WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La problématique de la dépénalisation des délits de presse au Bénin

( Télécharger le fichier original )
par M. Koovy YETE
Chaire Unesco des Droits de la Personne et de la Démocration du Bénin - DEA 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2 : Les exigences liées à l'éthique et à la qualité de l'information.

Les exigences liées à la qualité de l'information véhiculée par la presse sont aujourd'hui ressenties aussi bien dans les médias qu'au sein des organisations représentatives de la société. Le manque de rigueur dans la vérification des faits, la mise en cause imprudente des personnes à propos de faits divers, la confusion entre l'information et les démarches à caractère publicitaire, le bidonnage, sont autant de réalités qui reposent dans son entièreté la question de la responsabilité du journaliste.

Pour assurer que la dépénalisation ne se retourne pas contre la démocratie, l'éthique dans l'information doit être suffisamment prouvée à travers la pratique du journaliste et la gestion de l'entreprise de presse. Quant aux organes de régulation et d'autorégulation, ils doivent disposer de moyens objectifs pour assurer une éthique et une qualité de l'information.

Paragraphe 1 : L'éthique dans l'information, une question décisive pour la démocratie

Le citoyen soucieux de la gestion des affaires de la cité a, vis-à-vis de la presse, des attentes qui dépassent largement ceux du simple consommateur prêt à absorber, souvent presque par inadvertance un « produit d'information ». Il existe par conséquent, un lien étroit entre la presse et la réalité démocratique.

C'est pourquoi des réponses adéquates doivent être apportées aux dérapages constamment enregistrés avant toute réforme du cadre législatif actuel de la presse. (A) Dans cette dynamique, le journaliste devra rechercher sa légitimité dans l'éthique et la déontologie qui gouverne sa profession. (B)

A. Les menaces de l'activité sur la démocratie

La soustraction du journaliste du champ de la peine privative de liberté, si elle ne veut pas paraître comme une vue de l'esprit, reste subordonnée à la maîtrise des dérapages de plus en plus enregistrés dans la profession.

Les grands reproches faits à la corporation et qui sont perçus comme les plus graves sont connus. Les atteintes à la vie privée viennent largement en tête des questions les plus préoccupantes en ce qui concerne la déontologie journalistique127(*). Elles concernent ce que d'aucuns qualifient de harcèlement de certaines personnalités menacées ou se retrouvant soudainement placées sous les projecteurs d'une actualité douloureuse, au travers de faits divers.

Les atteintes à la présomption d'innocence suscitent des émotions comparables et parfois identiques. Tout en éludant l'éthique, ces manquements illustrent l'insuffisance ou encore le manque de formation de la grande majorité des animateurs de la presse béninoise.

Dans cette dynamique, des réputations sont piétinées, des condamnations médiatiques sont prononcées par les journalistes dans des affaires encore non élucidées par les tribunaux. Des personnes sont brutalement citées, suspectées voire dénoncées, faisant ainsi d'elles des blessées de l'information. La diffusion d'une multitude d'inexactitudes ou d'approximations témoigne du manque de sérieux ou de compétence de la part de nombreux journalistes.

Certes, le respect de la vie privée est le plus souvent opposé au principe de l'intérêt public. Et il arrive que le journaliste soit confronté à un dilemme moral opposant ces deux valeurs. Pour résoudre ce dilemme, le journaliste doit délibérer en vue de faire le choix le plus approprié en se demandant notamment si:

- l'information qu'il souhaite diffuser au public le concerne t-il vraiment ? 

- le public a vraiment un intérêt légitime à connaître cette information de nature privée ?

- l'information apportera t-elle un bienfait réel au public ?

- l'information risque-t-elle d'attaquer ou de nier un droit fondamental ? Etc.

Ces questions ne conduisent pas nécessairement aux mêmes réponses, mais elles structurent sans la déterminer une délibération morale essentielle et nécessaire pour concrétiser le concept de « liberté responsable de presse ». A l'heure actuelle, où remplir les colonnes d'un journal compte parmi les tâches les plus faciles à acquitter, ce concept de liberté responsable n'est pas encore intégré aux habitudes professionnelles de la grande majorité des journalistes.

On insistera à l'occasion sur la nécessité pour les journalistes de se former, avant d'entrer dans la profession, mais aussi tout au long de leur activité. Pour une profession à forte responsabilité, on ne peut qu'être formé à l'exercice de celle-ci. Elle appelle comme toutes les professions du genre, une compétence sans cesse actualisée.

Il s'agit d'un préalable sans lequel tout débat autour de la question de la dépénalisation des délits de presse devient prématuré. Il faut en d'autres termes parvenir d'abord à un seuil de compétence tel que l'éthique et le respect des règles de déontologie puissent devenir des indicateurs de légitimité du journaliste.

* 127 ODEM, op. Cit., p. 49.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway