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Fiscalité et Domination Coloniale: l'exemple du Sine: 1859-1940

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par Cheikh DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2005
  

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C- La végétation

Les conditions climatiques sont favorables au développent d'une végétation dense. Le Sine est une zone très boisée qui « cachait ses cases dans d'étroites clairières au milieu d'une épaisse forêt dont les sentiers étaient peu praticables ».21(*) Cette végétation hirsute peut impressionner l'observateur. En saison sèche, la brousse incendiée par l'ardeur du soleil donne un tapis végétal d'un aspect agonisant avec sa couleur jaunâtre. Cependant en hivernage, la végétation ayant repris ses droits donne « l'impression réelle de la grande nature ».22(*)

Le parc végétal du Sine est anarchique dans sa répartition. Il n'est nullement uniforme. Les individus qui le constituent résultent souvent du choix des paysans qui, en défrichant ont su sélectionner les espèces qui allaient constituer le décor de leur milieu naturel. Sur les confins méridionaux du Sine, entre Joal et Fimela se dressent des forêts de rôniers dont la vue ne laisse pas indifférent celui qui visite ces milieux, véritable oeuvre d'art de la nature. Au coeur même du Sine ces palmeraies envahissent certains villages établis souvent prés des tannes, tels les villages de Senghor, Yayème, Diouroup etc. L'abondance du palmier ou rônier se mesure avec son utilisation multiple. Sa sève, très recherchée, sert aux populations qui en font d'excellents vins. Ses fruits, mûrs ou non, entrent dans l'alimentation des populations. Ses palmes et son bois sont utilisés pour la fabrication de paniers, de nattes, mais servent aussi à attacher les épis durant les récoltes. Son bois très usité entre dans la construction des toits. Cette utilité explique l'exploitation abusive qu'en font les habitants de ces terroirs.

De tous les arbres qui constituent le parc Sérère, le plus visible par sa fréquence et son usage multiple reste le saas ou Acacia albida. Cette espèce est « inséparable du paysage du Sine, au point qu'on peut en faire le symbole de leur [ les paysans Sérères ] présence et de leur enracinement »23(*). Cet arbre entre dans l'alimentation du bétail en saison sèche, au moment où tout le tapis herbacé est grillé par les ardeurs du soleil et les vents d'est. Cet arbre est d'un apport fondamental pour le bétail qui, à cette période particulièrement pénible de l'année, ne parvient pas à trouver la pâture indispensable pour sa survie. Ses feuilles qui tombent au début de l'hivernage constituent un fertilisant naturel inestimable pour le sol.

Au-delà de l'Acacia albida, d'autres espèces résiduelles participent au décor des paysages du Sine. On peut citer entre autres, le baobab ou Adansonia digitata, utile par ses feuilles et ses fruits qui entrent dans la composition du couscous. Son écorce lisse est utilisée pour les cordages. Les figuiers sauvages dont le plus remarquable est le ndoun ou Ficus gnaphalocarpa offrent leurs fruits et leurs feuilles utilisés comme condiments. On peut également signaler la présence du nar ( dimb en wolof ) qui est fréquent sur les marges orientales du Sine et le seo ou Parkia biglobosa que l'on rencontre sur les lisières septentrionales du Sine. Au bord des tannes poussent des plantes halophiles dont le plus fréquent est le palétuvier. Beaucoup de ces espèces sont utilisées dans la pharmacopée locale.

Il est impossible de dresser un inventaire complet des espèces végétales qui constituent les paysages du Sine. Cependant il est important de noter que l'homme a tissé avec la nature des liens d'harmonie et de dépendance réciproques. Les nécessités du moment poussèrent souvent les hommes à s'adonner à une exploitation démesurée de cette nature. « Par le feu ou par la hache, ils finirent par se faire une place dans la forêt en y créant des terroirs ».24(*) En surexploitant cette nature généreuse mais parfois hostile, les hommes contribuèrent d'une manière significative à l'instauration d'un déséquilibre naturel qui était néfaste pour leur environnement car, leur  survie dépendait du maintien de cet équilibre fragile.

Le Sine, par son cadre physique, présente des permanences et des ruptures. Ce cadre naturel intégré dans un contexte d'économie monétaire naissant a subi l'agression des hommes. Ces derniers, tout en étant conscients que leur existence ne pouvait dépendre que de cette nature, tirent avantage de ses ressources en en maximisant les profits. Ce fut au milieu de cette nature qu'ils s'organisèrent en une société régie par des normes, fondée sur un certain nombre de valeurs et administrée sur la base d'institutions politiques bien élaborées.

* 21 A.N.S. 2G32-88 : Cercle du Sine-Saloum (Kaolack). Rapport annuel d'ensemble, 1932.

* 22 Guèye Mb., 1990, p. 37.

* 23 Pelissier P., op. cit. p. 261.

* 24 Guéye Mb. , op. cit. p. 34.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld