WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

( Télécharger le fichier original )
par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PARAGRAPHE 2 : LA POLITIQUE STRATEGIQUE REGIONALE DU JAPON

Tandis que sur le plan économique les initiatives du Japon en Asie reflètent un consensus au sein du gouvernement, de la bureaucratie et des entreprises privées un consensus qui inspire les instances politiques à exporter ce type de gestion économique en Asie, les questions militaires et stratégiques sont pour leur part beaucoup plus difficiles à gérer, surtout lorsqu'elles sont posées dans le contexte du régionalisme asiatique.

La période impérialiste a marqué profondément les relations du Japon avec plusieurs pays asiatiques. Mais également, sur le plan interne, elle divise encore aujourd'hui les opinions. En fait, les divergences idéologiques sont si importantes qu'elles empêchent d'atteindre un consensus national sur le rôle militaire du Japon dans cette région du monde.

Le nord-est asiatique100(*) est pour le gouvernement japonais l'espace géopolitique pris en considération pour élaborer sa politique de sécurité nationale. Dans cette perspective, la région de l'ASEAN ne représente pas un enjeu géopolitique important. La question de la sécurité nationale, sur le plan de la défense et de la protection physique du territoire, ne dépasse pas la géographie du nord-est asiatique. L'organisation militaire des Forces Armées de Défense (FAD) reflète la géographie de la région. Elles déploient peu de moyens pour faire face aux menaces qui pourraient peser sur les intérêts japonais, surtout lorsqu'ils sont éloignés du territoire national (le Japon ne possède pas, par exemple, de porte-avions ou d'équipements de transport pour atteindre des zones éloignées)101(*)

La fin de la guerre froide n'a pas apporté plus de stabilité politique dans la région. Au contraire, la Corée du nord s'est retrouvée isolée sur le plan économique et militaire; la Russie, malgré le vieillissement de sa puissance militaire, demeure une source d'instabilité: sa politique étrangère est difficile à suivre et à interpréter. La Guerre du Golfe a aussi fait réaliser que la qualité des forces militaires serait dans l'avenir beaucoup plus importante que leur nombre, d'où la modernisation des armées chinoises et sud-coréennes qui a fait augmenter les budgets alloués aux forces militaires de ces pays. Finalement, les tensions entre la RPC et Taiwan ajoutent aussi à l'insécurité dans la région.

a) La péninsule coréenne

La Corée du nord représente sûrement la source la plus importante d'inquiétudes. L'incursion en mars 1998 de navires espions nord-coréens dans les eaux japonaises, puis le lancement d'un missile Taepodong-I en août 1998 en direction du Japon ont créé un certain émoi à Tokyo et au sein des FAD qui n'avaient pas l'équipement pour faire face à de telles situations. Le Japon dépend des États-Unis, et dans une certaine mesure de la Corée du sud, pour la surveillance du territoire nord-coréen, pour la recherche d'information et son analyse et pour confirmer, dans ce cas, le lancement ou non d'un missile. Même si ce lancement ne visait pas directement le Japon et qu'il cherchait beaucoup plus à renforcer la position de la Corée du nord dans les négociations quadrilatérales avec les États-Unis, le Japon et la Chine, il a eu pour effet de tendre les relations avec la Corée du nord et a favorisé à la signature d'un accord entre les États-Unis et le Japon sur le développement d'un système de défense anti-balistique102(*).

Le lancement possible d'un autre missile d'une nouvelle génération (de 3500 à 6000 km de portée) au plus tôt en août 1999 a aussi forcé les dirigeants japonais à remanier leur système de défense pour éviter, selon un officiel des FAD, le même genre de panique que celle que le premier missile avait causé (plusieurs heures avaient été nécessaires avant que les FAD puisse être en mesure de confirmer le lancement)103(*)

De plus, l'expansion de forces militaires nord-coréennes (entre autres la recherche dans l'armement nucléaire) ne semble pas diminuer, malgré la famine et la crise économique sévère que traverse ce pays: la Corée du nord maintient toujours plus d'un million d'hommes en armes et laisse entendre qu'elle possède des armes chimiques qui pourraient être incorporées, comme les têtes nucléaires, aux missiles Taepodong I et II.

En retour, les relations avec la Corée du sud se sont grandement améliorées sous le leadership de Kim Dae-Jung. La «Politique du soleil levant» de ce dernier a le soutien complet de Tokyo. Par cette politique, Séoul s'efforce d'augmenter les échanges économiques avec son voisin du nord, mais l'objectif central demeure l'ouverture et la réforme du système politique nord-coréen. Cette politique n'a pas été abandonnée malgré plusieurs incidents durant l'année 1998 (lancement du missile, découverte des corps d'agents nord-coréens, l'incident du sous-marin nord-coréen), ce qui plaît aux Japonais. Les relations triangulaires entre la Corée, le Japon et les États- Unis se sont renforcées avec la tenue des premiers exercices militaires (navals et aériens) entre les FAD et l'armée sud-coréenne le 5 août 1999. Même s'ils ont été présentés comme une mission de recherche et de sauvetage à cause des limites constitutionnelles imposées aux activités des FAD, il reste néanmoins que plusieurs navires militaires ont été impliqués dans la mission en plus d'un important support aérien. Des lignes de communication d'urgence (hot lines) ont aussi été mises en place entre les FAD et le ministère coréen de la Défense nationale104(*). Le Japon semble voir d'un oe il positif la baisse des dépenses militaires en Corée du sud à la suite de la crise financière mais craint que l'instabilité économique se transforme éventuellement en instabilité politique (le même constat a été fait pour plusieurs pays asiatiques durement touchés par la crise)105(*).

b) La Chine et Taiwan

La visite au Japon du Président de la RPC, Jiang Zemin, à la fin de l'année 1998, une première dans les relations entre les deux pays, a été considérée comme «historique» et a débouché sur un «Partenariat d'amitié et de coopération pour la paix et le développement». La relation entre ces deux pays n'est rien de moins qu'exceptionnelle et, sauf pour le bilatéralisme nippo-américain, elle n'a pas d'équivalent dans la politique étrangère du Japon. Imprégnée d'une histoire millénaire de rapports commerciaux, diplomatiques, militaires et culturels, cette relation est, selon les mots d'un spécialiste106(*), faite «d'amour et de haine», d'où les nombreuses tribulations entre les deux grandes puissances asiatiques sur une diversité d'enjeux, des échanges commerciaux au contenu des manuels d'histoire japonais en passant par les capacités militaires de chacun107(*).

S'agissant des capacités militaires, les analystes s'accordent à dire que les forces militaires chinoises ne font pas le poids lorsqu'elles sont évaluées par rapport à leur capacité d'action à l'extérieur de l'environnement immédiat de la RPC. Sauf pour les missiles nucléaires à longue portée, l'équipement militaire de la Chine ne met pas en danger, à court terme du moins, le territoire japonais. Toutefois, la Chine poursuit un programme à long terme de modernisation de ses forces navales et aériennes qui l'éloigne de ses intérêts continentaux traditionnels et la rapproche de ses nouveaux intérêts stratégiques et maritimes en Asie orientale.

Si certains s'inquiètent d'un rapprochement États-Unis-Chine, d'autres, au Japon (en particulier depuis les événements de la Place Tien An Men), s'inquiètent d'une possible confrontation avec la RPC. Toutefois les inquiétudes japonaises semblent s'amenuiser comme l'indiquent les documents officiels du gouvernement japonais relatifs à la sécurité régionale et c'est beaucoup plus les tensions entre la Chine et Taiwan qui ne semblent rassurer personne à Tokyo, en particulier depuis la crise du détroit de Taiwan en 1996.

Le président Deng Xiaoping a jadis présenté les cinq conditions qui inciteraient la Chine à attaquer Taiwan: une entente Taiwan-Russie; des troubles civils majeurs; une bombe atomique «made in Taiwan»; une déclaration d'indépendance; et le rejet à long terme de la réunification avec la Chine. Les deux dernières conditions restent valables et même si la Chine ne peut envisager présentement un débarquement sur les côtes de l'île, elle peut reprendre à tout moment sa campagne d'intimidation contre Taiwan. A la suite de la crise du missile nord-coréen, le projet américain d'offrir une couverture défensive antiaérienne à l'Asie de l'est a soulevé l'inquiétude de la Chine qui s'oppose à un tel projet pour Taiwan, et aussi pour le Japon, puisque les îles à l'extrémité méridionale du Japon sont proches de Taiwan et que ce système de défense engloberait inévitablement ce pays. Une aggravation des tensions entre les deux Chine pourrait avoir un effet déstabilisateur important sur l'économie asiatique108(*).

* 100 Les documents officiels du gouvernement japonais parlent de l'Asie de l'est, une région qui englobe l'est de la Russie, la Chine, les deux Corée et Taiwan

* 101 E. Boulanger (2002), op.cit, p.29

* 102idem, p.30

* 103 T. Maeda, «Japan, South Korea Forces Hold First-Ever Joint Naval Exercise», in The Japan Times International, 1-15 août 1999, p. 6

* 104 National Institute for Defense Studies, « East Asian Strategic Review» 1997-98 & 1998-99. Agence de défense, Tokyo. [Http://www.jda.go. jp/info-htm]

* 105 J.M Bouissou «Le Japon et la Chine: amour, haine et géostratégie», in Politique Étrangère, vol. 61, no. 2, été 1996, p. 315.

* 106 Idem

* 107 E.Boulanger (2002), op.cit, p.31

* 108 Idem, pp : 33-35

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery