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Lecture de la Lettre sur l´humanisme de Martin Heidegger

( Télécharger le fichier original )
par Olivier-Paul Nirlo
Université de Bourgogne, Dijon - Maîtrise 2006
  

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CONCLUSION

Avons-nous réussi à dire quelque chose? Rien n'est moins sûr. Mais peut-être avons-nous mis en sûreté quelque pensée heideggérienne. L'heur de la pensée n'est pas de con-vaincre car elle n'a pas d'ennemi à vaincre: il est de se disposer auprès de l'ami. Nul vainqueur ne sort du combat dont elle a la vue. Certainement, la question que la lecture de la Lettre sur l'humanisme formulait au commencement de notre entreprise n'a-t-elle réussi à se formuler. Nous sommes restés vagues sur nombre de points, mais il demeure toutefois quelque chose d'à-propos, nous le souhaitons, dans ce qui a été présenté : que le destin de la pensée n'est pas limpide, mais lucide. Il est en vérité limbes. Ce mot, limbes, est-il pluriel? La ruine et la grâce, si elles sont « deux », ne le sont pas. La difficile simplicité que découvre le pensée et qui dé-couvre (entdecken) la pensée ne peut être portée au langage que par un mot seul: l'Amour. Il est ce qui cèle et décèle la ruine et la grâce, essences du malfaisant et de l'indemne.

Nul ne sort indemne de la guerre car elle a situé l'homme sur le chemin de son destin. Tout regarde l'indemne et la fureur, il n'y a ni vainqueur ni de vaincu. Ce qui est en cette guerre, plus qu'en tout autre temps, sur-venu, c'est la nature simple de l'Amour à deux. Rien n'est plus indemne car tout est malfaisant. De même, rien n'est proprement malfaisant sans que l'indemne ne s'y agite. Le «traumatisme », c'est la découverte de l'être-ensemble de la ruine et de la grâce. La fureur n'est plus le scandale de la guerre, le ressentiment toujours nourri dans la conviction de son droit propre : la fureur est dans l'Etre qui nous destine - et pas seulement en vue de la ruine, mais de la grâce aussi. L'avènement de la paix n'est pas celui de la grâce de civilisations libérées - y demeure encore ce que nulle paix et que nul conflit ne sont encore à même de penser: la grâce et la ruine. Leur vue est dans l'Amour qui, de temps de guerre ou de paix, sur-vient par-delà toute détermination politique de ce qui se donne comme situation. L'Amour, c'est-à-dire la relation de l'homme à l'Etre et de l'Etre à l'homme, ne détermine nullement ses « amants » mais confère la venance. Elle est pure conférence. A cela s'oppose, bien évidemment, l'inférence logique, navrante affliction devant la conférence. Ce pour quoi une chose aime son élément, et l'élément cette chose, c'est l'exaltation de la Joie. Le bonheur de contempler l'homme cultiver son jardin (Platon) et celui d'être chez soi sont, pour l'homme, cet Amour heureux. Car il s'agit bien, au fond, de laisser-être l'élément naturel:

Hebel, L'ami de la maison.1

Les forêts s'étendent
Les torrents s'élancent
Les rochers durent
La pluie ruisselle

Les campagnes sont en attente
Les sources jaillissent

1 Q. III, p. 43.

Les vents remplissent l'espace
La pensée heureuse trouve sa voie.

Quelle est la voie de la pensée heureuse de Heidegger, 1946? Celle de l'Amour de l'Etre qui, déjà, nous aime. L'humanisme fait figure de ridicule dès lors que la pensée heureuse trouve sa voie. A-t-elle encore besoin de l'humanisme ? L'humanisme ? Pourquoi pas : mais pourquoi neÉ pas? L'heur de l'homme est dans la claire- vue du destin de la ruine et de la grâce. Il est temps désormais d'écrire: Destin. Il prévient l'homme de l'Infortune en le jetant dans l'humble Pauvreté. Son Destin est sa Fortune. L'Amour y est décrit comme le résignement à la ruine et la grâce. Si dans ses amours mondains l'homme se sent comme le berger d'une femme, s'il y découvre son destin, s'il veut abusivement s'approprier et rapporter à l'étant l'Ereignis appropriante, si son impératif est de vouloir-vivre de l'espèce, la perpétuation de soi par soi, et s'il ne doit avant tout vivre pour lui même seulement, au profit des avancées technicosociales de son gouvernement, alors doit-il tout de même ap-prendre en premier lieu ce qu'est l'Amour dont il appelle ainsi la voix, véhément. A cet appel de la voix, ne répondra que celle, ténue, de la voie. L'Etre (la voix) et l'Amour (la voie) sont en vue cependant lorsqu'est pris en charge le Destin. Cette prise en charge est divine - dans le sens où le dieu est ce qui destine l'existence, et dans le sens aussi de la décharge de l'homme - dont les pieds sont dans l'étant, mais dont les épaules, qui supportent, comme Sisyphe, le poids du monde, sont dans l'Etre. Nous ne sommes pas sur le point de faire une énième reprise du mythe de Sisyphe, mais il retourne en lui de ce dont l'étant n'est pas la mesure: le sacré. L'Amour-le-demi-dieu est le milieu même de la médiation de l'homme à l'Etre; il place l'homme sur un autre plan, celui désormais clair, du sacré. La poésie est le don de son site et de ce qui, pour l'homme, constitue le monde. Aussi la mort et la joie, l'immaculé et le sang, la vérité et l'égarement, le mâle et la femelle, ne seront-ils plus vécus qu'autrement. Quelle est cette vie promise qui miroite doucereusement derrière le destin de la pensée et devant l'affliction de l'homme, ni la grâce ni la ruine ne le disent. Le plus curieux, c'est qu'elles ne le taisent pas non plus : l'Amour n'est pas dans la maison de l'Etre mais enjoint l'homme et l'Etre «à la maison ». L'Amour est par-delà le dire et le taire, et c'est en cela que son accession au «mot» est impossible, sa dépravation hors-de-question. C'est également pour cette raison qu'il n'est jamais «tenté » par Heidegger: il n'est pas ce qui demeure à tout jamais à-penser, c'est-à-dire à-dire. Mais quelle étrangeté s'offre à notre regard: l'Amour n'est pas ce qui demeure à-penser, c'est-à-dire à-dire? Une telle proposition est, à tous égards, ce qui dans la Lettre sur l'humanisme, reste à tout jamais à-penser. , dans ce «jamais »-là, réside l'énigme de l'Etre et du Rien que notre commentaire à tenté d'approcher sur les traces de Heidegger.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault