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Le secteur du micro crédit au maroc, evaluation et etude de cas

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par Mohamed Faska
Université Moulay Ismail Méknes - Licence en sciences économiques 2006
  

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Chapitre II :

Microcrédit et pauvreté 

Section I : Le rôle du microcrédit dans la lutte contre la pauvreté :

Les derniers rapports du groupe du travail sur le millénaire -crée pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD)- indiquent que, si la croissance économique a favorisé un recul rapide de l'extrême pauvreté en Chine, en Inde et dans d'autres régions d'Asie où vient la majorité des pauvres, des avancées sont maigres en Afrique, où l'incidence de l'extrême pauvreté est la plus forte. Les progrès dans la réalisation des autres objectifs du développement sont eux aussi inégaux ; il reste très en deçà des cibles fixées en matière d'égalité des sexes, de mortalité maternelle et de durabilité de l'environnement.

Ces tendances montrent à quel point il est nécessaire d'améliorer les politiques des pouvoirs publics pour soutenir la croissance et réduire la pauvreté. Or, si la communauté internationale reconnaît qu'il faut agir, le débat reste vif quant à la meilleure façon d'agir12(*).

Contrairement à un idée reçue, les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers (dépôts, prêts...) et y ont recours. Ils les emploient aux mêmes usages que tout le monde : pour mettre à profit des possibilités d'affaire, rénover leur logement, ou faire face à des dépenses importantes ou à des situations de crise.

Pendant des siècles, ils ont fait appel aux prestataires les plus varies. Certes, la plus part des pauvres n'ont pas accès aux banque et aux autres institutions financières formelles, et les systèmes informels (prêteurs sur gage, clubs d'épargne et de crédit, les mutuelles d'assurance) sont répondant dans presque tous les pays en développement.

La majorité des 1.5 milliards de personnes qui vivent avec moins d'un dollar par jour sont des femmes ; de plus l'écart entre les femmes et les hommes, s'est accentué au cours de la dernière décennie ; ce qui a remis en selle le fameux concept de « féminisation de la pauvreté ». Ainsi, pour ne pas devoir remettre en cause le sacro-saint PAS, un financement du programme de microcrédit au profit essentiellement des groupes les plus pauvres, à savoir les femmes, a augmenté considérablement sans l'impulsion du CGAP (Consultatif Group to Assist the Poorest) qui regroupe entre d'autres donateurs, quelques pays du Nord, les banques asiatiques et africaines du développement, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Banque Mondiale...

Tous ces efforts et résultats positifs obtenus font dire à beaucoup de professionnels de développement que ces programmes contribuent grandement à la réduction de la pauvreté (des femmes essentiellement).

II- Pauvreté : concepts et évolutions.

Le microcrédit peut également constituer un puissant instrument d'émancipation en permettant aux pauvres et en particulier aux femmes de devenir des agents économiques de changement. En effet, en donnant accès à des services financiers, le microcrédit joue un rôle important dans la lutte contre les nombreuses dimensions de la pauvreté. Pour mieux cerner l'incidence de ce concept, sur l'efficacité de la lutte contre la pauvreté, il est utile de rappeler dans un premier temps très sommairement les évolutions des concepts concernant la pauvreté, la manière dont l'on considère les femmes dans le contexte de la lutte contre la pauvreté, et les pratiques du microcrédit. Dans un deuxième temps, l'heure sera aux réponses à la question posée : quels sont les impacts des programmes de microcrédit en terme de réduction de la pauvreté.

1) Dimensions de la pauvreté :

Pendant de très nombreuses années, l'approche de la pauvreté était surtout monétaire basée sur le critère de revenu : était pauvre celui qui avait un revenu inférieur à un dollar US par jour (en valeur de 1985). Si cette approximation pour avoir une certaine utilité, notamment pour des comparaisons internationales, il s'avérait trop réductrice pour capter la réalité des vies des êtres humains en question. Avec le lancement de 1990 de « rapport mondial sur le développement » par le PNUD, le concept de développement humain a très vite eu des répercutons sur l'approche de la pauvreté : celle-ci se caractérise non plus uniquement par le faible niveau de revenu d'instruction, par une santé précaire et un vieillissement précoce. L'édition de 1997 de ce rapport introduit le concept de « pauvreté humaine », tout en stipulant que l'indicateur de la pauvreté humaine (IPH) qui est également élaboré par le PNUD, ne saisit pas la totalité des aspects de ce concept :la pauvreté est ·la négation des opportunités et des possibilités de choix les plus essentiels du développement humain -longévité, santé, créativité, mais aussi conditions de vie décentes, dignités ; respect de soi-même et des autres, accès à tout ce qui donne sa valeur à la vie ( PNUD , 1998).

Un des penseurs qui ont fortement influencé cette évolution du concept est l'économiste indien Amartya SEN. Pour lui, la pauvreté est avant tout une privation des capacités élémentaires. Néanmoins, ·cette définition ne vise en aucune manière à nier l'évidence : un revenu faible constitue bien une des causes essentielles de la source de privation des capacités d'un individu· (SEN, 2000).

Sue la base de l'approche de SEN, ont été développé des concepts multidimensionnels de la pauvreté. A titre d'exemple, on peut citer Jean-Luc DUBOIS qui circonscrit la pauvreté par ses dimensions multiples : pauvreté sociale (correspondant à la faiblesse du capital social), pauvreté culturelle, pauvreté politique, pauvreté d'éthique et pauvreté économique. Cette dernière étant composée des aspects monétaires, des aspects liés aux conditions de vie et des aspects liés aux potentialités des individus (DUBOIS, 2000).

Une autre évolution remarquable du concept de la pauvreté est une vision plus dynamique. Un tel élargissement peut être illustré à travers l'exemple de la pauvreté monétaire. Des analyses plus fines ont démontré que le revenu est sujet à de fluctuations importantes et que la pauvreté se traduit aussi par une incapacité de maintenir un niveau de bien-être spécifié (WRIGHT13(*), 1999).

Cette complixité du concept de la pauvreté a été confirmé récemment par une large enquête menée par la Banque Mondiale qui visait à dire la pauvreté telle que la ressentent les plus démunis. Ceux qui recouvrent les statistiques de la pauvreté exprimaient des facettes multiples de la pauvreté ayant trait surtout à des formes d'impuissance et de mal-être14(*).

2) La pauvreté au féminin :

Les femmes jouent un rôle important dans le développement, d'un tel pays, vu leur travail fourni notamment dans le domaine agricole. Portant, elles sont exclues dans les politiques de ce développement.

Pendant la décennie de la femme (1975-1985), la division sexuelle du travail et l'impact des projets de développement sur les femmes sont largement étudiés. Les résultats de ces études et leurs répercussions sortent les femmes des niches sociales du développement en reconnaissant leur rôle productif.

Cette période a vu naître l'approche IFD (Intégration des Femmes dans le Développement) qui tentait, comme l'indique son nom, d'intégrer les femmes dans le processus de développement existant, afin de rendre celui-ci plus efficient et efficace. A travers des projets pour les femmes ou des volets ·femmes· dans des projets qui se voulaient intégrer, on visait à accroître la productivité et le revenu des femmes.

Ce n'est qu'à partir des années 1970 que les femmes apparaissaient dans d'autres secteurs du développement, par exemple à travers des programmes de développement rural non-agricoles qui leur étaient destinés ( entre autres, des programmes de formation concernant les soins de santé préventifs, la nutrition, l'alphabétisation et des petits travaux manuels).

En revanche, l'approche genre qui succède à l'approche IFD vers les années 1990, tente de palier cette lacune en mettant l'accent sur les relations inégales de pouvoir comme étant un des facteurs majeurs qui conditionnent la situation des femmes. Le terme genre fait référence à la construction sociale des rôles féminins ou masculins. Ceux-ci ne sont pas seulement définis par le critère biologique du sexe, mais sont le résultat des conditions de production et de reproduction propres à chaque société et en évolution constante. ·Les genres ont une base culturelle ; ils sont définis par la société qui en détermine les activités, les statuts, les caractéristiques psychologiques, culturelles et démographiques, dont le point de départ est la différence sexuelle, mais qui ne peuvent pas se résumer ou se justifier par cette seule différence sexuelle·.

En effet, des analyses selon le genre montrent que des aspects tel que le contrôle masculin de la force de travail des femmes, et leur accès limité au pouvoir politique et à des ressources à forte valeur sociale et économique sont à l'origine de leur accès limité à une source de revenu stable.

De tels résultats d'analyse ont de toute évidence des répercussions, sur les politiques de lutte contre la pauvreté. D'un point de vue opérationnel, il s'agit d'adresser en même temps les besoins pratiques et les intérêts stratégiques des femmes afin qu'elle puissent sortir durablement de leur condition de pauvreté.

Dans ce contexte, les enjeux stratégiques se retrouvent dans un concept dont la traduction n'est pas aisée dans le milieu francophone : ·l'empowerment· des femmes15(*). Isabelle JACQUET16(*) en donne une définition claire en englobant : l'empowerment correspond à l'acquisition d'un droit à la parole et à la reconnaissance sociale.

Ce concept fait référence à la capacité de comprendre la nature des structures décisionnelles dans les contextes particuliers : Qui prend les décisions ? Par quels processus sont-elles prises ? Comment les personnes qui étaient dans le passé exclues du groupe de prise de décision font-elles sentir leur influence dans les nouvelles décisions qui émergent ?...17(*)

3) Le microcrédit comme réponse aux pauvres :

Dans la majorité des cas, il est admis que l'utilisation du microcrédit a des effets plutôt positifs sur les opportunités et les revenus : intensification et/ou extensification de l'agriculture quand le foncier n'est pas saturé, structuration des réseaux de commerce de l'artisanat, etc. ces revenus étant prioritairement consacrés à l'alimentation et aux conditions de vie (santé, éducation, habillement, habitat, etc.). Ensuite, un certain effet positif est également décelable sur l'empowerment, en termes de statut et d'insertion sociale. Enfin, la sécurité peut se trouver renforcée par le recours à l'épargne, la possibilité de souscrire de nouveaux crédits, les opportunités ouvertes par les services encor rares d'assurance. A travers ces diverses études d'impact, l'idée originelle selon laquelle le recours au microcrédit peut être compris comme un outil de maintien, voire d'amélioration de la situation des pauvres, paraît donc globalement se vérifier.

L'aspect le plus répondu de la microfinance est le microcrédit. D'après la Banque Mondiale, il s'agit des crédit qui sont inférieurs à 40% su PNB (produit national brut) par habitant de chaque pays.

Un autre trait du microcrédit en particulier est mois contesté : il est local et proche des gens et il est destiné à financer des microprojets. Son utilisation est étroitement liée aux activités du secteur informel. Les femmes représentent sans aucun doute la majorité des destinataires du microcrédit.

En outre, on a pu observer que les femmes qui vivent dans la misère s'adaptent mieux et plus vite que les hommes au processus d'auto-assistance qui est mis en oeuvre à travers les groupes solidaires, les ·self-help groups· (SHG). C'est un petit groupe des femmes, homogènes économiquement, de pauvres urbains ou ruraux, formé volontairement pour épargner et contribuer à un fonds commun destiné à être prêté aux membres selon des décisions collectives et dans le but de travailler ensemble pour le développement économique et social de leur famille et de la communauté18(*). Aussi c'est un groupe de femmes cohérent et homogène, il est de petite taille, son fonctionnement et sa décision est prise sur le mode démocratique19(*).

Le microcrédit adresse le problème de la pauvreté dans son acception restreinte : faiblesse des ressources familiales, et dans son acception plus large et récente : l'inaccessibilité des ressources et l'absence de contrôle de ces ressources. Incontestablement, le microcrédit est une solution au moins potentiellement supérieure aux autres cas de figure, parce qu'il comporte des éléments qui devraient entraîner un plus d'empowerment. Ceci s'avère encor plus vrai si le microcrédit incite les pauvres à joindre un SHG qui crée un espace d'échange entre femmes.

II- Impact et viabilité financière des institutions du microcrédit :

1) L'impact du microcrédit :

En dépit d'un fort taux de remboursement, les quelques études statistiques dont on dispose sur les emprunteurs révèle de faible augmentation de revenus pour la majorité d'entre eux (WRIGHT, etc.). Ces études nous apprennent aussi que le revenu en hausse se stabilise habituellement après un certain temps et que seul un faible pourcentage d'emprunteurs bénéficierait d'une progression constante de leur revenu.

En fait, cela s'explique par le fait que bon nombre de prêts sont affectés plus à des activités de subsistance voire de consommation qu'à des activités innovantes à risques. Nombreux étaient ceux (pauvres) à vouloir se cantonner dans des activités informelle traditionnelles ne faisant pas vraiment appel à l'esprit d'entreprise (couture, échoppe, tissage, vente de légumes...) sous le prétexte qu'ils n'étaient pas assez instruits. Or, le microcrédit ne peut enclencher une dynamique d'accumulation à long terme que lorsqu'il y a des possibilités d'une part d'obtenir les crédits d'un montant significatif et de manière très régulière et d'autre part de pouvoir les multiplier afin de diversifier les activités génératrices de revenus.

2) Viabilité financière des institutions du microcrédit :

L'un des paradoxes des programmes de financement est la tension entre les politiques conçues pour accroître la viabilité financière des institutions de microcrédit et les stratégies conçues pour l'empowerment des pauvres. En effet, les exigences relatives à la durabilité financière des institutions mènent à réduire au strict minimum les services de soutien complémentaires. Or, des volets complémentaires des programmes de microfinance , comme les programmes d'alphabétisation, les services de garderie, la formation en gestion des entreprises, peuvent avoir un impact significatif tant sur l'amélioration du revenu que sur l'empowerment.

Presque tous les programmes mondiaux de microcrédit affirment que la viabilité financière de leurs activités constitue l'un des principes clés de leurs actions. Les subventions sont considérées comme des aides temporaires pour surmonter les coûts de démarrage de leurs activités. En fait, le but de ces promoteurs financiers est de développer des programmes de crédit viables sur le plan financier, c'est-à-dire de recourir, grâce aux charges des clients et aux intérêts, les coûts de fonctionnement, le coût des fonds et la perte de valeur due à l'inflation. Des taux d'intérêt, une mobilisation de l'épargne et une responsabilité collective pour le remboursement du prêt, devraient permettre de maximiser les profits tout en minimisant les coûts de services financiers20(*).

* 12 - · Que faire pour aider les pauvres· Emanuele Baldacci, Benedic Clements, Qiang Cui et Sanjeev Gupta. Magazine : · Finances et Développement·. Edition juin 2005, p20.

* 13 -Graham A.N Wright est directeur du programme MicroSave-Arica, président du groupe de travail du CGAP sur la mobilisation de l'épargne et associé de recherche à l'Institue of Development Policy and Managment de Manchester, R-U.

* 14 - ·pauvreté et développement durable· Elisabeth HOFMAN, Kamala Manius-GNANOU. 22-23 novembre 2001, p3.

* 15 - on préfère le terme anglais ·empowerment· à ses traductions françaises ·attribution de pouvoir· (voir BISILAT. J., ·introduction·, dans BISSILAT. J., (1992), « relations de genre et développement, femmes et société », ORBSTON, Paris, pp. 11-23).

* 16 - JAQUET Isabelle, 1995, ·Développement au masculin, féminin- le genre, outils d'un nouveau concept·, l'Harmattan, Paris.

* 17 -·pauvreté et développement durable· Elisabeth HOFMAN, Kamala Manius-GNANOU. 22-23 novembre 2001, p3.

* 18 - TAMIL NADU CORPORATOPION OR DEVELOPMENT OF WOMEN (2000), « SHGs Credit guideline », http://www.tamilnaduwomen. org

* 19 - RASHTRIYA MAHILA ROSH, (1999), http://rmk.nic.in

* 20 -·Pauvreté et développement durable· Elisabeth HOFMAN, Kamala Manius-GNANOU. Novembre 2001. p 19.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote