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Le pardon et la justice post conflits en Afrique. Etude comparative des dynamiques des acteurs et des institutions du dedans et du dehors (Afrique du Sud, Rwanda)

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par Alain-Roger Edou Mvelle
Université de Yaoundé 2 - DEA 2008
  

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Paragraphe 2 : les acteurs collectifs et les personnalités majeures : des positionnements asymétriques

Il sied d'examiner la place qu'ont occupée la société et certaines institutions, ainsi que de mettre en lumière l'office des figures majeures des processus dans les deux pays.

A. Les acteurs sociaux et moraux : pluralité et spécificité des rôles

La société désincarnée, que ce soit en Afrique du Sud ou au Rwanda, a subi directement les affres de l'apartheid et du génocide. Dans un cas, le cloisonnement racial a eu pour corollaire le cloisonnement social. L'écart entre blancs et noirs en matière d'égalité des chances dans l'accès à l'éducation, consécutif au Bantou Education Act, a été un crime contre la société. La nouvelle catégorie `'crime contre la société'' dont nous voulons proposer l'avènement ici, renseigne mieux les terrains sous étude et resserre le niveau d'interpellation direct, l'humanité étant précisément une immensité. Celle-ci pourrait forger une nouvelle qualification des atteintes graves, conscientes et planifiées, exercées à l'encontre des personnes vivant dans un milieu précis du globe, provenant de l'intérieur du milieu ou non, et ayant pour effet de dénier l'inscription de la sociabilité commune des habitants du milieu dans le temps long.

La philosophie publique du pardon dont parlent Bole et ses collègues117(*) valide donc la société comme acteur. Dans l'autre cas, l'ethnicisation du politique s'est faite en créant des clivages au sein de l'espace social. Pendant un temps, l'identification citoyenne a été biaisée tout en imprimant des identités ethniques dans le référentiel global-national. L'altérité négative qui s'en suivit déstructura les liens sociaux entre hutu et tutsi englués dans le rejet mutuel de l'autre. Il est éclairant à ce titre de rappeler cette interrogation de Anne Cécile Robert ; laquelle semble confirmer cette situation intriquée: « Comment faire vivre ensemble les victimes et les bourreaux, quand ceux-ci sont des voisins, des parents, qui ont fait preuve d'une incroyable ingéniosité dans la mise en oeuvre des atrocités ? »118(*). Nous dirons donc avec Bole et alie que «  la société est un agent potentiel du pardon ; elle peut, à travers des structures, ses lois et sa culture, s'engager dans une démarche de pardon »119(*). Dans les deux pays, les lois votées par les parlements avaient pour finalité d'apporter une réponse adéquate aux liens sociaux distendus. Que ce soit pour rendre justice ou pour aménager les institutions chargées de reconstuire la coexistence ente différents groupes, le bénéficiaire est la société. Au Rwanda, des associations ont été créées, à l'instar d'IBUKA (souviens-toi). L'association AVEGA a développé un Projet de confection de petits paniers utilisés dans la décoration et exportés plus spécialement sur le marché américain. Elle est constituée de femmes de veuves et d'autres dont les maris sont incarcérés pour génocide. A côté de celles-ci l'on retrouvera des institutions comme la Commission nationale de l'unité et de réconciliation120(*), l'office de l'ombudsman et la Commission nationale de lutte contre le génocide. En Afrique du Sud, l'arsenal juridique ségrégationniste est modifié, l'appareil administratif de l'Etat est unifié, un acte fondamental définit les nouvelles valeurs sociales.

Les Eglises peuvent aussi être considérées comme des acteurs du pardon, dans la mesure où leur rôle aura constitué à dépolitiser cette valeur121(*). Il convient dès lors de prendre au sérieux le travail des ministres du culte. Desmond Tutu en Afrique du Sud en est l'illustration, avec l'Eglise de Nyamata au Rwanda122(*). Le procès de Monseigneur Augustin Misago, Evêque de Gikongoro (Sud) pour complicité de génocide des tutsi à Cyanika jette pourtant un voile noir sur la place de ces forces morales pendant le génocide.

* 117 Op.cit ; p.26.

* 118 Op.cit ; p. 76.

* 119 Bole, Christiansen, Hennemeyer, Le pardon en politique internationale..., op.cit ; p 80.

* 120 Celle-ci fut créée par la loi n°03/99 du 12/03/1999.

* 121 L'importance de la place des Eglises dans la société rwandaise est bien lointaine. Dès le mouvement de `'tutsification du Rwanda'' analysé par Bernard Lugan, l'Eglise catholique a affirmé sa préférence en soutenant les tutsi. Les premières traces de ce choix peuvent être vues à travers une lettre de Monseigneur Classe en 1927, dans laquelle le prélat préconise à l'administration coloniale qu'il soit confié aux tutsi les fonctions officielles. Des jeunes tutsi sont très tôt formés dans des écoles missionnaires pour devenir la future élite locale. En conséquence, un ethno nationalisme hutu est né. In : Bernard Lugan, Rwanda. Le génocide, l'Eglise et la démocratie, Paris, ed du Rocher, 2004, pp 40 et ss.

* 122 Pendant le génocide, les tutsi qui s'y sont réfugiés ont trouvé la mort et y ont été ensevelis. Aujourd'hui l'impact des balles et le sang sur les murs encore présents participent de la perpétuation de la mémoire de ces événements.

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