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Connaissance, Développement, division internationale du travail. Quelle place pour les pays émergents? Le cas de la Chine et l'Inde

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par Erick ATANGANA
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master Economie de l'industrie et des services 2006
  

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2.1.4.2. Les perspectives de l'évolution technologique en Chine.

Les indicateurs internationaux utilisés pour définir les capacités scientifiques et technologiques de la Chine sont très contrastés (Sachwald, 2007). Il existe la plupart du temps un biais statistique du à « l'effet  taille ». Le classement de la Chine varie suivant qu'on utilise des indicateurs de taille ou d'intensité. En effet, la Chine est ainsi le troisième pays pour les dépenses totales de R&D et le second pour le nombre de chercheurs. Mais lorsque l'on considère par exemple le ratio du nombre de chercheurs par emploi ou le ratio entre les dépenses de R&D et le PIB, elle est moins bien classée. De même, la Chine est classée 9ième mondial au niveau des publications scientifiques, mais elle est beaucoup moins performante lorsque l'on intègre l'indicateur de citation au nombre de publications produites pour rendre compte de la contribution de la Chine à la science mondiale.

En fonction de l'indicateur retenu, les capacités technologiques de la Chine peuvent paraître soit élevées soit moindre. C'est le cas lorsque l'on compare les brevets reconnus par le SIPO et ceux de l'EPO ou encore les brevets triadiques. Par ailleurs les différences de concept entre le système d'enseignement supérieur chinois et celui des autres pays contredisent souvent les indicateurs de qualité et rendent difficiles les comparaisons internationales. Un ingénieur dans le sens « occidental » du terme ne pourrait avoir la même signification selon qu'on est en présence de données chinoises ou Européennes.

Depuis le début des années 80, la Chine a misé sur la science et la technologie pour booster son développement économique. Elle a engagé de nombreuses réformes pour moderniser son système national d'innovation et a mené une politique d'ouverture économique pour attirer les investissements directs étrangers, considérés comme canal de transfert de technologie.

Elle est aujourd'hui la troisième destination mondiale des investissements étrangers, mais en même temps, la Chine se situe très loin derrière parmi les pays investisseurs à l'étranger. Ce qui la différencie largement des autres pays de la triade, qui sont tout d'abord les pionniers de l'investissement direct étranger sortant, dont l'augmentation ces dernières années tire son origine de la montée en puissance du phénomène des fusions-acquisitions transcontinentales (CNUCED, 2006).

Néanmoins, la Chine ambitionne aussi de devenir un investisseur international de premier plan, surtout qu'elle a les moyens de sa politique. En effet, malgré les volumes importants représentés par l'investissement direct étranger (environ 75 Milliards de dollars en 2005), il occupe une place plutôt modeste au sein de l'économie chinoise. Les flux d'IDE n'ont jamais dépassé 14% de l'investissement total en capital fixe, et à peine 3,5% du montant total des financements levés chaque année. D'un autre coté, le taux d'épargne chinois étant l'un des plus élevés au monde (50% du PIB), et les financements internes suffisent à faire face aux investissements domestiques, même très élevés (l'excédent courant est de l'ordre de 6 à 7% du PIB). Actuellement l'accumulation rapide de réserves de change qui sont estimées à près de 1000 Milliards de dollars américains à l'automne 2006 est captée par la Banque Centrale, à laquelle les entreprises doivent remettre 80% de leurs rentrées en devises27(*).

Même si l'investissement financier est encore très limité en Chine, il devrait prendre progressivement de l'importance par rapport à l'investissement de type purement industriel. En

effet, la convertibilité partielle de la monnaie chinoise a eu jusqu'ici pour corollaire l'exclusion des opérateurs étrangers des marchés financiers domestiques et les limitations apportées aux opérations des banques étrangères. La diminution programmée de la part de l'Etat dans les entreprises publiques, la mise sur le marché des actifs gérés par les structures des quatre banques commerciales d'Etat et l'ouverture progressive des marchés financiers chinois, prévue par l'entrée dans l'OMC, devraient entraîner une montée en régime de l'investissement financier.

