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Structure des populations, importances socioculturelle et économique du chrysophyllum albidum (g. don) sur le plateau d'Allada (sud du Bénin)

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par G. H. François GBESSO
d'Abomey-Calavi - DEA 2011
  

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Abstract

The present work aims at highlighting the structural features, as well as the sociocultural and economic extents of Chrysophyllum albidum G.Don a multi-purpose species, present on Allada tray, in the south of Benin.

A103 small square forest inventory of a 0, 25 ha with each in five grouping plants, has been realized for the density estimation on a plant and for the structural characterization of the species. The structural parameters like tree density, the middle diameters and the middle land surface have been calculated. Moreover, in order to know the different uses made of these species organs, an ethnobotanic and socio-economic investigation has been made in eyes of the population. Besides, parameters like ethnobotanic organs usages and socioeconomic class use have been determined for species.

The results have showed that the dendrometric parameters globally vary according to the type formations. In general, the highest values lie fallow whereas the lower values are observed at the forest level. Diameter distributions globally present a straight asymmetric. The investigation on the organs use revealed that Chrysophyllum albidum is a multi-purpose species and that a large part of ethnobotanic knowledge on the latters is held by Aïzo population, men especially. Species provide the population with substantial income from the fruit sale.

Key-words: Chrysophylum albidum, pratical value; structure; Allada tray, South of Benin.

INTRODUCTION

1. Problématique et justification

En Afrique, les forests constituent un immense réservoir de biodiversité et jouent un rôle fondamental dans la satisfaction de nombreux besoins de base des communautés locales (IPGRI, 1999). Ces forests abritent donc une diversité floristique qui représente un grand réservoir pour les populations avoisinantes qui s'y approvisionnent en bois de service, d'oeuvre ou de feu, en fruits, en graines et en plantes médicinales (Sokpon et Lejoly, 1996). Ainsi, les ressources végétales forestières qui donnent des fruits, des graines, des tubercules, des fleurs, des sèves et autres produits comestibles sont autant utilisées pour l'alimentation humaine que pour l'alimentation du bétail, dans la médecine traditionnelle, dans l'agroforesterie, comme bois de feu que comme bois d'oeuvre, de service, etc. De mrme, elles contribuent directement à l'alimentation, jouent un rôle primordial dans l'économie des populations rurales (Malhorta et al., 1993; Popoola, 1996; Moussa, 1997; Nkwatoh, 2000; Popoola et Oluwana, 2001) et sont aussi exploitées pour leurs propriétés médicinales aussi bien par les populations locales que par les multinationales pharmaceutiques (Cunningham, 2001). En effet, 70 à 80 % des africains utilisent les plantes médicinales et consultent les tradipraticiens pour leurs soins de santé primaire (Cunningham, 1993 ; Pei, 2001). Par ailleurs, cette large gamme de produits, fournie par ces forests, est utilisée par les populations pour des raisons sociale, culturelle et religieuse. Certains de ces produits jouent un rôle primordial dans les cérémonies spirituelles et des tabous sont érigés pour interdire leur récolte. De plus, ces ressources sont des produits que l'on peut mettre à contribution en cas de pénuries saisonnières ou de besoin urgent de vivres ou d'espèces. Mais, la destruction à grande échelle des ressources forestières de la planète prend de plus en plus d'ampleur face à l'accroissement démographique, à l'iniquité dans la répartition des biens et à l'exploitation non durable des ressources naturelles (FAO, 1987).

Au Bénin par exemple, Vihotogbé (2001) a dénombré dans la forest de Pobè et ses zones connexes 27 espèces qui guérissent entre autres le paludisme, l'ulcère, la diarrhée, la fatigue intellectuelle, la fièvre typhoïde, la rougeole. Aujourd'hui les plantes sont plus sollicitées que naguère par les populations à des fins médicinales, suite au coût élevé des produits pharmaceutiques. Ainsi, les populations des villes ont rejoint celles des campagnes dans la recherche des plantes médicinales pour leurs soins de santé primaire (Delvaux et Sinsin, 2002). Cependant, la plupart des travaux effectués sur ces espèces se sont attachés à leur identification et aux usages que les populations en font (Adjanohoun, 1989 ; Eyog-Matig et al., 1999). On dispose de ce fait de peu d'informations sur l'ampleur de la commercialisation

de ces produits ainsi que sur leur importance pour les populations. Selon Siebert et Belsky (1985), le revenu issu des activités basées sur ces ressources dépend du niveau économique du ménage : Ce revenu est d'autant plus important que les ménages sont plus pauvres. Une meilleure connaissance du potentiel de ces ressources déjà disponibles est nécessaire afin de les intégrer dans les habitudes culturelles des populations locales. Nombreux sont donc les produits qui sont déversés pendant leur période de disponibilité sur les marchés locaux par les populations rurales. Certains de ces produits sont forts appréciés par des consommateurs. Ils ont alors gagné un circuit économique très intéressant de par les quantités qui se déversent sur les marchés, le nombre d'acteurs impliqués dans ce circuit, les revenus procurés à ces acteurs et le rôle qu'ils jouent dans l'alimentation des différents consommateurs.

Dans cette gamme de produits figure la « pomme étoile blanche » (Chysophyllum albidum) qui est une Sapotaceae. Il est une ressource végétale dotée d'une signification sociale, culturelle ou religieuse pour les populations locales. Il est utilisé à de nombreuses fins et est commercialisé par ces populations. Ainsi les fruits du Chrysophyllum albidum, récoltés dans les maisons et dans certains champs, sont très tôt déversés dans les marchés locaux pour gagner les marchés secondaires par les savoir-faire de plusieurs femmes rurales et des collectrices de ces marchés. Ce commerce se fait surtout au Sud du Bénin et engendre pour les acteurs qui y sont impliqués une masse monétaire importante qui les aide à résoudre certains des problèmes qui se présentent à eux. Le développement de l'exploitation commerciale des produits forestiers est actuellement considéré par un certain nombre de chercheurs comme un moyen pour améliorer les conditions de vie des populations rurales (Zeh Ondo, 1998). De plus, Chrysophyllum albidum fait partie de ces ressources dont la période de disponibilité permet aux populations de surmonter les périodes de soudure. Ainsi la dépendance des populations locales vis-à-vis de cette ressource fait d'elle une ressource stratégique.

Mais, malgré la complexité de décrire le couvert végétal, les auteurs tels que Dessard & BerHen (2004), ont traité des questions de la régénération en forest. Les aspects structuraux ont été tout de mesme recherchés. Quant aux auteurs comme Ripley (1976), ils ont proposé des statistiques sur la répartition spatiales et la structure diamétrique (Favrichon, 1997). Notons aussi que l'étude phytosociologique a été effectuée toujours dans le but de caractériser les formations végétales (Agbani, 2002).

L'Afrique est le continent qui souffrait le plus d'un manque d'informations dans ce domaine.
Cependant, des études sur la description du couvert végétal ont été entreprises ces dernières
années. On peut citer au Ghana les travaux de Falconer (1996), Asibey et Child (1990), au

Nigeria les travaux d'Okafor (1991) et Popoola (1996), au Congo démocratique les travaux de Hladik et Dounias (1996), Malaisse (1979), Dhetchuvi et Lejoly (1996), Mosango et Szafranski (1985) et Pagezy (1995), au Zimbabwe les travaux de Campbell (1987), au Kenya les travaux de Kokwaro (1990), etc. Au Cameroun, il a été prouvé que les revenus issus de la vente des ressources végétales forestières (51,2 %) sont nettement supérieurs à ceux issus de la vente des cultures vivrières et industrielles (32 %), (Joiris, 1996). Au Gabon, Chabot (1997) estime à 754000 FCFA la valeur commerciale de ces ressources vendues chaque jour au marché de Mont-Bouêt à Libreville.

Au Benin, quelques rares études qui ont porté sur les ressources forestières alimentaires, ont montré qu'elles révèlent une importance capitale pour les populations locales. Des études ont porté sur divers aspects liés à ces ressources notamment sur leur contribution jà l'alimentation des population locales (Sokpon et Lejoly, 1996; Assogbadjo, 2000), sur leur diversité (Fonton, 2001) sur leur commercialisation (N'doye et al, 2000), sur leur répartition géographique (Sokpon, 1995). Ainsi, Les études conduites par Vihotogbé (2001) dans la forêt de Pobè renseignent que l'amarante sauvage (Celosia argentea), le prunier noir (Vitex doniana) et le crincrin sauvage (Corchonus tridens) ont généré une masse monétaire globale de près de 10 millions de FCFA sur sept marchés locaux en 2001. Mais des recherches relatives à la structure diamétrique et au biotope d'une seule essence forestière telle que le Chrysophyllum albidum n'a pas encore été effectuée. Les travaux réalisés par Hougnon (1981), Sokpon et Lejoly (1996), Assogbadjo (2000), Fonton (2001), Vihotogbé (2002), Codjia et al. (2001) sont localisés et ne décrivent que ce qui est consommable. Par contre, les informations thérapeutiques relatives à cette plante sont presque inexistantes à cause de l'absence de base de données. Il se révèle donc nécessaire d'inventorier ces formes d'utilisation. De plus, il faut constater :

· une perte des connaissances endogènes relatives à l'arbre de C. albidum : le caractère oral de la transmission des connaissances entre générations et l'augmentation sans cesse de l'exode rural qui cause un fossé de plus en plus grand entre les générations a entrainé une perte progressive des connaissances ;

· un manque de données fondamentales détaillées sur la ressource, ses rendements, sa qualité, l'utilisation et les processus de transformation traditionnelle, etc.

Il importe donc, d'élargir et d'approfondir les connaissances pour son utilisation et sa gestion
ultérieure plus durable in-situ et ex-situ. Pour cela on fait recours à l'ethnobotanique

appliquée considérée comme une réponse aux besoins et aux préoccupations des populations face à la dégradation de leurs héritages naturel et culturel (Höft et Höft,1997).

Dans le souci de contribuer aux efforts de recherche sur les espèces à multiple usage du Bénin, l'étude sur : « Structure et dynamique des peuplements et utilisations ethnobotaniques du Chrysophyllum albidum sur le plateau d'Allada » est entreprise.

En outre, la présente étude s'accorde avec notre seconde préoccupation qui est de connaître et d'évaluer les utilisations locales que les populations font de cette ressource végétale forestière. L'exploitation de cette ressource d'utilité médicinale et alimentaire est-elle d'une grande importance socioéconomique pour les populations locales au Sud du Benin et particulièrement sur le plateau d'Allada ? Puisque, le développement de l'exploitation commerciale des produits forestiers est actuellement considéré par un certain nombre de chercheurs comme un moyen pour améliorer les conditions de vie des populations rurales (zeh Ondo, 1998).

Le plateau d'Allada a été retenu en raison des conditions pédologiques favorables à la culture du fruitier Chrysophyllum albidum. L'èspèce est retrouvée dans beaucoup de localité sur ce plateau, depuis Abomey-Calavi jusqu'à Ouègbo. De plus, dans ses localités se trouvent de groupes ethniques détenant beaucoup de savoirs allant de la production de l'arbre aux différentes utilisations qu'on en fait et passant par la commercialisation de ses fruits. La finalité de l'étude est de parvenir à la valorisation de l'espèce par les populations locales (organes récoltés, transformation des produits, différentes utilisations).

Plusieurs hypothèses sous-tendent cette étude. 2. Hypothèses de recherche

H1 : les peuplements de Chrysophyllum albidum occupent un habitat caractéristique qui participe à sa conservation ;

H2 : le Chrysophyllum albidum revêt une importance socioculturelle et économique pour les populations du plateau d'Allada ;

H3 : l'étude de la structure de Chrysophyllum albidum participe aux stratégies de gestion durable de l'espèce.

De ces constats, des objectifs ont été fixés.

3. Objectifs de recherche
Objectif principal

L'objectif principal de cette recherche est d'étudier la structure des peuplements, l'importance socioculturelle et économique de Chrysophyllum albidum sur le plateau d'Allada.

 

Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques de cette étude se présentent comme suit :

O1 : caractériser l'habitat de C. albidum sur le plateau d'Allada ;

O2 : identifier les valeurs socioculturelle et économique accordées à l'espèce par les populations du plateau d'Allada ;

O3 : proposer des stratégies de conservation durable du Chrysophyllum albidum dans le secteur d'étude.

Cette étude s'est déroulée sur le plateau d'Allada qui présente des potentialités naturelle et humaine favorables à la conservation de l'espèce.

Le présent travail est structuré en cinq (5) chapitres. Après l'introduction générale (la problématique, les objectifs et les hypothèses de recherche) suit le chapitre 1 consacré à la description du secteur d'étude, le chapitre 2 traite de la méthodologie de recherche. L'analyse des résultats est faite au chapitre 3 et le chapitre 4 est consacré à la discussion des résultats et à la proposition de conservation de l'espèce. Enfin, le chapitre 5 présente les conclusions issues de l'étude et les perspectives de thèse.

CHAPITRE I : MILIEU D'ETUDE

Ce chapitre présente successivement, la situation géographique du secteur d'étude et sers caractéristiques biophysiques, socio-économiques et démographiques : Principales caractéristiques pouvant influencer la conservation des ressources forestières.

1.1. Situation géographique

Le secteur d'étude (plateau d'Allada) se trouve dans le département de l'Atlantique. Il est situé entre 2°00' et 2°30' de longitude Est et 6°20' et 6°50' de latitude Nord (figure 1).

Figure 1: Situation du secteur d'étude
Source : Fond topographique IGN, 1992

Le plateau d'Allada est limité au Sud par les communes de Ouidah, Sô-ava, Kpomassè (département de l'Atlantique), au Nord par les communes de Zogbodomè (département du Zou), Bonou (département de l'Ouémé), à l'Est par la commune d Adjohoun (département de l'Ouémé) et à l'Ouest par la commune de Bopa (département du mono). Il regroupe cinq communes à savoir : Les communes d'Abomey-Calavi, d'Allada, Toffo, de Tori-Bossito et de Zè oil le Chrysophyllum albidum est traditionnellement exploité par les populations locales.

1.2 Composantes biophysiques

1.2.1. Relief

Le plateau d'Allada est formé d'un glacis de 2500 km2 dont la limite nord est constituée par un escarpement en bordure de la dépression de la Lama (Totin, 2003). Le plateau culmine à 180 m d'altitude à sa bordure nord, s'abaisse graduellement vers le sud oE il forme aux confins de la plaine côtière un système lagunaire. Cette topographie à faible pente du plateau est interrompue par endroits par des secteurs plats très étendus (Sogréah, 1997).

1.2.2. Climat

Le climat se caractérise dans le département de l'Atlantique en particulier sur le plateau d'Allada par deux saisons pluvieuses et deux inégales saisons sèches :

- Mi-mars a mi-juillet : grande saison de pluie

- Mi-juillet a mi septembre : petite saison sèche

- Mi septembre a mi novembre : petite saison de pluie

- Mi novembre a mi mars : grande saison sèche

Les hauteurs annuelles mensuelles varient entre 800 et 1271mm (station de Niaouli) sur une période de 40ans. Ce qui n'est pas en adéquation aux données pluviométriques sur le plateau d'Allada des travaux de recherches précédents (Djègo, 2005 ; Kpindjo, 2009). Cette contradiction peut ~tre liée à la récession pluviométrique à l'irrégularité pluviométrique enregistrée ces dernières décennies ce qui n'est pas sans influence sur la végétation du plateau d'Allada.

Les bilans climatiques représentés par la figure 2, permettent de scinder une fois encore l'année en des périodes d'évènement bioclimatiques successifs.

A1 A2 B1 B2 B' B' C1

Figure 2 : Bilan climatique du plateau d'Allada (station Niaouli 1965-2005)

L'ensemble des intersections entre la courbe de pluviosité et celle de l'ETP, déterminent la position d'événements de nature purement climatique. La saison pluvieuse rend compte des apports (précipitations), de la première à la dernière pluie ;

- la saison humide rend compte du bilan des apports et des pertes en eau. Elle va, par définition, de l'instant ou le déficit maximum du sol, au point de flétrissement, commence à décroitre sous l'effet des premières pluies, jusqu'au moment ou ce déficit est de nouveau atteint après utilisation et épuisement complet des réserves utilisables du sol dans la tranche d'exploitation racinaire.

Le déficit du sol nu commence en général à diminuer en régions tropicales, quand la pluviosité devient égale à ETP ; les pluies antérieures ayant servi à reconstituer le stock d'eau de la tranche superficielle asséchée au-delà du point de flétrissement ou ayant été évaporées. Ainsi de la figure 2, nous pouvons distinguer les périodes suivantes :

-A1 #177; C1 = saison pluvieuse ;

- A1 #177; A2 = pluies précoces, p < 1/2 ETP ;

- A2 #177; = saison humide.

Le point est théorique sur le graphique et représente le point de flétrissement atteint de nouveau par le sol après épuisement de ses réserves d'eau. Sa position réelle dépend du climat, du sol et de la végétation (Franquin, 1969).

- A2 #177; B1 = période pré-humide : la pluviosité p est inferieure à l'ETP et supérieure a la moitie de l'ETP (. ETP < p < ETP).

- B1 #177; B2 et B'1 1 B'2 = périodes humides : la pluviosité est supérieure a l'ETP (P>ETP)

- B2 #177; B'1 et B'2 ~ C'2 = périodes post-humides : la pluviosité est inferieure à l'ETP et supérieure ou égale à la moitie de l'ETP (. ETP < P < ETP).

1.2.3. Hydrographie

La configuration topographique de certaines localités à forte pente (Zes, Toffo, Torri-Bossito et Allada) favorise le ruissellement des eaux de pluies. La lame d'eau ruisselée se concentre ainsi dans des réceptacles dépressionnaires, formant de petits plans d'eau temporaires, généralement source d'approvisionnement en eau d'usage domestique. Les rivières Ava et Adjagbè ou Kinzountô drainent le versant nord-ouest du plateau, la mare Wawa à AbomeyCalavi, Tandaho et le marigôt Tobouéboué à Tori, constituent également des points d'approvisionnement en eau des populations (Totin, 2003). La limite Est du plateau est la vallée de la Sô et l'Ouest la vallée du Couffo (Dissou, 1986). Le plateau est séparé partiellement de la plaine côtière par d'anciennes lagunes telles que Agbanou, Toho, Todouba et Dati qui entaillent suivant un profil quasi-vestical alors que celle de Djonou et de Ahouangan longent le bas-plateau (Totin, 2003). La figure 3 présente les différents réseaux hydrographiques du secteur d'étude.

1.2.4. Végétation

Le couvert végétal a subi une forte pression anthropique et la forest équatoriale originelle n'existe plus qu'en petits îlots d'extension négligeable. Cependant, on peut distinguer un certain nombre de formations végétales bien tranchées :

- en bordure de la côte, les sables du cordon littoral couverts de plantations de cocos nucifera ;

- les forests marécageuses à Mitragina spp et Andropogon gayanus occupant les basses vallées du Couffo à Avikanmr (Dékanmè) dans la vallée de Kpomassè et de l'Ouémé à Bodjo et Sèdjè-Houègoudo dans la commune de Zè ;

- les vallées fluviales présentant des forests périodiquement inondées à Berlinia grandiflora et Dialium guineense ;

- le paysage du plateau est fortement marqué par de plages de champs de cultures annuelles intercalées par des peuplements d'Elaeis guineensis de densité variables ;

- les plantations forestières (Tectona grandis, Eucalyptus spp, Mangifera indica, Irvingia gabonenses, Chrysophyllum albidum, etc.) qui sont des propriétés privées (Figure 3).

1.2.5. Sols

Les sols du plateau d'Allada sont essentiellement de type ferrallitique sur terre ferme et hydromorphe par endroits en milieux marécageux (figure 4). Le caractère modéré de la pluviométrie et le battement saisonnier de la nappe phréatique sont à l'origine de la faible ferrallitisation de ces sols formés sur des sédiments meubles argilo-sableux (Azontondé, 1981).

1.3 Caractéristiques générales de la population

Le département de l'Atlantique compte environ 1.066.373 habitants (INSAE, 1992) et couvre une superficie de 3222 km2 avec une densité de 322 habitants au km2. La répartition de cette population montre qu'il y a une diversité ethnique ayant des civilisations particulières. Cette population a évolué en 2002 d'une population de 744493 habitants à une population de 912335 habitants en 2006 et en 2008 à une population de 2008 (Figure 5).

Figure 5 : Evolution de la population de 2002 à 2008

Source : Projection INSAE,2010

L'analyse de la figure 5 révèle une forte évolution de la population de 2002 à 2006, ce qui va engendrer une forte pression de cette population sur les ressources du milieu. Cette population a légèrement augmenté de 2002 à 2008.

Les principaux groupes ethniques rencontrés sur le plateau d'Allada sont : les Aizo (41 %), les Fon (31%). On retrouve également d'autres groupes ethniques minoritaires composés des Toffin, des Tori, des Adja, des Yoruba, des Goun, des Plah, des Pédah (Dissou, 1986). Selon INSAE/RGPH3-2002, la population du plateau d'Allada avoisine 591623 habitants avec un taux démographique de 18,03 %.

1.4. Répartition géographique des groupes ethniques et types de cultures agricoles pratiquées

Les Aizo sont répartis un peu partout sur le plateau d'Allada. Mais on les rencontre en majorité dans les communes d'Abomey-Calavi, de Zè, d'Allada et de Tori-Bossito ; leur activité principale est l'agriculture. Les Fon se trouvent dispersés aussi sur le territoire.

Dans le domaine agricole, les cultures vivrières qui dominent sont : le mais et le manioc, base de l'alimentation des populations du département. Plus de 80% des superficies emblavées sont consacrées à ces deux cultures. L'arachide vient en tète de la liste des cultures oléagineuses annuelles. Les plantations de café sont très vieilles.

Les cultures maraichères se développent pour satisfaire les besoins des centres urbains ; il s'agit de la tomate et des légumes-feuilles et l'arboriculture qui est constituée essentiellement de Tectona grandis, Dialium guineense, Mangifera indica, Irvingia gabonensis, Chrysophyllum albidum.

Pour atteindre les objectifs fixés dans la cadre de cette étude, une démarche méthodologique a été adoptée.

CHAPITRE II

MATERIEL ET METHODES

Le chapitre II renseigne sur les différents outils et méthodes utilisés pour collecter les données et analyser les résultats de recherche.

2.1 Matériel d'étude

Le matériel utilisé sur le terrain est constitué essentiellement de :

· un GPS (Global Positionning System) pour prendre les coordonnées cartographiques des placeaux ;

· un penta décamètre pour la délimitation des placeaux et d'un ruban circonférentiel pour mesurer le diamètre des arbres à hauteur de poitrine ;

· des fiches de relevé phytosociologique et ethnobotanique ;

· des piquets pour matérialiser les sommets des placeaux ;

· une croix de bucheron pour prendre les hauteurs ;

· une machette pour frayer les layons et débroussailler les pourtours des individus du Chrysophyllum albidum ;

· des papiers journaux pour réaliser l'herbier.

2.2 Méthodes de collecte de données

2.2.1. Méthodes de collecte des données phytosociologique et structurale

Les principales étapes de la collecte sont :

Critères d'installation des placeaux

Les placeaux sont installés dans des endroits oil il y a au moins 4 pieds de l'espèce. Au total, 104 placeaux carré de 50 m x 50 m ont été installés. La planche 1 montre la phase d'installation d'un placeau et la figure 6 présente la répartition spatiale des placeaux.

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Planche1 : Installation de placeau dans une jachère à Hêvié
Source : Cliché Gbesso, février 2011

Figure 6 : Répartition des placeaux sur le plateau d'Allada

 

Relevés phytosociologiques

Les relevés phytosociologiques ont été réalisés dans chaque formation végétale homogène oft on retrouve en communauté au moins quatre pieds de l'espèce selon la méthode stigmatiste de Braun-Blanquet (1932). Cette méthode de l'école de Zürich-Montpellier a déjà été appliquée avec succès par de nombreux auteurs dans l'étude de la végétation intertropicale, notamment africaine (Adjanohoun, 1962 ; Sinsin, 1993 ; Houinato, 2001 ; Oumorou, 2003 ; Dan, 2009 ; Dossou , 2010).

Lors de chaque relevé, différents paramètres floristiques et stationnels ont été notés. Il s'agit notamment du type de formation végétale, du type de sol, de la situation topographique (pente), des coordonnées géographiques, du recouvrement moyen (RM) de la strate herbacée et de l'inventaire systématique de toutes les espèces végétales. A chaque espèce est affecté le coefficient d'abondance-dominance qui est selon Guinochet (1973), l'expression de l'espace relatif occupé par l'ensemble des individus de chaque espèce. A chaque classe d'abondancedominance, correspond un recouvrement moyen noté RM (%) :

5 : espèce couvrant 76 à 100 % de la surface du relevé (RM = 87,5 %) 4 : espèce couvrant 51 à 75 % de la surface du relevé (RM = 62,5 %) 3 : espèce couvrant 26 à 50 % de la surface du relevé (RM = 37,5 %) 2 : espèce couvrant 6 à 25 % de la surface du relevé (RM = 15 %)

1 : espèce couvrant 1 à 5 % de la surface du relevé (RM = 3 %)

+ : espèce rare ou très peu abondante à recouvrement négligeable et couvrant moins de 1 % de relevé (RM = 0,5 %).

Les espèces végétales sont identifiées sur le terrain à partir des flores et des guides des adventices puis des échantillons sont herborisés pour l'identification par des spécialistes au niveau de l'Herbier National du Bénin. Aussi, pour chacune des espèces retrouvées, leurs types biologique et phytogéographique ont-ils été déterminés à partir de la littérature.

Les types biologiques sont ceux définis par Raunkiaer (1934) et aménagés par divers auteurs pour l'étude de la végétation tropicale. Ce sont :

- les thérophytes (Th) : plantes annuelles sans organe végétatif persistant se multipliant au moyen des graines ;

- les hémicryptophytes (Hé) : Plantes dont les repousses ou bourgeons de remplacement sont situés au niveau du sol : Cespiteux basiphylles (Hcb), cespiteux cauliphylles (Hcc), bulbeux (Heb) et rhizomateux (Her) ;

- les géophytes (Ge) plantes dont les repousses ou bourgeons persistants sont situés dans le sol durant la mauvaise saison ;

- les chaméphytes (Ch) : plantes dont les bourgeons persistants sont situés à proximité du sol, sur rameaux ou dressés et ;

- les phanérophytes (Ph) : plantes dont les bourgeons persistants sont situés sur les axes aériens : mégaphanérophytes (MPh), mésophanérophytes (mPh), microphanérophytes (mph), nanophanérophytes (nph), lianes (Phgr) et épiphytes (Hép).

Les types phytogéographiques adoptés correspondent aux grandes subdivisions chorologiques de White (1986) admises pour l'Afrique. Dans le cadre de ce travail, les types phytogéographiques retenus sont les suivants :

i.) Les espèces à large distribution comprenant :

Les cosmopolites (Cos) ; pantropicales (Pan); paléotropicales (Pal); afro-américaines (AA).

ii.) Les espèces à distribution continentale comprenant:

Les afro-tropicales (AT) ; afro-malgaches (AM) ; les pluri-régionales africaines (PA) et les espèces distribuées dans la zone de transition soudano-guinéenne (SG) et les soudanozambéziennes (SZ).

iii.) L'élément-base : guinéo-congolaise (GC) : espèces distribuées dans la zone guinéocongolaise (GC).

 

Paramètre dendrométrique

Le diamètre à hauteur de poitrine d'homme (1,30 m au dessus du sol) des individus ayant un DBH > 10 cm a été mesuré et les individus de DBH= 10 cm sont comptés dans la régénération. La planche 2 est à titre illustratif.

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Planche 2 : Mesure de diamètre du Chrysophyllum albidum dans une jachère à Togba

Source : Cliché Yabi, février 2011

2.2.2 Méthodes de collecte des données ethnobotaniques

Critère de choix des localités 011-11/411-

L'enqu~te s'est déroulée dans certaines localités du plateau d'Allada. Ells ont été choisies sur
la base des critères suivants : (1) l'espèce est présente dans le terroir et (2) la population

dispose d'une bonne connaissance en matière des différentes utilisations qu'on fait du Chysophyllum albidum.

Echantillonnage et techniques d'enquetes utilisées

L'importance socioculturelle de l'espèce a été appréciée auprès de 124 personnes choisies de façon aléatoire. Les personnes ont été interrogées individuellement à l'aide d'un questionnaire d'enqu~te (voir annexe). Les données collectées concernent essentiellement (i) les catégories d'usage de l'espèce, (ii) les connaissances médicinales liées jà l'utilisation de l'espèce, (iii) la disponibilité saisonnière de la plante, les interdits et les cérémonies ou rites liés à l'arbre.

L'importance économique de la commercialisation des fruits a été appréciée auprès de 146 exploitants et 71 commerçantes de fruits de C. albidum. Les informations recueillies sont relatives aux prix de vente actuels des organes de l'espèce ; jà l'évolution des prix en passant des producteurs aux commerçants et des commerçants aux consommateurs.

Les données collectées ont été soumises à un traitement et les résultats à une analyse.

2.3. Traitement des données collectées et analyse des résultats

Les données phytosociologiques et structuraux collectées ont été soumises à un traitement et à une analyse.

2.3.1 Données phytosociologiques et structurales

Elles regroupent la typologie des groupements et leur caractérisation.

 

Typologie des groupements végétau

La technique de traitement des données utilisée est celle de la Detendred Correspondence Analysis (DCA) qui est une forme améliorée de l'Analyse Factorielle des Corespondances (AFC). Cette méthode permet une ordination dans un espace réduit du nuage constitué par relevés et celui des n espèces (variables). Elle autorise ainsi une compréhension des différentes structures (groupes de relevés, groupes d'espèces), gr~ce à l'examen des projections des nuages relevés et espèces sur différents plans factoriels. Cette méthode a l'avantage de corriger la configuration arquée (effet Gutman) qui traduit un gradient élevé dans les données soumises à une AFC. Les relevés sont encodés sous le tableur Excel 2007. L'ordination des relevés et le dendrogramme ont été réalisés par le logiciel PC.ORD 5. Le dendrogramme de la classification hiérarchique des relevés est obtenu par la méthode de Flexible beta avec la distance Sorensen (Bray-curtis).

L'indice de similarité de Jaccard qui permet de comparer différents groupements végétaux a été calculé grâce au logiciel CAP.


· Caractérisation des groupements > Diversité spécifique

La diversité spécifique est appréciée au moyen de la richesse spécifique, des indices de diversité et de l'équitabilité de Piélou.

- Richesse spécifique

La richesse spécifique est le nombre d'espèces que compte une communauté ou un peuplement.

- Indices de diversité de Shannon-Weaver (1949)

La mesure de la diversité spécifique d'une communauté biologique est un autre domaine oE la théorie d'information trouve une application en écologie (Legendre, 1979). L'indice de diversité de Shannon s'exprime par :

 

Si

- H 3,5 alors il existe une forte diversité au sein du groupement végétal, ce qui signifie que

les conditions de la station sont très favorables pour un grand nombre d'espèces dans des proportions quasi-égales.

- H 2,6 alors les conditions du milieu sont très défavorables et impliquent une forte

spécialisation des espèces donc le groupement est dominé par quelques espèces qui se partagent en grande partie le recouvrement en son sein.

- Indice d'Equitabilité de Pielou (1966)

L'indice d'Equitabilité de Pielou traduit le degré de diversité atteint par rapport au maximum théorique (Blondel, 1979). Il se calcule par :

H indice de Shannon, Hmax la diversité maximale ou l'équifréquence (Frontier et 2l, 1995) ; S= Richesse spécifique et E =Equitabilité de Pielou compris entre 0 et 1.

Si R tend vers 0 : alors les individus appartiennent à une seule espèce et lorsque R=1, toutes les espèces ont exactement le même recouvrement.

> Calcul des spectres bruts et pondérés des types biologique et phytogéographique

- Spectre brut (Sb)

Le spectre brut indique la proportion centésimale des espèces appartenant à chaque groupement (Raunkiaer, 1934).

Avec ni nombre total d'un type considéré N nombre total d'espèce d'un groupement (sb) = spectre brut en %

- Spectre pondéré (Sp)

Le spectre pondéré permet d'attribuer à chaque espèce d'un groupement, une valeur correspondant à son coefficient d'abondance-dominance pour l'ensemble des relevés du groupement.

Avec ri = recouvrement total R= recouvrement moyen Sp= spectre pondéré en %

> Paramètres dendrométriques

- Densité moyenne de l'espece étudiée(N)

Elle est le nombre de pieds d'arbre à l'hectare de chaque groupement. Sa formule est :

n= nombre d'individus inventorié et S la surface totale échantillonnée. - Diametre de l'arbre moyen (Dg)

di DBH et n= nombre total d'individus au niveau du groupement - Surface terrière (G)

La surface terrière d'une espèce est exprimée en m2/ha et sa formule est :


· Structure diamétrique du C. albidum

La distribution en classe de diamètre de toutes les espèces a été effectuée puis ajustée par le coefficient de Skewness sous le logiciel Minitab 14. Ce qui a permis d'évaluer la dynamique des individus du C.albidum au sein de toutes les formations végétales.

Le coefficient de dissymétrie de Skewness est un moment standardisé mesurant l'asymétrie de la densité de probabilité des diamètres pris de façon aléatoire et définis sur des nombres réels. La formule de Skewness est :

L'asymétrie est le troisième moment standardisé, il se note ã1 et est calculée A partir du cube des écarts A la moyenne et mesure le manque de symétrie d'une distribution (Scherrer, 1984).

O~ ì3 est le troisième moment centre et ó est l'ecart-type.

- ã1 > 0, indique une distribution etalee vers la gauche, et donc une queue de distribution etalee vers la droite;

- ã1 <0, indique une distribution etalee vers la droite, et donc une queue de distribution etalee vers la gauche;

- Dans le cas d'une distribution normale, par symetrie on a: ã1 = 0. La distribution est symetrique.

2.3.2. Données ethnobotaniques et socioéconomiques

Les informations obtenues sur les formes d'utilisations sont regroupées par commune, par ethnie, par sexe et par catégorie d'ge afin de pouvoir comparer les zones d'intérIt pour la valorisation de l'espèce.

Après le depouillement et l'encodage des donnees dans une matrice Excel, differents taux, tests de relation ou de comparaison ont ete calcules.

Taux de réponses

Le taux de réponses par type d'utilisations est exprimé par la formule suivante :

F = 100S/N

Avec F : taux de reponses donne ;

S : nombre de personnes ayant fourni une reponse positive par rapport à une utilisation donnee et N : nombre de personnes interviewees.

 

9 EI1-XrAId'XAEIT1- 1-MhKRERMaYi1X1-

Le calcul de la valeur d'usage ethnobotanique de l'espèce a été effectué à l'aide de la formule suivante, definie par Lykke (2004) :

 

Avec

Vu(i) comme valeur d'usage de l'espèce pour une catégorie donnée ; si : est le score d'utilisation attribué par les répondants

n : est le nombre de répondants pour une catégorie d'usage

L'intér~t de la valeur d'usage ici est qu'elle permet de déterminer de façon significative la catégorie d'usage ayant une grande valeur d'utilisation.

Le tableur Excel 2007 a été utilisé pour calculer les scores moyens et ensuite, les divers usages ont été regroupées par catégorie pour tester l'existence ou non d'une différence significative entre leur appréciation selon les ethnies, les sexes, les communes et les différentes catégories d'Lge des personnes interviewées. Pour ce faire le test d'analyse de variance (ANOVA) a été réalisé et lorsque les conditions d'application de ANOVA n'ont pas été vérifiées (normalité, homogénéité des variances), le test non paramétrique de Kruskal Wallis a été effectué pour tester l'existence ou non d'une différence significative entre les catégories sus-citées. Ces différentes analyses ont été effectuées dans le logiciel MINITAB version 14.

Prix moyen de vente des fruits

Afin de déterminer les prix moyens de vente des fruits selon les unités locales de vente, les producteurs ont été regroupés par catégorie : (1) producteurs qui vendent leurs fruits par tas de 40, (2) producteurs qui vendent leurs fruits par panier, (3) producteurs qui vendent à la fois la production de tout un arbre. Le prix moyen de vente des fruits selon les unités locales de vente est obtenu par la formule suivante :

: Prix pratiqué par producteur vendant ses fruits selon une unité locale, N : nombre de producteur dans cette catégorie et

: Prix moyen de vente selon l'unité locale

La démarche méthodologique appliquée à cette étude sur le plateau d'Allada a conduit à des résultats satisfaisants.

CHAPITRE III : RESULTATS

3.1 Composition et richesse spécifique des groupements végétaux sous C.albidum de C. albidum

3.1.1. Partition des relevés au sein des groupements végétaux

La matrice de 103 relevés phytosociologiques et de 63 espèces a été soumise à une Detrended Correspondence Analysis (DCA) avec une inertie totale de 4, 37. Les valeurs propres et les pourcentages cumulés des variances sont consignés dans le tableau I.

Tableau I: Valeurs propres et pourcentages de variance expliquée par les trois les premiers axes

Axes

1

2

3

Inertie Totale

Valeurs propres

0.55

0.26

0.20

4.37

Longueur des gradients

4.62

3.24

2.92

 

Pourcentage cumulée des variances

63.86

72.45

79.65

 

Les trois premiers axes expliquent à 79,65 % l'inertie totale et mettent en évidence la dispersion des informations sur les axes factoriels.

La figure 6 présente la carte factorielle de l'ensemble des relevés dans le plan factoriel des axes 1 et 2. Cinq grands groupes de faciès floristiques sont distingués.

L'axe 2 pourrait ~tre interprété comme le gradient de perturbation anthropique. On observe un regroupement de trois groupes restants au milieu de l'axe. Ce qui implique qu'il n'y a pas une différence entre les espèces retrouvées dans ces différents milieux. (figure7).

Figure 7: Répartition des relevés dans les plans factoriels des axes 1 et 2. Légende :

G1= Gd : formations végétales des terroirs villageois ou des concessions G2= Gj : formations végétales des jachères

G3= Glb : formations végétales des lisières de bas-fonds

G4= Gfr : formations végétales des forests reliques

G5=. Gpch : formations végétales de plantations et champs

3.1.2. Partition des relevés en des groupements de formation élémentaire

Le clustering effectué sur la mesme matrice, a permis de réaliser le dendrogramme de la figure 8 qui confirme à 37,5 % d'informations restantes la discrimination des cinq groupes.

Gd

Gfr

Gj

Glb

Gpch

Figure 8 : Dendrogramme de classification des relevés (Distance measure=Sorensen (Bray-
cuties), group linkage method=Flexible beta)

Les caractéristiques de ces 5 groupements végétaux se présentent comme suit :

- Le groupement Gd des formations végétales cultivées, constitué de 77 relevés sur sol argilo-limoneux avec le Newbouldelia laevis comme espèce indicatrice.

- Le groupement Gj des formations végétales des jachères, constitué de 7 relevés sur sol argilo-sableux avec le Morinda lucida comme espèce indicatrice.

- Le groupement Glb des formations végétales des lisières de bas-fonds constitué de 12 relevés avec l'Irvingia gaboneensis comme espèce indicatrice.

- Les groupements des formations végétales de plantations et champs(Gpch) et des forêts reliques(Gfr) constitués respectivement de 3 et 4 relevés sur sol mixte (argilo-limoneux/argilo sableux) avec respectivement le Tectona grandis et Colas millenii comme espèces indicatrices.

3.1.3. Composition floristique et diversité spécifique des groupements végétaux

Au total 63 espèces réparties en 30 familles ont été recensées au sein des placeaux. Les familles les plus dominantes sont : les sterculiaceae (16,67 %), Arecaceae (13,33 %) , les Moraceae (13,33 %), les Bombaceae (10 %), (figure 9).

Figure 9 : Familles dominantes des groupements sous Calbidum

Le tableau II présente la diversité spécifique des différents groupements sous Calbidum.

Tableau II: Diversité spécifique des groupements végétaux

 

GpCh

Gfr

Glb

Gj

Gd

Richesse spécifique

14

20

28

15

57

Nbre de relevés

3

4

12

7

77

H (bits) E

2,20
0,58

2,33
0,54

3,08
0,64

2,46
0,63

2,18
0,37

Source : Résultats issus du traitement des données collectées

De l'analyse de ce tableau, il ressort que l'indice de diversité de Shannon (H) varie entre 2,18 et 3,08 bits et l'équitabilité de Pielou de 0,37 à 0,64. Ces valeurs obtenues pour le groupement végétal Glb relatif aux formations végétales des lisières de bas-fond traduisent que ce dernier est le plus diversifié et le plus riche en espèce (28 espèces).

Les photos 5, 6, 7 et 8 montrent successivement des formations de lisière de bas-fonds, de jachère, de champ et de concessions.

7

5

8

6

Planche 3 : Aperçu des différents groupements de formations végétales
Source : Cliché Gbesso, novembre 2010

3.2 Analyse des groupements végétaux sous de C. albidum 3.2.1. Comparaison des liens entre les groupements végétaux

L'indice de similarité de Jaccard calculé pour les différents groupes (tableau III) montre que seuls les groupements Gd et Glb présentent une similarité à 53.33 % ; ce qui met en évidence une grande diversité entre les groupements végétaux identifiés.

Tableau III : Bilan sur la similarité suivant l'indice de Jaccard

 

Gd

Gj

RF

Gc

Gl Gp

Gd Gj

RF Gc Glb Gp

0,4821 0,2037 0,1538 0,5333 0,1346

0,2222 0,1818 0,4792 0,1875

0,3125
0,2326
0,1765

0,1707

0,25

0,175

3.2.2. Analyse des spectres biologique et phytogéographique des espèces sous C.albidum de C. albidum

Les figures 10 et 11, montrent les spectres brut et pondéré des types biologique et phytogéographique. Les groupements Gpch et Gf ont des spectres pondéré et brut très élevés alors que Gd, Gli et Gj sont faiblement représentés.

Figure 10: spectres de type phytogéographique Figure 11 : Spectres de type biologique

3.2.3. Principaux paramètres dendrométriques des groupements végétaux

Le tableau IV donne les valeurs des diamètres moyens, des surfaces terrières et des densités des arbres dans les différentes formations végétales. La surface terrière ayant la valeur la plus élevée concerne le groupement Gj. La valeur la plus faible est celle du groupe Gpch. La plus forte densité est retrouvée dans le groupe Gj (11960 tige/ha). Quel que soit le paramètre dendrométrique considéré, le test d'analyse de variance ANOVA montre qu'il y a une différence significative entre les paramètres dendrométriques d'un groupement végétal à un autre.

Tableau IV : Paramètres dendrométriques par groupement

 

Gd

Gj

Glb

Gfr

Gpch

Dg (cm)

58,67

11,05

36,48

17,46

29,75

G (m2/ha)

52,41

87,18

18,12

13,70

0,44

N (tige/ha)

1040

1196

396

200

480

Soit Dg= diamètre GLAIRDTETILW RI In, G (m2/ha) = la surface terrière et N = densité 3.2.4. Structure diamètrique

La structure diamétrique des peuplements des divers groupements végétaux est donnée par la figure 12. L'allure générale des histogrammes des cinq groupes est la mrme. Lorsqu'on observe les histogrammes, on constate que la classe [20-50 cm [comprend le plus grand nombre d'individus. L'ajustement de la structure à la distribution normale de Skeness donne différentes tendances qui sont résumées dans le tableau V.

Tableau V: Interprétation de la distribution des classes de diamètres ajustée par le coefficient de Skewness

Groupements Végétaux Coefficient de Skewness Interprétations

Gd ã1>0 L'ajustement de la structure

par le coefficient de Skewness présente une asymétrie droite

Gj ã1>0

Glb ã1>0

Gpch ã1>0

-
-
-

Gfr ã1<0 L'ajustement de la structure

par le coefficient de Skewness présente une asymétrie

gauche.

Les groupement Gd,Gj, Glb et Gpch ont un coefficient de Skewness ã1>0, ce qui leur confère une structure irrégulière. Seul le groupement Gfr présente une structure inéquienne.

Figure 12a : Classe de diamètre de Gd Figure 12 b : Classe de diamètre deGj

Figure 12c : Classe de diamètre de Glb Figure 12d : Classe de diamètre de Gfr

& 2

Fig17171=1"Classe de diamètre de Gpch

IEEITITI=E=1=Distribution des classes de diamètre ajustée par le coefficient de Skewnes

3.3. Importance socioculturelle et économique de C. albidum

3.3.1. =W11BG11BSit111IF11BS11Bl'111SqF11B

Les enqu~tes de terrain confirment que l'espèce est domestiquée sur le plateau d'Allada. Ainsi, 76 % des répondants confirment la présence de l'espèce dans les maisons et 15 % dans les exploitations agricoles. La figure 13 présente le pourcentage de réponses liées à l'emplacement de C. albidum sur le plateau d'Allada.

Figure 13 : Proportion de réponses sur l'emplacement de C. albidum 3.3.2. Divers usages liés à 0111SqF11

Au total, 6 utilisations sont recensées à savoir : les utilisations alimentaire, médicinale, comme bois énergie, bois de services, bois d'oeuvre, p1turage et autres. La figure 14 présente l'importance des catégories d'usage.

Figure 14 : Diverses utilisations recensées

De l'analyse de la figure 14, il ressort que la catégorie alimentaire est la plus importante (60 %). Elle est suivie des usages comme bois-énergie (18 %) et médicinal (16 %) et des usages comme bois de service (2 %), bois d'oeuvre (2%), feuilles comme pâturage (1 %). Les scores d'utilisations dans chacune de ces catégories varient d'un individu à un autre.

3.3.3. Valeurs d'usage ethnobotanique de l'espèce

Les tableaux V, VI, VII et VIII présentent pour l'ensemble des localités du secteur d'étude, les valeurs d'usage ethnobotanique de l'espèce dans toutes ses catégories d'utilisation ainsi que leur rang. Le rang ici désigne la place ou la position occupée par chaque catégorie d'usage de l'espèce dans cette échelle de valeurs d'usage. Ainsi, la catégorie qui porte le rang le moins élevé est celle dans laquelle l'espèce est plus utilisée. La catégorie présentant un fort potentiel d'usage ethnobotanique est la catégorie utilisation alimentaire (VU = 2,96). Ceci signifie que l'espèce est plus utilisée par les populations dans l'alimentation. Cette catégorie est suivie des catégories `'utilisation du bois de l'espèce comme énergie'' (VU = 0,88) et utilisation médicinale (VU = 0,78).

Tableau V: Valeurs d'usage de l'espèce suivant ses catégories d'usage et leur rang

Utilisations

Valeurs d'usage

Rangs

Médicinal

0,78

3

Bois de feu

0,88

2

Bois de service

0,10

4

Bois d'oeuvre

0,10

4

Alimentaire

2,96

1

Pâturage

0,04

6

Autre

0,02

7

Source : ERpiXl a E31h21X' h, EjXillh E2M0

Ces valeurs d'usage pour chaque catégorie d'utilisation ont été regroupées par commune, par sexe, par catégorie d'ge et par ethnie (tableaux III, IV, V et VI). Les tests d'ANOVA et de Kruskal Wallis montrent que l'appréciation de la valeur d'usage dans chaque catégorie d'utilisation ne diffère pas significativement selon les communes (p = 0,551), les catégories d'ige (p = 0,297), les sexes (p = 0,914) et les ethnies (p = 0,470).

Tableau VI: Valeurs d'usage de l'espèce par ethnies

 

Aizo

Fon

Adja

Médicinal

0,81

0,55

0

Bois de feu

0,87

1

1

Bois de service

0,09

0,11

0

Bois d'oeuvre

0,12

0

0

Alimentaire

2,96

3

3

Boisson

0

0

0

Pâturage

0,04

0

0

Autre

0,01

0,11

0

Source : Résultat d'enquête, juillet 2010

El

Tableau VII: Valeurs d'usage de l'espèce par commune

 

Ab-cal

Allada

Tori-bossito

Médicinal

0,70

0,6

1,2

0,7

Bois de feu

0,93

0,85

0,95

0,6

Bois de service

0,18

0,05

0,05

0

Bois d'oeuvre

0,15

0,05

0,1

0

Alimentaire

3

3

3

2,7

Boisson

0

0

0

0

Pâturage

0

0,1

0,1

0

Autre

0,02

0

0,05

0

Source : Résultat d'enquête, juillet 2010

Tableau VIII: Valeurs d'usage de l'espèce par sexe

 

Femmes

Hommes

Médicinal

0,26

0,95

Bois de feu

0,91

0,87

Bois de service

0,08

0,11

Bois d'oeuvre

0,08

0,11

Alimentaire

2,95

2,97

Boisson

0

0

Pâturage

0

0,05

Autre

0,04

0,01

Source : Résultat d'enquête, juillet 2010

El

Tableau VI: Valeurs d'usage de l'espèce par catégorie d'ig

 

Enfants

Jeunes

Adultes

Vieux

Médicinal

0

0,12

0,62

1,34

Bois de feu

0,83

0,37

0,91

0,97

Bois de service

0

0,12

0

0,20

Bois d'oeuvre

0

0,12

0,04

0,18

Alimentaire

2,94

2,87

3

2,97

Boisson

0

0

0

0

Pâturage

0

0

0,04

0,06

Autre

0

0

0

0,04

Source : Résultat d'enquête, juillet 2010

3.3.4. Différents organes utilisés
· Utilisations médicinales

Differentes parties de la plante sont exploitees par les populations locales dans la medecine traditionnelle. Le tableau IX présente le pourcentage de réponses liées à l'utilisation des organes (fruits, feuilles, écorce, racine, graine) de l'espèce. Ce tableau montre que toutes les parties de l'espèce sont utilisees par les enquêtes et on note une certaine variabilite des réponses d'une partie à une autre. Les résultats montrent que l'écorce est la partie la plus utilisée de l'espèce (35,04 %), viennent ensuite les feuilles (15,96 %) et la racine (9,57 %) et enfin les graines (5,32 %) et les fruits (1,06 %).

Tableau IX: Proportions liées à l'utilisation des feuilles, fruits, écorce, racine et graines de C. albidum par les populations locales

Parties utilisées 3 IRSRUiRQ 11011j111MKiNOiRQ dINEorganes (%)

Fruits Graines Feuilles Ecorce Racine

1,06

5,31

15,95 34,04 9,57

Source ORp IXltat EJIM/X-W, IjXillNVE1E

La vertu des plantes constitue un secret dont seuls les guerisseurs et certains chefs de religion traditionnelle détiennent la connaissance. Ces derniers ne révèlent le secret des plantes qu'à leurs fils fidèles et sages ou à des inities. Il est donc difficile de collecter des informations approfondies sur les plantes medicinales. Mais à partir des revelations sommaires de certaines personnes enquêtees, nous avons pu decouvrir les vertus therapeutiques, les maladies et symptômes et les parties de C. albidum pour traiter ces maladies et symptômes sur le plateau d'Allada par les populations locales. Le tableau X donne la liste des maladies et symptômes, des parties de C. albidum et de leur importance therapeutique pour les populations locales. L'examen de ce tableau indique que 22 maladies et symptômes sont connus pour ftre soignés par C. albidum dans la zone d'étude ethnobotanique. Cependant, il montre également que l'appréciation de l'importance thérapeutique d'un organe dans le traitement d'une maladie varie d'un groupe d'enqu~tés à un autre. Ceci est lié à la disponibilité des organes d'autres espèces plus reputees dans le traitement des maladies et symptômes concernes.

Tableau X : Importance thérapeutique de C. albidum pour les populations locales

Produits utilisés Maladies traitées Pourcentage(%) de répondants

Feuilles

Paludisme

Tension Anémies Ictère

Fièvre Toux

Vertige Ulcère Variole

6,38 1,06 1,06 1,06 1,06 1,06 1,06 1,06 1,06

Fruit mou Carie dentaire 1,06

Toux 1,06

Constipation 2,12

Graines Ulcère 1,06

Hémorroïde 1,06

Ecorce

Variole

Ictère

Toux

Carie dentaire

Ulcère

Asthme

Plaies buccales

Fièvre jaune

Manque de vitamines Fièvre

Maladies infantiles Parasites

1,06 2,12 7,44 7,44 1,06 1,06 3,19 1,06 1,06 1,06 4,25 1,06

Racines

Variole

Ictère

Asthme

Toux

Hémorroïde

Faiblesse sexuelle chez l'homme Stérilité chez la femme

1,06 1,06 2,12 1,06 1,06 2,12 1,06

Source ORpiXltMT11X'tT, EjXillTNE10

L'analyse de ce tableau révèle que les populations utilisent plus les feuilles pour traiter le paludisme, l'écorce pour traiter la toux, la carie dentaire, les maladies infantiles, les plaies buccales et l'ictère, la racine pour traiter l'asthme et la faiblesse sexuelle chez l'homme ; les graines sont par ailleurs utilisées comme purgatif.


· Utilisation du bois de l'espèce

C. albidum étant un fruitier, il n'est utilisé comme bois d'énergie, bois d'oeuvre et de service
par les populations que lorsqu'il meurt. Les figures 16, 17 et 18 présentent les pourcentages

de réponses liées à la qualité de l'espèce dans chacune de ces catégories. Ces figures montrent que l'appréciation du bois de C. albidum dans chaque catégorie diffère d'un individu à un autre.

Figure 16: Appreciation de la qualité du
Fruits et bois de fRVdeAIWe par les E
populations locales

Figure 17 : Appréciation de la qualité du
bois pour charpente de l'espèce par les
populations locale

Figure 18: Appréciation de la qualité du bois pour madrier de l'espèce par les populations locales

Source 0 5 pIXltRMITTX-W, TAXillMEE10

L'enqu~te auprès des populations des différents groupes ethniques du plateau d'Allada (100 % de réponses) révèle que seuls les fruits de C. albidum font partie de leurs habitudes alimentaires (au cours de sa période de disponibilité). Ils interviennent parfois dans l'alimentation animale (les porcs consomment les fruits pourris). Les figures 17 et 18 présentent l'appréciation du goût de ces fruits par différentes catégories de personnes. La figure 16 révèle que les hommes apprécient moins le goût du fruit que les femmes. La figure 17, quant-à elle, révèle que les enfants, les jeunes et les adultes apprécient plus le gout du fruit que les vieux.

Figure 17: Appréciation du gout des fruits de C. albidum suivant le sexe
Source : Résultat d'enquête, juillet 2010

Figure 18 : Appréciation du gout des fruits de C. albidum suivant les différentes catégories
d'1ge

Source : Résultat d'enquête, juillet 2010

En ce qui concerne les feuilles, leur utilisation alimentaire n'a été mentionnée que par deux enquêtés qui affirment que certaines brebis consomment les feuilles. Ils ont néanmoins précisé que la fréquence de consommation dans ce domaine est très faible. Le fait que les feuilles ne soient pas consommées par les animaux est lié à la disponibilité d'autres ligneux fourragers plus appétibles dans le milieu étudié tels que le Manguifera indica et autres.

Les populations rurales utilisent C. albidum non seulement pour se nourrir et se procurer un revenu mais aussi pour des raisons sociale, culturelle et religieuse (rituelle).


· Utilisations magiques et rituelles

Les personnes des différents groupes ethniques interrogées attestent que C. albidum est utilisé dans des rituels et peut faire du bien comme du mal sur le plan magique. Mais, des informations plus détaillées sur cet aspect n'ont pas pu tre recueillies. Cependant, quelques personnes parmi les interrogées affirment que l'espèce est utilisée pour renouveler la vie aux

personnes âgées et aux malades qui sont sur le point de mourir, pour éloigner les mauvais esprits et pour conjurer les sorts.


· Interdits

Les enqu~tes montrent qu'il n'existe pas d'interdits liés à l'kge ou au sexe. Il faut signaler qu'après les observations au cours des investigations, les femmes comme les hommes de tous les Iges peuvent rester en contact permanent avec l'espèce. Cependant, selon certaines personnes interrogées il existe d'autres interdits en rapport avec la productivité de l'espèce. La figure 19 présente quelques interdits liés à la productivité de l'espèce.

Figure 19 : Interdits en rapport avec la productivité de l'espèce
Source : Résultat d'enquête, juillet 2010

L'examen de la figure 19 indique que pour 40 % des personnes interrogées, il est interdit de brûler (ou de mettre au feu) les brindilles de l'arbre tant que l'arbre est debout. un balai ne doit pas toucher l'arbre selon 10 % de enquêtés. Ces pratiques détruiraient petit à petit l'arbre ou feraient pourrir ses fruits.

3.3.5. Commercialisation des produits

Le tableau XI présente le taux de réponses lié à la commercialisation des produits ou organes de C albidum.

Tableau XI: Commercialisation des produits (% de réponses)

Parties commercialisées Pourcentage de réponses

Feuilles 0,68

Fruits 100

Ecorce 0

Racine 0

Source : Résultat d'enquête, juillet 2010

Les résultats de l'enquête montrent que le taux de réponses à propos des types de produits commercialisés de C albidum varie entre 0% (écorce, racine) et 100 % (Fruit).

Le taux de reponses à propos de la commercialisation des fruits de C. albidum est de 100 % chez les differentes personnes des differents groupes ethniques interroges.

Les producteurs (100 % de reponses) ne vendent pas leurs fruits à l'unité. Les fruits sont vendus par certains par tas de 40 (66 %) le prix moyen du tas est de 325FCFA. Par ailleurs d'autres les vendent par panier (moins de 1 %) le prix moyen du panier etant de 5875 FCFA ; certains prefèrent vendre les pieds des arbres dans la periode de disponibilite des fruits ou à l'avance lorsqu'ils ont éventuellement des problèmes financiers. L'arbre est vendu en moyenne à 41850 FCFA. Les producteurs à qui le commerce est rentable sont ceux qui vendent les fruits par quarantaine car ils arrivent à vendre le nombre exact de quarantaines se trouvant sur un arbre contrairement à ces producteurs qui vendent les arbres.

Un producteur a en moyenne sur un pied de C. albidum (lorsqu'il est jeune) 8 paniers (resultat d'enqu~te, 2010). Le prix moyen d'un panier etant de 5875 FCFA, nous pouvons affirmer qu'un producteur peut avoir en moyenne 47000 FCFA sur un pied après une recolte.

Les resultats de ces enquêtes ont revele que le tas de 40 de C. albidum se vend à 275 FCFA dans les marches locaux, 425 FCFA dans les marches secondaires et à 550 FCFA dans les marches urbains (marche Dantokpa).

Etant dans une zone rurale, les producteurs ne vendent pas les autres parties de l'arbre (feuilles, écorces, racines,...) puisque le mode d'acquisition de ces organes en médecine traditionnelle est entre autres la cueillette, l'écorçage.

9

10

Planche 4 : Fruits de C. albidum exposés pour la vente à Calavi

Source :Cliché Gbesso, janvier 2011

CHAPITRE IV

DISCUSSION ET PROPOSITION DE CONSEVATION

DE C. ALBIDUM

4.1. Discussion

4.1.1. Caractérisation Phytosociologique

Cinq grands faciès de groupements végétaux ont cette possibilié de se fixer autour du Chrysophyllum albidum. Au nombre de ses groupements, seuls ceux des formations végétales des terroirs villageois ou des concessions et de lisières de bas-fonds ont une similarité. Ces aspects phytosociologiques peuvent etre justifiés par le fait que ces deux écosystèmes bénéficient plus de soins particuliers de la part des populations locales du plateau d'allada.

La plupart des groupements végétaux sont dominés par les espèces à larges distribution (Pantropicales), l'élément de Base (Guinéen). C'est seulement au niveau des groupements de formations des terroirs villageois ou des concessions, qu'en dehors des types phytogéographiques sus-cités, on dénombre une convergence de bien d'autres comme le Soudano #177;Zambézien, le Guinéo congolais et le Soudano-guinéen. Cet ordre des choses est dû aux caractères des paysans à plus domestiquer surtout les arbres à fruits pour des raisons économiques puis les arbres à caractère endémiques pour des raisons médécinales.

En outre, de ces cinq groupements, seuls ceux des plantations et champs sont les plus dégradés à cause de la forte production de Tectona grandis et de la culture poussée de Ananas comorus.

4.1.2. Paramètres dendrométriques

Le diamètre moyen des arbres de C. albidum entre les groupements oxille entre 17cm et 58cm, tandis que la surface terrière se trouve entre 18 et 526342 m2/ha. Ceci laisse voir l'importance dans l'exploitation de C. albidum en sylviculture si une politique d'aménagement accompagnant un projet participatif de tous les acteurs voit le jour.

4.1.3. Distribution en classe de diamètre

La distribution diamétrique présente l'allure d'une structure irrégulière. Ainsi, dans les formations végétales des forets reliques, les individus de Chrysophyllum albidum sont dans un état de veillissement puisque c'est un lieu de culte. Dans les Groupements de formations végétales des terroirs villageois ou des concessions, des jachères, des lisières de bas-fonds les individus de C.albidum présentent une structure en cours de vieillissement. Par contre, ceux des platations et champs présentent une structure jeune. Ceci s'explique par le fait que les propriétaires ont décidé d'accroitre le potentiel économique tiré de la vente de ces fruits.

4.1.4. Importances ethnobotanique

Dans les champs et dans les maisons, il est rare de trouver des plantes réellement sauvages A QA aXFuQ EQNIMQ. C'eAt leIFTA OEFC. albidum qui se trouve actuellement conservé dans les maisons et dans quelques rares champs compte tenu de ses valeurs alimentaires ou commerciales.

Ce fruitier appartient désormais aux catégories 2 (des plantes protégées) de Okigbo (1977). C. albidum est entretenu dans les maisoQA OeSuiAESCuACO'uQeEFeQtMQe O'aQQpeAESECEOA populations locales. Ce qui justifie bien la perception de Mary et al (1996) selon laquelle la IeFiQiqm OptRfRuAteumAtfamA viHonSaruESSRum IlI QRONIDtp OTCP Rt. EQAill zRQM O'ptuOH, EORIplIQtACRIJDQeA Oe1l'1ASèFe ARQt utiliApA. I6IaDAESIROuEA3Oe 1C. albidum sont largement utilisés, le mode de collecte de ces parties ou organes pourrait poser des problèmes OHSpieQQiADARQ OH IMAARXFe AFRP P H FIeAt le IFaA du prélèvement OeII'pFRIFIIOeIIRSUaQte.

/ RIAIXICTIAtUIpDOP P 1Q24SILIMup1OaQA lD DIP SA, l'pFRIKIIEFRP SIRP IIMIEANY111OeA espèces. Les enquêtes ont révélé que les utilisateurs ont tendance à écorcer entièrement la plante ou même à arracher ses jeunes pousses (pour collecter la racine qui est parfois sollicitée en médicine traditionnelle). Ainsi les actuels modes de collecte des organes compromettent Ap1111AeP eQt lErillE10p O0l11ASèFH EMEINWRIA EQviAagHIOeA AX AtèP IA aOEStpAIOHFRCeFW de ces organes. Des études plus approfondies doivIQt ~ITE P 1Qp1AISRXIIpNEOHROP SEFWOeA IRIP IA OHrpFRCS IAuERaMEIlitp OEA SRSuEAIRQA OE IeASèF11 13EL e1 HP SOUDA TpINOeA P eQpIA par Gaoué (2007) et Ticktin (2008) sur le Khaya senegalensis RQtWP RQtp lIIP SEFWOH (111 SCRETARQ OeATIHVADATHIOH l'écorce de cette espèce sur la structure et la viabilité de sa population. Ces auteurs ont démontré notamment la baisse de la production fruitière de cette espèce au niveau des arbres de grands diamètres. Par contre au niveau des fruits, les populations ont tendance à disséminer les graines des fruits, ce qui contribue à la régénération naturelle des espèces végétales.

La connaissance des usages des plantes médicinales et leurs propriétés sont généralement acquises suite à une longue expérience accumulée et VaQAP iAilOPQe 1pQpaCkiRQ à l'WW / ID VaQAP iAAIRQ Oe EFINFFRQQaiAADQFHA'eAtRP SH IFt/elINP eQtNSEUFTEqDIFID IQ'eAMS1A1tRujRNA assurée.

4.1.5. Importance socioéconomique

Ces enquêtes socioéconomiques ont révélé que la commercialisation des fruits d1 111ASèF111AW plus rentable que celle des fruits de Citrus sinensis (71 %), Ananas comorus (73 %),

Manguifera indica (100 %), Musa sp (68 %), Irvingia gabonensis (91 %). Cette étude confirme combien C. albidum détient d'énormes potentialités économiques. Ces potentialités sont non seulement bénéfiques pour les populations rurales mais aussi pour les populations urbaines (notamment les commerçants de fruits) qui appartiennent à la classe des acteurs de dynamisation de la commercialisation de ces fruits. Au sud du Bénin, le dynamisme de son marché se justifie par l'abondance de la récolte des fruits déversée sur les marchés locaux. Les fruits commercialisés sont continuellement disponibles pendant 4 à 6 mois durant l'année et rentrent parfois en concurrence avec d'autres fruits comme Mangifera indica, Citrus sinensis, Musa sp, Ananas comorus et Carica papaya) qui sont également fort appréciés par les populations. Ceci influe négativement sur le nombre de personnes impliquées dans la consommation du fruit et sur son prix de vente qui chute. Ces variations de prix s'expliquent par le fait que les commerçants des marchés secondaires (qui sont un peu plus proches des lieux de collecte que les marchés urbains) et ceux des marchés urbains tiennent compte du prix de leur transport et du transport de leurs marchandises vers les différents marchés, dans la fixation du prix de vente des fruits.

Ces résultats mettent en évidence le symbole culturel de C. albidum pour les populations du plateau d'Allada. Ceci justifie la domestication de l'espèce pour sauvegarder ce patrimoine culturel.

4.2. Stratégies de conservation

Le chrysophyllum albidum ne figure pas sur la liste des espèces forestières protégés au Bénin. De ses nombreuses potentialités alimentaires, économiques et cultuelles, il s'avère indispensable d'envisager une stratégie d'arboriculture de ce dernier car le système de pérennisation actuel ne garantit nullement le maintien des souches surtout que l'aire de distribution de l'espèce n'excède pas les plateaux du Sud du Bénin. L'espèce connaît une répartition assez restreinte sur le territoire béninois en particulier sur le plateau d'allada.

4.2.1. Objectifs de FIKs1IUNITE1 l'1IScF1

Les objectifs se présentent comme suit : - Faire des tests de germination

- Encourager l'arboriculture de C. albidum.

- Faire profiter aux acteurs les biens et services de cette ressource forestière en leur

faisant les formations sur l'exploitation alimentaires(boisson gazeuse) et commerciale (bois) ainsi que médicinale.

- Mettre en place un dispositif institutionel et organisationnel de gestion dans chaque

commune pour l'entretien des individus du C. albidum

- Aider la population qui dispose déjà les individus comme héritages à conserver les

existants et à avoir d'autres semences scientifiquement sélectionnées pour renouveler les individus matures puis à commercialiser leur bois soit pour la construction, la fabrique d'objets d'arts ou pour l'industrie.

- Créer des plantations gérées par les structures villageaoises mises en place avec la

collaboration des populations autochtones en partenariat avec les ONG et l'administration communale.

4.2.2. Critères de conservation du C. albidum IXDXSOnMnN43'nIGn43n

L'aménagement se repose sur : les caractéristiques floristiques des groupements et familles autour desquels l'espèce se fixe pour son développement ; les types d'habitat ainsi que les paramètres tels que l'ge, la hauteur, la litière , la régénération puis les paramètres dendrométriques.

4.2.3. $ mxw inwanparii ln mien oe331114370131111IIM de conservation durable - Atouts

Loi n° 97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l'administration territoriale en République du Bénin en son article 94, confère aux communes une part de responsabilité active dans la gestion des ressources naturelles sur leur territoire. A cet effet, il nous semble impérieux de solliciter la coordination des élus locaux à la gestion des unités d'Aménagements au sein de chaque commune du plateau d'allada. Ce qui constituerait un atout dans le suivi et l'exécution du processus de conservation parce que Les forests protégées appartiendront aux Communes et relèveront de la compétence territoriale des maires

- Contraintes

- Il y aura une difficle adhésion de la part des populations locales qui disposent de

l'espèce comme héritage.

- Les interdits concernant le repiquage des individus de l'espèce ( les jeunes ne mettent

pas en terre les jeunes plants de l'espèce).

- Les problèmes liés au financement peuvent échouer le processus d'aménagement.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry