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Effet de la dette extérieure sur la croissance économique au Bénin

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par Gbènoukpo Modeste Arnaud DEDEHOUANOU
Université d'Abomey-Calavi - DEA en Economie 2009
  

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4 - Surendettement

Selon J.Sachs (1989)10(*), le surendettement est analogue à la situation d'une entreprise insolvable non protégée par les lois de la faillite. Dans ce cas, les créanciers prennent des actions antagoniques pour se servir les premiers sur la valeur restante des actifs, préjudiciables à la survie de l'entreprise. Sachs démontre, à partir d'un modèle interpemporel à deux périodes, dans lequel le service de la dette agit comme une taxe désincitative à la production. Pour lui, il existe un seuil optimal d'endettement pour lequel tout supplément marginal d'endettement conduit à une réduction importante de l'investissement et le débiteur aurait intérêt à ne pas rembourser la dette. D'où la notion de debt overhang (le fardeau virtuel de la dette).

5- Raison d'être des emprunts et dynamique du cycle de la dette

La plupart des pays qui ont gravi les échelons du développement ont eu recours, à diverses étapes de leur croissance, aux capitaux étrangers. Plusieurs raisons peuvent servir à justifier le recours par un pays aux emprunts extérieurs. Ces emprunts permettent au pays débiteur de combler les écarts entre l'épargne intérieure et l'investissement, de réduire les contraintes imposées à la croissance par des réserves de devises insuffisantes, d'influer sur le profil temporel de la consommation et de financer les déficits provisoires de la balance des paiements (Williamson et Milner, 1991).

La théorie économique a beaucoup évolué au cours des cinquante dernières années dans la construction des « modèles d'aide». La théorie de Rosenstein-Rodan du « big push » stipulait qu'une aide massive à tous les secteurs devait favoriser le développement. Sur la base d'un modèle Harrod et Domar, selon lequel la croissance dépend de l'investissement, cette analyse avance l'hypothèse de la rigidité de l'offre à moyen terme, ce qui nécessite l'importation de biens et de services. Dans ce cadre l'évaluation des besoins de financement dépend de quatre paramètres : épargne intérieure (Si), l'investissement (I), les exportations (X), les importations (M). En fixant un taux cible de croissance, il est possible de déterminer les besoins de capitaux extérieurs pour l'investissement, compte tenu de la propension interne à épargner, et d'évaluer le solde de la balance commerciale propre à ce taux de croissance. Dans cette phase de prévision (ex ante), le déficit intérieur de l'épargne peut différer du déficit extérieur. Dans la littérature, l'endettement est lié à un déséquilibre et trois motifs probables peuvent amener un pays à s'endetter :

· Pour financer un haut niveau d'investissement ;

· Pour lisser les fluctuations de la consommation en cas de baisse du revenu ;

· Pour échapper à un ajustement face aux déséquilibres intérieurs ou extérieurs.

Si l'on prend en compte l'importance de certaines rigidités ou de certains rationnements, il est judicieux de tenir compte de l'importance relative des déficits l'un en épargne intérieure l'autre en devise : c'est l'approche du « double déficit » à la Chenery et Strout qui peut être transposée en approche du « triple déficit » (Taylor ; 1994), en ajoutant le déficit budgétaire.

Pour caractériser complètement la dynamique de l'endettement extérieur, il faut encore préciser les caractéristiques du financement extérieur. En effet, les caractéristiques du financement extérieur des pays à faible revenu sont très particulières. Pour une part importante, le financement extérieur de ces pays est composé de dons, et le reste consiste habituellement en des financements à fort caractère concessionnel.

Partons du modèle des deux déficits de Chenery et Strout et définissons l'identité suivante :

Si - I = - Se

X - M = - Se

Dans laquelle Si désigne l'épargne intérieure, I l'investissement, X - M le solde du compte courant de la balance des paiements et Se l'épargne extérieure.

Se >0 signifie que :

· L'épargne intérieure Si est faible par rapport à l'investissement ou que l'investissement est trop élevé par rapport aux ressources internes ;

· Les exportations sont trop faibles par rapport aux importations ou que les importations élevées (par exemple des voitures de luxe, les matériaux de construction des châteaux, etc.) non compensées par les entrées de devises.

Si le déficit résulte d'un excédent des importations par rapport aux exportations, il peut être symptomatique d'un manque de compétitivité, mais comme un déficit peut aussi résulter d'un excédent de l'investissement par rapport à l'épargne, il pourrait aussi être le signe d'une économie hautement productive en pleine croissance. Si le déficit est dû, non à un investissement élevé, mais à une épargne trop faible, il pourrait être le résultat d'une politique budgétaire inconsidérée ou d'une fringale de consommation. Ou bien il pourrait découler d'une structure intertemporelle des échanges, consécutive à un choc temporaire ou à un changement démographique. Si l'on ne sait lequel facteur explique cet état, qualifier un déficit de «bon» ou de «mauvais» n'a pas beaucoup de sens : les déficits traduisent des tendances économiques sous-jacentes, qui peuvent être souhaitables ou non pour un pays à un moment donné.

Ainsi trois cas de figures peuvent être présentés :

· L'épargne intérieure est faible par rapport à l'investissement

Ce manque d'épargne peut être en fait dû au manque d'industrialisation du pays qui permet de réaliser des profits. Où alors, quand ces profits sont réalisés par des grandes entreprises multinationales sur place, ils font l'objet d'un rapatriement vers la maison mère. Il pourrait être aussi le résultat d'une politique budgétaire inconsidérée ou d'une fringale de consommation. De surcroît, la pénurie d'épargne peut affecter l'investissement en capital humain et public, ce qui réduirait la croissance de long terme de ces économies selon les nouvelles théories de la croissance endogène.

· L'investissement est trop élevé par rapport aux ressources internes 

Si le déficit courant provient d'un niveau d'investissement élevé, l'emprunt extérieur permettra au pays d'augmenter sa croissance. Supposons un apport de l'épargne extérieure au profit d'un pays bénéficiaire et qu'elle soit bien investie, cela va augmenter le potentiel de la consommation future tout en laissant la consommation présente au même niveau initial. Toutefois, il reste le problème structurel du résultat à long terme, c'est-à-dire comment l'appel régulier des emprunts extérieurs finit par relâcher les efforts du pays emprunteur et le rendre dépendant de l'épargne extérieure.

· Les importations sont trop élevées et des exportations faibles

Cependant, l'endettement peut résulter des importations incontrôlées (X-M <0). En effet, l'accroissement de la demande d'importation de biens d'équipement pour servir au secteur moderne peut être limitée par la liquidité en devises. Il peut être symptomatique d'un manque de compétitivité, ou le signe d'une économie hautement productive en pleine croissance. Les importations élevées (par exemple des biens de luxe trop coûteux) non compensées par les entrées de devises peuvent créer un déficit courant.

Ainsi le pays est obligé d'accumuler des engagements à l'égard du reste du monde. Or, il faudra bien un jour rembourser ces capitaux. Il va de soi que, si un pays gaspille les fonds étrangers qu'il a empruntés en dépenses qui n'amélioreront aucunement sa capacité de production à long terme, alors sa capacité de remboursement, c'est-à-dire sa solvabilité fondamentale, peut être mise en question. En effet, pour être solvable, un pays doit être disposé à dégager (à terme) des excédents courants suffisants pour rembourser ce qu'il a emprunté, et être capable de le faire. Par conséquent, pour savoir si un pays devrait accumuler un déficit courant (emprunter davantage), il faut connaître l'ampleur de ses engagements vis-à-vis de l'étranger (sa dette extérieure) et savoir si les nouveaux emprunts financeront des investissements dont le rendement marginal sera plus élevé que le taux d'intérêt (ou le taux de rendement) que le pays doit servir sur ses engagements extérieurs.

Dans les pays pauvres il faut tenir compte du fait que l'Etat est souvent le seul agent économique susceptible d'emprunter à l'étranger en raison du rationnement du crédit qui touche presque tous les opérateurs privés. Dans la situation typique de ces pays, en dehors de l'Etat proprement dit, seules quelques grandes entreprises publiques peuvent obtenir quelques crédits extérieurs encore ces crédits sont en grande partie avalisés par l'Etat et généralement auprès d'agences spécialisées. D'après des données de la Banque mondiale (1997) la dette extérieure à long terme était entièrement publique dans la plupart des pays à faible revenu : Bangladesh, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Guyana, Ouganda, Tchad, Togo, Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo), etc. Cependant un petit nombre d'autres pays à faible revenu a une dette extérieure privée à long terme, mais elle est faible. Elle constitue 2% du total de la dette extérieure du Cameroun, 18% de celui de la Côte d'Ivoire, 1% au Mozambique, 9% au Niger. Il en résulte que les investissements entrepris grâce au financement extérieur visent avant tout à réaliser des infrastructures publiques à caractère économique et social. On retrouve donc à ce niveau la nécessité d'expliquer la liaison entre investissements publics et croissance, directement d'une part, et, d'autre part, par son interaction ou son effet d'entraînement sur l'investissement privé

* 10 Cité par E. Loubelo (2002)

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius