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L'intégration sous-régionale en CEMAC à  l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes

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par Achille SOMMO PENDE
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Gouvernance et Politiques Publiques 2010
  

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Paragraphe 2. Emergence des préjugés en zone CEMAC : une cohabitation devenue difficile

Au sens strict, les préjugés sont des jugements formés ou adoptés sans examen sur un individu ou un groupe. Dans l'usage moderne, le terme dénote presque toujours une attitude défavorable ou hostile envers d'autres personnes en raison de leur appartenance à un autre groupe social ou ethnique. Le préjugé repose donc sur des stéréotypes, des généralisations simplificatrices relatives à des groupes humains. Lors de notre phase d'enquête de terrain, nous avons pu aisément découvrir que des préjugés tenaces donnent naissance à différentes formes de discrimination. Et ce, malgré le contact prolongé des populations distinctes. Dans ce contexte, il va de soi que la libre circulation soit éprouvée dans la mesure où la volonté de se mouvoir est freinée par la peur d'être discriminé et mal perçu.

A. Le paradoxe de l'hospitalité camerounaise

L'histoire et l'actualité récente nous montre que le Cameroun passe pour le pays de l'Afrique centrale le plus hospitalier. Dans un contexte de relative stabilité politique et de préservation de la paix entre les populations, phénomène devenu rare dans la sous-région, le Cameroun a toujours ouvert ses frontières aux populations en détresse. Depuis la guerre du Biafra (1967-1970)86(*), le génocide rwandais (1994), en passant par les guerres civiles en RCA (2002-2010) et au Tchad (2003-2010), le pays s'est montré hospitalier et abrite plusieurs camps de réfugiés au nord à l'Est du pays. De même, les populations ne manifestent pas d'animosité ou de xénophobie particulière à l'endroit des étrangers qui y sont pourtant nombreux (Nigérians, Nigériens, Maliens, Sénégalais, Centrafricains, Tchadiens, Rwandais...). L'une des raisons fondamentales de cette hospitalité est certainement l'immense diversité ethnique (près de 300) qui peuple le pays et le brassage culturel qui en découle.

Paradoxalement, autant le peuple camerounais est accueillant, autant lorsqu'un ressortissant camerounais est dans un autre pays du continent et surtout de la sous-région, les populations locales ont tendance à être méfiantes. En cause, son aptitude à s'adapter à tout milieu, à trouver de quoi survivre ou s'enrichir coûte que coûte. En réalité, c'est surtout sa capacité à user des moyens dolosifs et douteux qui est mis en exergue (faux et usage de faux, corruption, prostitution, escroquerie, vols, proxénétisme...). Ces abus perpétrés certainement par quelques citoyens en mal de situation convenable, ont été retranscrit dans les moeurs des camerounais par les autres pays comme s'il s'agissait des traits socioculturels spécifiques à l'identité camerounaise. Des idées préconçues qui subsistent chaque fois que l'on est en face d'un camerounais et ce, quelles que soient ses motivations ou les raisons de son séjour : un expert ou un scientifique est facilement assimilé à un « feyman »87(*) jusqu'à ce qu'il fasse la preuve du contraire.

Quoiqu'il qu'en soit, même si le phénomène est manifeste pour les camerounais, il existe aussi, à moindre échelle certes, pour les autres citoyens de la zone CEMAC. Aussi a-t-on vite assimilé un Centrafricain ou un Tchadien à un agresseur, un coupeur de route ; un Congolais, à quelqu'un d'apparence charmante mais imprévisible et d'une violence d'une rare intensité ; un gabonais, à un prétentieux paresseux : un Equato-guinéen, à un insolvable qui n'a pas de parole. Ces préjugés érigés en traits culturels ou anthropologiques entrainent une réticence à côtoyer l'autre. Peut-être s'agit-il simplement des différences culturelles qui se révèlent au grand jour à la faveur de la mondialisation.

* 86 Entre mai 1967 et janvier 1970, la guerre du Biafra oppose le Nigeria au peuple Ibo, après que celui-ci ait proclamé la république du Biafra à l'est du pays. Cette guerre civile, qui se termine avec l'écrasement des sécessionnistes par l'armée fédérale nigériane, provoque la mort d'un million de personnes, victimes pour la plupart de la famine et de la malnutrition.

* 87 Au Cameroun signifie escroc, arnaqueur.

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