La Chine a également mis en place un programme de réformes de la propriété intellectuelle. La protection de la propriété intellectuelle fait partie des nouveaux combats des autorités chinoises. Et à ce titre était organisé un forum le 24 avril 2007 à Beijing. Avec, pour introduire les débats, une intervention de la vice-Première ministre chinoise qui a insisté sur le fait que la protection de la propriété intellectuelle doit être considérée en Chine comme un facteur majeur de la compétitivité du pays. Après être revenue sur les progrès déjà réalisés, elle a annoncé les mesures qui devraient être prise pour rendre le système de protection plus efficace. Cette année, la Chine a révisé et mis au point 14 lois et règlements concernant les marques, les droits d'auteur ou les brevets28(*). La Première ministre a notamment affirmé que : « Avec le développement des nouvelles technologies, la croissance des secteurs du divertissement et la poursuite des phénomènes de mondialisation, la propriété intellectuelle prend aujourd'hui une importance jamais connue. C'est notamment pourquoi sa protection est jugée comme une option obligée pour la Chine si elle veut assurer la compétitivité internationale de ses entreprises. Des entreprises qui sont d'ailleurs appelées à prendre des mesures pour protéger leurs propres droits et intérêts, mais aussi ceux d'autrui. La protection de la propriété intellectuelle en Chine s'avère de plus en plus importante en dehors de la Chine. Avec les produits, les services et les techniques exportés depuis la Chine, avec les investissements chinois à l'étranger, les entreprises chinoises disposent d'un nombre de droits d'auteurs toujours plus important. La Chine va devenir un centre de recherche mondial. Un chiffre est éloquent : durant les dix dernières années, le nombre de demande d'inscription de brevets chinois aux Etats-Unis a été multiplié par 15. Par conséquent, en remplissant ses obligations, la Chine protège les droits d'auteur des autres, mais aussi ses propres droits d'auteur. »

A plus long terme, le rôle de la Chine en tant qu'investisseur international gagnera en importance. C'est un objectif clairement soutenu des autorités chinoises qui visent à positionner la Chine comme un investisseur international de premier plan. Les résultats sont impressionnants : le flux annuel d'investissement direct sortant chinois est passé de 2 à 3 Milliards de dollars en moyenne à 5,4 Milliards de dollars en 2004 puis 12,2 Milliards de dollars en 2005. Le gouvernement prévoit une croissance de 22% en moyenne sur chacune des 5 années à venir, au terme de laquelle l'ID chinois atteindrait 60 Milliards de dollars en 201029(*). Ce qui pourrait être très bénéfique pour l'avancée technologique chinoise, puisque investir à l'étranger entraîne des exportations supplémentaires (machines, pièces détachées, composants), mais aussi des importations supplémentaires en provenance du pays d'accueil, qui peuvent être un gage de transfert de technologie.

Les performances économiques de la Chine et son ascension rapide dans l'échelle des puissances économiques ont surpris et suscitent des craintes dans différentes parties du monde. Sa capacité technologique aussi a connu une grande ascension. La part du PIB consacrée par la Chine à la R&D a doublé en 10 ans passant de 0,6% en 1995 à 1,3% en 2005. Cela représente une augmentation moyenne des investissements en R&D de 20% par an dans un pays dont le PIB augmente de 10% l'an. L'OCDE a annoncé récemment qu'en Chine, le nombre des chercheurs travaillant dans le secteur de la R&D serait déjà de 923 000, plaçant là ainsi la Chine en seconde position30(*). Selon ce même organisme, OCDE (04-12-2006), à ce rythme elle aura atteint 2,2% en 2010 rattrapant l'Europe.

Cependant, il est important d'observer les indicateurs de la capacité scientifique et technique de la Chine avec prudence, à cause de « l'effet taille » évoqué plus haut. Différents indicateurs brossent une image contrastée des capacités scientifiques et technologiques de la Chine. Mais d'après les indicateurs synthétiques, la Chine se classe un peu en dessous du Brésil et un peu au-dessus de l'Inde (Sachwald, 2007).

Néanmoins, l'effort de la Chine en matière de R&D reste indiscutable. La Chine est en ordre de bataille et fait l'effort nécessaire pour devenir une puissance scientifique et technologique dotée d'une réelle autonomie dans sa capacité d'innovation. Elle entame son décollage technologique, construit des centres d'excellence et attire des centres de R&D étrangers, mais les faiblesses et les obstacles évoquées plus haut dans son décollage technologique, ne lui permettent pas encore de développer les composantes qui fondent les systèmes d'innovation performants. Mais le rattrapage est en cours, même s'il n'aura certainement pas lieu à très court terme. Si elle continue à ce rythme, la Chine sera un jour la seconde voire la première puissance mondiale en R&D. Mais cette perspective est encore largement inscrite dans le futur et reste à concrétiser. L'écart actuel entre la Chine et les principales puissances scientifiques de la triade (Etats-Unis, Union Européenne et Japon) est encore plus que confortable, d'autant que ces dernières ne resteront certainement pas leur niveau actuel. Mais reconnaissons que la Chine détient le potentiel nécessaire pour le rattrapage technologique et ce n'est plus qu'une question de temps.

* 27 http://www.missioneco.org/chine/

* 28 http://french.mofcom.gov.cn/

* 29 http://www.missioneco.org/chine/

* 30 http://www.oecd.org/

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard