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Syndrome de la guerre : lorsque le psychisme ne cesse de rappeler

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par Shqipe BUJUPI
Institut libre Marie Haps - Assistante en psychologie 2005
  

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14. Et les réfugiés ? Exilé chez soi et à l'étranger 

« J'ai perdu ma force et ma vie,

Et mes amis et ma gaieté ;

J'ai perdu jusqu'à la fierté

Qui faisait croire à mon génie ».

(Alfred De Musset)121(*)

Depuis 1945, les guerres et les conflits ont fait 20 millions de morts, plus de 60 millions de blessés, sans compter les dégâts sur les plans psychologique, sociologique, relationnel, etc. Ces conflits occasionnent des déplacements massifs de populations. Selon les estimations du HCR122(*), on évalue à 20 millions le nombre de réfugiés qui ont du quitter leur pays suite aux violences.

Le Kosovo est un de ces pays. Les albanais kosovars ont été chassés de leur maison et de leur pays par l'armée et les milices serbes lesquels avaient organisé au Kosovo une expulsion "ethnique" systématique. Une étude épidémiologique effectuée par MSF123(*) au sein de la population kosovare réfugiée à Rozaje (Monténégro), en se basant sur les témoignages recueillis en Albanie, en Macédoine et au Monténégro, la cause essentielle des mouvements de la population est la déportation. Les familles ont fui le pays sous la contrainte (menaces directes, ou attaques) par le pouvoir serbe. « Les villages sont vidés de toute leur population par la terreur et par la force. (...). Les colonnes de déportés ont parfois été contraintes de faire de très grands détours par rapport à l'itinéraire le plus court. La durée de l'exode des 201 familles interrogées au Monténégro va ainsi de 1 à 23 jours. Certaines personnes ont été soumises à plusieurs ordres contradictoires. Après avoir été chassées, elles ont dû revenir sur leurs pas et retourner chez elles où elles ont été, de nouveau, attaquées. Au cours de ces trajets, les colonnes de déportés seraient dirigées vers des lignes de front, des poches ou des lieux de résistance et utilisées pour déstabiliser ceux-ci »124(*).

Un tiers des familles (des réfugiés) a été séparé d'au moins d'un de ses membres proches (soit « laissé derrière » au Kosovo soit « perdu de vue »). Les réfugiés manquaient les besoins vitaux : ils vivaient dans des bâtiments qui avant hébergeaient des activités économiques, dans les camps sous tente, etc. et dans des conditions sanitaires très précaires. Une minorité des réfugiés, ont pu traverser les frontières pour se diriger vers des pays occidentaux etc. Après la fin de la guerre, les réfugiés restés dans les pays frontaliers sont rentrés chez eux, malgré le fait que pour la grande partie leurs maisons ont été incendiées, ce qui a eu par conséquence de se retrouver sans habitation. Leur urgence était de trouver un refuge soit près des leurs, soit sous des tentes installées par MSF, etc. Pour plus d'explication voir en annexe : « Kosovo : histoires d'une déportation ». Pour ceux installés dans des pays (occidentaux, etc.) pour long terme, la situation précaire perdure...

Il nous parait évident que suite à une violence organisée, les personnes victimes des traumatismes ont subi d'importants bouleversements à différents niveaux :

D'un côté, ce sont les traumatismes subis par la violence de la guerre de différentes manières et de l'autre coté c'est le déracinement de leur pays d'origine qui est senti comme une souffrance, comme une perte de sens dans le sens où la personne est séparée de ses points de repères habituels (de son environnement, de son histoire, de sa culture, etc.). Nathan nous dit que « la migration possède en elle-même des potentialités traumatiques, du fait de la rupture du contenant culturel qu'elle implique (...).  Migrer c'est, bien sur, laisser derrière soi de la famille, des amis, un métier, un statut social, la terre des ancêtres vivants et morts. Cela implique donc des renoncements de la nostalgie, et parfois des deuils inacceptables »125(*)

Arrivés dans un pays d'accueil, ils cherchent la reconnaissance des autres. « La croyance en un monde juste donne un espoir de résilience »126(*). Lorsque ce pays d'accueil les rejette, ils se sentent exclus. Leur identité devient alors celle du `sans papiers'. Ils perdent tous les repères : perte d'identité, de statut social, perte de dignité. Sans droit au travail, dépendants des centres d'accueil, ils développent un sentiment d'inutilité, de dépendance, d'assistance.

« Cette rupture des liens sociaux engendre une blessure narcissique qui se traduit par un sentiment d'exclusion (...). On ne naît pas exclu mais on le devient. Ce processus constitue une dégradation, une déliaison par rapport à une situation antérieure»127(*).

Pour ces exclus, victimes de traumatismes, la situation devient encore plus complexe du au risque de devoir être menacé d'expulsion. « On imagine sans peine combien cette insécurité dans la réalité entre en résonance avec le sentiment d'insécurité interne »128(*).

Donc, d'après ces auteurs, « les réfugiés qui ont vécu un trauma dans le pays d'origine vivent (...) un triple traumatisme : le traumatisme pré-migratoire, les effets potentiellement traumatiques de la migration et le traumatisme découlant du déni de leur vécu par le pays d'accueil » 129(*).

* 121 Bosquet, A. (2002). Les cent plus beaux poèmes du monde. Paris : le cherche midi.

* 122 Lachal, C. & Ouss-Ryngaert, L& Moro, M-R et al. (2003). Comprendre et soigner le trauma en situation humanitaire. Paris : Dunod. Page 38

* 123MSF. (avril 1999). Kosovo : Histoires d'une déportation

http://www.reliefweb.int/library/documents/kosovofr.htm

* 124 Ibidem.

* 125 Nathan, T. (Avril 2004). Traumas psychiques chez les demandeurs d'asile en France : des spécificités cliniques et thérapeutiques. Le Journal International De Victimologie. Année 2, Numéro 2

http://www.jidv.com/BAUBET,T-JIDV2004_%202(2).htm

* 126 Fischer, G-N. (2003). Les blessures psychiques. Paris : Odile Jacob. Page

* 127. Requet, S. (2001-2002). Interactions et dynamiques identitaires chez deux figures différenciées de l'exclu : les demandeurs d'asile et les SDF. Université lumière Lyon 2. www.ressources-psy.com/exclu-sdf.htm

* 128 Le Journal International De Victimologie. Année 2, Numéro 2, Avril 2004

Traumas psychiques chez les demandeurs d'asile en France : des spécificités cliniques et thérapeutiques

http://www.jidv.com/BAUBET,T-JIDV2004_%202(2).htm

* 129 Ibidem.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand