WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Projet urbain et retour du sujet ? la stabilité en question.

( Télécharger le fichier original )
par Soufiane BOUKARTA
Institut d'aménagement régional AIX-Marseille III - Master 2 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.1 LES VALEURS DU PROJET URBAIN :

En parcourant La notion de << projet urbain >> à travers nos lectures, il nous a paru que chaque auteur, de part sa position dans la pratique urbaine, définisse le projet urbain selon sa discipline dont il [l'acteur] émane et l'expérience de sa pratique d'urbaniste. Et c'est bien ce qui a bien remarqué D.Pinson [2000 : 79] en disant que « le concept ne peut donc plus être la propriété d'une discipline: il participe d'un type de société qui vit un temps qui n'est plus comme arrêté, mais constamment en attente de son « à-venir >>. La <<poly-appréhension>> de l'urbanisme en tant que discipline << indisciplinée >> [D.Pinson : 2003], lui confère sa part multidimensionnelle, que nous essayons de cadrer ici dans les points qui suivent :

La valeur politique : avec le recul de la participation citoyenne que la sphère politique connait ces derniers temps, le projet urbain de par sa valeur de << crédibilité >> dû à son caractère << concret >>, rend l'action publique << légitime >>10 et permet ainsi aux acteurs publics d'être plus prêt des citoyens et en parfaite <<coopération >>. Le projet urbain est donc comme osmose entre la communauté locale et les acteurs publics.

La valeur économique : le projet urbain permet la revitalisation urbaine, et <<rend>> ainsi à
l'espace urbain son <<usage>> [Ch.Devillers, cité par ingallina : 2008 : 20] dans une sphère
d'activités tissée à l'image d'un réseau, qui prend en considération les dynamiques globales

9 Marcel Roncayolo, «Conceptions, structures matérielles, pratiques », In Enquête, La ville des sciences sociales, 1996, [En ligne], mis en ligne le 15 octobre 2008. URL : http://enquete.revues.org/document703.html.

10 D'après Zygmunt Bauman [2006] la légitimité se construit entre le nombre (des acteurs impliqués) et l'expert (langage scientifique, ou ce que le simple citoyen ne connait pas).

et mobilise les localités afin de répondre avec efficacité et selon une hiérarchie cohérente aux dynamiques du marché national et international.

La valeur architecturale et urbanistique : le projet urbain intervient soit ; sous forme d'une projection nouvelle sur un espace vierge ou espace récupéré suite à une démolition, et cela se fait le plus souvent avec l'intervention des architectes-urbanistes stars (les plus fameux), comme RemKoolhas pour le projet Euralille, ou encore Renzo Piano pour le projet de << Postdamer Platz >> à Berlin. Ce type d'opérations est généralement suivi par une médiatisation vraisemblablement excessive pour attirer les capitaux ainsi que les entreprises et se doter ainsi d'une légitimité d'action multi dimensionnelles ; Le projet urbain intervient aussi, dans le cadre d'une restauration ou réhabilitation d'un cadre bâti, généralement à valeur patrimonial, et cela, génère souvent une <<gentrification 11>> porteuse d'un conflit, voire d'une lutte pour assurer le <<vivre ensemble>> des habitants qui s'y trouve. Nous citons ici, à titre d'exemple, le cas de la Rue de la république à Marseille, qu'on a suivi de prêt, et assisté à une réunion qui s'est tenue le 12 mars 2010 entre habitants et associations, pour dresser un bilan de leurs actions publié sous forme d'un livre et cd 12. Ainsi, le cas de l'école italienne << del Recupero >>, à Bologne, ou les comités de quartier ont pu mobiliser les pouvoirs publics et récupérer ainsi leurs patrimoine, mais certains habitants ne pouvaient pas y revenir vu que les loyers sont montés en flèche après << il Recupero >> [Ingallina : 2008].

La valeur socioculturelle : de part le caractère de coopération et de << lutte >>, le projet urbain permet une << proximité culturelle >> entre les différents acteurs, et cela se fait en produisant un << vocabulaire commun >> qui va permettre par la suite de créer des piste d'entente. Et cela, on l'avait bien vu dans la même réunion du 12 Mars, car les habitants, doctorant (JeanStéphane Borja) et membres de l'association utilisaient un vocabulaire << scientifique >>, entre <<gentrification, espace public et territoire >>, ce qui confère au projet urbain la qualité d'un outil << d'apprentissage >> et de << pédagogie >>. Aussi, le projet urbain se veut comme un vecteur de lien social et de l'identité locale [Z. Maghnous Dris : 2008]. La surabondante littérature sur le lien social montre << l'importance >> de ce dernier sans pour autant le rendre clair. A travers nos lectures, nous pouvons définir le lien social dans le cadre de projet urbain comme, << la communauté du projet >> regroupée dans des réseaux ou dans des structures

11 «Néologisme utilisé pour rendre compte de la venue (ou de retour) de groupes sociaux aisés (gentry) dans le centre des villes, en particulier dans des quartiers dégradés.» [F.Asher: 2008: 80].

12 Le livre s'intitule <<attention à la fermeture des portes >>, et il est accompagné par un Cd réalisé par les artistes de l'association << centre ville pour tous >>, et qui résume, en 40 minutes, les impressions des différents habitants et militants du mouvement associatif. [J-S Borja et al : 2000]

intermédiaires. D'après Pierre BOUVIER [2005 : 30-35], Les liens sociaux peuvent être positifs(Locke, Rousseau, Proudhon, Durkheim), ou l'objectif est l'émancipation, la liberté, l'égalité la justice et la solidarité ; négatifs .(Hobbes, Marx, Bourdieu, Boétie) soulignent la prévalence dans les interactions et les institutions des rapports de domination et de contraintes ; et enfin Les liens sociaux neutres (Striner, Weber, Goffman, Boudon) qui se présentent comme des vecteurs et pratiques pouvant aider l'individu stratège à concrétiser un objectif. Le lien social se forme à partir de trois points [A.Bourdin : 2000 : 19-20]: (i) D'abord la complémentarité et l'échange ; (ii) la division du travail social crée des différences sur la base de la complémentarité, ce qui permet d'augmenter le <<sentiment d'appartenance >> qui conduit à renforcer le lien; (iii) Le vivre ensemble et le partage d'une même quotidienneté, le lieu du << corps à corps>> [F.Choay, cité par, A.Bourdin : 2000 : 21], ce qui assure une proximité bidimensionnelle, spatiale et culturelle. (iv) Et nous ajoutons comme dernier point l'intentionnalité du projet urbain, que J.Lévy [cité par M.Lussault : 2000] définit comme Le fait que les actions humaine préexistent dans les représentations des agents sous forme de finalités de la volonté ou du désir et les transforment ainsi en acteurs , ce qui permet de stimuler la confrontation ou l'opposition entre un << ici et maintenant >> [c'est-à-dire le droit de vivre ensemble ici] et un << nouvel ailleurs >>[C.Viviane : 2000 :61], c'est-à-dire le projet proposé au début de l'opération.

EN GUISE DE SYNTHESE : LE PROJET URBAIN COMME GUIDE D'ACTION :

L'étude de l'évolution du projet urbain comme une nouvelle démarche de faire l'urbain, nous a démontré que ce dernier est le fruit d'une lutte et montée du contentieux contre le déterminisme fonctionnaliste des années d'après-guerre. Le projet urbain intervient donc comme une révolte [D.Pinson : 2000 : 80] et impose une approche << structurale >> [Z.Maghnous Dris: 2008] basée sur des << dépendances internes >> déployées sous forme de réseaux et d'instances fonctionnant avec des logiques ,peu ou prou, cohérentes mais visant le même objectif : << produire une nouvelle localité >> en intégrant l'habitant non comme un simple usager, mais le reconnaître comme un acteur ayant la capacité d'intervenir via ses << expertises d'usage >>13. Le projet urbain est donc le germe d'une dichotomie, d'une tension entre l'ordre global et local, et il intervient comme pour organiser l'action, vu que ce dernier

13 Comme l'a bien dit M. Urbain dans une conférence, sur le développement durable, tenue le mois de Mars 2010 à Aix en Provence.

tend à simuler la réalité via les <<images-stimulus>> (maquettes, plans, images 3d...) proposés au début par les pouvoirs publics, faisant appel à une mobilisation horizontale. L'idée étant qu'il ne s'agit pas de trouver La Solution, mais bien de faire en sorte que les acteurs prennent positions et orientent ainsi le travail par le choix qu'ils font [Toussaint et Zimmermann: 165]. Ces interactions inter-acteurs créent une sorte de <<culture commune de projet >> liée au local comme ressource, en participant ainsi activement dans la Reconfiguration de leur environnement de vie. Et à travers cette mobilisation << horizontale >>, le territoire local sera approprié par tous les acteurs impliqués : habitants, pouvoirs publics ainsi que les urbanistes techniciens. Entre autre le projet urbain est une pensée de la reconnaissance de ce qui est là, des traces, du substrat, une reconnaissance du mouvement et du flux dans lequel on se situe [Ch.Devillers : 1994 : 12-13] et un cadre de pensée pour régénérer la ville au profit de ses habitants. Et il est aussi un <<guide de l'action >> pour adapter la ville à la demande sociétale et jouer comme levier économique, social et urbain. Et quand on dit <<guide >>, ce n'est plus pour figer le projet urbain comme procédure mais comme une << aideinterprétation>> d'une réalité complexe, car le projet urbain ne peut pas s'ériger en tant que méthode, mais comme une série de démarches relatives à chaque contexte, en mettant au point des outils de planification contextuelle proches de la réalité et ouvertes à la discussion. Encore, faut-il rappeler que c'est bien les qualités même du projet urbain, en terme de mobilisation << habitante >>, et l'incertitude qui texture sa chronologie et sa stabilité qui attire notre attention. Car elles [les qualités de P.U] sont susceptibles parfois d'avoir des retombées négatives sur un cadre bâti (patrimoine) qui, lui, ne peut pas toujours attendre.

In fine, la vulgate14 localiste s'est imposée à notre lexique sans le moindre examen, comme l'a déjà bien constaté A. Bourdin [Op.cit : 16]. Le local est global du fait qu'il contienne des dimensions sociales, économiques et politiques. Son exploration constitue pour nous une <<armature intellectuelle >> [idem : 16] et un point de départ méthodologique à travers lequel nous explorons en premier temps, les modes ou approches de Re-production du local, la gouvernance locale, ainsi que les logiques et les approches théorique de l'action collective.

14 « Un ensemble de propositions reçus pour vraies sans être soumises au moindre examen, parce qu'elles sont largement répandues, exactement comme la bible de saint Jérôme fut considérée comme authentique par le concile de Trente, parce que consacrée à l'usage. », [A.Bourdin : 2000 :16]

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo