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L'espace web du sénégal : étude de son degré d'ouverture ´ travers l'analyse des liens hypertextes

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par El Hadji Malick GUEYE
Université Paris 10 Nanterre - Master de Recherche 2005
  

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I.3. L'Internet au Sénégal : état des lieux

I.3.1 Historique

L'histoire de l'Internet au Sénégal peut se résumer en trois dates clés :

- 1989 : période « pré-internet ». L'institut de recherche français, l'ORSTOM, qui sera renommé plus tard IRD, met en place à Dakar le RIO (Réseau Informatique de l'ORSTOM, qui changera en 1992 en Réseau Intertropical d'Ordinateurs), avant de l'élargir après dans la sous région. L'objectif était d'améliorer la communication entre le siège parisien et l'ensemble de ses centres outre-mer mais aussi et surtout relier les chercheurs de l'Institut à la communauté scientifique internationale. L'échange des messages avec l'Internet global se fait via une passerelle située à Montpellier.23(*) C'était un système de messagerie de type strore&forward et utilisait le protocole UUCP (Unix to Unix Copy). Notons aussi le réseau Fidonet, un autre réseau de messagerie électronique, dont le Sénégal est relié grâce à l'ONG Enda en 1992.

- 1992 : déclaration du ccTLD du Sénégal : (.sn). Le Sénégal fait son premier pas véritable vers le réseau global Internet. Les adresses électroniques se terminant par .fr, .ca ou .org vont pouvoir être remplacées par des adresses électroniques sénégalaises, c'est à dire utilisant le ccTLD « .sn ». Ceci a été rendu possible grâce à la coopération entre l'IRD et l'Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar. Plus tard, l'Université Cheikh Anta Diop sera chargée de gérer entièrement ce nom de domaine. Selon Eric Bernard, la déclaration de ce nom de domaine, au-delà de son importance pour l'usager, peut revêtir la forme d'un véritable acte politique.

- Mars 1996 : le Sénégal est en ligne. Même si le premier serveur WWW d'Afrique de l'Ouest, REFER, ait été mis en ligne déjà depuis en 1995 à Dakar, grâce à l'Agence Universitaire de la Francophonie, le Sénégal n'entre vraiment dans Internet qu'en mars 96 lorsque la SONATEL, l'opérateur national de télécommunication, met en place un lien Intelsat à 64 Kbps négocié avec l'opérateur MCI Worldcom et reliant le Sénégal aux USA. Le premier fournisseur d'accès grand public, Telecom-Plus, apparait. Son premier client : la Présidence de la République24(*). Les anciens réseaux pré-Internet, se fondent dans un seul ensemble, l'Internet sénégalais.

I.3.2 Les infrastructures d'accès

Sur le plan des infrastructures de télécommunication, le Sénégal dispose d'un parc assez fourni et se place en position de pionnier dans la sous région et même au niveau continental.

D'abord, concernant l'accès au téléphone, le Sénégal est de très loin le pays africain qui compte le plus grand nombre de lignes publiques : 6,17 % du total des lignes contre 2,60 en Afrique du Sud, 2,90 au Swaziland25(*). Ceci a été rendu possible grâce à une initiative originale dès 1992 : les télécentres privés. Ce sont des concessions accordées par la SONATEL (l'opérateur national de télécommunications, qui détenait le monopole sur le téléphone fixe et l'accès à l'international, monopole qui prendra fin en 2006), à des personnes privées. Ces télécentres, qu'on voit pulluler à chaque coin de rue, dans les villes comme dans les coins les plus reculés du Sénégal, sont devenus maintenant une vraie institution. Ils ont dépassé le cadre d'une simple cabine téléphonique. Ils sont des lieux de rencontre et de convivialité proposant en même temps des services de secrétariat et de dactylographie et des fois une connexion Internet, surtout à Dakar. Et selon Annie Chéneau-Loquay26(*), cette initiative a fait que 70 % des sénégalais sont désormais accessibles par téléphone. Il faut aussi noter que le réseau téléphonique couvrant l'ensemble du territoire du Sénégal est entièrement numérique et compte plus de 2.200 km de fibre optique27(*). Par ailleurs, la téléphonie mobile connaît une forte progression avec deux licences : Alizé, filiale à 100% de SONATEL, créée en 1996, leader du marché comptabilisait en 2001, 400.000 abonnés et 700.000 aujourd'hui ; Sentel, l'autre opérateur en compte prés de 350.000. Un appel d'offre pour un troisième opérateur global (évoluant aussi bien sur le fixe, le mobile que sur Internet) sera lancé dans les deux mois qui viennent28(*).

Ensuite, pour ce qui est de la connexion Internet, le Sénégal fait partie des onze pays d'Afrique où l'opérateur de télécommunications joue le jeu d'un accès universel en créant un code spécial qui permet de se connecter à Internet au coût de la communication locale dans le pays tout entier29(*). Avec une connexion de 64Kbps dès sa mise en ligne en 1996, le Sénégal disposait en décembre 2000 d'une bande passante à l'international de 42Mbps. Cela représente le plus gros débit à l'international d'Afrique de l'Ouest. A titre de comparaison, l'ensemble des bandes passantes des 15 autres pays de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) représente seulement un quart de ce débit30(*). D'aucuns, comme Eric Bernard31(*), penseront que la bande passante réelle consacrée à Internet n'était à cette période que 6 Mbps, ce qui était encore la meilleure capacité de la sous région. Le reste « serait » utilisé par la SONATEL pour faire passer ses appels téléphoniques. France Télécom, son partenaire stratégique depuis 1997 qui détient 42,33% du capital du Groupe SONATEL en est pour beaucoup pour cette augmentation de la bande passante notamment par son raccordement aux câbles sous-marins Atlantis 2 et SAT3/WASC/SAFE. Le câble Atlantis II relie depuis 1999 le Sénégal et le Cap Vert à l'Amérique du Sud et à l'Europe. Cette liaison de 12.000 km dessert l'Argentine, le Brésil, le Sénégal, le Cap Vert, les îles Canaries, l'Espagne et le Portugal et se connecte ensuite sur les câbles Unisur (Brésil, Argentine, Uruguay) et Columbus-2 (Italie, Espagne, Portugal, Mexique, États-Unis) déjà existants32(*). Le câble SAT3/WASC/SAFE (South Africa Telecommunications/West African Submarine Cable/ South Africa, Far East cable) « est le seul câble au monde à relier Nord, Sud, Est et Ouest33(*) » Brian Cheesman, chargé des réseaux internationaux de Telkom, l'opérateur sud-africain. Ce câble, inauguré à Dakar le 27 mai 2003 par le Président Wade, est composé de deux portions : la partie africaine (SAT3/WASC) part du Portugal à Cap Town, reliant sur 14.279 km le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, le Gabon, l'Angola et l'Afrique du Sud. La seconde partie (SAFE), d'une longueur de 12.169 km relie l'Afrique du Sud à la Malaisie en passant par l'Inde, l'Île Maurice et la Réunion. Longtemps ignorés dans ces genres d'ouvrage, ce projet aura pour effet d'accroître de manière conséquente la connectivité internationale des pays africains et de jeter ainsi un grand pas quant à leur entrée dans les autoroutes de l'information.

Figure 2 : Câbles sous-marins desservant l'Afrique de l'Ouest (Eric Bernard, 2002)

Ainsi, le Sénégal devrait pouvoir augmenter sa bande passante internationale avec le câble SAT3 de 42Mbps à 100Mbps34(*). En fin 2003, elle a été de 310Mbps (155 Mbps mis en service le 14 juillet 2003 vers l'Europe sur Atlantis 2 et 155 Mbps le 30 septembre 2003 vers les USA sur SAT3/WASC/SAFE)35(*) avant d'atteindre ½ Giga en octobre 200436(*). Voici l'évolution de la bande passante du Sénégal depuis sa connexion sur Internet en mars 1996.

Figure 3 : Evolution de la bande passante internationale du Sénégal (1996-2004)

Cette augmentation des capacités de la SONATEL fera davantage de Dakar un « hub » sous régional, une plaque tournante en matière d'infrastructures de télécommunication et d'accès à Internet. Et toujours en matière d'accès Internet, la SONATEL, afin d'élargir son offre et de mieux répondre aux demandes des entreprises, des hommes d'affaires et des cybercafés (en plein essor) en matière de vitesse de navigation et de transfert des données, a lancé depuis le 03 mars 2003 la technologie ADSL devenant ainsi le quatrième pays du continent africain après l'Afrique du Sud, le Nigéria et la Tunisie à déployer cette technologie37(*). La couverture reste néanmoins limitée à certaines zones comme la région de Dakar où la demande est assez importante. « Avec l'ADSL, certains services de l'Internet tels que la vidéo en ligne, les catalogues virtuels en 3D, la télévision, la visioconférence via Internet, le télétravail, etc. jusque-là peu accessibles aux sénégalais, seront désormais à leur portée ». Et dans cette même lancée, la télévision numérique et la vidéo via la ligne téléphonique ont été testées en décembre 2004 grâce à l'appui de France Telecom et de Canal Horizons (filiale de Canal +). Six (06) chaînes sont proposées et des négociations sont en cours avec la RTS (Radiodiffusion Télévision Sénégalaise) pour inclure une chaîne nationale38(*).

Enfin, même si toutes ces initiatives technologiques reflètent un équipement assez développé en infrastructures d'accès, la présence et la disponibilité d'un capital humain assez compétent en sont aussi pour beaucoup. Le Sénégal se place parmi les premiers pays du Tiers monde pour le nombre d'ingénieurs et de techniciens supérieurs par rapport à sa population (...). Le pays compterait 342 ingénieurs en informatique et 467 techniciens supérieurs par million d'habitants39(*).

Comme remarque, nous constatons que la capacité du Sénégal en bande passante internationale dépasse largement les besoins du pays. Cette débauche de réseaux à haut débit tournés vers l'international attire les gros clients, tel PCCI (Premium Concept Center International) qui a investi 4,5 milliards de francs CFA pour délocaliser à Dakar son centre d'appels téléphoniques, à destination de clients... européens40(*). Plusieurs autres entreprises ont investit ce secteur ; Dakar en compterait une dizaine et voudrait bien se positionner sur ce marché comme la Tunisie, le Maroc...

* 23 BRUN, Christophe. Un bref historique de l'Internet au Sénégal , IRD, juillet 2001

Disponible aussi sur l'URL : http://www.orstom.sn/intersen/histo.shtml [consulté le 01/03/05]

* 24 BRUN, Christophe. Ibid

* 25CHENEAU-LOQUAY, Annie. Quelle insertion de l'Afrique dans les réseaux mondiaux ? Une approche géographique. texte mis à jour : novembre 1999.

Disponible sur l'URL : http://www.africanti.org/resultats/documents/cheneauloquay/ACL-entier.htm [consulté le 07/03/05]

* 26 Ibid.

* 27 [site visité le 22/03/05] http://www.sonatel.sn/qui.htm

* 28 Le quotidien Walfadjri, 11/04/2005. Entretien avec Monsieur Thierno Ousmane Sy, conseiller du Président chargé des nouvelles technologies. Disponible aussi sur l'URL : http://www.walf.sn/interview/?id_inter=136

* 29CHENEAU-LOQUAY, Annie, DIOUF, Pape N'Diaye. Disponibilités et usages des technologies de la communication dans les espaces de l'échange au Sénégal. In : Enjeux des technologies de la communication en Afrique, Annie Chéneau-Loquay (dir), Karthala, 2000

* 30 Le Sénégal décuple sa bande passante. [site visité le 07/03/05].

Disponible sur l'URL : http://www.africanti.org/resultats/breves/SN42Mbps.htm

* 31 BERNARD, Eric.Le déploiement des infrastructures Internet en Afrique de l'Ouest. Thèse Doctorat : Université Montpellier III, (version corr. 2004), p.218

* 32 BERNARD, Eric. Ibib. p.172

* 33 BIDOLI, Marina. Africans now do it for themselves. Financial Mail, 07 juin 2002,

http://free.financialmail.co.za/report/telkomcable/btelkom.htm

* 34 http://www.osiris.sn/article336.html

* 35 SONATEL Rapport annuel 2003

* 36 La vitesse de la bande passante Internet Sonatel portée à un demi Gigabits par seconde. OSIRIS : Revue de presse 2004. Diponible sur l'URL : http://www.osiris.sn/article1410.html [site visité le 04/04/05]

* 37 SONATEL introduit la technologie ADSL au Sénégal. Communiqué de presse SONATEL, 26 février 2003.

Disponible sur l'URL : http://www.sonatel.sn/communike/adsl.htm [site visité le 21/03/05]

* 38 Innovation majeure en Afrique : SONATEL expérimente la Télévision numérique et la vidéo à la demande via la ligne téléphonique. Communiqué de presse Sonatel, décembre 2004.

Disponible sur l'URL : http://www.sonatel.sn/communike/tvnum.htm [site visité le 21/03/05]

* 39 CHÉNEAU-LOQUAY, Annie. Défis liés à l'insertion des technologies de l'information et de la communication dans les économies africaines : L'exemple d'Internet au Sénégal. In : Abdelkader Djeflat et Bruno Boidin, Ajustement et technologie en Afrique, Publisud, avril 2002, p 103.

* 40MORA, André. [site visité le 30/03/05]. Internet au Sénégal : les zones rurales sont délaissées. (janvier 2003)

Disponible sur l'URL : http://www.novethic.fr/novethic/site/dossier/index.jsp?id=31547

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand