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Le pardon et la justice post conflits en Afrique. Etude comparative des dynamiques des acteurs et des institutions du dedans et du dehors (Afrique du Sud, Rwanda)

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par Alain-Roger Edou Mvelle
Université de Yaoundé 2 - DEA 2008
  

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CONCLUSION GENERALE

Il était question d'analyser, de manière comparative, les dynamiques des acteurs et des institutions du pardon et de la justice en Afrique du Sud et au Rwanda. Le fil conducteur reliant les quatre chapitres du présent mémoire s'établit autour de la question de la configuration des deux niveaux d'analyse choisis, et de leur apport dans la réconciliation. Pour vérifier les hypothèses posées à l'introduction, nous avons opté pour une série de méthodes et de théories ; lesquelles nous ont permis de donner sens au matériau issu de la collecte et du traitement des données.

Le 1er chapitre s'est focalisé sur la justice. Nous y avons identifié les figures à l'heure dans les deux pays, non seulement au plan interne, mais également au plan externe. L'orientation comparative choisie nous permettait à chaque fois de poser l'Afrique du Sud et le Rwanda côte-à-côte pour dégager les similarités, les différences et le patrimoine commun. Il s'est agi d'étudier les acteurs et institutions de la justice en mettant en lumière leurs repères, valeurs et rôles.

Le 2e chapitre quant à lui porte sur le pardon politique. Nous nous sommes attelés à y étudier les figures, les processus et la valeur dans les deux pays. Notre recherche étant basée sur deux niveaux d'analyse, à savoir les acteurs et les institutions, nous avons identifié et analysé les figures du pardon ainsi que ses institutions au plan strictement interne. Ceci mérite d'être emphasé car le fil conducteur de la présente étude tient précédemment à ces deux niveaux d'analyse au-dedans et au dehors. Toutefois, la restriction de l'observation du champ du pardon politique ici a pour justification le fait que dans les deux pays, il existe une forte convergence vers l'internalisation de la dynamique de pardon. Nous avons pu ressortir des rôles respectifs des acteurs passifs et actifs, tout comme ceux de certaines personnalités morales. Le pardon politique apparaît comme un processus dans les deux pays, notamment par le fait qu'il procède d'une construction progressive, obéissant à un répertoire de valeurs spécifiques d'une société à une autre. D'où l'existence d'une morale propre du pardon en Afrique du Sud et au Rwanda. Dans le 1er cas, l'option choisie par les acteurs a été le `'pardon-justice'' tandis que dans le 2e cas il s'est agi d'une `'justice-pardon''. Nous pensons qu'il pourrait s'agir, en l'espèce, d'une nouvelle catégorie combinant des valeurs apparemment contraires, mais dont la mise en forme et la mise en oeuvre nous a été informée par les deux expériences africaines objet de l'étude.

Le 3e chapitre avait pour objectif de révéler les interactions entre les acteurs et les institutions du pardon et de la justice aux plans interne et externe (pour la justice notamment). En clair, il n'a pas été question de revenir sur la présentation de ces acteurs et institutions, mais plutôt leurs relations de face-à-face. Bien plus, nous avons essayé de démontrer que l'examen de ces interactions révèle une coproduction de la réconciliation entre l'interne et l'externe. Aussi avons-nous souligné la grande influence de l'externe au Rwanda ainsi que l'affirmation conflictuelle des compétences qui s'y est en partie illustrée entre les tribunaux nationaux et le TPIR. Les échanges entre les acteurs au plan strictement interne ont aussi été examinés, ce qui démontre que le processus de réconciliation est, non le résultat du hasard de l'histoire, mais a contrario le fruit d'une construction patiente d'un travail de négociation de ces acteurs et ces institutions. Ce chapitre est par conséquent loin d'une réplique simpliste des premiers développements. Il est éclairant du dynamisme du système actanciel et institutionnel, ainsi que de l'apport de celui-ci dans la réconciliation, à travers les sous-systèmes de soutien, de collaboration et d'échange.

Le dernier chapitre enfin s'est intéressé aux limites du pardon et de la justice dans les deux pays. Ces deux modalités sont à l'épreuve de la mémoire des victimes. Nous avons montré que la mémoire du passé n'est pas une chose mauvaise en soi. Ce qui est déterminant, par contre, c'est la manière dont celle-ci est incarnée par les acteurs et institutions. L'instrumentalisation de l'histoire peut produire des effets à rebours de la réconciliation lorsqu'elle ravive les souvenirs dangereux. Qu'elle soit envisagée au plan individuel ou collectif, la mémoire est le moteur de l'histoire dans les deux pays. Pendant que le Rwanda s'est peu-à-peu reconstruit des cendres du génocide, tout en gardant appui sur le passé, l'Afrique du Sud a très tôt décidé d'assumer ce passé douloureux pour se projeter dans le futur et faire face aux défis sociaux et économiques qui l'interpellent, en tant que puissance émergente.

Parvenu au terme de l'étude, nous validons aux ¾ l'hypothèse principale. Le fait tient à la radicalité de la différence des ressources des acteurs et institutions posée dans nos prémisses. En réalité, nous remarquons, après coup, une communauté de ressources notamment juridiques, morales et symboliques révélées par l'identité et l'action des acteurs et institutions. Quant aux hypothèses secondaires, nous validons en entier la 1ère. Toutefois, la remise en cause de la pertinence du pardon et de la justice soulignée dans la 2e hypothèse secondaire du fait de la mémoire des victimes, mérite d'être nuancée. Nous affirmons que, malgré les limites de ces deux modalités, lesquelles relativisent leur portée, et non leur pertinence, celles-ci demeurent un réservoir riche en possibilités de restauration de la sociabilité post conflit en Afrique. Cette hypothèse est par conséquent validée dans les ¾.

En définitive, les enjeux que soulève la question du pardon et de la justice peuvent aussi concerner les sociétés pacifiques, mais dont la mémoire nationale se structure autour d'un compromis imparfait du fait de certains épisodes de leur histoire. La question de la mémoire électronique mérite par ailleurs que les chercheurs s'y intéressent, pour voir en quoi celle-ci pourrait servir de passerelle entre le passé et le présent de manière harmonieuse ; ou alors de catalyseur de la résurgence des maux du passé.

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