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Syndrome de la guerre : lorsque le psychisme ne cesse de rappeler

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par Shqipe BUJUPI
Institut libre Marie Haps - Assistante en psychologie 2005
  

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13. Vivre en société

Donc, les personnes victimes de traumatismes sont touchées aussi dans leur version sociale. La détérioration des relations entre la victime et la société a des causes différentes et souvent ambiguës. La réinsertion dans la société devient difficile pour elles. Elles se sentent incomprises et d'ailleurs leur expérience est socialement incommunicable. « Ça fait 20 ans que j'ai gardé mon secret. A qui voulez vous que je le dise ? Je n'ai trouvé personne pour me confier »114(*). Ce sentiment engendre de la révolte de leur part. Elles vivent avec cette obligation permanente de justifier leurs handicaps, leur misère, leur malheur, leur souffrance afin de simplement les faire reconnaître. Le blessé a le sentiment de vivre dans deux mondes ; il est déphasé car il existe un fossé entre lui et le monde extérieur ; il a également l'impression de ne plus être comme les autres et de ne plus pouvoir vivre comme tout le monde »115(*). Pour d'autres encore, le sentiment d'être stigmatisé les enferme dans le mur du silence. C'est ainsi qui se trouvent beaucoup des femmes victimes de viol pendant le conflit de 1999 au Kosovo. Une partie d'entre elles ne demandent pas d'aide car elles ont peur que leur terrible secret soit révélé et que cette révélation les éradique de la société. Bon nombre de personnes de la population ne se rendent pas compte que les victimes de viol sont des victimes. « Depuis ce temps-là j'ai (...) la tête penchée et je n'arrive plus à sourire »116(*).

Alors la victime se tait et enferme en elle la blessure. Pour certains auteurs, « surtout, ce qui est traumatisant, c'est l'absence de mots autour de cet événement. Le silence, le non-dit qui entoure le drame, est plus traumatisant que l'événement en lui-même. C'est le désaveu de l'entourage et la non- reconnaissance qui constituent une violence traumatique venant s'ajouter à la violence réelle »117(*).

Même lorsque la société reconnaît la victime nous nous trouvons devant une ambiguïté dans sa représentation : d'un coté, elle reconnaît son statut mais en même temps elle n'est pas prête d'accepter les symptômes issus de ce traumatisme.

« Les blessés portent en eux une expérience qui non seulement est difficilement partageable, mais qui comme telle, n'est pas entendable. Une société veut avant tout que les choses se passent bien ; elle veut que les gens se comportent normalement et soient bien intégrés ; or là, elle est en face d'expériences qui dérangent et ne sont pas vraiment « gérables » socialement. Le blessé est, à bien des égards, l'objet de perception sociales ambivalentes : d'un côté, son expérience singulière tend à être apprivoisée et socialement présentable et de l'autre, marginalisée. Ainsi en est-il du statut social des victimes » 118(*).

P. Jacques119(*) dit qu'à côté du traumatisme, il faut prendre en compte d'autres facteurs déstructurants qui sont aussi traumatisants comme la pauvreté, la marginalisation, l'injustice, l'exclusion.

Nous nous sommes affrontés à autant des critiques sur l'exclusion sociale. Maisondieu dit à ce propos : « ce n'est jamais l'exclu qui est normal, qu'il soit bien portant ou malade avant d'être exclu, c'est l'exclusion qui est anormale, elle est une aliénation sociale dépourvue de la moindre légitimité »120(*)

* 114 Ficher, G-N. (2003). Les blessures psychiques. Paris : Odile Jacob. Page 79.

* 115 Ficher, G-N. Ibidem.

* 116 Ficher, G-N. Ibidem. Page 81.

* 117 Jacques, P. (mai 2001). Trauma et culture. Psychiatrie et violence. www.pines.qc.ca/psychiatrie_violence

* 118 Ibidem.

* 119 Jacques, P. (Mai 2001). Trauma et culture. Psychiatrie et violence. www.pinel.qc.ca/psychiatrie_violence

* 120 Lachal, C. & Ouss-Ryngaert, L& Moro, M-R et al. (2003). Comprendre et soigner le trauma en situation humanitaire. Paris : Dunod. Page 211

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