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Syndrome de la guerre : lorsque le psychisme ne cesse de rappeler

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par Shqipe BUJUPI
Institut libre Marie Haps - Assistante en psychologie 2005
  

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12. Chez l'enfant

Le ravage de la guerre touche plus que jamais des enfants innocents. Durant la Première Guerre mondiale, les victimes civiles se situaient aux environs de cinq pour cent. Elles atteignent aujourd'hui plus de 90 pour cent. « Rien que durant les années quatre-vingt-dix, prés de 20 millions d'enfants ont été contraints de quitter leur chez-soi, 2 millions d'enfants ont perdu la vie et 6 millions ont été blessé. D'après les estimations de l'UNICEF, 1 million d'enfants sont devenus orphelins durant la même période »103(*).

Notre intérêt se porte plutôt sur ce qu'en pensent les auteurs : est-ce qu'ils sont plus, autant ou moins susceptibles que les adultes de faire face à un événement traumatique et par quels symptômes traduisent-ils leurs troubles ?

« ... Après que leurs maisons ont été incendiées par les Serbes, plusieurs familles se sont installées dans cette maison. Les familles se mettent ensemble aussi pour ne pas se sentir seules. (...). De cette boucherie a pu échappé Dreni, âgée de 10 ans, blessé au bras, pour témoigner l'horreur du crime organisé. Les criminels ont demandé s'ils préfèrent être tués par balles ou avec des couteaux. (...). Ils ont commencé à tirer avec des armes automatiques. (...) Les morts et les massacrés ont tombé sur Dreni. Quand les criminels se sont rapprochés pour contrôler le succès de leur criminalité, Dreni n'a pas bougé, il a fait semblant d'être mort. (...). Les criminels, en sortant ont mis le feu dans la maison pour effacer les traces de leur crime. (...). Dreni a pu sauter par la fenêtre (...). Il ne se sent pas bien. Depuis, la vox de sa soeur tuée lui revient en écho : mon frère, ne me laisse pas dans le feu...»104(*).

Pendant la guerre au Kosovo, cet enfant albanais a expliqué son vécu, où sa mère et sa soeur ont été tuées dans ce massacre. Il est traumatisé. Son âge d'enfant n'a pas pu le préserver du sentiment de culpabilité.

Bailly105(*) pense que les enfants, témoins de ces événements catastrophiques, ont la même sensibilité que les adultes. Parfois leurs difficultés à se représenter le concept de mort les protégeront. Parfois, leurs troubles se manifestent par un ensemble de signes dont certains sont pathognomoniques d'un syndrome de stress post-traumatique tels les reviviscences de l'évènement traumatique, cauchemars, sursauts, angoisse, phobies, repli relationnel, des troubles psychosomatiques (de bronchites, d'eczémas, douleurs migraineuses et abdominales). Selon leur âge les symptômes post traumatiques peuvent transparaître dans le comportement, et leur souffrance se manifester de diverses  façons comme : agitation motrice, trouble de l'attention, etc. Parfois ils l'expriment sous forme de jeux ou de comportements répétitifs. Chez les plus petits, on retrouve de la régression psychoaffective se manifestant par de l'énurésie, vouloir dormir dans la chambre avec ses parents, etc. Chez les plus grands on trouve des troubles de comportements.

Grappe met en évidence que « ces enfants malmenés par la vie dès leur plus jeune âge risquent de pâtir gravement, dans leur développement psycho-intellectuel, de la survenue d'une confrontation avec une ou plusieurs expériences traumatiques »106(*).

Après des dizaines d'observations faites en Croatie, en Bosnie et au Kosovo des auteurs107(*) ont remarqué chez certains enfants une hyper-maturité. Ce phénomène est observé par différents tests mais aussi par leurs attitudes, leurs discussions, leurs centres d'intérêts, et surtout « les  arguments développés à l'aune d'une culture «politique » comparable à des diplomates expérimentés à la négociation »108(*). L'explication de ce phénomène est due à leur investissement d'adulte. C'est une « hyper-maturité réactionnelle au chaos social de la guerre qui aidait à la concentration, certes sur un thème et un temps limité, mais nous pouvons dire que la tension intérieure faisait monter le niveau de l'attention. Quand la tension et donc l'attention se relâchait, les capacités du jeune s'effondraient, le vide était là, les actions les plus simples, les plus routinières devenaient des corvées, des rubiconds infranchissables. Par exemple, aller acheter du pain et vérifier la monnaie rendue devenait hors de portée »109(*).

L'auteur considère que la raison de cette hypermaturité est que la guerre provoque une excitation psychique, ce qui a comme conséquence un basculement de la personnalité. « Tout s'accélère : tout d'un coup, l'enfant d' hier est devenu adulte »110(*).

Pour ces auteurs, les enfants qui s'en sortent le mieux sont ceux qui ont eu une petite enfance heureuse : « ils n'ont pas connu de rupture affective entre zéro et cinq ans. A contrario, les enfants en souffrance affective (déprimés) à cause de ruptures affectives, de troubles de l'attachement à la mère, sont moins forts psychiquement, sont moins capables de faire face à une tragédie. Ces enfants malmenés par la vie dès leur plus jeune âge risquent de pâtir gravement, dans leur développement psycho-intellectuel, de la survenue d'une confrontation avec une ou plusieurs expériences traumatiques »111(*).

Nous avons constaté que la guerre ne se fait pas seulement par des adultes. Les enfants aussi peuvent être guerriers. D'après les observations en Afrique noire et au Liban, Houballah112(*) a retrouvé des impulsions agressives sans frein chez ces enfants soldats. Ces enfants se livrent aux intrépidités les plus extravagantes et aux exactions les plus cruelles. Toujours selon l'auteur, les causes de ces comportements sont que ces adolescents ont vécus dans un univers régi par violence et n'ont pas eu le temps d'acquérir au moment opportun ni la peur, ni la pitié, ni la morale. L'auteur dit que ces enfants sont traumatisés par la révélation de la mort et par l'impossibilité d'y introduire une signification.

Selon les révélations de Nations Unies113(*), les victimes de tortures et ceux qui ont assisté ou participé de force à des exactions (enfants-soldats) sont les cas les plus extrêmes et subiront des répercussions à long terme sur leur santé mentale.

* 103 Ibidem.

* 104 Doçi, N. (2001). Shpirti i dërmuar : dhuna serbe ndaj femrës shqiptare në Kosovë (1997-1999). Forumi i gruas i LDK. Remarque: La traduction du livre : «l'âme mortifiée: la violence serbe envers la femme albanaise au Kosovo». L'auteur est professeur, écrivainne, une de fondatrice de l'association de la femme. Elle a fait un travail sur le terrain en receuilant des temoignages sur la tragedie de la femme albanaise au Kosovo pendant la guerre (1997-1999).

* 105 Bailly, L. Traumatismes de guerre chez l'enfant et conséquences mnésiques. http://perso.wanadoo.fr/fripsi/Bailly.html & Crocq, L. (1999). Les traumatismes psychiques de guerre. Paris : Odile Jacob. Page 161.

* 106 Grappe, M. (2002). Enfants- soldats. http://www.ceri-sciences-po.org/themes/pouligny/pdf/c07032002.pdf

* 107 Ibidem.

* 108 Ibidem.

* 109 Ibidem.

* 110 Ibidem.

* 111 Ibidem.

* 112 Crocq, L. (1999). Les traumatismes psychiques de guerre. Paris : Odile Jacob. Page 160.

* 113 Viognier, C. (12.06.2003). Les blessures invisibles des guerres. Radio France International. http://www.rfi.fr/fichiers/MFI/Sante/922.asp

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus