisées dans les pays en développement comme des formes de taxation complémentaires. En pratique, la répression financière est typiquement le résultat du plafonnement du taux d'intérêt nominal en deçà du taux d'inflation. Avec des taux d'intérêt administrés, une politique d'inflation conduit à des taux d'intérêt réels très faibles. En plus, avec une gamme très limitée d'instruments financiers et des coefficients des réserves obligatoires élevés, c'est la base de la taxe d'inflation qui augmente.

Pendant que Fry (1993) et Friedman (1971) analysent l'inflation comme une taxe, Giovannini et De Melo font pareil avec la répression financière. La répression financière et l'inflation sont traitées comme des prélèvements sur la richesse privée. Elles procurent donc des revenus bon marchés à l'Etat. La suppression de l'intervention publique à travers l'instauration de la flexibilité des taux, l'abolition des réserves obligatoires et l'abandon des politiques inflationnistes libèrent le système financier et accroissent les activités financières. L'Etat perd par conséquent tous ses revenus bon marché. L'ampleur da la perte est proportionnelle à la marge de liberté accordée au système financier. Les tableaux ci-après donnent une idée des revenus auxquels les gouvernements de quelques pays renoncent suite au développement financier.

Tableau 3.1 : Revenu du seigneuriage dans 8 pays africains, 1984

Pays

Pourcentage du PNB

Pourcentage du revenu courant du gouvernement

Algérie

1.59

..

Côte d'Ivoire

0.44

1.45

Egypte

7.50

16.69

Ghana (1985)

0.74

6.17

Maroc

1.67

6.79

Nigeria (1987)

0.94

5.05

Tanzanie (1985)

3.14

18.55

Zaïre (1986)

3.03

16.08

Source : Fry, 1995, p.402

Tableau 3.2 : Revenu de la répression financière dans 5 pays africains

 

période

Pourcentage du PIB

Taxe implicite

Pourcentage du revenu total du gouvernement

Algérie

1974-1987

4.30

10.08

11.42

Maroc

1977-1985

2.31

16.07

8.89

Tunisie

1978-1987

1.49

13.20

4.79

Zaïre

1974-1986

0.46

62.29

2.48

Zimbabwe

1981-1986

5.50

20.30

19.13

Source : Giovannini et De Melo, 1991

Par ailleurs, avec l'expansion de l'activité du secteur financier, l'Etat abandonne le privilège du financement de sa dépense à faible coût. L'intuition première de la répression financière est le blocage des taux d'intérêts à des niveaux artificiellement bas. Le but de cette politique est le financement à des coûts faibles des entreprises et de la dépense publiques. C'est une façon pour le gouvernement de réduire ses dépenses de paiement d'intérêt. La libéralisation des taux a pour conséquence l'élévation de ceux-ci. Le graphique ci-dessous (emprunté à l'analyse du surplus du consommateur) montre la rente que l'Etat perd suite à cette augmentation des taux d'intérêt.

Pour un taux d'intérêt plafonné (ipl), les offreurs de crédit ne peuvent que proposer un montant (CRo), alors que les demandeurs souhaitent obtenir un volume (CRd). L'équilibre au point B suppose un montant de crédit égal à (Cre) et un taux d'intérêt (iéq). Ici, on dit que les demandeurs de capitaux sont subventionnés, puisque leur disposition à payer est plus grande et se situe à (imax). Le triangle représenté par ABC est la rente issue de l'administration des taux. Avec le retour au taux d'intérêt d'équilibre, l'Etat perd donc le surplus représenté par la

moitié de la rente : ABD

ABC =

Source : emprunté à l'analyse du surplus du consommateur.

Nous constatons qu'avec le développement financier, l'Etat perd les privilèges qu'il avait pendant la répression. Il perd les revenus issus de la répression financière et de la politique d'inflation ; en même temps, il perd les rentes liées au faible coût de financement de ses dépenses. Ces pertes ont nécessairement des incidences sur les finances publiques.

1.2- Les implications de la perte des privilèges.

La perte des privilèges des interventions sur le système financier ont pour conséquences directes la hausse des dépenses et l'alourdissement du poids de la dette.

L'intuition de l'école de la répression financière est que les taxes de répression et d'inflation sont implicites, de même que leurs revenus. Le développement financier vient détruire les sources de revenus implicites du gouvernement. Il en vient alors que les dépenses vont nettement se détacher des recettes, les déficits budgétaires vont se creuser à l'occasion. Giovannini et De Melo (1991, note 16) soulignent ainsi que le revenu de la répression financière n'est pas reflété par une hausse des recettes. Il se manifeste plutôt par la chute des dépenses publiques. Le développement financier accentue donc les déficits publics, budgétaires notamment.

La conséquence la plus connue de la libéralisation financière est l'élévation du taux d'intérêt. Celui-ci, pendant la répression financière était maintenu à des niveaux bas pour financer à faibles coûts le secteur public et minimiser les paiements d'intérêt. La définition opérationnelle du déficit budgétaire se résume en l'équation suivante :

D = G - R + S équation 1.

D est le déficit budgétaire ; G, les dépenses publiques ; R, les recettes budgétaires et S, le stock de la dette publique.

Le déficit budgétaire baisse avec les recettes budgétaires, mais croît avec les dépenses et le stock de la dette publiques. Ce dernier est composé d'une partie à taux variables et d'une autre à taux fixe. Le service de la dette à taux variables augmente avec une modification dans le même sens du taux. Avec l'augmentation du service de la dette, le déficit budgétaire se creuse. L'augmentation des taux d'intérêt, avec la libéralisation financière alourdit les dépenses de paiement d'intérêt et par conséquent le déficit budgétaire.

Nous comprenons à travers ces explications que la perte des revenus et des rentes de la répression financière sont les conséquences du développement financier. Un système financier libéré n'est plus contraint par l'Etat qui voit ses finances se détériorer. Pourtant, dans une certaine mesure, on peut penser que le développement financier oblige l'Etat à davantage de discipline budgétaire, et donc à réduire ses déficits.

Il apparaît que le développement financier, avec la libéralisation financière est néfaste aux finances publiques. L'amélioration de l'activité financière suppose l'abandon des privilèges illégitimes de l'Etat sur le système financier. Ces pertes accentuent les déficits du budget public. Au -delà de cette vision, une autre analyse suggère que le développement financier favorise plutôt la discipline budgétaire.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand