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L'insécurité dans la ville de Grand-Bassam

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par Wobè Michel KOFFI
Université d'Abidjan Cocody - UFR Criminologie  - Maitrise 2008
  

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SOMMAIRE

DEDICACES 3

REMERCIEMENTS 5

AVANT-PROPOS 12

INTRODUCTION 13

PROBLEMATIQUE 15

METHODOLOGIE 24

PREMIERE PARTIE: PRESENTATION DE LA VILLE

DE GRAND-BASSAM ET

MANIFESTATION DE L'INSECURITE 28

CHAPITRE I : PRESENTATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE DE GRAND-BASSAM 29

I : Présentation géographique de la ville de Grand-Bassam 29

II : L'organisation de la ville de Grand-Bassam 30

CHAPITRE II : MANIFESTATIONS DE L'INSECURITE

A GRAND-BASSAM 37

I : Nature des infractions relevées dans la ville de Grand-Bassam 37

II : L'insécurité dans la ville de Grand-Bassam 45

DEUXIEME PARTIE: LES CAUSES ET LES CONCEQUENCES

DE L'INSECURITE DANS

LA VILLE DE GRAND-BASSAM 52

CHAPITRE I : LES CAUSES DE L'INSECURITE DANS

LA VILLE DE GRAND-BASSAM 54

I : Les facteurs généraux 54

II : Les facteurs spécifiques 54

CHAPITRE II : LES CONSEQUENCES DE L'INSECURITE

DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM 66

I : Naissance et montée de la méfiance et de la peur 67

II : Les conséquences de l'insécurité sur les familles 69

III : Les conséquences économiques de l'insécurité 71

TROISIEME PARTIE : PROPOSITIONS DE MESURES

DE LUTTE CONTRE L'INSECURITE 73

CHAPITRE I : PROPOSITIONS DES MESURES

A LA VILLE DE GRAND-BASSAM 75

I : Les mesures socio-économiques et culturelles et rapports

Population-FDS dans la lutte contre l'insécurité 75

II : Des actions de la municipalité de la ville de Grand-Bassam 78

CHAPITRE II : PROPOSITIONS DE MESURES

AU PLAN NATIONAL 83

I : Au niveau des agents des FDS 83

II : De la révision du système éducatif et de l'adoption

d'une politique d'identification 85

CONCLUSION 89

BIBLIOGRAPHIE 92

ANNEXES 97

TABLE DES MATIERES 122

DEDICACES

A mon père PITA Koffi Alphonse (1949-2004)

Tu, je le sais, ne regrettes pas l'acte posé en m'inscrivant pour la première fois au Cours Préparatoire (CP1).Aujourd'hui oü est venu le moment de faire un bilan partiel de mon cursus scolaire au travers cette soutenance, DIEU, Le Tout Puissant t'a rappelé à lui en ce jour du 7 Avril 2004.Saches que ton action n'a pas été gratuite.

A ma mère GNALI Ayémenon,

Que les terribles nuits d'éveil que tu as passé en supportant mes caprices et mes pleurs, la quête perpétuelle de mon bien être, trouvent ici l'expression de tout mon amour et toute ma reconnaissance.

A KOFFI Abléman Adèle (1973-1974)

Tu fus celle qui en ouvrant les portes de la maternité à notre mère annonçait ma venue. Mais la mort ne te laissera le temps de boucler une année de vie sur terre : se fut un soir avant ton premier anniversaire en 1974.

A toi PITA Kokora Rufin (1996-2003)

Je balbutiais encore à l'université lorsqu'un soir la nouvelle de ton décès me parvint. Il s'agissait d'une mort causée par une épidémie de choléra en 2003, alors même que tu avais reçu tous les soins médicaux appropriés. Saches que Dieu prendra soin de nous sur terre et de toi auprès de Lui.

A AKAYANA G. Marie-Danielle et KOFFI Urielle Elishama

Ces mots ne suffisent pas pour te traduire tout l'amour que je porte à toi (AKAYANA ma fiancée). Tu m'as supporté en tout temps et en toute chose. Saches que nos fiançailles aboutirons au mariage quelque soit ce qui adviendra.

ELISHAMA (ma fille), tu es pour moi une source de joie car ta naissance a donné un ferment à tous mes projets (études et autres activités).

A DIEU Le ROI des rois,

Seigneur tu fus mon refuge dès les âges lointains en réglant mon destin. Tu fus dès le commencement avec moi en m'accordant ton intelligence et ta sagesse divine. Que la gloire te revienne d'éternité en éternité.

REMERCIEMENTS

A Notre Directeur,

Nos intentions premières sont à l'endroit du Docteur N'DRIN Allou David, qui n'a ménagé aucun effort pour assurer la direction de notre travail de recherche. Ses conseils avisés, sa rigueur, son expérience et ses encouragements nous ont permis de poursuivre et d'achever ce travail.

Nous tenons à lui dire sincèrement merci pour nous avoir non seulement accordé de son temps, mais cru en notre projet de recherche. Bien plus que Directeur de notre mémoire, il est un Père pour nous.

Au Doyen Alain SISSOKO et à ses collaborateurs,

Notre gratitude sincère au Professeur Alain SISSOKO, Doyen de l'Unité de Formation et de Recherche de Criminologie pour sa disponibilité et son esprit d'ouverture aux problèmes et difficultés des étudiants.

Nos remerciements sont également adressés à tout le corps professoral de notre UFR pour les sacrifices consentis en vue de garantir notre instruction et notre formation.

Nous ne saurions oublier le personnel administratif à qui nous disons grand merci.

A vous Autorités politiques et administratives de Grand-Bassam, Autorités religieuses, Agents des FDS, Parents, Amis et Connaissances,

Nous voulons dire grand merci à Monsieur le Député-maire de Grand-Bassam, l'honorable Jean-Michel MOULOD et à tout le conseil municipal, Monsieur KONIN, chef du service administratif pour tout son soutien, Monsieur ZERBO Boucari, chargé d'histoire et guide touristique à la mairie pour les précieuses informations et ses encouragements, Monsieur Aboubacar TOURE, responsable du service socioculturelle pour sa disponibilité. Nos remerciements vont à l'endroit de tout le personnel qui a accordé une importance notre travail.

Nous exprimons toute notre gratitude au Préfet de police d'Abidjan, et travers lui le Colonel ADOU Charles du Commissariat de Grand-Bassam, le Commissaire BLA Konan Kan Parfait, chef du personnel à la préfecture de police, à l'Officier LATAH du service statistique pour son soutien et sa disponibilité.

Mes remerciements sont à l'endroit de la Famille GNAKO, Papa GNAKO Débi et Maman GNAKO Laurentine, pour tout leur amour, leurs soutiens moral, financier et spirituel. Trouvez en ces quelques mots l'expression de toute notre reconnaissance pour tous ce que vous avez soufferts et continuez de souffrir pour nous.

DIEU vous bénisse.

Nos remerciements vont à nos oncles DANGBO Luc, BEUGRE Yves, MANON Paul, PITA Noé, GNAMIAN Aaron Michel, ADJA David, DRIGBA Basile, LOBOUE Augustin, Docteur PITAH Moïse, Docteur DOGUI Claude, Docteur ANOHA Dominique, ADOU Jonas, à nos tantes Mme KOUAI BI, DANGBO Rebecca, Mme ZADI Naomi, à nos cousins le Lieutenant TOUTOUKPO Nazaire, les MDL SAMO Dogui Hervé et KOUASSI Kan Salomon, à Me KOUASSI Kan Véda et à nos soeurs et frères BONI Annick,

KOFFI Jeannine, Edwige, Madeleine, Yvette, Sara, Déborah, Jean Marc et Kévin.

A chaque membre des cinq grandes familles de GUITRY, nous disons merci pour toutes leurs prières et leur soutien.

Nos remerciements sont également à l'endroit du Bishop Rev. Benjamin BONI, Président de l'Eglise Méthodiste Unie Côte d'Ivoire (EMU CI), de toute la communauté Méthodiste Unie HOREB de Yopougon Toit Rouge, en particulier à tous membres de la chorale HOREB, aux Rev. GNAGNE Adou François, AKAFFOU Célestin, BOGRO Isaac pour leur soutien moral et spirituel.

Nous tenons à dire sincèrement merci aux familles ABOLE, SAHI Lazare, ANGRAH Mel, TOUKPO TAYORO, NIAKEY Kacou, KOUAI BI, BLEOU, BEUGRE Lédjou, BEUGRE Narcisse, BIALLY Grah, COULIBALY Bakary, DADIER N'guessan Esaïe pour leurs soutiens moral, financier et spirituel en tout temps et les conseils pratiques que nous avons pu recevoir d'elles.

A nos amis MEL Kadjo Thierry, PICARD Akomia, IPOU Romain, TIEFFI Alexis, POKOU Hoba, AGBO Frédéric, KOUAME Yao, YAO Konan Benson et à nos condisciples nous disons grand merci pour leur encouragement et leur soutien qui nous ont aidé dans la finalisation de notre projet de recherche.

Nous n'oublions pas tous ceux qui nous ont soutenu de près comme de loin et qui ont contribué à l'élaboration de ce document, même s'ils ne sont pas cités.

QUELQUES ABREVIATIONS

- CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

- C.E.I. : Communauté des Etats Indépendants.

- CEPE : Certificat d'Etudes Primaires Elémentaires. - C.G.Q. : Comité de Gestion des Quartiers.

- COOPEC : Coopérative d'Epargnes et de Crédits. - FAR : Festival des Arts de la Rue.

- FDS : Forces de Défense et de Sécurité.

- FESCAPOP : Festival des Arts Populaires. - FPI : Front Populaire Ivoirien.

- IEP : Inspection de l'Enseignement Primaire.

- IIAO : Institut Industriel de l'Afrique de l'Ouest.

- MUCREFAB : Mutuelle de Crédits des Femmes de Bassam.

- ONU : Organisation des Nations Unies. - P.E.C.O. : Pays d'Europe et Orientale.

- PDCI : Parti Démocratique de Côte d'Ivoire. - PIT : Parti Ivoirien des Travailleurs.

- PVRH : Programme de Valorisation des Ressources Humaines.

- RDR : Rassemblement des Républicains. - SCAF : Scierie Africaine.

- UDPCI : Union Démocratique pour la Paix en Côte d'Ivoire.

- UFR : Unité de Formation et de Recherche.

- UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture.

- VCD : Vidéo Compact Disc.

- PA, MAB P15, PM AAT 49 sont des séries d'armes à feu.

Les abréviations en caractère d'imprimerie gras sont les initiales de nom et prénoms d'enquêtés qui ont requis l'anonymat.

SOMMAIRE DESTABLEAUX

Tableau 1 : Récapitulatif des infractions selon nos enquêtés

Tableau 2 : Récapitulatif des infractions selon les statistiques policières Tableau 3 : Violences contre les personnes (statistiques policière et enquêtés) Tableau 4 : Combinaison des statistiques policières et les réponses de enquêtés sur les violences contre les biens

Tableau 5 : Répartition des auteurs des infractions selon nos enquêtés Tableau 6 : Récapitulatif des infractions dans l'espace à Grand-Bassam Tableau 7 : Récapitulatif des infractions dans le temps selon nos enquêtés Tableau 8 : Récapitulatif des infractions dans le temps par mois (Statistiques policières)

Tableau 9 : Récapitulatif des facteurs généraux selon nos enquêtés Tableau 10 : Résultats des examens et concours scolaires de 2003 à 2005 à l'IEP de Grand-Bassam (espace communal uniquement)

Tableau 11 : Récapitulatif des facteurs spécifiques selon la population Tableau 12 : Récapitulatif des conséquences de l'insécurité à Grand-Bassam selon les enquêtés

SOMMAIRE DES GRAPHIQUES

Graphique 1 : Courbe descriptible du volume et de la nature des infractions à Grand-Bassam

Graphique 2 : Courbe descriptible des infractions par quartier à Grand-Bassam de 2003 à 2005

Graphique 3 : Courbe descriptible de la criminalité dans le temps par mois à Grand-Bassam de 2003 à 2005

Graphique 4 : Diagramme descriptible des facteurs généraux de l'insécurité à Grand-Bassam

Graphique 5 : Diagramme descriptible des facteurs spécifiques de l'insécurité à Grand-Bassam

AVANT-PROPOS

Après l'étude théorique du phénomène de l'insécurité, il est demandé à tout étudiant de l'UFR (Unité de Formation et de Recherche) de CRIMINOLGIE, Université de Cocody, option Maîtrise de recherche de faire une étude pratique sur le terrain et de rédiger un Mémoire de fin de cycle relative à un sujet de choix. Cette phase à notre avis constitue une occasion de mise en relief des connaissances emmagasinées pendant notre formation en criminologie, mais également un moyen stir par lequel tout chercheur s'ouvre à d'autres milieux pour mieux cerner son objet d'étude. Cette pratique quotidienne du terrain permet aussi aux étudiants d'acquérir une expérience enrichissante en s'intéressant aux faits sociaux et ensuite de mettre les connaissances et les résultats de leurs recherches à la disposition de tous.

Par ailleurs, la majeure partie des travaux effectués en COTE D'IVOIRE sur le problème de l'insécurité s'est cantonnée sur les dix (10) communes de la ville d'Abidjan. Néanmoins, ces recherches montrent que l'insécurité reste un phénomène assez délicat et préoccupant au regard de son évolution.

A travers l'étude sur « L'insécurité dans la yille de

Grand-Bassam », que nous nous sommes proposé dans le cadre de notre Mémoire de fin de cycle, nous pensons faire des propositions de mesures et de méthodes, non sans avoir cerner les manifestations, les causes et les conséquences, en vue d'enrayer ce fléau.

Nous sommes certains que ce travail apportera des éclaircissements quant à la propagation de l'insécurité et permettra à d'autres chercheurs de continuer.

INTRODUCTION

Le phénomène de l'insécurité n'est pas le propre de nos sociétés actuelles. Peu importe le lieu ou l'époque que l'on considère, mais ce phénomène a de tout temps existé et l'homme s'est aussi préoccupé de rechercher ses causes et plus particulièrement de rechercher des moyens pour le combattre.

En effet, le phénomène de la criminalité de par son ampleur a permis de prendre un certain nombre de mesures : la répression, le maintien de l'ordre et la sécurité des biens et des personnes (publics et privés).

Malheureusement, les dispositions prises pour réduire ou même enrayer l'insécurité (dans les grandes agglomérations et les villes satellites) ne pourront jamais être efficaces, d'une part à cause de l'accroissement sans cesse de la population et de la dégradation de l'environnement socio-économique et politique, et d'autre part à cause d'une politique de suivi des mesures négligée.

Aujourd'hui la crise militaro-politique que connaît la Côte d'Ivoire depuis le 24 décembre 1999 a d'ailleurs accentué le phénomène de la criminalité, du fait de la circulation massive d'armes de toutes sortes qui, si l'on n'y prend garde, risque de se généraliser. Du reste, la lecture rétrospective des statistiques criminelles de la police donne un aperçu de ce phénomène.

A titre d'exemple, nous avons de 1996 à 1998 ; 416 837 affaires criminelles traitées, 171 488 personnes interpellées, 1315 armes saisies et 30 159 munitions saisies.

Plus attristantes sont les statistiques du mois d'avril 1999 où l'état-major de la sécurité a enregistré 11 368 infractions, 309 vols à domicile (20 à Abidjan et 289 à l'intérieur du pays). Alors qu'en mars 1999, il n'y a eu que 192 vols à domicile, soit une augmentation de 34.86%1.

La ville de Grand-Bassam, champ de notre étude n'échappe pas au phénomène de la criminalité. Il ne se passe pas de journée sans que la police et

1 -Statistiques criminelles de la Préfecture de police d'Abidjan, extrait du quotidien Ivoir'soir n°3480 du Jeudi 17 Mai 2001, p.6.

la gendarmerie ne soient saisies d'un fait lié à l'insécurité. En 2003, le seul commissariat de Grand-Bassam a enregistré 1163 infractions ; soit 97 infractions en moyenne par mois. Nous ne saurions passer sous silence la hausse constatée en 2004 avec 1250 infractions ; un taux de croissance de 7,48%1. Ces chiffres veulent dire qu'à Grand-Bassam, l'insécurité a atteint une telle dimension qu'il nous est paru intéressant de nous attarder dessus. Notre intention ou notre objectif n'est pas de faire une quelconque énumération de ses manifestations et ses causes, mais bien plus une étude approfondie de ce phénomène pouvant nous permettre après obtention de résultats probants, de lutter de la manière la plus efficace et concrète contre la criminalité.

Et comme le souligne NEPOTE J. (1966)2 : «il ne faut jamais oublier, en effet que la criminalité, considérée à la fois dans son importance et dans ses manifestations, est le produit d'une certaine forme de la vie sociale ».

Devons-nous laisser une telle forme de vie envahir nos cités et nos villes sans réaction sociale conséquente ?

La ville de Grand-Bassam, cadre de notre étude vit-elle l'insécurité au même rythme que les autres villes ivoiriennes avec les mêmes manifestations, les mêmes causes et les mêmes conséquences ?

Pour mieux cerner l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam et avoir une bonne compréhension du sujet, nous avons articulé notre travail autour de trois axes.

Dans une première partie, nous parlerons de la manifestation de l'insécurité après une présentation de la ville de Grand-Bassam.

Ensuite, dans une deuxième partie, il s'agira pour nous de montrer les causes et les conséquences de l'insécurité à Grand-Bassam.

Enfin, la troisième partie nous permettra de proposer quelques mesures et solutions pour lutter contre l'insécurité à Grand-Bassam.

1 -Service de statistiques criminelles de la Préfecture de police d'Abidjan, Années 2003 et 2004.

2 - NEPOTE J. (Janvier 1966), Revue Internationale de la Police Criminelle, 21è Année, n°194, Paris, Organisation Internationale de Police Criminelle, p.2.

PROBLEMATIQUE

1- Justification du choix du sujet

Nous nous sommes intéressé à ce sujet parce qu'il semble à notre connaissance que tous les travaux déjà effectués se sont généralement limités aux communes de la ville d'Abidjan en criminologie. Ces études effectuées ont certes donné des résultats qui, pour nous, nécessitent d'être complétés et mis à jour du fait des transformations quotidiennes que connaissent nos sociétés, mais aussi à cause de l'évolution du phénomène de la criminalité et des formes sous lesquelles il se présente aujourd'hui.

En effet, selon les statistiques assemblées par l'ONU, la criminalité n'a cessé d'augmenter dans le monde depuis les années 1970 et elle est devenue très importante dans les années 20001.

En Côte d'Ivoire, malgré les efforts fournis pour la réduction de la criminalité (créations d'unités spéciales (Police Judiciaire : PJ), publicité des prouesses de la police dans les médias...) afin de tendre vers une amélioration de la sécurité des biens et personnes, l'équilibre social demeure plus que jamais perturbé. Car nous assistons à une montée des actes délictueux avec une violence sans pareille.

Nous avons aussi choisi ce sujet afin de diversifier les sources d'information sur le phénomène de la criminalité dans notre pays pour mieux envisager un programme général de lutte appropriée à ce fléau.

Il s'agit pour nous de rechercher les facteurs criminogènes et de montrer le caractère scientifique dans la maîtrise de la gestion de la sécurité. Il s'agit également de faire ressortir nos capacités dans la procédure et la méthodologie de gestion sécuritaire, c'est-à-dire les différentes étapes pouvant contribuer à la mise en pratique de la sécurité des biens et des personnes.

1 -DJEDJE A.(2001-2002), L'insécurité dans la commune du Plateau, Mémoire de Maîtrise, UFR Criminologie, Université de Cocody, p. 8.

En nous fondant sur le cas de la ville de Grand-Bassam, nous voudrions aider à notre manière les municipalités à résoudre le problème de l'insécurité dans les milieux urbains et semi-urbains dont elles ont la responsabilité.

Le choix particulier de la ville de Grand-Bassam réside dans le fait que nous vivons depuis plus d'une dizaine d'années dans cette ville et ayant pris le niveau de l'insécurité, il nous a paru intéressant de lever le voile sur ce phénomène. C'est pourquoi les autorités administratives et politiques sont restées unanimes pour dire qu'une étude d'un criminologue sur les questions de l'insécurité à Bassam est d'un grand apport.

2- Définition des concepts

La justification du choix de notre sujet faite, nous passons à la définition des concepts le composant afin de « le rendre plus opérationnel et clair »1.

2-1- Les concepts explicites L'insécurité

Selon le dictionnaire, Le Petit Larousse Illustré2, l'insécurité se définit comme le manque, l'absence de tranquillité ou de sécurité. Ainsi, le concept de sécurité se trouvant opposer à celui d'insécurité, se définit comme la confiance, la tranquillité d'esprit de celui qui se croit à l'abri, mais aussi la situation sûre à l'absence réelle de tout danger.

Le Dictionnaire Encyclopédique3, lui reste précis et donne un sens scientifique de la sécurité. La sécurité selon ce dictionnaire, est l'ensemble des mesures matérielles, politiques, économiques et sociales destinées à assurer la protection des biens et des personnes (assurer la sécurité publique).

Retenons après analyse que d'insécurité provient de l'absence de sécurité.

1- N'DA P. (2000), Méthodologie de la recherche scientifique ; De la problématique à la discussion des résultats : Comment réaliser un mémoire, une thèse, en sciences sociales et en éducation, EDUCI, Abidjan, p.41.

2- Le Petit Larousse Illustré (Juillet 2004), Paris, Edition Larousse.

3- Dictionnaire Encyclopédique (2002), (Mise à jour 30 juin 2002), Paris, Edition Philippe AUZOU.

La ville est définie dans le Dictionnaire Encyclopédique comme une agglomération d'une certaine importance, dont les habitants exercent en majorité dans les domaines secondaires (industries et administration) et tertiaires (commerce).

En Afrique, la particularité des villes se résume en la cohabitation de deux modes vies (moderne et traditionnel), d'autant plus que la plupart des villes naissent des cendres des villages (lieu par excellence des valeurs traditionnelles).

Grand-Bassam, notre cadre d'étude s'inscrit dans les caractéristiques décrites dans la définition faite par le Dictionnaire Encyclopédique.

2-2- Les concepts implicites

« Le crime, pour le psychiatre canadien ELLENBERGER, est un acte anti-éthique et antisocial grave généralement interdit par la loi et résultant de processus complexes d'ordres sociologiques, psychologiques et souvent biologiques »1.

Dans le Lexique des termes juridiques2, le crime est défini comme une infraction grave jugée par les cours d'assises et passible d'une peine afflictive et infamante.

Pour la conduite de notre étude, nous nous servirons de l'approche d'ELLENBERGER qui est plus criminologique. Mais nous tiendrons essentiellement comptes des aspects juridique, sociologique et psychologique dans nos analyses car n'ayant pas eu de cas lié au complexes d'ordre biologiques.

Le criminel est une personne qui est coupable d'une infraction grave à la morale ou d'une infraction que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante selon le Dictionnaire Universel3.

1- ELLENBERGER, cité par N'DRIN Allou D., Cours de criminologie générale DEUG I, 2000-2001.

2- Lexique des termes juridiques (2000), Paris, 12ème Edition Campus, DALLOZ.

3- Dictionnaire Universel (1998), Paris, Edition Hachette.

Selon le Dictionnaire Universel, l'acte criminel est un acte qui est condamnable, répréhensible du point de vue de la morale. Par ailleurs, le Dictionnaire Encyclopédique dit que la criminalité est l'ensemble des actes criminels commis dans un groupe social pendant une période donnée. La criminalité est le caractère de ce qui est criminel, d'une personne ou accusée d'une culpabilité.

Le Dictionnaire Encyclopédique permet de distinguer le délit en Droit Civil et en Droit Pénal.

En Droit Civil, le délit est une infraction à la loi entraînant un préjudice pour autrui ; alors qu'en Droit Pénal, le délit est une infraction punie d'une peine correctionnelle par opposition au crime et la contravention.

L'infraction est, quant à elle, définie comme une action ou omission déterminée par la loi pénale et punie de certaines peines également fixées strictement par elle. Le Lexique des termes juridiques qui nous octroie cette définition en donne une vingtaine de types telle l'infraction complexe, l'infraction continue, l'infraction d'habitude...

Selon le Dictionnaire Encyclopédique, le délinquant est une personne qui a commis un délit, qui commet régulièrement des délits. Le Petit Robert1 lui définit en conséquence, la délinquance comme une conduite caractérisée par des délits répétés, considérés surtout sous son aspect social. Elle est également l'acte du délinquant.

En définitive, le Dictionnaire Universel définit la violence comme la force brutale exercée contre quelqu'un ou encore une contrainte illégitime, physique ou morale. D'une façon générale, la violence est l'illustration de la force brutale ou intimidation pour agir sur quelqu'un ou le faire agir contre son gré, sa volonté. La violence est tout acte responsable qui porte atteinte à l'homme.

1- Le Petit Robert de la Langue Française (mis à jour et augmenté) (2002), Paris, Dictionnaires Le Robert-VUEF.

Aussi, GRAVIER B. (2006)1 définit-il l'acte de violence comme l'impossibilité pour un individu de mettre en mots, en images, en représentations des émotions qui pourraient dire la colère, le vide, le traumatisme etc.

Mais que dire du sentiment de l'insécurité ?

Le sentiment d'insécurité peut être individuel ou collectif. Il combine le danger réel ou imaginaire et la perception de sa gravité. CHENAIS J-C. (1981)2 définit le sentiment d'insécurité comme le risque, au même titre que les risques naturels ou technologiques, les conflits armés etc....d'être victime d'un danger. Il peut donc susciter chez tout individu la peur, la méfiance et même la haine.

2-3- Objectifs

Nous nous sommes assigné un objectif général et deux objectifs spécifiques :

- Objectif général

Connaître l'évolution de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam et son impact sur la population.

- Objectifs spécifiques

a- Identifier les manifestations de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam.

b- Identifier les facteurs explicatifs de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam.

1- GRAVIER B. (26 Janvier 2006), Comportements violents, DIU Psychiatrie criminelle et médico-légale, Poitiers, p.5.

2- CHESNAIS J. C. (1981), Histoire de la violence en Occident de 1800 à nos jours, Edition Laffont, Paris, p.34.

3- Revue littéraire

Le phénomène de la criminalité a fait l'objet de plusieurs études. Mais celles-ci se distinguent de par leurs contenus.

La majeure partie des oeuvres étudiant le phénomène de l'insécurité évoquent et expliquent les facteurs liés à ce phénomène, mais elles restent sensibles non seulement au problème de l'évolution de l'insécurité et aussi des politiques applicables en matière de lutte contre ce fléau.

S'agissant des facteurs explicatifs de la criminalité, sociologues et psychologues s'accordent pour dire qu'elle est le fait d'individus souffrant d'un processus défectueux de la socialisation selon la vision du psychologue KOUDOU KESSIE R. (1996)1.

Quant au Professeur SISSOKO A.2, il souligne pour sa part que la criminalité est le fruit de la désobéissance des individus aux lois naturelles et sociales sur une période donnée.

Pour RENNER M. (1999)3, les facteurs explicatifs de l'insécurité résident dans l'évolution de la société, de l'économie et de l'environnement de plus en plus marqué non seulement par la fragmentation à la montée du « tribalisme », mais aussi par la mondialisation. A ce propos, PINATEL J. (1966)4 dira : « La criminalité de nos fours n'est plus un phénomène résiduel, mais un phénomène caractéristique de notre société en mutation... ».

D'autres auteurs se sont quant à eux intéressés aux politiques et aux moyens applicables afin de venir à bout du phénomène de la criminalité. C'est dans cette optique que GASSIN R. (1994)5 propose la prévention comme une piste. Pour lui, prévenir la criminalité consiste à faire une typologie de la

1- KOUDOU KESSIE R. (1996), Education et développement moral de l'enfant et l'adolescent, Paris, Harmattan, col.espace culturel, pp.58-59.

2- SISSOKO A., Cours de sociologie criminelle, DEUG II (2001-2002).

3- RENNER M. (1999), Combat pour la survie : la dégradation de l'environnement, affrontement social, le nouvel âge de l'insécurité, Paris, Nouveaux Horizons, p.9.

4- PINATEL J. (1972), La société criminogène, Paris, CALMANN-LEVY, p.21.

5- GASSIN R. (1994), Criminologie (3è édition.), Paris, éd. DALLOZ (1è édition 1988), pp. 635-648.

prévention en fonction de la nature de la criminalité observée dans un milieu donné.

L'étude réalisée par GROGUHE Y. (2001-2002)1, sur « Les dispositifs sécuritaires en matière de lutte contre le cambriolage de domiciles et magasins de vente à Abidjan : le cas de la commune de Cocody.», présente certes toutes les stratégies et les moyens utilisés par les habitants de cette commune pour prévenir le vol. Mais elle ne nous définit pas avec exactitude les conditions de leur application ou utilisation pour une prévention efficace du vol.

Pour ANCEL M. (1954)2, prévenir l'insécurité consiste non seulement à lutter contre la personnalité anti-sociale de l'individu, mais aussi la protection de la société dans laquelle il vit.

Les travaux de l'étudiant NDIHOKUBWAYO E. (2001-2002)3 (mémoire de maîtrise) exposent comme moyens de lutte contre la criminalité, l'occupation de la jeunesse désoeuvrée par l'apprentissage de métiers pour leur insertion sociale dans le secteur professionnel, mais aussi et surtout une franche collaboration entre les forces de défense et de sécurité et la population.

Enfin, d'autres écrits ont mis en relief l'existence de la criminalité dans les milieux urbains.

ROBERTSHAW R. (1996)4 souligne que si la criminalité existe dans les milieux urbains, c'est dû au simple fait que les Etats sont fragilisés par les politiques de transformation qui du coup créent des problèmes d'inadaptation et d'intégration sociale comme ce fut le cas en Afrique du Sud (passage du régime Apartheid au régime démocratique).

1- GROGUHE Y. A. (2001-2002), Les dispositifs sécuritaires en matière de lutte contre le cambriolage de domiciles et magasins de vente à Abidjan : le cas de la Commune de Cocody., Mémoire de maîtrise, UFR de Criminologie, Université de Cocody Abidjan.

2- ANCEL M. (1954), La défense sociale nouvelle, un mouvement de politique criminelle humaniste, 2ème édition revue, Paris, CUJAS.

3- NDIHOKUBWAYO E. (2001-2002), L'insécurité dans les villages d'Abidjan : le cas du village d'Anono, mémoire de maîtrise, UFR Criminologie, pp.44-47.

4- ROBERTSHAW R. (1996), Safter Cities? Crime Political Transition and Changing Forms of Control in South Africa, Institue for Defense Policy, Johannesburg, Monograph Series, p.9.

L'enquête réalisée par la Banque Mondiale1 dans 63 pays et auprès de 30600 entreprises privées à travers le monde montre l'existence et la constance de la criminalité d'autant plus que près de 80% des chefs d'entreprises interrogés affirment avoir été victimes d'un acte criminel. Et cela pour la raison que certains pays, notamment de l'Afrique, de l'Amérique Latine, de la Communauté des Etats Indépendants (C.E.I.) et des Pays d'Europe et Orientale (P.E.C.O.) paraissent souffrir d'un vide institutionnel total propice à la criminalité et à la violence et, d'une manière générale, à l'insécurité des biens et des personnes.

De ce qui précède, nous dirons que la sécurité reste une préoccupation majeure et une condition nécessaires au maintien de l'Etat de droit. Dans le cadre du développement de « L'Etat social actif », dont les pierres angulaires sont la croissance économique et la protection sociale, la gestion de la sécurité par les autorités s'impose. La réalisation de tels objectifs concerne aussi bien les pays développés que les pays en voie de développement.

« L'insécurité dans la ville de Grand-Bassam », problématique de notre mémoire, soulève l'épineuse question de la violence urbaine dont la tendance à l'augmentation est plus marquée dans les villes satellites de Côte d'Ivoire (Grand-Bassam, Divo, Agboville, Dabou, Grand-Lahou...) que dans les grandes villes (Abidjan, Yamoussoukro, San-Pédro, Bouaké, Daloa...).

Le cas de Grand-Bassam dont la particularité a attiré notre attention se résume en la variation des infractions criminelles qu'on y rencontre, mais bien plus par la violence avec laquelle elles sont perpétrées.

Pour comprendre cette montée significative de la violence urbaine et mieux conduire notre étude, nous nous sommes posé quelques questions :

1-Quelle est la particularité de la ville de Grand-Bassam pour que l'insécurité y règne régulièrement ?

1- Banque Mondiale (1997), L'Etat dans un monde en mutation, Rapport sur le développement dans le monde, New York, pp. 38-42.

2-Quelles sont les manifestations de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam ? 3-Quelles sont les causes et les conséquences de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam ?

4-Que peut-on faire face à cette insécurité grandissante ?

Ces différentes questions nous on conduit à formuler les hypothèses suivantes :

Hypothèse 1

L'insécurité à Grand-Bassam est liée à sa proximité avec la ville d'Abidjan très criminogène.

Hypothèse 2

L'existence des bidonvilles avec des maisons inachevées favorise l'insécurité à Grand-Bassam.

Hypothèse 3

La pauvreté est un facteur de la criminalité.

Hypothèse 4

L'insécurité a provoqué la peur et la méfiance au sein des populations à Grand-Bassam.

METHODOLOGIE

1- Cadre d'étude

Nous trouvant dans l'impossibilité d'étudier l'insécurité dans toutes les villes satellites de la Côte d'Ivoire, nous avons centré notre recherche sur la ville de Grand-Bassam à cause de sa situation géographique et du pôle d'attraction qu'elle constitue au plan touristique.

2- Population d'enquête

La population d'enquête est composée de toutes les catégories sociales qui habitent et travaillent dans la ville de Grand-Bassam.

Pour avoir plus d'informations, nous nous sommes orienté vers les chefs de communautés religieuses, traditionnelles, le commissariat et la gendarmerie de Grand-Bassam, la préfecture de police d'Abidjan et le maire de Grand-Bassam.

3- Echantillonnage et échantillon 3-1- Echantillonnage

Conscient du fait qu'il est techniquement difficile d'interroger ou de toucher toute la population de la ville de Grand-Bassam, nous avons tiré au hasard quelques éléments dans toutes les catégories sociales de la population de cette ville. Ce qui nous a permis de composer notre échantillon.

3-2- Echantillon

Notre échantillon est constitué de :

- 30 agents des FDS (3 officiers et 27 sous-officiers de police et de gendarmerie)

- 65 opérateurs économiques (Industrie hôtelière, commerçants, propriétaires de PME et PMI...)

- 100 professionnels (Groupes de métiers)

- 350 personnes résidant et travaillant dans la ville de Grand-Bassam (Jeunes, adultes et vieillards)

- 15 chefs de communautés traditionnelles (Roi des Abouré, Roi des N'Zima et les chefs des communautés allogènes)

- 15 chefs de Communautés religieuses (Pasteur, Prêtre et Imam) - 10 agents de société privée de gardiennage

- 15 conseillers municipaux de commune de Grand-Bassam.

Nous justifions les cas de ces catégories de population par notre souci d'objectivité dont la diversification des sources de données et d'informations est l'émanation.

4- Méthodes d'enquête

Une recherche sans démarche méthodologique est vouée à l'échec. C'est donc pour éviter tout échec que nous avons eu recours à divers procédés de travail pour mener notre recherche. Ainsi, comme méthodes d'enquête, nous avons utilisé le questionnaire constitué de questions ouvertes et de questions fermées, le tout dans une même série. Il faut souligner que le questionnaire était destiné aux personnes sachant lire et écrire en français. Nous avons-nous même rempli le questionnaire pour les personnes ne sachant correctement lire ou bien écrire.

Ensuite, l'entretien direct et simple en vue de pallier les insuffisances d'une part du questionnaire, mais ressortir les sentiments véritables et les aspirations des populations d'autres parts.

Nous avons aussi eu recours à l'interview pour nous entretenir avec les autorités administratives et politiques de la ville de Grand-Bassam et cela en milieu fermé tout comme nous l'avons fait avec les opérateurs économiques.

Enfin, la recherche documentaire a été la plus laborieuse du fait de la quantité et surtout de la qualité des documents à notre disposition. Elle nous aura fourni les orientations dans les débuts de nos recherches mais aussi nous aura situé dans nos travaux.

5- Méthodes d'analyses et approches disciplinaires 5-1- Méthodes d'analyses

La recherche de l'exactitude dans notre travail nous a conduit à l'utilisation de la méthode qualitative pour mieux cerner le sujet. Celle-ci nous a permis de mesurer l'ampleur du phénomène criminel et d'éclairer le comportement des populations. Mais la méthode quantitative a elle permis la connaissance quantitative de la criminalité.

Toujours est-il que ces deux méthodes sont complémentaires.

5-2- Approches disciplinaires

Nous avons choisi d'appréhender notre sujet sous l'approche criminologique tout en nous appuyant sur les volets sociologique, psychologique et juridique.

L'aspect sociologique, nous donnera de maîtriser l'impact de l'insécurité sur la ville de Grand-Bassam.

L'approche psychologique, nous permettra d'avoir des renseignements sur les motivations conscientes et/ou inconscientes qui poussent les individus à commettre des actes délictueux.

Quant à l'approche juridique, elle nous aidera à découvrir et à connaître l'arsenal juridique existant en vue d'une répression juste et prompte de la criminalité sous toutes ses formes.

6- Difficultés rencontrées

La réalisation de notre étude dans la ville de Grand-Bassam, nous a confronté à des difficultés de tout ordre :

- Au niveau du questionnaire, il nous ait des fois arriver après plusieurs rendez-vous non respectés par les enquêtés de le reprendre sans réponse aucune. Certaines personnes nous ont même pris pour des indics des bandits qui seraient en préparation de leur future attaque et cela malgré tous les documents que nous leur présentions pour les rassurer de nos bonnes intentions. Par endroit, l'on nous prenait comme agent des FDS.

- La deuxième difficulté est relative à l'obtention des documents administratifs devant nous autoriser à faire l'étude sur le terrain. Ce fut une rude bataille à mairie de Grand-Bassam après des mois de défilé dans les locaux de cette institution. Aussi avons-nous à maintes reprises demandé un temps de travail avec le commissariat de police de Bassam qui non seulement nous donnait les statistiques criminelles de façon globale, ne nous indiquait pas les personnes ressources devant nous informer.

Nous avons rencontré des difficultés financières d'autant plus que le budget prévu a été supplanté. Ce qui nous a conduit à nous dispenser à certaines démarches qui nous auraient permis d'avoir de plus amples informations.

CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA VILLE DE

GRAND-BASSAM

La présentation de la ville se fera en deux points. Le premier consistera en une présentation géographique (localisation et population) et la seconde sera relative à l'organisation de la ville (l'organisation administrative et politique, l'organisation sociale traditionnelle et l'organisation socio-économique et culturelle).

I- PRESENTATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE DE GRAND-BASSAM

I-1- Localisation

Première capitale de 1893 à 1900, la ville de Grand-Bassam est située dans la partie Sud-Est de la Côte d'Ivoire sur le littoral à 30 km d'Abidjan, actuelle capitale économique, et couvre une superficie de 11 300 hectares.

La ville est délimitée par quatre (4) communes, Alépé et Bingerville au Nord, Port-Bouët à l'Ouest, Bonoua à l'Est et l'Océan Atlantique au Sud. Aussi convient-il de noter l'existence de nombreux villages et campements entre Grand-Bassam et les quatre communes susmentionnées.

I-2- Populations

S'élevant à 65000 habitants, la population de Grand-Bassam est essentiellement composée des Abouré et des N'Zima (les autochtones) auxquels s'ajoutent plus d'une trentaine d'autres ethnies ivoiriennes. On note à Bassam la présence d'une importante communauté africaine en majorité de la CEDEAO et quelques expatriés européens.

Ce qui fait de Grand-Bassam une ville cosmopolite.

II- L'ORGANISATION DE LA VILLE DE GRAND-BASSAM II-1- L'organisation administrative et politique

Faisant partie du département dont elle demeure le chef lieu, la ville de Grand-Bassam a bénéficié comme les anciens cercles régionaux d'un patrimoine administratif colonial. Mais celui-ci a été mis à jour depuis l'accession de la Côte d'Ivoire à l'indépendance.

La ville de Grand-Bassam est administrée par un maire qui est aidé dans ses tâches par quatre (4) adjoints et des conseillers municipaux. Ainsi, pour se rapprocher davantage des populations, la municipalité a installé des Comités de Gestion des Quartiers (C.G.Q.).

Aujourd'hui, la ville de Grand-Bassam dans sa gestion administrative n'ignore pas les autorités traditionnelles et les chefs de communautés (Roi Abouré, Roi N'Zima, chefs de villages) auxquels elle accorde une place de choix dans sa politique de développement économique et sociale.

L'on rencontre dans la ville de Grand-Bassam les organisations politiques telles que Le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI-RDA), Le Rassemblement Des Républicains (RDR), le Front Populaire Ivoirien (FPI), l'Union Démocratique pour la Paix en Côte d'Ivoire (UDPCI), le Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT), etc.

II-2- L'organisation sociale et traditionnelle

A la différence de plusieurs grandes villes du pays, la ville de Grand-Bassam abrite à elle seule deux grands royaumes (Royaumes Abouré et N'Zima) auxquels s'ajoutent d'autres communautés traditionnelles (Malinkés, Baoulés, Akyés...).Mais nous nous intéresserons aux deux grands royaumes qui développent des organisations et véhiculent des normes et des valeurs assez importantes au plan sécuritaire.

Cependant, il ne faut pas négliger les valeurs et cultures développées par ces communautés allogènes sur la vie de la ville de Grand-Bassam.

II-2-1- Le Royaume ABOURE de MOOSSOU

Situé dans la zone Nord-Est de la ville de Grand-Bassam, le royaume Abouré de Moossou a été créé en 1715. Il a successivement connu une vingtaine de rois, dont l'actuel NANAN KANGAH Assoumou Premier. Le village au plan administratif est dirigé par un roi aidé dans ses fonctions par des notables et des chefs des deux grands quartiers qui sont Koumassi et Begnini. Les deux quartiers sont dirigés chacun par deux chefs. Nous avons donc au sommet le roi ensuite les notables, puis les chefs de quartiers et enfin les groupes de génération.

Les organisations à caractère politique sont essentiellement : le FPI, le PDCI, le PIT et l'UDPCI.

Au plan économique, les habitants de Moossou vivent des fruits de la pêche pratiquée par les hommes, de la culture du manioc et la vente de l'attiéké chez les femmes. Mais aujourd'hui ces activités sont peu rémunératrices et s'avèrent insuffisantes pour couvrir les besoins primaires et vitaux des populations.

L'organisation sociale traditionnelle du royaume Abouré de Moossou nous permet de distinguer quatre grandes générations en fonction des deux grands quartiers et cela dans le strict respect de la tradition Abouré. Nous avons donc pour le quartier KOUMASSI ; les Nnowé et les Noudyoupoué, puis au quartier BEGNIN; les Bélipoué et les Blouswè. De ces quatre grandes générations, l'on retiendra que chacune d'elle comprend à son tour quatre classes d'âge : les Atiblés : les aînés, les Baoulé : les puînés (les chefs guerriers), les Djamianmélimbé : les cadets et les Djamian : les benjamins1.

1- L'organisation sociale des Abouré (1959), Paris, Ecole pratique des Hautes études, VIè section, mémoire n° 120.

Toutes ces subdivisions, nous dit ABBE ABLE J-A. (1978)1 participe au développement harmonieux et à l'épanouissement du peuple Abouré. Mais audelà, toute cette hiérarchisation et organisation permettent la sécurisation des valeurs traditionnelles sociales mais bien plus de la société Abouré à l'endroit de toute pensée contre nature.

Il est à noter que toute personne étrangère au village est tenue de se présenter au secrétariat du royaume pour se faire enregistrer. Ce qui fait qu'à Moossou les questions d'insécurité sont moindres.

II-2-2- Le Royaume N'ZIMA de BASSAM (Quartier France)

Situé dans la partie Sud-Est de la ville de Grand-Bassam sur le littoral, le royaume N'Zima de Grand-Bassam est constitué de populations N'Zima (`'Mi N'Zima qui signifie je ne sais») connues sous l'appellation d'Apolloniens ou encore Appolos. Les N'Zima, en provenance de la GOLD COAST actuel GHANA, se sont installés sur cette partie de terre aux alentours des XVIIIe et XIXe siècles à cause des nombreuses guerres intertribales qui y régnaient.

Par ailleurs, il convient de noter que le passage de la chefferie au statut de royaume de la communauté N'Zima de Grand-Bassam les choses sont récentes (à partir de l'année 2000). Avec NANAN TANOE Désiré comme premier roi (ancien ambassadeur de son Etat), ce peuple a obtenu ce statut à la suite de plusieurs négociations, démarches et missions auprès des propriétaires terriens (les Abourés) et des autorités administratives et politiques nationales.

Dans le royaume N'Zima, l'on peut rencontrer comme organisations à caractère politique le PDCI, le FPI, l'UDPCI et le PIT.

Au plan économique, les populations N'Zima vivent de la pêche traditionnelle, de l'agriculture et des métiers liés au travail de l'or et l'argent (métaux précieux) pour les hommes, quand les femmes s'attèlent aux travaux

1- ABBE ABLE J. A. (1978), Histoire et tradition politique du pays Abouré, Abidjan, Imprimerie Nationale de Côte d'Ivoire, p.447.

ménagers, à l'éducation des enfants et au petit commerce (pain sucré traditionnel, poisson fumé).Mais aujourd'hui, ces activités sont presque inexistantes au grand dame des efforts consentis par ce peuple pour les sauvegarder. Ces braves populations ne vivent de nos jours que des ressources financières que leur apportent leurs enfants expatriés, des maigres revenus de la pêche traditionnelle et des dividendes de la vente de terrains.

Au contraire du royaume Abouré qui est organisé en générations, le royaume N'Zima, lui, bien qu'ayant des catégories d'âges, met l'accent sur la famille pour asseoir son organisation sociale. Ainsi, nous pouvons distinguer sept (7) grandes familles avec chacune un symbole indiquant son rang social et sa puissance économique au sein de cette communauté. Nous avons donc Les N'Dawafo qui ont pour symbole le feu et le chien ; Les Mafolé, l'or et l'argent ; Les M'Vavilé, le maïs ; Les Allonhomba, le palmier à huile et la calebasse ; Les Adahonlin, la graine de palme ; Les Ezohilé, l'eau et le riz et enfin pour les Azanhoulé, l'igname.

Le cinéaste GNOAN M'Balla, premier conseiller du roi nous dira que cette organisation propre au peuple N'Zima est un héritage ancestral qui participe de son développement harmonieux. Le respect de cette hiérarchie est consacré lors de la fête de l'ABISSA car sur l'estrade réservée au roi, aux notables et aux invités, les sept (7) familles sont représentées et disposées aux côtés du roi en fonction de leur rang social.

L'ABISSA est la plus grande fête traditionnelle et culturelle principale du peuple N'Zima. Elle annonce la nouvelle année pour ce peuple et dans ses fondements est un régulateur de cette société car la communauté se donne à l'occasion, les moyens de son autocritique et de la correction de ses dysfonctionnements internes et l'unique moment où la hiérarchie s'efface.

Les condamnations d'actes et de comportements jugés contraires à la marche harmonieuse de la société Apollonienne au cours de l'ABISSA à travers

sa structuration permettent au royaume de ne pas sombrer dans le désordre source certaine de l'insécurité.

II-3- L'organisation socio-économique et culturelle

Ici, nous tenterons de montrer dans un premier temps les activités économiques capables d'employer et de créer des ressources financières pour une prospérité économique de la ville et dans un deuxième temps les activités socioculturelles qui sont initiées par la mairie en vue d'une saine occupation de toutes les populations de la ville de Grand-Bassam.

II-3-1- L'organisation socio-économique de Grand-Bassam

Classée, il y a quelques années patrimoine mondial de l'UNESCO, la ville de Grand-Bassam à l'image des autres villes satellites du pays présente un visage peu reluisant. Cependant, l'on y découvre outre les services de base de l'Etat, quelques activités économiques. Ainsi, l'on a l'industrie hôtelière et touristique employant moins de personnel mais qui demeure la plus grande pourvoyeuse de ressources financières (environ 65% du budget de la mairie). L'industrie du bois avec la SCAF seule unité industrielle véritable à grande capacité d'emploi, mais qui en majorité emploie un personnel non qualifié de façon hebdomadaire, créant du coup le chômage des diplômés de plus en plus nombreux à Bassam.

A ces deux importantes activités socio-économiques s'ajoutent, l'artisanat, le transport routier et le commerce organisé de façon anarchique créant du coup un problème de recouvrement efficace des taxes municipales. Il y a par ailleurs l'élevage de la volaille dont les revenus sont insuffisants pour l'épanouissement socio-économique des éleveurs de la ville de Grand-Bassam.

II-3-2- L'organisation socioculturelle de la yille Grand-Bassam

A Grand-Bassam, les activités socioculturelles sont de deux sortes : il y a les activités socioculturelles traditionnelles organisées dans les royaumes Abouré et N'Zima et les activités socioculturelles modernes initiés par la mairie à travers son service socioculturel.

En ce qui concerne les activités socioculturelles traditionnelles, elles se manifestent essentiellement lors des grands événements tels que l'ABISSA, les fêtes de génération, les cérémonies de dot, de mariage, de sortie d'un nouveau né, de funérailles, d'installation d'un roi et ses conseillers ou notables. Tous les habitants sont tenus d'être présents à ces différentes cérémonies pour fraterniser et partager. Par ailleurs, les cérémonies de dot, de mariages, sortie de nouveau né, de funérailles etc., ne concernent que les membres d'une famille et leurs alliés.

Quant aux activités socioculturelles modernes, elles sont initiées par la mairie de Grand-Bassam. Elles couvrent en grande partie la période des vacances scolaires en vue de permettre une occupation saine des jeunes. Au delà de la jeunesse, ces cérémonies culturelles permettent à toutes les populations de la ville de se réjouir et de communier ensemble. Parmi ces activités l'on peut citer Le Festival des Arts Populaires (FESCAPOP), Le Festival des Arts de la Rue (F.A.R.), le Best Speaker, Parade Culturelle, Eclosion etc.

Certes, la ville concentre encore en elle culture, divertissement, pouvoir, et représente un pôle d'attraction, mais c'est un environnement où les conditions de vie sont devenues de plus en plus difficiles. Et le stress encouru (chômage, pauvreté, échec de tous ordres, diversités de moeurs et valeurs...) par les populations font partie de cet environnement.

Notre cadre d'étude, la ville de Grand-Bassam, qui développe quatre valeurs culturelles et sociales (le royaume Abouré, le royaume N'Zima, les

Communautés allogènes et la modernité) n'échappe pas à ce stress qui se traduit souvent en des actes délictueux auxquels nous nous intéressons à présent.

C'est pourquoi nous nous posons la question de savoir comment se manifestation l'insécurité à Grand-Bassam ?

CHAPITRE II : MANIFESTATION DE L'INSECURITE

A GRAND-BASSAM

Nous voulons traduire par, manifestations de l'insécurité, les différentes formes qu'elle prend. Nous signalions dans les lignes précédentes que la ville de Grand-Bassam est l'objet d'une criminalité violente aperçue sous la forme de délits et parfois de crimes.

Dans ce chapitre, nous allons fournir en premier les données statistiques sur l'évolution de l'insécurité à Grand-Bassam de 2003 à 2005, avant d'aboutir aux manifestations de l'insécurité telle qu'elle est vue et vécue par nos enquêtés.

I-NATURE DES INFRACTIONS RELEVEES
DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM

Au travers des tableaux ci-dessous, nous donnerons une vue générale des types de délits et de crimes.

Natures des infractions

Effectifs

Pourcentages

Vols

189

31,50

Attaques à mains armées

99

16,50

Consommation de drogue

81

13,50

Violences et voies de faits

69

11,50

Coups et blessures volontaires

48

8,00

Viols

15

7,50

Abus de confiance

27

4,50

Escroquerie

21

3,50

Meurtre

15

2,50

Trafic de faux billets

6

1,00

TOTAL

600

100

Tableau 1 : Récapitulatif des infractions selon nos enquêtés

ANNEES

2003

2004

2005

Natures de des infractions

Effectifs

Pourcentage

Effectifs

Pourcentage

Effectifs

Pourcentage

Vols simples (V.S)

298

25.62

326

26.08

434

35.95

Vols par effraction (V.E)

228

19.6

245

19.6

112

9.27

Abus de confiance (A.B.C)

136

11.69

150

12

133

11.01

Escroquerie (Escroc.)

49

4.21

50

4

50

4.14

Violences et voies de faits (V.V.F)

181

15.56

197

15.76

193

15.99

Attaques à mains armées (A.M.A)

78

6.7

74

5.92

54

4.47

Coups et blessures volontaires (C.B.V)

59

5.07

63

5.04

75

6.21

Viols

8

0.68

8

0.64

5

0.41

Meurtres

1

0.08

4

0.32

1

0.08

Autres (Drogue,

Faux billets, Recel,
Ivresse publique...)

125

10.74

133

10.64

154

12.75

TOTAL

1163

100

1250

100

1207

100

Tableau 2: Récapitulatif des infractions selon les statistiques policières

Volume

450

400

250

200

500

350

300

150

100

50

0

Courbes descriptibles du volume et de la nature
des infractions à Grand-Bassam

Nature des Infractions

2003
2004
2005

Avant tout commentaire de nos tableaux récapitulant les infractions
commises dans la ville de Grand-Bassam, nous pensons qu'il est judicieux de
dire que l'insécurité a les mêmes causes chez les adultes comme chez les jeunes.
Aussi au cours de nos investigations sur le terrain d'enquête, nous avons
remarqué que la proximité, la surpopulation que connaît Bassam tous les
week-ends et les nombreuses activités socioculturelles favorisent la rencontre

d'une multitude d'individus. Ce qui crée une promiscuité, cadre idéal à la naissance et au développement de comportements anti-sociaux.

A partir donc des statistiques policières (tableau 2) et des données recueillies auprès de nos enquêtés (tableau 1), nous avons pu regrouper les infractions commises dans la ville en catégories. Ainsi, nous avons les violences contre les personnes, les violences contre les biens et les autres violences.

I-1- Les violences contre les personnes

Nous entendons par violences contre les personnes tous les crimes et délits portant atteinte à l'intégrité physique et psychique des personnes et allant jusqu'à la suppression de vie humaine.

Nature des
violences

Effectif police
2003-2005

Effectif enquêté
2006

Pourcentage
police %

Pourcentage
enquêtés %

Violences et
voies de faits

571

69

57,04

25

Attaques à
mains armées

206

99

20,57

35,86

Coups et
blessures
volontaires

197

48

19,68

17,39

Viols

21

45

2,09

16,30

Meurtres

06

15

0,59

5,43

TOTAL

1001

276

100

100

Tableau 3 : Violences contre les personnes (statistiques policières et enquêtés) Commentaire :

Les résultats contenus dans ce tableau nous permettent de soutenir que les violences contre les personnes sont en grande partie les violences et voies de

faits selon les statistiques policières avec 57,04 % (2003-2005) et les attaques à mains armées ; 35,86 % (janvier-juillet 2006) aux réponses de nos enquêtés.

Viennent ensuite les coups et blessures volontaires qui représentent selon les mêmes sources et périodes 19,68 % et 17,39 % des infractions commises à Grand-Bassam.

Quant au viol, il occupe la quatrième place des faits marquant les violences contre les personnes avec 21 cas soit 2,09 % et 15 cas soit 16,30 % selon nos enquêtés. Nous avons afin le meurtre avec 6 cas soit 0,59 % qui, au sens du code pénal ivoirien et de la conscience, est très reprouvé et révèle le degré de la cruauté humaine.

+ Les violences et voies de faits

Faisant partie du quotidien des habitants de la ville de Grand-Bassam, elles sont des actes des jeunes déscolarisés sur les élèves mineurs en majorité aux sorties des classes entre midi et 14 heures, puis à partir de 17 heures et de certains parents sur leurs domestiques.

A.D. déclarait ceci avec les larmes aux yeux : « j'ai quitté la maison parce que la femme de mon oncle et ses filles me frappaient chaque fois que leurs vêtements n'étaient pas lavés. Je suis donc allé me cacher dans une maison inachevée avant que les élèves de la cité de Versailles ne partent me déposer à la gendarmerie ».

Selon nos investigations, des enfants sont souvent abandonnés par leurs mères tandis que certains malades mentaux ne bénéficient d'aucune assistance familiale ou même sociale.

+ Les attaques à mains armées

Les attaques à mains armées constituant la deuxième grande catégorie des violences faites aux personnes, ont généralement lieu dans la soirée et sont perpétrées avec des armes à feu que sont les kalachnikovs,

les pistolets (PA MAB P15, PM MAT 49), fusil de chasse calibre 12 et armes blanches (couteau, machettes et lames)1. Il s'agit des braquages de domiciles, de commerce, de véhicules, d'hôtels, de régies financières, etc. Au cours des années 2003, 2004 et 2005, la police de Grand-Bassam a respectivement enregistré sur plainte des populations 78, 74 et 54 cas de d'agressions à mains armées. Selon nos enquêtés, 16,5 % des infractions commises à Bassam sont des attaques à mains armées et le fait d'individus dont l'âge oscille entre 18 et 35 ans.

+ Les coups et blessures volontaires

Occupant la troisième place des infractions contre les personnes, les coups et blessures volontaires au regard du tableau 2 ont connu une nette évolution sur la période 2003-2005 avec 59 cas soit 5,07 %, 63 cas soit 5,04 % et 75 cas soit 6,21 %. Cette infraction est commise au cours des bagarres rangées opposant des groupes de jeunes à cause de leur turbulence, à cause de leur volonté d'affirmer leur personnalité. Les coups et blessures volontaires sont également dus à la consommation des drogues, à l'ivresse et au désir obstiné de se venger. Nos recherches nous ont permis de découvrir que ces violences étaient foncièrement le fait des jeunes filles des quartiers Phare, Congo et Odoss.

+ Les viols et les meurtres

Classés dans la catégorie attentat aux moeurs et dans le Code Pénal2 ivoirien qui le prévoit en son article 354, le viol est un acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte ou surprise. 45 personnes soit 7,50 % de nos enquêtés disent avoir des proches qui ont été victimes de viol. Quant aux statistiques policières, elles nous donnent de voir 21 cas soit 1,73 % de la totalité des infractions

1- Archives des statistiques de la Préfecture de police d'Abidjan, Années 2003, 2004 et 2005.

2- Code Pénal de Côte d'Ivoire (Année 1995), Abidjan, Juris-Edition.

commises en 2003, 2004 et 2005. Il faut cependant noter la chute qu'a connu le viol en 2005 (5 cas soit 0,41) après une stagnation de 2003 à 2004.

Le meurtre est l'une des infractions les plus graves et elle est prévue à l'article 342 du Code Pénal ivoirien qui le définit comme un homicide commis volontairement. Or l'homicide supprime la vie d'une personne.

Selon nos enquêtés, le meurtre est une extrême et que les auteurs de tels actes sont des malades mentaux. L'intervalle 2003-2005 nous a permis de découvrir 6 meurtres au total avec une montée en 2004 (4 meurtres soit 0,32 %). Ce taux paraît insignifiant, mais cette infraction entraîne des dommages incommensurables.

I-2- Les violences contre les biens

Dans cette deuxième catégorie, il s'agit des actes portant atteinte à toute chose, objet d'un droit réel et de tout droit subjectif patrimonial.

Nature des violences

Effectif Police
2003-2005

Effectif
enquêté

Pourcentage
Police (%)

Pourcentage
enquêté (%)

Vols simples

1058

189

47,85

79,74

Vols par effraction

585

26,45

Abus de confiance

419

27

18,95

11,39

Escroquerie

149

21

6,73

8,86

TOTAL

2211

237

100

100

Tableau 4: Combinaison des statistiques policières et les réponses des enquêtés sur les violences contre les biens.

Les résultats du tableau nous montrent que les cas de vols sont les plus élevés dans la ville de Grand-Bassam avec 189 cas soit 79,74 % des réponses de nos enquêtés qui le considèrent comme faisant partie de leur quotidien. Viennent

ensuite les abus de confiance avec 28 cas soit 11,39 % aux dires de nos enquêtés et enfin les cas d'escroquerie avec 21 soient 8,86 %.

+ Les vols

Il s'agit ici du vol simple et du vol par effraction. Les statistiques policières et les réponses de nos enquêtés nous permettent ainsi de constater l'acuité des vols. Référence faite au tableau 2, 571 cas soit 45,68 % des vols sur 1250 infractions en 2004 ont été enregistrés.

D.F. vendeur de pièces détachées d'automobile disait : << En 2003, mon magasin a été cambriolé trois fois dans le mois d'avril. Dans le même mois en 2004, l'atelier de couture d'une dame et mon magasin furent cassés en même temps. Des pagnes, des tenues appartenant aux clients, deux machines à coudre, des batteries de voiture et plusieurs pièces ont été volés. C'est pourquoi j'ai enlevé la grande partie de mes marchandises ici pour les envoyer dans un autre magasin à Bonoua.».

Enfin sur les 2211 infractions contre les biens de 2003 à 2005, 1643 soit 74,31 % cas ont été relevés ou signalés à la police de Grand-Bassam.

+ Les abus de confiance

Par définition, l'abus de confiance est le fait d'une personne de détourner, au préjudice d'autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu'elle a accepté à charge de rendre, représenter ou d'en faire un usage déterminé1. A Grand-Bassam, cette infraction selon les réponses de nos enquêtés, à propos des infractions contre les biens : 9 soit 11,39 % d'entre eux, soutiennent avoir été victimes une fois.

Quant aux archives policières, elles permettent de constater que 419 soit 18,95 % d'infractions sur 2211 contre les biens sont dues à l'abus de confiance de 2003 à 2005.Un lieutenant de police disait : << cette infraction ne doit pas être

1- Lexique des termes juridiques, op. Cit., p16.

négligée. Elle doit être réprimée comme le vol, le viol et autres délits.». Selon nos sources, cette infraction émane des individus travaillant dans le secteur des métiers informels : menuiserie, réparateur d'appareils électroménagers (portable, VCD, radio cassette, poste téléviseur), la couture, la maçonnerie, la mécanique, etc.

+ Les escroqueries

C'est un délit réalisé soit par l'usage de faux noms ou de fausses qualités, soit par l'emploi de manoeuvres frauduleuses pour persuader de l'existence de fausses entreprises, d'un pouvoir, d'un crédit imaginaire, ou pour faire naître l'espérance ou la crainte d'un succès, d'un accident ou de tout autre événement chimérique, en vue de se faire remettre ou délivrer, ou tenter de se faire remettre ou délivrer des fonds, des meubles ou des obligations, dispositions, billets, promesses, quittances ou décharges, et de spolier ainsi autrui de la totalité ou d'une partie de sa fortune1.

L'escroquerie est classée dernière des infractions contre les biens à Grand-Bassam avec 21 cas soit 8,86 % des réponses de nos enquêtés. Les informations recueillies auprès du commissariat de police donnent de constater que cette infraction est restée constante : 2003 ; 49 cas soit 4,21 %, 2004 ; 50 cas soit 4%et 2005 ; 50 cas soit 4,14 %.

I-3- Autres formes de violences

Dans cette catégorie, nous avons une multitude d'infractions dont les plus récurrentes sont la détention et la consommation de drogues (dures et moins dures), le trafic de fausses pièces d'identité et de faux billets de banque. A celles-ci s'ajoutent l'ivresse publique et quelques cas de recel.

Mais la consommation de drogue a connu une croissance ces dernières années (2000-2005) du fait de la crise socio-politique selon 13 % nos enquêtés.

1- Code Pénal Français (1999), Article 405, Paris, DALLOZ, p.869.

L'analyse des tableaux 1 et 2 d'une part et 3 et 4 d'autre part nous a permis de constater qu'à Grand-Bassam, l'insécurité connaît une évolution qu'il faut prendre au sérieux.

Aussi, les statistiques policières et les réponses de nos enquêtés nous permettent de dire que les violences contre les biens sont dominantes.

II- L'INSECURITE DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM

Dans cette rubrique, nous aurons premièrement les auteurs et les victimes de l'insécurité, deuxièment les espaces et les périodes favorables à son éclosion à Grand-Bassam.

II-1- Les auteurs et les victimes de l'insécurité

dans la ville de Grand-Bassam

II-1-1- Les auteurs des infractions dans la ville de Grand-Bassam

Individus

Effectifs

Pourcentages (%)

Adultes (25 ans et plus)

153

25.5

Jeunes (moins de 25 ans)

381

63.5

Non précisés

66

11

TOTAL

600

100

Tableau 5 : Répartition des auteurs des infractions selon nos enquêtés

L'enquête que nous avons menée sur le terrain a permis de constater que 63,5 % de nos enquêtés disent que les jeunes sont auteurs et responsables de toutes sortes de violences en majorité ; 25 % des enquêtés affirment que les adultes (25 ans et plus) s'adonnent à des activités délictuelles, quand 11 % des enquêtés soutiennent que l'insécurité à Bassam est le fait des personnes non identifiées.

Selon les informations que nous avons recueillies sur le terrain, les infractions commises par les jeunes de moins de 25 ans sont généralement les infractions contre les biens, certaines contre les personnes (viols, violences et voies de faits) et la consommation de drogue.

Les adultes sont plus versés dans les attaques à mains armées, le trafic de faux billets de banque, les fausses pièces d'identité, l'ivresse publique, le recel...

Les non identifiés sont auteurs de l'ensemble des trois catégories des violences que nous avons découvert. Mais ils sont généralement auteurs des cas de meurtre.

Les auteurs des infractions à Grand-Bassam ayant été déterminés, il nous paraît impérieux de déterminer leurs victimes.

II-1-2- Les victimes de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam

Concernant les victimes de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam, aucune catégorie sociale n'est épargnée. En effet, les victimes des attaques à mains armées et vols par effraction sont les opérateurs économiques (propriétaires de grandes surfaces commerciales : Français, Ivoiriens Libanais, Mauritaniens, Maliens...), les structures de micro finances (COOPEC, MUCREFAB), les banques, les complexes hôteliers et les domiciles privés. Même les édifices publics tels que les églises, les mosquées, les écoles et les hôpitaux n'échappent à la furia des délinquants. L'un des prêtres de l'évêché du quartier France disait : « Nous avons été victimes à plusieurs reprises de vol ici au sein de l'évêché. Nos aubes et certains éléments liturgiques ont été emportés par les bandits. A maintes reprises nos paroissiens qui viennent aux messes de nuit furent aussi agressés par les jeunes. En octobre 2004, ce fut le coup de grâce lorsqu'un français, propriétaire du complexe hôtelier le WARF, fut abattu par de braqueurs.». Quant à YOUBA, boutiquier mauritanien, il soutient : « Cela fait plus de dix ans que je suis en Côte d'Ivoire. C'est à Cocody à Abidjan que j'ai commencé à vendre. Là-bas, pendant trois ans, on ne m'a jamais volé. Mais depuis que je suis arrivé ici à Bassam, on nous a agressé plus de cinq fois en 2000 et en 2003.Ils prennent notre argent et des produits comme la cigarette, les thés, les boissons et les boîtes de sardines.».

Nous notons également des cas de viol et de consommation de drogue. Selon K.N.A. «Les jeunes filles sont régulièrement violées les week-ends ici au bord de la plage. Ma propre fille de 14 ans a été violée par deux jeunes sur la plage. Pour éviter toute honte et les regards des autres voisins, je l'ai fait partir dans une autre ville pour qu'elle continue ses études car chaque fois qu'elle voyait pendant les week-ends des jeunes filles en compagnie d'hommes, elle se mettait à pleurer. »

Selon nos sources d'information, la police arrête de façon plus ou moins constante des jeunes et certains voyous consommant ou possédant de la drogue.

Vu ce qui précède, nous retenons que les délinquants ont fait et continuent de faire des victimes à Grand-Bassam.

Quels sont donc les lieux qui se révèlent comme criminogènes et quels sont les moments qui favorisent la délinquance ?

II-2- L'insécurité dans l'espace et le temps à Grand-Bassam II-2-1- L'insécurité dans l'espace

QUAR
TIERS

Belleville

Bongout

Brarnakote

Château

Congo

Construction

CAFOP

11A0

Lycee

Moossou

Mockeyville

Odoss

Petit Paris

Phare

Qtr France

Saint Zalla

Sofa

Veteco

ANNEES

2003

17

10

39

66

265

11

40

9

28

26

39

137

91

209

144

10

4

18

2004

23

22

66

69

376

10

35

3

33

58

18

108

42

200

135

9

20

23

2005

11

14

46

89

325

7

16

4

15

36

15

138

64

232

164

7

7

17

TOTAL

51

46

151

224

966

28

91

16

76

120

72

383

197

641

443

26

31

58

Tableau 6 : Récapitulatif des infractions dans l'espace à Grand-Bassam

Nombre d'infractions

400

350

300

250

200

150

100

50

0

Courbes descriptibles des infractions par quartiers
à Grand-Bassam de 2003-2005

Quartiers

2003
2004
2005

De nos investigations sur le terrain d'enquête et de sources policières, il ressort que tous les quartiers de la ville de Grand-Bassam ont au moins connu la visite des hors-la-loi ou des bandits. Cependant, l'insécurité n'est pas vécue au même rythme d'autant plus que certains quartiers sont plus criminogènes. Tels sont les cas des quartiers Congo, Phare, Quartier France et Odoss qui, sur l'ensemble des années 2003, 2004 et 2005 totalisent respectivement 966 infractions soit 26,68 % ; 641 infractions soit 17,70 % ; 443 infractions soit 12, 23 % et 383 infractions soit 10,58 % sur les 3620 infractions commises dans cette ville.

Dans la ville et plus particulièrement dans les quartiers les plus criminogènes, l'insécurité résulte du manque réel d'éclairage public, mais aussi et surtout de l'oisiveté, de la drogue qui est consommée par les jeunes dans les nombreux endroits obscurs, isolés et les maisons inachevées. Notre enquête nous a permis de découvrir que la promiscuité, facteur explicatif de la pauvreté favorise aussi l'insécurité à Bassam. B.B.JC. disait : «Dans notre quartier au Phare, les jeunes se retrouvent dans deux endroits que sont le `'CAMP BOIRO» et le `'LAC» pour se droguer. Il nous arrive parfois d'entendre des coups de feu provenant de ces lieux. Quand ces individus sont pourchassés par la police, ils se fondent facilement dans le quartier qu'ils maîtrisent mieux que les agents de

police à cause des nombreux labyrinthes créés par les constructions de fortune de façon anarchique. Nous, nous sommes vaccinés contre ces choses.».

II-2-2- L'insécurité dans le temps

Moments

Effectifs

Pourcentage (%)

Nuits

405

67,5

Journées

117

19,5

Cérémonies

72

12

Non précisés

06

1

TOTAL

600

100

Tableau 7 : Répartition des infractions dans le temps selon nos enquêtés

ANNEES

Janvier

Fevrier

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Aout

Septembre

Octobre

Novembre

D6cembre

TOTAL

2003

59

97

50

136

120

107

101

100

80

81

118

114

1163

2004

116

82

103

144

74

98

107

101

88

118

89

130

1250

2005

99

121

111

93

121

80

96

111

98

99

91

87

1207

Nombre d'infractions

160

140

120

100

40

20

80

60

0

Courbes descriptibles de la criminalité dans le temps par mois
à Grand-Bassam de 2003-2005

MOIS

2003
2004
2005

Tableau 8: Récapitulatif des infractions dans le temps par mois (statistiques policières)

Pour mieux cerner le phénomène de l'insécurité dans le temps à Grand-Bassam, nous nous sommes basés sur les périodes du jour (la nuit et la journée) auxquelles nous avons ajouté les moments de cérémonies qui ont lieu à ces deux périodes.

Ainsi, selon nos enquêtés et au vu des statistiques policières, l'insécurité est plus ressentie dans la ville de Bassam pendant les nuits soit 27,50 % : au cours de la journée de 6 heures à 18 heures, 19,50 %. Quand les cérémonies favorisent 12 % des infractions commises. Les 2 % restants représentent les moments non précisés des agressions.

Aussi, nous voudrions souligner qu'à chaque période du jour correspond un type d'infraction.

D'abord la nuit. Elle est la période pendant laquelle sont commis les vols par effraction, les meurtres, les attaques à mains armées et les viols.

Ensuite la journée étant le lieu de prédilection des coups et blessures volontaires, des violences et voies de faits résultant de bagarres rangées et de mauvais traitements infligés aux mineurs.

Enfin les moments de cérémonies souffrent uniquement des cas de vol à un niveau moindre à cause d'un système d'auto-défense important.

S'agissant des autres infractions telles que la consommation de drogue, l'ivresse publique, le recel [...], elles sont découvertes à tous les moments.

Par ailleurs, les résultats contenus dans le tableau 8 nous permettent de voir la variation mensuelle de la criminalité. Il nous aide aussi à découvrir les mois et l'année qui ont connu un grand nombre d'infractions. Sur la période (2003-2005) étudiée, nous constatons que les mois d'Avril, de Décembre, de Mai et d'Août sont les plus criminogènes avec respectivement 373, 331, 315 et 312 infractions. Nous avons pu remarquer que ces mois sont des périodes de très grandes affluences à Grand-Bassam avec par exemple les mois d'Août et de Décembre qui couvrent les activités culturelles des vacances scolaires et des fêtes de fin d'année. Quant à l'année 2004, elle s'est révélée la plus violente

avec 1250 infractions contre 1163 en 2003 et 1207 en 2005, mais aura été celle qui a enregistré le plus grand nombre de meurtres : 4 cas.

De ce qui précède, nous constatons que les diverses formes ou facettes que présente l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam ne sont pas différentes de celles observées ailleurs. Mais le cas de Grand-Bassam qui est une ville influencée par les royaumes (Abouré et N'Zima), nous remarquons que la montée de la violence est inquiétante. Alors cela nous amène à connaître les causes et éventuellement les conséquences de cette insécurité.

Les changements que connaît la ville Grand-Bassam au niveau des habitudes comportementales, structurelles aussi bien qu'au niveau socioculturel, n'ont en aucun cas altéré certaines valeurs, certaines croyances et pratiques traditionnelles ancestrales. C'est pourquoi SISSOKO1 dit : « Tout groupement quel qu'il soit a son trésor de souvenir auquel il est précieusement attaché.». Réalité à laquelle n'échappe pas la ville de Grand-Bassam car animée par deux types de sociétés : la société traditionnelle et le société moderne. Cela est bien matérialisé par l'existence des deux royaumes (Abouré et N'Zima) et d'autres groupes sociaux qui font que les conditions de vie des populations actuelles constituent des facteurs extérieurs d'inadaptations sociales et sont capables de désorienter ou fragiliser l'intégration de certains individus.

1- SISSOKO A. (Janvier 1984), Sociologie et changement social (Réflexions théoriques), Abidjan, O.R.S.T.O.M., p.4.

CHAPITRE I : LES CAUSES DE L'INSECURITE DANS

LA VILLE DE GRAND-BASSAM

Pour comprendre la survenue de la criminalité, il nous faut en connaître les causes. Car notre capacité à prévoir les problèmes de demain et à solutionner ceux d'aujourd'hui dépend largement de notre aptitude à déceler et comprendre les facteurs qui les favorisent.

De l'avis de nombreux spécialistes, bien que beaucoup reste à faire en ce domaine, nos connaissances actuelles sont susceptibles de nous orienter et de nous faire progresser.

L'étude des causes d'un phénomène consiste en la recherche des facteurs qui peuvent le déclencher, le stimuler ou le favoriser. Ces facteurs sont multiples.

Par souci de faciliter la compréhension de notre travail, nous avons regroupé en deux grands groupes ces facteurs :

> les facteurs généraux

> les facteurs spécifiques

I- LES FACTEURS GENERAUX

Par facteurs généraux, nous entendons tous les facteurs qui sont présents dans toute société que nous pouvons aussi appeler facteurs sociaux selon le mot de DURKHEIM1.

Nous les savons nombreux c'est pourquoi nous les résumons en trois points : > La pauvreté

> L'échec scolaire

> Les difficultés familiales.

1- DURKHEIM E. (1988), Les règles de la méthode sociologique, précédé de « L'instauration du raisonnement en sociologie » par Jean Michel BERTHELOT, Paris, Flammarion.

Facteurs

Effectifs

Pourcentage (%)

Pauvreté

216

36

Echec scolaire

168

28

Difficultés familiales

153

25.50

Autres

63

10.50

TOTAL

600

100

Tableau 9: Récapitulatif des facteurs généraux selon nos enquêtés

 
 
 
 
 

Diagramme descriptible des facteurs généraux de

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

l'insécurité à Grand Bassam

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Autres

11% Difficultés

familiale

26%

 

Pauvreté
35%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Echec scolaire

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

28%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Pendant nos investigations sur le terrain d'enquête, nous avons remarqué à la lumière du tableau 9 traduit en diagramme circulaire, que 36 % de nos enquêtés affirment que l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam est due à la pauvreté, quand 28 % soutiennent qu'elle est la conséquence de l'échec scolaire dont le taux est de plus en plus élevé et que 25,50 % sont liés aux difficultés familiales.

I-1- La pauvreté

A son huitième congrès tenu en 1990 à New York (USA) sur la prévention du crime et le traitement des délinquants, l'ONU a proposé dans sa résolution adoptée le recensement des facteurs favorisant la délinquance. Car selon l'ONU,

la pauvreté conduit beaucoup d'individus à la délinquance parce que manquant de moyens ou de ressources nécessaires pour faire face aux besoins vitaux.

A Grand-Bassam, cette situation ou ce facteur n'est pas méconnu des populations car certains vivent dans le dénuement total.

Les propos tenus par ABLAN M.G. ne peuvent laisser personne indifférent : « Nous sommes quatorze dans cette maison de deux pièces que je partage avec ma coépouse et nos enfants qui, pratiquement, sont tous des adultes. Notre mari étant décédé dans des situations tragiques, nous n'avons aucune source financière pouvant nous aider à satisfaire les petits besoins de nos enfants. Il nous arrive de ne même pas voir nos enfants sur deux, trois jours car allant comme ils le disent eux-mêmes se grouiller. Ils sortent à des heures indues sans que nous ayons une idée de leur destination. Le comble est qu'ils ont tous arrêté l'école avant la classe de sixième car nous ne disposons pas de ressources financières pour leur scolarité. Nous vivons dans cette situation depuis 1991.>>.

La teneur de tels propos nous dit davantage sur le manque de moyens ou de ressources conduisant les individus à la délinquance et donc à l'insécurité.

La rudesse des conditions de vie oblige certains parents à pousser leurs enfants à la `'débrouillardise» d'autant plus qu'ils n'ont plus un moyen de contrôle ou même l'autorité requise. Aussi, le financier et le matériel qui renforcent ses pouvoirs étant quasi inexistants, rendent impuissants les parents qui, dès lors, paraissent agir comme une caution aux actes de ceux-ci.

Par ailleurs T.A. dit : « Malgré la rigueur et le sérieux avec lesquels les autorités administratives et politiques gèrent les questions sécuritaires, certains individus en majorité les jeunes se livrent encore à des actes anti-sociaux et délictueux. Certains sont souvent pris dans des fumoirs en pleine consommation de drogues et de produits solvants. Nous trouvons cela regrettable car ces comportements annihilent tous les efforts déployés pour juguler l'insécurité ici à Bassam.>>.

De ce qui précède, nous pouvons dire que le phénomène de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam est en majorité dû aux conditions socio-économiques hétéroclites. La pauvreté que connaissent plusieurs cellules familiales met à nu l'insuffisance des conditions essentielles pouvant garantir à toute la ville et partant à toute la société un développement adéquat. La pauvreté extrême des populations de Grand-Bassam s'explique aussi bien par le chômage de la quasi-totalité de toutes les tranches d'âge que par l'instabilité des sources de revenu dont la rareté s'est accrue avec la situation socio politique du pays.

I-2- L'échec scolaire

2003
2004
2005

Examens

Inscrits

Présents

Admis

Recalés

Effectifs

Pourcentage

Effectifs

Pourcentage

CEPE

1686

1671

1071

64.09

600

35.91

Entrée en 6è

1895

1881

462

24.56

1449

75.44

CEPE

1723

1701

1463

86

238

24

Entrée en 6è

2010

1988

1176

59.16

812

40.85

CEPE

1470

1453

1259

86.64

194

23.36

Entrée en 6è

1728

1711

1020

59.61

691

40.39

TOTAL CEPE

4879

4825

3793

78.61

1032

21.38

TOTAL Entrée en 6è

5633

5580

2658

47.63

2952

52.36

TOTAL GENERAL

10512

10405

6451

61.99

3984

38.01

Tableau 10 : Résultats des examens et concours scolaires de 2003 à 2005 à l'IEP de Grand-Bassam (espace communal uniquement).

Dans le tableau 9, 28 % de nos enquêtés soutiennent que l'échec scolaire reste l'une des causes de l'insécurité de façon générale. Selon eux, les individus qui échouent à leurs examens n'ont aucune possibilité de réintégrer le système éducatif dont les enseignements et les formations sont de plus en plus inadaptés. Or CUSSON1 pour sa part soutient que : «l'inadaptation scolaire fait partie intégrante du tableau clinique du jeune délinquant récidiviste. Celui-ci a presque toujours de piètres résultats académiques; il accuse un retard sensible par rapport aux camarades de son âge, il manque l'école, en classe, il est indiscipliné, agité et perturbateur (...)».

1- CUSSON M. (1990), Croissance et décroissance du crime, Paris, P.U.F., pp.53-58.

Le détour que nous avons fait pendant nos investigations au service statistique de l'IEP de Grand-Bassam confirme l'opinion des enquêtés sur le taux de l'échec scolaire. En effet, sur l'ensemble de la période 2003-2005, 52,36 % soit 2952 élèves présentant l'examen de l'entrée en sixième ont été recalés pour insuffisance de rendement scolaire. L'année scolaire 2003 fut la plus catastrophique avec un taux de redoublement de 75,44 % soit 1449 élèves sur 1881 candidats inscrits et présents le jour de la composition de l'entrée en sixième.

Madame TRAORE, responsable du service documentation à l'IEP de Grand-Bassam nous confiait ceci : « ce que je puisse dire en plus des informations fournies, il faudrait savoir que, dans les différents taux de redoublement dont tu disposes, y sont compris les taux d'exclusion qui largement dépassent 50% au niveau du taux général des candidats non admis. Puisque ton étude parle de l'insécurité, nous avons été mes voisins et moi volés par un groupe de jeunes parmi lesquels j'ai pu reconnaître deux de mes anciens élèves qui furent exclus après leur échec au CEPE et à l'entée en sixième. Et les exemples sont multiples.>>.

Les propos de cette dame montrent jusqu'à quel niveau l'école joue un rôle capital dans la transformation de l'individu à travers l'apprentissage. Cet apprentissage doit tenir compte de la caractéristique des écoles qui réussissent à prévenir la délinquance et partant l'insécurité selon ce que RUTTER1 appelle «THE SCHOOL ETHOS - Le climat académique » qu'il décrit comme suit: «Ce climat peut être décrit en quatre points: 1)- les enseignants insistent fortement sur le travail scolaire ; 2)- ils donnent régulièrement des devoirs et des leçons ; 3)- ils encouragent les élèves et disposent d'un système de récompenses pour les motiver à travailler et bien se conduire ; 4)- ils ont recours à des mesures disciplinaires fermes et équitables.>>. D'autre part, la contribution de

1- RUTTER et al, cité par CUSSON, in MONNET J-C. (12 Octobre 1990) Réponse à l'insécurité, Problèmes politiques et sociaux, n°641, Paris, La Documentation Française, p.7.

l'école à la prévention de la délinquance ne saurait être surestimée. L'enfant qui est issu d'une famille criminogène peut devenir délinquant quelle que soit l'école oü il sera envoyé. Cependant, les risques qu'il le devienne baissent s'il se retrouve dans un milieu scolaire dont l'atmosphère bénéficie de la présence d'une masse de critiques de bons élèves, et oü les enseignants ont une pédagogie valable.

Ces individus qui versent dans la criminalité après l'échec scolaire sont victimes le plus souvent d'une absence de projet d'insertion.

I-3- Les difficultés familiales

La famille, de la naissance à la fin de l'adolescence, joue un rôle prépondérant dans le développement de dispositions à la criminalité récidiviste donc l'explosion de l'insécurité.

La négligence parentale, qu'elle soit attribuée à des conditions de vie difficiles, au temps consacré à gagner un revenu, à des carences personnelles ou à l'extrême jeunesse des mères, semble constituer un facteur de risques très élevé. Dans la mesure oü cette hypothèse se vérifie par 25,50 % des réponses de nos enquêtés, l'éclatement du noyau familial et l'augmentation phénoménale du nombre de familles monoparentales formées d'une femme ou de quelques enfants vivants sous le seuil de la pauvreté deviennent préoccupant à moyen terme. Au sein de la famille, la discipline s'exerce de façon incohérente ou par des châtiments physiques excessifs, et la faiblesse des relations affectives entre conjoints ainsi qu'entre parents et enfants, augmentent de façon significative le risque de désadaptation et de comportements violents. La criminalité chez un parent, l'alcoolisme ou la toxicomanie, la présence de conflits conjugaux et surtout à l'adolescence, la famille reconstituée sont aussi des facteurs associés très importants.

De l'analyse qui précède, nous pouvons dire que les difficultés familiales ont une incidence négative capitale sur le devenir des enfants qui peuvent facilement basculer dans la délinquance, source d'insécurité.

En somme, nos connaissances actuelles sur les moteurs de l'insécurité, nous indiquent que les facteurs les plus importants agissent dès l'enfance, qu'ils ont une influence durable, qu'ils mettent en cause principalement la famille, l'école et le milieu de vie et qu'ils se développent davantage dans un contexte de pauvreté relative. C'est pourquoi MALANHOU1 dit : «La pauvreté est un fléau voire la mère de bon nombre de maux sociaux.».

II-LES FACTEURS SPECIFIQUES

Sous ce vocable, sont spécifiques tous les facteurs, tous les moteurs qui sont essentiellement liés à la ville de Grand-Bassam. Nous avons résumé ces facteurs en trois groupes :

> La proximité Abidjan-Bassam

> Existence des bidonvilles avec de nombreuses maisons inachevées > La timide réaction des FDS face aux appels de détresse

Sur ces principaux facteurs se greffent d'autres facteurs tels que la mauvaise qualité de la voirie, l'évolution historique et culturelle et enfin la densité du trafic routier du fait de la voie internationale (La Côtière) qui traverse la ville.

1- MALANHOU K. A., in Fraternité Matin du 20 Avril 2005, CAHIER GRATUIT N°57, Campagne mondiale pour l'éducation, p.3.

Facteurs

Effectifs

Pourcentage (%)

Proximité Abidjan-Bassam

213

35.50

Existence de bidonvilles avec de nombreuses maisons inachevées

183

30.50

Timide réaction des FDS

face aux appels de détresse des populations

138

23

Autres

66

11

TOTAL

600

100

Tableau 11 : Récapitulatif des facteurs spécifiques selon la population

Exitence de bidonville avec
de nombreuses maisons
inachevées 30,50 %

Diagramme descriptible des facteurs sécifiques
de l'insécurité à Grand-Bassam

Proximité Bassam-Abidjan très
criminogène 35,50 %

Autres
11 %

Timide réaction des FDS face
aux appels de détresse des
populations 23 %

Les investigations menées sur notre terrain d'enquête nous ont permis de constater que 35,50 % des personnes interrogées affirment que l'insécurité est liée à Grand-Bassam à la proximité de cette ville avec celle d'Abidjan. 30,50 % d'entre eux soutiennent que l'insécurité est due à l'existence des bidonvilles avec de nombreuses maisons inachevées, alors que 23 % et 11 % disent

respectivement que l'insécurité réside dans la timide réaction des FDS face aux appels de détresse et ailleurs.

II-1- La proximité Grand-Bassam-Abidjan

Les perpétuelles mutations que connaissent les villes africaines ne s'opèrent pas sans conséquences dommageables pour les populations et leur bien et l'environnement. L'urbanisation ayant atteint une vitesse de croisière sans pareille que certaines grandes villes se sont rapprochées des villes secondaires qui en sont ou deviennent leurs banlieues ou même quartiers. On assiste alors à un transfert de toutes sortes de comportements, d'attitudes et de pensées, bref de valeurs sociales des grandes agglomérations vers les villes secondaires. Telle est le type de relations qui lie la ville de Grand-Bassam à Abidjan (l'une des plus grandes villes africaines) qui, nul ne l'ignore demeure très criminogène.

De notre étude sur la ville de Grand-Bassam, il ressort des réponses de nos enquêtés, 35,50 %, que l'insécurité dont souffre cette ville est due de façon spécifique à la proximité d'avec Abidjan.

Selon Y.B. qui disait: <<En provenance d'Abidjan, j'ai été dépassé par une voiture Mercedes de couleur blanche aux environs de 16 heures au niveau du village artisanal et qui s'est arrêtée au maquis l'Escale. A 18 H 30 mn, le même véhicule se gare à la hauteur de mon domicile, trois individus en descendent puis se dirigent vers mon voisin qu'ils sûrement attendaient car il venait juste de rentrer. Quelques temps après la voiture démarre en trombe et reprend sa direction de provenance. Et à mon voisin de crier en vain au secours. C'était incompréhensible et insupportable d'être agressé à cette heure de la journée ». Ce témoignage de Y.B. nous dit combien de fois ce rapprochement spatial peut influencer la sécurité de Grand-Bassam.

Ces bouts de phrases extraites du quotidien FRATERNITE MATIN1 ne font que renchérir les propos du sieur Y.B.: <<Appréhendés avec leurs armes

1- Extrait de FRATERNITE MATIN, N°12048 du 6 Janvier 2005, p.6.

constituées de pistolets, et des objets provenant des différents vols aussi bien à Abidjan qu'en zones sous contrôle des rebelles [...] et dans les banlieues ainsi que les villes comme Divo, Dabou et Abengourou [...] ces hors-la-loi après l'attaque du WARF (un restaurant français de Bassam dont le propriétaire fut abattu en Octobre 2004) ont mis le cap sur Abidjan.».

Les informations recueillies auprès des autorités policières de la ville révèlent que Grand-Bassam non seulement sert de base arrière aux criminels quand ils sont recherchés à Abidjan (qui viennent s'y réfugier), mais une destination prisée. Les personnes interpellées disent profiter de la proximité avec Abidjan, du facile accès étant donné la disponibilité de véhicules de transport à toute heure, mais aussi à cause de la flexibilité des contrôles routiers des FDS les week-ends et lors des grands événements organisés dans cette ville.

Les résultats ne se sont pas fait attendre car en 2005, Grand-Bassam fut la troisième ville la plus criminogène du pays après Abidjan et Daloa avec 14,64 %1 des infractions commises. Ce qui fît de Grand-Bassam la plus dangereuse des banlieues Abidjanaise.

En définitive, les témoignages pour établir la relation entre la proximité de Grand-Bassam avec Abidjan et l'insécurité ne tarissent pas. Car les FDS sont souvent informés des destinations de certains bandits.

II-2- L'existence des bidonvilles avec de nombreuses

maisons inachevées

Conséquence d'une urbanisation rapide, les bidonvilles sont des quartiers qui relatent ou mettent en exergue le niveau de pauvreté de la population d'une ville donnée.

L'habitat à Grand-Bassam est caractérisé par la cohabitation à deux niveaux: premièrement les quartiers précaires bastion des lotissements officieux et des maisons de fortunes construites de façon anarchique (Phare, Congo et

1- Service des Statistiques Criminelles, Préfecture de Police d'Abidjan, Année 2005.

Odoss), deuxièment les quartiers mixtes oü se frottent luxe et précarité (Belleville, Château, France, CAFOP et Mokeyville). Or selon DOMENACH et GATTI-MONTAIN1 que; <<Le rythme de vie urbain, le mode de vie citadin, aussi bien que la structuration fonctionnelle de l'espace, ne permettent plus que se noue une relation sociale féconde. La ville n'est plus ce lieu social oü peut s'apprendre ce rapport à l'autre et à sa différence. Et paradoxalement, la ville éclate, peuplée d'habitants nouveaux et différents, devient le lieu de l'uniformisation qui ne permet plus l'expression de cultures différentes sauf sous forme violente. Exaspération et frustration naissent à l'asservissement au rythme urbaine.».

Ce rythme de vie à deux vitesses que connaît la ville de Grand-Bassam ne reste pas sans avoir de conséquences sur la sécurité. D'abord les quartiers précaires oü nous avons découvert un nombre important de maisons inachevées et des cours communes nous permettent de soutenir que non seulement ces lieux qui sont mal éclairés servent de cachette aux bandits et de fumoirs des drogues, mais aussi des milieux oü les querelles entre familles sont multiples. La majeure partie des infractions relevées par la police dans ces bidonvilles est des cas de coups et blessures volontaires, détention et consommation de drogues, violences et voies de faits et quelques cas de vols.

Quant aux quartiers mixtes, ils sont l'objet des vols contre les biens, les attaques à mains armées, les meurtres et viols. Ces endroits ont en grande partie leur population jeune et sans emploi. Ainsi sont-ils tentés par ce luxe apparent du voisinage qui ne laisse indifférent tout individu.

Un détenu nous confiait: <<Si je suis ici, c'est parce que mes amis et moi avons agressé notre voisin et ses enfants un soir au Château, car ils font le malin. Nous, on se cherche et puis eux, ils viennent tous les jours ici avec de nouvelles chaussures, des portables et CD baladeur. Leurs parents sont boss et nous on crèche et on dort dans des << cicobois ». Donc on les attaque pour prendre

1- DOMENACH C., GATTI-MONTAIN J. (1986), Commune et sécurité, France, les Editions Ouvrière, pp.6-9.

l'argent, les portables et autres objets que nous revendons ». Le discours de ce jeune homme nous instruit sur l'insécurité qu'engendrent la vie de misère et les comportements qui se développent dans les bidonvilles.

En définitive, la ville de Bassam est une ville qui, si elle réussit à faire disparaître ses bidonvilles qui constituent de véritables refuges des bandits qui lorsqu'ils sont traqués à Abidjan ou ailleurs, renouera avec la sûreté que tout individu recherche. Il faut donc une volonté réelle selon laquelle : « pour changer de politique, il ne suffit pas de décréter. Il faut aussi préparer les populations cibles et agir ensuite.»1.

II-3- La timide réaction des FDS face aux appels de détresse des populations

L'étude que nous avons menée sur l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam, nous a permis de constater selon nos enquêtés, la passivité avec laquelle les FDS traitent les faits s'attachant à la sécurité des biens et des personnes.

K.A.I., couturière, disait : « Je suis à quelques mètres du commissariat et puis mon atelier et mon magasin ont été attaqués sans même que les policiers ne réagissent. Il arrive des fois ou votre ami ou voisin de quartier est agressé, vous aurez téléphoné en vain car personne ne décrochera. Si vous avez eu la chance d'avoir quelqu'un au bout du fil, c'est pour vous rabrouer et vous aurez attendu pour rien. Avec de tels comportements où ira notre police et partant quelle sécurité aurons-nous ? ».S'interroge-t-elle à la fin de la misère qu'elle a vécue.

Par notre tentative de vérification de tels propos, ce fut un débat bien plus un procès contre les populations qui selon certains agents occupent les lignes téléphoniques pour raconter des bêtises.

L'analyse des causes générales et spécifiques de l'insécurité nous a amenés à la découverte des conséquences qui en découlent.

1- BENKINOU P., Impact médecin, Hebdomadaire N° 386 du 21 Novembre 1997, Bruxelles, Edition LUPUS, p.3.

CHAPITRE II: LES CONSEQUENCES DE L'INSECURITE DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM

Dans ce chapitre, il ne sera pas question de présenter de façon exhaustive les conséquences de l'insécurité c'est-à-dire les résultats de tout comportement déviant ou criminel des individus. Il s'agit de montrer l'impact de l'insécurité sur l'organisation de la vie dans son ensemble à Grand-Bassam (vie sociale, économique, psychologique).

Dans le cadre de notre étude, nous avons pu identifier quatre grands points essentiels:

> La naissance et la montée de la méfiance

> La naissance et la montée de la peur

> Les conséquences familiales

> Les conséquences économiques

Conséquences

Effectifs

Pourcentages

Méfiance

213

35.50

Les conséquences économiques

153

25.50

Peur

147

24.50

Conséquences familiales

78

13

Autres

9

1.50

TOTAL

600

100

Tableau 12: Récapitulatif des conséquences de l'insécurité à Grand-Bassam selon les enquêtés

A partir des résultats contenus dans notre tableau 12, nous constatons que 35,50 % de nos enquêtés soutiennent que l'insécurité contribue à la naissance et

à la montée de la méfiance, tandis que 25,50 % d'entre eux affirment qu'elle entraîne des conséquences économiques. Aussi pour certains, 24,50 % de nos enquêtés, l'insécurité favorise la naissance et la montée de la peur. Enfin 13 % considèrent que l'insécurité a des conséquences sur la famille.

I-NAISSANCE ET MONTEE DE LA MEFIANCE

ET MONTEE DE LA PEUR

La naissance et la montée de la méfiance et de la peur observées chez les populations de Grand-Bassam résultent du sentiment d'insécurité généralisé.

I-1- La naissance et la montée de la méfiance

La méfiance peut être définie comme l'attitude d'esprit d'une personne ayant la crainte d'un perpétuel risque ou danger.

Au regard des résultats obtenus lors de notre enquête, l'on peut expliquer la naissance et la montée fulgurante de la méfiance au sein des populations de Grand-Bassam par deux facteurs principaux. Il y a la croissance brutale qu'a connue la population en nombre et en variété d'individus (assurément la résultante des déplacements de populations du fait de la guerre), mais surtout le niveau de la sécurité des citoyens qui se serait détérioré ces dernières années.

En effet, les 35,50 % de nos enquêtés soutiennent que leur méfiance vis-à-vis de leurs concitoyens prend son origine dans le fait que nombreux sont ces nouveaux venus qui sont méconnus d'eux aux plans physique et comportemental. Or il n'est nullement aisé de cohabiter avec des étrangers dont on ignore pratiquement tout (il est impossible de faire fonctionner la société sans confiance). Mais, il faut reconnaître avec MOSER1 que « Les citadins se caractérisent par un certain nombre de comportements spécifiques de repli sur soi. La confiance en autrui est moindre en ville, et les individus lient moins facilement connaissance avec les étrangers.».

1- MOSER G. (1992), Les stress urbains, Paris, Armand Colin.

Pour cette frange de la population, la méfiance qui découle du niveau de sécurité est la conséquence du désistement volontaire des FDS à accomplir leur tâche. C'est dans cette perspective que I.M. affirmait: «Ici à Bassam, on se méfie beaucoup des gens car souvent même ce sont des hommes en tenue militaire qui nous volent avec des armes de dotations policières et militaires. Ces derniers temps, nous avons de plus en plus peur.>>.

I-2- La naissance et la montée de la peur

La peur est un sentiment violent causé par un danger réel ou supposé. La peur actuelle au sein des populations de Grand-Bassam résulte d'une dégradation de la sécurité réelle, mais aussi de la psychose créée par la rumeur entretenue par les témoins d'une agression. Selon certains de nos enquêtés, il leur est difficile de fréquenter certains quartiers de la ville quel que soit le moment de la journée étant donné que ces quartiers sont au quotidien le théâtre de toutes sortes d'infractions et de violences. Or pour ROCHER1, «Le sentiment d'insécurité est un processus de lecture du monde environnant. On le saisit chez les individus comme un syndrome d'émotions (peur, haine, jalousie) cristallisées sur le crime et ses auteurs. Comme toute lecture, le sentiment d'insécurité est réducteur. Voilà sa fonction : mettre le désordre en ordre, proposer des causes et donc des solutions à son existence, rendre compréhensible.>>. C'est pourquoi certaines populations ont bâti des barricades autour de leurs domiciles avec par endroit des barbelés électroniques. Ces actions traduisent pour eux le désir de juguler la peur d'être victime des bandits selon le mot de SEMELIN2 « Il faut frapper avant d'être frapper.>>.

Mais il faut noter que la peur à Grand-Bassam est plus ressentie chez les non victimes que chez les victimes d'autant plus qu'ils pensent être les prochaines cibles des délinquants.

1- ROCHER S. (1993), Le sentiment d'insécurité, Paris, PUF, p.20.

2- SEMELIN J. (Hiver 2000), Qu'est-ce que le crime de masse ? : Le cas de l'ex-Yougoslavie., Paris, Variations, Critique Internationale n°6, p 150.

II- LES CONSEQUENCES DE L'INSECURITE SUR LES FAMILLES

La famille est la cellule de base de toute société humaine. Elle contribue à l'équilibre émotionnel de l'enfant qui se construit déjà pendant la grossesse et les premiers mois de la vie. Elle a un impact capital sur la réaction comportementale de l'individu dès la naissance jusqu'à l'adolescence. La famille donne la philosophie de base de la vie et la formation harmonieuse de la personnalité de tout individu. C'est le lieu oü l'on découvre aussi un système complexe d'échanges, d'influences et de communications entre ses composantes. Dans ce système, ce sont soit la soumission, l'amour et l'autorité qui régissent les rapports des membres qui peuvent se traduire en défiances qualitatives ou en défiances quantitatives.

Analyser les conséquences de l'insécurité sur les familles nous conduira à voir les deux niveaux la composant : les parents et les enfants.

II-1- Les parents

La négligence parentale, qu'elle soit attribuable à des conditions de vie difficile, au temps consacré à gagner un revenu, à des carences personnelles ou à l'extrême jeunesse des mères, semble constituer un facteur de risque très élevé pouvant pousser les enfants à la délinquance.

L'absence du père ou de la mère, l'incapacité de ceux-ci à garantir la sécurité de leur progéniture ou imposer leur autorité au sein de cette institution peut conduire au dysfonctionnement de celle-ci et du coup, l'on assistera à son déclin.

Dans la famille, les parents sont les gardiens de la discipline. Mais il nous est arrivé de constater au cours de notre recherche que celle-ci s'exerçait de façon incohérente ou par des châtiments physiques excessifs, et que les relations affectives entre conjoints ainsi qu'entre parents et enfants connaissent une dégradation importante. Ce qui a d'ailleurs augmenté significativement le risque

de désadaptation et de comportements violents chez certains enfants. L'alcoolisme ou la toxicomanie chez un parent peut créer au sein de la famille des tensions, une certaine déstabilisation ou un déséquilibre.

La mère qui est le symbole de l'amour peut après dislocation de la cellule familiale se remarier (à un autre homme) tout comme le père garant de l'autorité. Ce qui peut créer une désintégration des enfants du fait des multiples flux d'ingrédients éducatifs si ceux-ci sont mal appréciés.

En somme, ces différents éléments énumérés sont autant de facteurs susceptibles de contribuer à la destruction de la cohésion sociale car fabriquant des délinquants s'attaquant aux normes et règles régissant la société.

II-2- Les enfants

Il est indéniable que les comportements criminels des membres d'une famille ont des influences sur chacun. Mais les plus exposés sont les enfants (dès la conception à l'adolescence). VERWILGHEN1 disait: <<Notre objectif triennal est le renforcement de la sécurité des biens et des personnes. Cependant, nous avons à tenir compte d'une frange de notre population qui déverse de plus en plus dans la délinquance : la jeunesse issue des familles disloquées et toxicomanes des quartiers défavorisés et consommatrices de drogues.>>. Pour cet expert belge, les enfants délinquants souffrent pour une bonne part d'un manque d'affection et de la mauvaise qualité de leur milieu de vie dont il faut désormais tenir compte. Dans cet ordre d'idées Jacques et Valérie D. POUJOL2 soutiennent à ce propos : << La haine, les traumatismes et l'angoisse extériorisés par le Prophète Moïse à son adolescence et à sa jeunesse dérivent de l'amour maternel dont il n'a pu bénéficier et de la crise identitaire à laquelle il était confronté. >>.

1- VERWILGHEN M. (2000-2003), Plan de sécurité, Belgique (Bruxelles), Ministère de la justice du gouvernement fédéral, pp.8-9.

2- Jacques et Valérie D. POUJOL. (2003), Les 10 clés de la vie spirituelle, France, Ed. Empreinte Temps Présent, p.28.

Il faut donc qu'un enfant ayant son père et mère délinquant et vivant avec des frères délinquants ne soit pas de prime abord mis en marge dans toute politique sociale. Etant entendu qu'il a bénéficié d'une éducation compromise, ses résultats scolaires seront mauvais et s'ensuivront dès lors l'échec, le renvoi et la fin brutale de la vie scolaire.

III- LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES DE L'INSECURITE

La croissance économique à laquelle tout Etat aspire ne peut éclore et s'épanouir que dans un climat, un environnement où est assurée à chacun la sécurité d'existence. BERNADIN1 affirmait : << La sécurité est une condition de la croissance économique mais aussi de l'activité des territoires. C'est une question qui doit être traitée sans a priori, au plus près des réalités du terrain ».

La nécessité d'une prise en compte globale de la sécurité doit avoir pour objectif principal l'encouragement des investisseurs et opérateurs économiques. L'insécurité, nous l'avons remarqué sur notre terrain d'enquête, a fortement contribué non seulement au ralentissement de l'activité économique, mais aussi a freiné l'ardeur de nouveaux investisseurs. Un responsable du complexe hôtelier Le WARF au quartier France disait : <<Notre chiffre d'affaires a connu une régression ces trois dernières années depuis que le fondateur de ce complexe a été abattu ici par des bandits fortement armés ». Or, nous ne saurions occulter le fait que ce sont les taxes, les impôts payés par ces investisseurs qui permettent à la municipalité d'améliorer le niveau et le cadre de vie des populations de Grand-Bassam.

Par ailleurs, l'insécurité pose aussi le problème de l'éducation de façon générale d'autant plus que les délinquants foulent au pied, les normes et valeurs

1- BERNADIN J-F. (1997), Sécurité des entreprises, une affaire de société, (Rapport Peyrefitte), Paris, Documentation Française-Presse Pocket, p.14.

sociales en s'attaquant aux biens des autres. Quel exemple constituera un parent alcoolique, drogué, prisonnier et malhonnête pour ses enfants ?

L'impulsion dont bénéficie une économie passe bien évidemment par la qualité des hommes qui la conçoivent et la projettent. Il est inévitable que la mauvaise éducation pèse lourd sur la société et par ricochet provoque un déséquilibre social qui se traduit par des remous sociaux en l'absence de règles de base.

En définitive, le manque de confiance réduit l'investissement, la croissance et la rentabilité des projets de développement car les investisseurs réagiront par des comportements divers qui sont tous préjudiciables à l'économie de la ville et au-delà celle du pays.

Au terme de notre étude sur le phénomène de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam, il s'impose à nous le devoir de faire des propositions de mesures qui pour notre part sont susceptibles d'aider à la réduction de l'insécurité croissante et les conséquences qui en découlent sur les populations.

Pour ce faire, nous avons regroupé nos propositions en deux grands chapitres qui, pour l'essentiel, sont des mesures préventives :

> Mesures préventives spécifiques à la ville de Grand-Bassam,

> Mesures préventives de l'insécurité au plan national.

CHAPITRE I : PROPOSITIONS DE MESURES SPECIFIQUES A LA VILLE DE GRAND-BASSAM

On sait, en effet, que les auteurs des actes délictueux ou d'infractions obéissent à une certaine rationalité et que de nombreuses situations constituent de véritables aubaines pour eux. Dans une optique préventive, nous verrons les mesures socio-économiques et culturelles et les actions municipales liées au ralentissement et à la réduction de la criminalité.

I-LES MESURES SOCIO-ECONOMIQUES ET CULTURELLES ET RAPPORT POPULATIONS-FDS DANSLA LUTTE CONTRE L'INSECURITE

I-1- Amélioration des conditions socio-économiques et culturelles des populations

Si la prévention doit être considérée comme prioritaire lorsqu'elle concerne la délinquance émanant des groupes de populations vivant dans une extrême pauvreté, des difficultés familiales, des échecs scolaires, du rapprochement des grandes villes d'avec leurs satellites et à configuration géographique de celles-ci, productrices de populations marginalisées, il faut souvent trouver la cause dans les bouleversements liés à la crise économique et sociale. Laquelle crise a pendant longtemps ébranlé le modèle de l'Etat-providence qui a régulé ou géré notre société.

En effet, la réponse au chômage brutale qui touche les jeunes peu qualifiés que qualifiés et qui les installent dans une spirale d'exclusion les privant de tout espoir d'un monde meilleur ou d'un avenir certain, doit être pratique et concrète. Il faudra d'abord que soient améliorées les conditions socio-économiques de leurs familles. Ensuite sensibiliser les populations sur la nécessité de la sauvegarde des normes et valeurs régissant leur société. Car le sentiment d'insécurité exprimé par les citoyens naît bien évidemment de la perte du lien

social, de la solitude (la marginalisation) de l'individualisation et de l'absence d'identité culturelle.

L'Etat devrait mettre en action un programme d'urbanisation et mener une politique de développement équilibré entre les villes satellites et les grandes agglomérations. Ce qui permettra aux populations de ces localités de bénéficier des atouts socio-économiques de leur milieu de vie habituel et auront ainsi des ressources financières nécessaires qui donnent accès à l'éducation et aux services de santé.

Au-delà d'un tel programme, les populations devraient par elles prendre conscience de leur situation en étant plus imaginatives. C'est-à-dire qu'avec le soutien des autorités locales de la ville de Grand-Bassam, elles doivent s'unir et initier des projets de développement capables d'accroîtrent leurs revenus et leurs moyens financiers. L'amélioration des conditions socio-économiques passe obligatoirement par la conception de projets fiables jusqu'à leur réalisation. Il faut donc :

· Favoriser l'assainissement de la ville de Grand-Bassam,

· Encourager les populations aux activités économiques

· Permettre aux couches défavorisées d'avoir accès à des financements pour s'insérer dans leur secteur de choix.

L'amélioration des conditions culturelles des populations doit essentiellement consister en l'instruction et la sensibilisation de celles-ci afin qu'elles puissent accéder à un niveau minimum de compréhension des valeurs que dégagent leur ville au travers de la cohabitation du moderne et du traditionnel.

Au niveau de l'instruction, il faut que la population sache lire et écrire afin qu'elle soit à l'abri de toutes sortes de contingences négatives. Les comportements anti-sociaux de certains individus résultent pour la plupart de l'ignorance totale des normes et valeurs en vigueur dans leur société. C'est

pourquoi le Prophète OSEE1 dira en ces termes: « Mon peuple est détruit parce qu'il lui manque la connaissance. ». Les parents et toutes les populations de Bassam doivent s'approprier le programme gouvernemental relatif à la formation de base obligatoire et coopérer en envoyant leurs enfants sur le chemin des écoles, qui jusqu'à preuve de contraire reste la voie idéale capable de leur garantir une chance d'insertion sociale et professionnelle.

S'agissant du volet de la sensibilisation, il doit être l'oeuvre des médias dont l'évolution à imprimer aux mentalités des populations des modèles plus ou moins parfaits. L'apport des médias devrait consister en la diffusion d'images et d'informations dont le contenu serait capable d'équilibrer tout individu, mais aussi de lui permettre de vivre en harmonie avec ses semblables ou concitoyens. Ainsi, tout individu se verra dans l'obligation d'abandonner sa sous-culture et intégrer la culture générale à laquelle il est appelé. Animées donc d'une volonté commune contre la criminalité que dégageait leur ignorance, les populations pourront désormais associer leurs compétences à celles des FDS.

I-2- La collaboration population-FDS

Il nous est arrivé de constater pendant notre enquête, l'hostilité de certaines communautés face à nos investigations. Cette attitude nous a permis de découvrir la volonté mutuelle des populations de régler les questions de délinquance en interne c'est-à-dire au niveau de leur communauté.

Même si sur le plan collectif il est démontré que l'étendue du contrôle social informel influe sur les niveaux de délinquance et que celui-ci est largement tributaire du niveau de cohésion communautaire, il faut que les populations s'imprègnent de la réalité moderne du moment. Elles devront donc en faisant abstraction de toute volonté manifeste de freiner les enquêtes, dénoncer et informer les FDS des agissements délinquants des leurs. Les populations

1- Prophète OSEE, La Sainte Bible (Traduction Louis SEGOND) (2003), Alliance Biblique Universelle, Chapitre 4 versets 6, p.838.

devraient servir d'indic même et au pire des cas conduire les auteurs des actes criminels aux FDS.

En effet, pour CUSSON1, << Tout être humain, sauf s'il est détaché de tout, s'efforce de limiter les risques de victimisation [...] par un ensemble de mesures non violentes prises ». Mais ce droit d'autoprotection, ne doit en aucun cas servir de prétexte pour obstruer ou entraver l'action policière. La notion de collaboration population-FDS est donc une innovation indéniablement conçue pour une maîtrise efficace du phénomène de la criminalité.

Les FDS quant à elles ne doivent pas seulement se limiter à des manoeuvres physiques destinées à dresser des obstacles sous les pas des criminels en puissance, à augmenter pour eux les risques d'être pris et à réduire les bénéfices du délit. Elles doivent, à l'image de la Gendarmerie Royale du Canada << poursuivre ses activités préventives et de lutte contre la criminalité principalement par l'information et la sensibilisation auprès des jeunes sur le problème de la consommation des drogues illicites et auprès des parents la conduite d'un programme rationnel d'éducation.»2.

II- DES ACTIONS DE LA MUNICIPALITE

DE GRAND-BASSAM

Réunis à Paris pour partager leurs expériences et déterminer les moyens de mise en oeuvre de la déclaration de Montréal sur le programme << Pour des villes plus sûres », plus de 1600 maires, conseils municipaux, responsables du développement social et représentants des pouvoirs publics ont souligné la nécessité de développer des activités de prévention de la délinquance. Ils ont mis en évidence le fait que la diminution des occasions de délinquance et le développement social ont déjà donné des résultats probants qu'il faut sauvegarder et accroître. C'est en nous fondant sur les expériences contenues

1- CUSSON M. (2000), La Criminologie, Paris, ed. Hachette, p.115.

2- Rapport de la table ronde sur la prévention de la criminalité : une revue des expériences en prévention au Québec (1993), Gouvernement du Québec, Chapitre 6, p.3.

dans cette conférence que nous faisons deux propositions : l'une consiste pour la mairie à encourager la formation des jeunes aux métiers qualifiants et l'autre à l'adoption d'une politique urbaine.

II-1- Encourager la formation des jeunes aux métiers qualifiants

Constituant la force vive et l'avenir de toute société, la jeunesse est de plus en plus livrée à elle-même sans formation et sans emploi. Or, nous savons que l'oisiveté qui résulte d'une telle condition sociale est mère de vices tels que les vols, la consommation de drogue, les attaques à mains armées et toutes sortes d'autres violences. Ceux qui parmi les jeunes ont intégré le monde professionnel exercent des métiers à rendement peu fiable. C'est pourquoi la mairie devrait mettre en place un programme d'assistance et d'aide à la jeunesse de l'espace communal après un recensement en tenant compte des acquis et aspirations de ceux-ci.

Sur cette base donc, la mairie procédera à l'encouragement des jeunes d'une part à s'intéresser aux métiers qualifiants comme la maçonnerie, la menuiserie, la mécanique, la couture, la coiffure en particulier pour les déscolarisés et d'autre part au renforcement des capacités de ceux qui ont déjà un emploi ou un métier. La réussite d'un tel objectif suppose un partenariat conséquent entre la municipalité et les associations de jeunesse, mais également le soutien des parents, des institutions de développement et l'Etat à qui incombe cette tâche en général.

Par ailleurs, la municipalité ne doit pas ignorer la condition sociale des familles démunies et laisser pour compte les mères commerçantes ou vendeuses. Ces dernières pour notre part doivent créer plusieurs coopératives gérées par elles mêmes après avoir bénéficié d'une formation préalable auprès des experts sous la houlette de la mairie.

Nous proposons aussi que ce programme prenne en compte tous les habitants de la ville quel que soit leur appartenance politique, ethnique, religieuse et raciale.

Enfin, il faut une grande sensibilisation de toute la population pour qu'elle s'adonne à toutes sortes d'activités économiques aussi bien dans la ville de Grand-Bassam qu'en dehors. D'où la nécessité de conquérir d'autres marchés de travail hors de leurs lieux de résidence.

En tout état de cause, ce programme de formation et d'insertion de la jeunesse de Grand-Bassam devra obéir et s'inscrire dans les grandes lignes de la politique préventive de la criminalité juvénile de l'Etat.

II-2- Adoption d'une politique d'urbanisation

Selon DELUCHEY1, « La trop grande désorganisation des grandes agglomérations (Favelas) du Brésil est le moule qui a donné du ferment à l'insécurité dans ce pays. Il fallait donc procéder à la rénovation au plan urbain de toutes les villes pour ainsi épargner aux milieux ruraux en développement de subir le même sort ». Le constat de cet auteur est clair et net d'autant plus que les villes des pays en voie de développement et en particulier les villes satellites de la Côte d' Ivoire dont Grand-Bassam fait partie ne sont pas exemptes de cette réalité. Nous proposons donc qu'une nouvelle politique urbaine prenant en compte la voirie, l'éclairage public et le logement d'un côté et un plan directeur de la ville de l'autre soit adopté.

En ce qui concerne le plan directeur, nous encourageons la municipalité à suivre et poursuivre les mesures qu'elle a mis en place au niveau des quartiers Mockeyville et IIAO qui offrent beaucoup de clarté quant à leur structuration. Ainsi, nous proposons que soient organisés sur le modèle de ces deux quartiers

1- DELUCHEY J-F.(Septembre 2003), Lusotopie, Nouvelles approches de la sécurité urbaine au Brésil : l'exemple de BELEM DO PARA (Amazonie orientale), Paris, Ed. IHEAL, pp.351-364.

tous les autres que comporte la ville. Mais une politique et un accent particulier doivent être mis sur les quartiers Phare, Congo, Bramakoté, Odoss et Petit-Paris.

En effet, non seulement ces quartiers sont mal organisés, ils ne bénéficient pas d'un assainissement des ordures ménagères et des eaux usées. Comme nous l'avons déjà évoqué, ces quartiers sont des zones fortement criminogènes. Il y a donc urgence d'action de la part de la municipalité qui pourra par le biais des sociétés immobilières faire construire de nouveaux logements corrects et bon marché.

Quant à la qualité de la voirie et du problème de l'électrification que connaît la ville de Grand-Bassam, nous proposons que soit mis en oeuvre un vaste projet de profilage et de réhabilitation des voies principales et secondaires. Il est impérieux pour la municipalité d'agir le plus rapidement possible dans ce sens afin de permettre aux FDS d'avoir accès à tous les endroits suspects et à être présents aux côtés des populations. La voirie étant un moyen important de déplacement, il importe qu'elle soit accompagnée d'un programme d'électrification de pointe.

La ville de Grand-Bassam, nous pensons, doit accroître son électrification pour donner de la quiétude aux opérateurs économiques, aux habitants sans oublier les touristes la nuit tombée car nombreux sont ceux qui interviennent ou travaillent à cette heure de la journée. Il convient de pallier cette injustice qui est souvent pourvoyeuse de comportements anti-sociaux. Dans cette optique, ANTON de Plessis1 affirmait : « Nous avons laissé se développer dans nos cités des sous zones caractérisées par de fortes concentration de jeunes marginalisés, des familles vulnérables avec des habitants dépourvues de toutes les commodités minimum comme l'eau potable, des routes régulières et électrifiées. Nous devons certes regretter les crimes et délits qui y sont récurrents du fait de l'insécurité quasi-totale dans laquelle elles baignent et de la promiscuité. Mais

1- ANTON de P. (Mai 2006), La sécurité humaine en milieu urbain : Défis et possibilités, Canada, MAECI, pp. 74.

des mesures vigoureuses doivent être prises pour réparer cette injustice qui engendre l'insécurité ».

CHAPITRE II : PROPOSITIONS DE MESURES

AU PLAN NATIONAL

Au carrefour des mutations sociétales et de la volonté politique, la reforme du secteur sécuritaire et du système éducatif a de nombreuses dimensions.

I- AU NIVEAU DES AGENTS DE SECURITE
I-1- La construction de cités pour les FDS

Nous avons relevé lors de notre recherche que la majorité des agents des FDS logeait à Abidjan non pas par simple envie, mais pour des raisons liées au manque de logements baillés. Ce qui d'ailleurs n'est pas fait pour faciliter leur regroupement en cas d'urgence et leur permettre d'être en permanence aux côtés des populations victimes à maintes reprises d'agressions.

Pour venir à bout de ce genre de difficultés, nous pensons qu'il est judicieux pour l'Etat de construire dans toutes les villes du pays des cités destinées aux FDS, afin de les maintenir sur leurs lieux d'affectation. Ce projet, il faut le dire est très important car il facilitera le regroupement familial et particulièrement celui des troupes des FDS en cas d'urgence. A long terme, il permettra à l'Etat d'avoir des gains quant aux baux alloués aux logements des agents des FDS et réduire en partie sa dette.

I-2- L'équipement des FDS

« Le droit du citoyen à la sécurité impose aux pouvoirs publics de ne plus différer son engagement dans le lutte contre l'insécurité »1. De cette maxime découle l'urgence pour l'Etat de répondre aux attentes des citoyens en ce qui concerne leur sécurité et celle de leurs biens.

Mais des agents de sécurité en nombre insuffisant et dépourvus de moyens conséquents pour assurer cette tâche ne pourront réagir promptement face aux

1- SECRETARIAT DU PARLEMENT DE L'EST ET DE LA COORDINATION GENERALE (SEPLANPARA) (1995), Plan pluriannuel de sécurité 1996-1999, BELEM (Brésil), pp. 46-53.

appels de détresse des populations. En cela, l'Etat doit former en quantité qualitative des agents destinés au maintien de l'ordre public (la police) et à la gestion quotidienne de la sécurité. NEPOTE1 renchérit en ces termes : « La prévention et la répression de la criminalité ne pourront jamais être convenablement assurées sans l'homme policier, riche d'intelligence, de technicité, de foi en son métier, pénétré du sens de l'intérêt public tenace dans sa mission et présent au milieu des populations ». Il s'agira de donner à ces agents tous les rudiments intellectuels (connaissances générales et spécifiques en la matière) et techniques (usage des armes et du matériel de communication). Cette politique devra se poursuivre en dotant de moyens modernes de pointe à toutes les unités (spécialisées et ordinaires) chargées de lutter contre la criminalité sous toutes ses formes. La police devra donc disposer d'engins roulants, de communication ultra sophistiquée et des armes conventionnelles. L'action de l'Etat doit également se manifester par l'octroi de salaires et des primes d'encouragement aux agents des FDS.

L'objectif que l'Etat doit viser, nous pensons se définit en trois points :

· La recherche et l'amélioration de l'efficacité du dispositif de sécurité
publique afin de répondre plus directement aux attentes des citoyens ;

· Encourager la participation des citoyens et de la société civile organisée à la gestion de la sécurité publique afin de résoudre l'inadéquation entre priorités policières et priorités des citoyens en matière de sécurité et d'imposer un peu plus de transparence dans la gestion d'un secteur d'action publique longtemps maintenu dans l'opacité ;

· Renforcer le contrôle des activités policières, à la fois pour assurer leur efficacité et pour éviter les pratiques déviantes et récurrentes des policiers dans l'exercice de leur service public (privation, corruption, racket, abus d'autorité, usage abusif de la violence...).

1- NEPOTE J., op. Cit. p.12.

L'équipement des FDS devrait par ailleurs s'inscrire dans un plan à long terme de lutte contre la criminalité donnant l'orientation générale de l'Etat dans ce secteur. Etant donné que nous assistons à une floraison de sociétés privées de gardiennage et de sécurité, l'Etat envisagera des dispositions organisant ce secteur et veillera à leur application effective.

II- DE LA REVISION DU SYSTEME EDUCATIF ET DE L'ADOPTION D'UNE POLITIQUE D'IDENTIFICATION II-1- De la révision du système éducatif

De la recherche que nous avons conduit dans la ville de Grand-Bassam, il découle que la majeure partie des auteurs des déviances sociales sont des déscolarisés. Ces jeunes ont été éjectés du système sans avoir atteint la fin du cycle primaire. Ces résultats sont aussi constatés au plan national. Il faut donc que l'Etat repense le système éducatif. C'est pourquoi nous croyons que l'Etat devrait poursuivre tous les programmes et projets entamés depuis 1990 (Programme de Valorisation des Ressources Humaines-PVRH période 1998- 2010 : phase 2), le Plan National de Développement de l'Education et la Formation). Le succès de ce chantier capital implique que l'Etat fasse des investissements pour résoudre le problème de l'insuffisance des infrastructures et du personnel.

L'éducation étant l'action exercée par des générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale, l'Etat doit en conséquence aussi confier ce secteur à des personnes et à des institutions sûres de susciter chez l'être (à lui confier) les états physiques, intellectuels et moraux utiles à la société.

Les politiques d'éducation, d'alphabétisation et de formation ont certes permis d'avoir quelques acquis. Mais il serait encore plus opportun pour les différents acteurs de travailler en synergie afin de mieux cibler les programmes entamés.

Ainsi donc, certaines actions d'envergure restent à renforcer, notamment recycler les enseignants afin d'améliorer la rentabilité interne du système éducatif, lutter contre les retards de scolarisation et de redoublement, suivre le programme école obligatoire, mettre l'accent sur le recrutement de nouveaux enseignants, et renforcer enfin la formation professionnelle.

C'est au prix d'un sacrifice qui tienne compte de ces données que le système pourra fournir à la société ivoirienne des hommes et femmes pures et exemptes de tout reproche criminel.

II-2- De l'adoption d'une politique d'identification

Combattre l'insécurité sous toutes ses formes demande la prise d'une multitude de mesures appropriées qui doivent être actualisées. Nous proposons que soit mise en place une nouvelle politique d'identification aux fins de maîtriser les mouvements de tous les individus vivant sur le sol ivoirien, car nous avons pu remarquer que la plupart des auteurs (actes déliquescents en provenance d'ailleurs) lors de notre enquête n'avait aucun document administratif à partir duquel on pouvait déterminer leurs nom et prénoms, leur présentation physique et leur lieu de résidence. Il incombe donc à l'Etat de créer un nouveau type de pièce d'identité à puce électronique à moindre coat pour que chaque citoyen puisse en disposer. Ce qui aura pour conséquence la diminution de l'anonymat dans lequel évoluent les citoyens. Cette politique devra être vulgarisée sur toute l'étendue du territoire et à tous les secteurs d'activités. VADIM1, à propos de l'identification, disait : « L'identification des membres d'une société humaine est le moyen le plus sar pour décourager la naissance et l'évolution de l'activité délictuelle. ». Il poursuit en ces termes : « Les violences observées dans les affaires économiques russes ont tiré pour une bonne part leur

1- VADIM R. (2004), Crime organisé en Russie : Nouvelles approches ; Entreprise, protection et violence en Russie à la fin des années 1990, Moscou, C.E.T.P., p.79.

source (origine) d'une absence d'un fichier d'identification des acteurs du secteur.».

Nous pensons que l'Etat en tirant les enseignements de ce constat se doit d'adopter une méthodologie à laquelle tout citoyen adhérerait.

Toutefois, l'Etat peut par des mesures coercitives amener les administrés à agir dans le sens de ses actions d'intérêt général.

CONCLUSION

L'insécurité constitue un phénomène préoccupant et un danger qui portent sérieusement atteinte à la sûreté et à la qualité de la vie. Sa maîtrise et sa résorption nécessitent le concours de tous les habitants de la ville de Grand-Bassam (autorités politiques et administratives, administrés, agents des FDS, opérateurs économiques et société civile).

Nos statistiques sur l'étude de ce phénomène social nous révèlent que 63,5 % des délinquants sont des jeunes. Cette tendance est à mettre au compte de la volonté de ces derniers à se mettre à l'abri de toutes dépendances financières le plus rapidement possible en faisant fi des conséquences s'y attachant. Il y a bien entendu les facteurs généraux tels que la pauvreté et le chômage et les facteurs spécifiques tels que la timide réaction des FDS et la proximité de la ville de Grand-Bassam avec celle d'Abidjan très criminogène qui influencent fortement l'évolution de l'insécurité à Grand-Bassam.

A Grand-Bassam, les manifestations de l'insécurité sont variées. Celles-ci sont observables chez les jeunes et certains adultes à travers des violences contre les personnes (agressions verbales et physiques), des violences contre les biens (vols, escroquerie, abus de confiance) généralement sous l'effet de la drogue.

Quant aux conséquences, elles sont d'ordre social, économique, psychologique. Au plan social, elles peuvent entraîner la dégradation de l'image de la famille dont est issue le délinquant et affaiblir l'autorité parentale. Elles favorisent aussi la détérioration du lien social entre les habitants de la ville de Grand-Bassam. Au plan psychologique, on assistera au développement de la méfiance et de la peur capables de nuire à la cohabitation et à l'harmonie que toute société humaine réclame pour son épanouissement. Au plan économique, elles peuvent freiner l'avènement de nouveaux investisseurs et décourager les opérateurs économiques déjà présents dans la ville et les amener à réduire leurs capitaux et leurs chiffres d'affaires.

Les effets pervers multiples de l'insécurité, nous ont permis de faire des propositions de mesures qui, nous pensons, aideront et contribueront à endiguer ce phénomène. Ces mesures, que nous avons qualifiées de préventives, sont l'amélioration des conditions socio-économiques et culturelles des populations, le renforcement de la collaboration entre les populations et les FDS, l'encouragement des jeunes aux formations qualifiantes pouvant faciliter leur insertion socio-professionnelle et l'adoption d'une politique d'urbanisation (elle tiendra compte de la qualité de la voirie, du renforcement de l'éclairage public, du logement et l'adoption d'un plan directeur de la ville). Ces mesures préventives doivent être mises en priorité pour mener à bien une lutte efficace contre la criminalité. Leur application et leur suivi permettront aux populations de vivre dans la quiétude.

En définitive, notre voeu est que d'autres études plus spécifiques soient conduites pour compléter nos recherches sur l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam.

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II- PERIODIQUES, JOURNAUX, ARTICLES ET REVUES

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III- OUVRAGES SPECIFIQUES ET RAPPORTS

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· ANTON de Plessis (Mai 2006), La sécurité humaine en milieu urbain : Défis et possibilités, Canada, MAECI.

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· CUSSON M. (2000), La Criminologie, Paris, Edition Hachette.

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· MOSER G. (1992), Les stress urbains, Paris, Armand Colin.

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· VERWILGHEN M. (2000-2003), Plan de sécurité, Belgique (Bruxelles), Ministère de la justice du gouvernement Fédéral.

ANNEXES

I- Carte de la Commune de Grand-Bassam.

II- Carte de la ville de Grand-Bassam.

III- Vue du bâtiment abritant tous les services de la mairie de Grand-Bassam.

IV- Vue d'un des nombreux bidonvilles de la ville de Grand-Bassam.

V- Vue d'un modèle de quartier structuré, organisé offrant un cadre de vie agréable.

VI- Articles de presse dénonçant la criminalité en Côte d'Ivoire.

VII- Carte de la criminalité par quartier de la ville de Grand-Bassam.

VIII- Un puissant gang de braqueurs démasqué en 2003 par la police de Grand-Bassam avec une dame comme vendeuse du butin.

IX- Articles de presse dénonçant la recrudescence de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam de 2003 à 2005.

X- Autorisation du Préfet de police d'Abidjan et du Commissaire de Grand-Bassam.

XI- Autorisation du Préfet départemental.

XII- Accord et autorisation du Maire de la commune de Grand-Bassam.

XIII- Questionnaire adressé à la population.

XIV- Guide d'entretien.

I

II

Carte de la yulle de Grand-Bassam

III

Vue du bâtiment abritant tous les services de la mairie de Grand-Bassam

IV

Vue d'un des nombreux bidonvilles que compte la ville de Grand-Bassam

Vue d'un modèle de quartier structuré, organisé offrant un cadre de vie agréable.

VI

Articles de presse dénonçant la criminalité en Côte d'Ivoire.

VII

VIII

Un puissant gang de braqueurs démasqué en 2003 par la police de Grand-Bassam avec une dame comme vendeuse du butin.

IX

Articles de presse dénonçant la recrudescence de l'insécurité dans la yille de Grand-Bassam de 2003 à 2005.

Autorisation du Préfet de police d'Abidjan et du Commissaire de Grand-Bassam.

XI

Autorisation du Préfet départemental de Grand-Bassam.

XII

Accord et autorisation du Maire de la commune de Grand-Bassam.

XIII

QUESTIONNAIRE DESTINE A LA POPULATION Mesdames, Messieurs,

Ce questionnaire s'inscrit dans le cadre de la réalisation d'un mémoire de fin de cycle à l'Université de Cocody. Les réponses aux questions permettront de mesurer l'ampleur de la criminalité à Grand-Bassam. Grâce à votre concours, nous espérons faire des propositions de mesures en matière de lutte contre ce phénomène.

I- IDENTIFICATION

Nom et prénoms .

Age Nationalité

Sexe : M F

Profession

Quartier

II- MANIFAFESTATION DE L'INSECURITE DANS LA VILLE DE

GRAND-BASSAM

1-Depuis quand vivez-vous à Grand-Bassam ?

2-Avez-vous entendu parler de vol, de braquage et de violence ?

3-Avez-vous été victime ou témoin d'une agression quelconque à Bassam ? Oui Non

Si oui, laquelle ?

4-Combien de fois avez-vous vécu ou entendu parler d'agression ?

5-Avez-vous porté plainte ou informé la police et la gendarmerie ? Justifiez votre réponse.

6-Qui étaient les auteurs de ces agressions selon vous ? (Cochez la bonne case). Homme Femme Non identifié

7-Quel pouvait être l'âge des auteurs des agressions selon vous ? (Cochez la bonne case).

De 0 à 25 ans 25 ans et plus

8-Les auteurs des agressions que vous avez vécues et entendu parler ont-ils été arrêtés et jugés ?

Oui Non

Si non, pourquoi ?

9-A quel moment de la journée pensez-vous que les gens agissent ? (Cochez la bonne case).

La nuit La journée Lors des cérémonies

III- LES CAUSES DE L'INSECURITE

A)-Les causes générales de l'insécurité à Grand-Bassam 10-Pourquoi selon vous, les gens commettent-ils des infractions ?

Parce qu'ils sont pauvres

Parce que les enfants échouent à l'école

Parce que les familles sont confrontées à des difficultés

Autres ( précisez)

B)-Les facteurs spécifiques de l'insécurité à Grand-Bassam

11-Pensez-vous que les réalités suivantes favorisent-elles la commission d'infractions et d'agressions à Grand-Bassam ? Dites pourquoi ?

-La proximité de la ville de Grand-Bassam avec celle d'Abidjan de plus en plus criminogène.

-L'existence de bidonvilles avec de nombreuses maisons inachevées

-La timide réactions des FDS face aux appels de détresse des populations

-Autres (précisez)

IV- LES CONSEQUENCES DE L'INSECURITE DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM

A)- La croissance de la méfiance et peur

12-Quel sentiment vous anime lorsqu'on frappe ou sonne à porte de nuit comme de nuit ?

La peur La méfiance Autres (précisez)

Justifiez votre réponse.

13-Pensez-vous que les agressions contre les biens et les personnes dans la ville de Grand-Bassam ont des conséquences économiques et sociales ?

Si oui lesquelles ?

V-PROPOSITION DES MESURES

14-Qu'attendez-vous des Forces de Défense et de Sécurité (F.D.S.) pour sécuriser la ville de Grand-Bassam ?

15-Que proposez-vous pour lutter efficacement contre l'insécurité en vue de sa considérable réduction ?

XIV

GUIDES D'ENTRETIEN

I-GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE MAIRE DE GRAND-BASSAM

1- Depuis quand avez-vous en charge la gestion de cette ville ?

2- Comment votre ville est-elle organisée ?

3- Quel sens donnez-vous à la sécurité et quelle place occupe-t-elle dans votre vie ?

4- Vous qui êtes le premier responsable de la commune, comment expliquez-vous la répétition et l'augmentation des actes de banditisme ces trois dernières années (2003-2005) dans votre ville, surtout qu'un bilan quotidien sur la question vous est fait ?

5- Avez-vous comme c'est le cas pour la communication, un chargé des politiques sécuritaires au sein de la mairie de Grand-Bassam ?

6- Pouvons-nous avoir une idée du budget que vous consacrez à la sécurisation de la ville de Bassam qui connaît aujourd'hui une extension importante ?

7- Quels sont vos projets à court, moyen et long terme pour sécuriser la ville de Grand-Bassam ?

II-GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES AUTORITES COUTUMIERES DE

GRAND-BASSAM (Royaume Abouré et N'Zima)

1- Pouvez-vous nous faire un bref historique sur l'origine de votre peuple ?

2-

Comment votre peuple est-il organisé au plan : Social traditionnel

Administratif et politique

Socio-économique et culturel

3- Qui assure la sécurité du royaume ?

4- Comment gérez-vous les problèmes liés à l'insécurité dans le royaume ?

Exemple : Un vol, bagarre sanglante ou une agression quelconque a eu lieu sur votre territoire, le réglez-vous vous-même ou vous conduisez les auteurs de ces faits à la police ou à la gendarmerie ?

5- Avez-vous obtenu des résultats positifs depuis que vous assurer vous-même la sécurité de votre royaume ?

III-GUIDE D'ENTREETIEN AVEC LES AUTORITES COUTUMIERES

ALLOGENES DE GRAND-BASSAM

1- Pouvez-vous nous faire un bref historique de la présence de votre peuple à Grand-Bassam ?

2- Comment votre peuple est-il organisé ?

3- Quels types de relations avez-vous avec les autochtones de Grand-Bassam ?

4- Qui assure la sécurité au sein de votre communauté ?

5- Comment gérez-vous les questions de sécurité dans votre communauté ?

TABLE DE MATIERES

DEDICACES 3

REMERCIEMENTS 5

AVANT-PROPOS 12

INTRODUCTION 13

PROBLEMATIQUE 15

METHODOLOGIE 24

PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA VILLE

DE GRAND-BASSAM ET

MANIFESTATION DE L'INSECURITE 28

CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA VILLE

DE GRAND-BASSAM 29

I. : Présentation géographique de la ville de Grand-Bassam 29

I.1 : Localisation 29

I.2 : La population 29

II : L'organisation de la ville de Grand-Bassam 30

II.1 : L'organisation administrative et politique 30

II.2 : L'organisation sociale traditionnelle 30

II.2.1 : Le royaume ABOURE de Moossou 31

II.2.2 : Le royaume N'ZIMA de Bassam (Quartier France) 32

II.3 : L'organisation socio-économique et culturelle 34

II.3.1 : L'organisation socio-économique de la ville

de Grand-Bassam 34

II.3.2 : L'organisation socioculturelle de la ville de Grand-Bassam 35

CHAPITRE II : MANIFESTATIONS DE L'INSECURITE

A GRAND-BASSAM 37

I : Nature des infractions relevées dans la ville de Grand-Bassam 37

I.1 : Les violences contre les personnes 39

I.2 : Les violences contre les biens 42

I.3 : Les autres formes de violences 44

II : L'insécurité dans la ville de Grand-Bassam 45

II.1 : Les auteurs et les victimes de l'insécurité

dans la ville de Grand-Bassam 45

II.1.1 : Les auteurs de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam 45

II.1.2 : Les victimes de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam 46

II.2 : L'insécurité dans le l'espace et dans le temps

dans la ville de Grand-Bassam 47

II.2.1 : L'insécurité dans l'espace 47

II.2.2 : L'insécurité dans le temps 49

DEUXIEME PARTIE: LES CAUSES ET LES CONCEQUENCES DE L'INSECURITE DANS LA VILLE

DE GRAND-BASSAM 52

CHAPITRE I : LES CAUSES DE L'INSECURITE DANS

LA VILLE DE GRAND-BASSAM 54

I : Les facteurs généraux 54

I.1 : La pauvreté 55

I.2 : L'échec scolaire 57

I.3 : Les difficultés familiales 59

II.2 : Les facteurs spécifiques 60

II.1 : La proximité Grand-Bassam-Abidjan 62

II.2 : L'existence des bidonvilles avec de nombreuses

maisons inachevées 63

II.3 : La timide réaction des FDS face aux appels de détresse

des populations 65

CHAPITRE II : LES CONSEQUENCES DE L'INSECURITE

DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM 66

I : Naissance et montée de la méfiance et de la peur 67

I.1 : La naissance et la montée de la méfiance 67

I.2 : La naissance et la montée de la peur 68

II : Les conséquences de l'insécurité sur les familles 69

II.1 : Les parents 69

II.2 : Les enfants 70

III : Les conséquences économiques de l'insécurité 71

TROISIEME PARTIE: PROPOSITIONS DE MESURES

DE LUTTE CONTRE L'INSECURITE 73

CHAPITRE I : PROPOSITIONS DES MESURES A

LA VILLE DE GRAND-BASSAM 75

I : Les mesures socio-économiques et culturelles et rapports Population-FDS dans la lutte contre l'insécurité 75

I.1 : Amélioration des conditions socio-économiques et culturelles

des populations 75

I.2 : La collaboration Population-FDS 77

II : Des actions de la municipalité de la ville de Grand-Bassam 78

II.1 : Encourager la formation des jeunes aux métiers qualifiants 79

II.2 : Adoption d'une nouvelle politique d'urbanisation 80

CHAPITRE II : PROPOSITIONS DE MESURES

AU PLAN NATIONAL 83

I : Au niveau des agents des FDS 83

I.1 : La construction de cités pour les FDS 83

I.2 : L'équipement des FDS 83

II : De la révision du système éducatif et de l'adoption

d'une politique d'identification 85

II.1 : De la révision du système éducatif 85

II.2 : De l'adoption d'une politique d'identification 86

CONCLUSION 89

BIBLIOGRAPHIE 92

ANNEXES 97

TABLE DES MATIERES 122






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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo