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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

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par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

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PARAGRAPHE 3 : LA POLITIQUE CULTURELLE DU JAPON EN ASIE

Le volet culturel de la politique étrangère du Japon pour l'Asie représente un aspect très important des efforts japonais en vue d'établir des «liens d'amitié» avec ses voisins et de paver la voie à une augmentation des échanges économiques.

L'objectif premier demeure toutefois de faire reconnaître le Japon comme membre à part entière d'une communauté asiatique, diversifiée certes, mais formant un héritage socioculturel, économique et historique commun. La création d'une identité régionale et le renforcement des liens avec les pays de la région constituent, aujourd'hui, les deux objectifs primordiaux de sa politique «culturelle». Les voies privilégiées sont l'ASEAN et les accords bilatéraux.

a) Historique de la politique culturelle.

Ce sont les nombreuses manifestations anti-japonaises au cours des années soixante-dix dans plusieurs pays qui ont forcé le Japon à accorder plus d'attention au volet culturel de sa politique étrangère pour l'Asie. En accord avec la Doctrine Fukuda, les Japonais ont créé, à la fin des années soixante-dix, le ASEAN Cultural Fund, lequel est devenu en somme le modèle pour les échanges culturels avec l'Asie. Le Japon a aussi mis sur pieds le ASEAN Youth Scholarship en 1980, le Regional Studies Promotion Program et le 21st Century Friendship Program en 1984. La Fondation du Japon a aussi ouvert plusieurs bureaux en Asie et établi des programmes d'enseignement de la langue japonaise.

b) Culture et crise économique

À l'initiative du Premier Ministre japonais de l'époque, Ryutaro Hashimoto, une «Mission culturelle multinationale ASEAN-Japon» a été créée en novembre 1997. Cette nouvelle initiative n'est pas étrangère à la crise économique qui a secoué la région. Cette «Mission», qui englobait plusieurs aspects de la culture, offrait une nouvelle vision du régionalisme asiatique par le biais d'une «identité asiatique» dans laquelle la culture et l'économie deviennent deux aspects inséparables de la croissance économique.

A l'intérieur de cette mission, quatre domaines de la culture ont été spécifiés et, contrairement aux programmes antérieurs, ils définissent la culture dans son sens le plus large, c'est-à-dire incluant les arts, la recherche, le patrimoine, l'industrie culturelle et les médias. De plus, ces domaines sont présentés dans le contexte précis de la crise financière, de la régionalisation des échanges commerciaux et du phénomène de la mondialisation économique et financière.

Le dialogue culturel et intellectuel. Les Japonais proposent dans ce programme des échanges culturels à plusieurs niveaux (artistes, artisans, agriculteurs, étudiants, tourisme) avec l'objectif de développer en Asie un «esprit de communauté» sur une base «non élitiste». Ils proposent aussi des échanges et des discussions entre les intellectuels de la région sur des thèmes comme la mondialisation, l'identité régionale et la crise économique. Des programmes de traduction des ouvrages japonais et asiatiques sont aussi présentés dans le cadre de centre d'études régionales et historiques sur l'Asie (archéologie, anthropologie, linguistique, etc.)

Le patrimoine asiatique. Préservation et promotion de la culture, des arts et des métiers traditionnels asiatiques; le développement de lois sur la protection de la propriété intellectuelle ainsi que le développement d'une politique culturelle régionale. Protection des sites historiques, développement d'un réseau d'institutions culturelles (musées, bibliothèques, archives).

Le développement d'une industrie de la culture. Le développement et la formation des ressources humaines dans les divers secteurs de la culture comme la muséologie, l'éducation, etc.; le développement de programmes éducatifs multi-culturels et d'une industrie culturelle asiatique.

L'industrie des médias. Dans le secteur des médias, le Japon a proposé la mise en place d'un réseau de médias régionaux, d'un centre de publications régionales et l'implantation d'une industrie du multimédias. Est aussi suggérée la promotion par les gouvernements d'événements culturels asiatiques, comme par exemple, des festivals et des spectacles.109(*)

L'influence culturelle du Japon dans cette région du monde est indéniable: les produits de consommation japonais abondent et la culture locale n'est pas moins influencée par le «style de vie» nippon que par celui des américains. Pour un résident de Tokyo, se retrouver aujourd'hui à Séoul ou à Taipei ne constitue pas en soi un très grand dépaysement tellement la vie urbaine est similaire dans ces trois grandes villes. En d'autres mots, la culture populaire japonaise est devenue la culture populaire asiatique par le biais de la télévision, des «manga», bandes dessinées japonaises, des modes vestimentaires ou des produits de consommation.

Au terme de ce chapitre on peut retenir que Le Japon entretient avec son environnement régional une relation pour le moins ambiguë : son choix de la modernité de type occidental durant l'ère Meiji s'est accompagné d'une mise à distance du modèle chinois. Puis, la période impérialiste de la première moitié du XXe siècle l'a conduit à mener des guerres aux conséquences douloureuses, toujours perceptibles de nos jours. À l'heure où l'Asie est en pleine recomposition géopolitique autour de la puissance chinoise et où des coopérations multilatérales s'établissent, le Japon confirme une place d'acteur régional tout à fait primordial et spécifique110(*). Car, comme l'on peut le remarquer, depuis le début des années quatre-vingt-dix, les activités officielles du Japon se sont beaucoup intensifiées. L'objectif est clair : intégrer le Japon à l'Asie. Depuis la fin de la guerre froide, il a été appelé à jouer un rôle plus important dans le régionalisme asiatique. Comme l'a indiqué le Premier Ministre Mahathir de Malaisie, le Japon doit se substituer à la puissance américaine dans la région, le seul moyen, selon lui, de «s'opposer à la puissance gigantesque des États-Unis»111(*).

Toutefois le Japon ne se présente pas comme un substitut à la puissance américaine, et encore moins, comme le chef d'un nouveau bloc économique. Plutôt, il s'active à renforcer les liens économiques, militaires et culturels dans une région marquée par la diversité de ses régimes politiques et leur niveau de développement économique. Ses activités cherchent aussi à façonner une Asie qui sera en synergie avec ses intérêts nationaux pour la région: la stabilité politique, les échanges commerciaux et la croissance économique.

* 109 E. Boulanger (2002), op.cit, pp : 26-27

* 110 K. Postel-Vinay (2008), op.cit, p.01

* 111 Ministère des Affaires étrangères, « Japan's ODA: Amount and Percentage of GNP», Tokyo, 1998. http://www.mofa.go.jp/policy/oda/ summary/growth. html

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo