WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

( Télécharger le fichier original )
par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PARAGRAPHE 3 : LE COMMERCE ET l'INVESTISSEMENT

Les TICAD ont sans nul doute contribué à projeter l'image d'un Japon soucieux du devenir du continent africain, grâce à une activité diplomatique soutenue et une aide au développement conséquente. En revanche, les échanges commerciaux entre les deux partenaires et les investissements directs sur le continent n'ont jamais eu aucune commune mesure avec les relations économiques que l'archipel entretient avec les autres parties du monde.

Ceux-ci sont réduits et concentrés tant géographiquement que par domaines. Les causes de cette relative désaffection des firmes nippones pour l'Afrique sont multiples et diverses. Parmi les obstacles régulièrement avancés par les entrepreneurs japonais opérant sur le continent, figurent : l'instabilité politique croissante qui fait craindre des changements de législation, voire des nationalisations, des guerres civiles et la pauvreté endémique, et leur corollaire, l'insécurité pour les personnes et les biens, des infrastructures inadéquates et obsolètes (mis à part en Afrique du Sud), des risques sanitaires importants et, enfin, la multiplication des unions douanières qui sont au nombre de huit, ainsi que des monnaies aux cours fluctuants, y compris le rand sud-africain, mais à l'exception notable du franc CFA, lié à l'euro143(*)

Si le second conflit mondial avait porté un coup d'arrêt à l'expansion du commerce japonais en Afrique, les échanges reprirent timidement à partir de 1945. L'accession à l'indépendance des territoires africains sous tutelle va encore accélérer cette tendance. Toutefois, le volume des échanges entre les deux partenaires est demeuré désespérément faible, surtout dans l'Afrique nouvellement indépendante. Les années 1960-1970 ont connu une progression parsemée d'embûches : si étonnant que cela puisse paraître aujourd'hui, entre 1960 et 1964, l'Afrique importait plus de produits japonais que le Marché commun ou l'Association européenne de libre-échange (AELE). Alors que, jusqu'en 1961, il existait un déficit commercial en faveur de l'Afrique, à partir de cette date, la tendance s'inversa : l'Afrique continuait à importer massivement du Japon, alors que l'archipel n'absorbait pas assez de matières premières pour compenser. Entre 1961 et 1970, les exportations japonaises passèrent de 400 millions à 1,4 milliard de dollars ; dans le même temps, les importations firent un bond de 300 à 850 millions. Dans les années 1980 et 1990, un certain rééquilibrage s'est progressivement effectué dans les échanges commerciaux. L'année 1981 établit un record en la matière : les importations atteignirent 4,8 milliards de dollars et les exportations 10 milliards. Mais le renchérissement du yen ainsi que la baisse spectaculaire des cours du pétrole eurent des conséquences néfastes sur les relations commerciales bilatérales dès l'année suivante. La transformation de l'industrie lourde nippone et le fléchissement de la production d'acier japonais eurent pour conséquence une désaffection pour le minerai de fer. Dans les années 1980 et 1990, les principales exportations japonaises étaient majoritairement constituées par le secteur des transports (automobiles, camions, navires), les équipements électriques, les produits métalliques et les machines. Quant aux importations, elles étaient représentées à 50 % par le charbon, le pétrole, le platine, le cuivre, l'acier, l'or, le cobalt et les produits de la mer. Les principaux partenaires du Japon sur le continent - hors Afrique du Sud - étaient : Égypte, Liberia, Nigeria, Zimbabwe, Kenya, Mauritanie, Gabon, Ghana et Tanzanie144(*).

L'Afrique du Sud, quant à elle, a toujours été un partenaire commercial privilégié du Japon. Dépourvu d'accès privilégié à des sources de matières premières depuis sa défaite de 1945, le Japon ne pouvait s'abstenir de commercer avec l'État le plus avancé, le plus riche et le plus solvable du continent. Tout en se livrant à des déclarations de principes hostiles à l'apartheid, il se contenta d'adopter vis-à-vis de la RSA une attitude qualifiée de « business as usual ». Malgré les sanctions, d'ailleurs adoptées à contrecoeur par le Japon, les échanges économiques ont crû de façon significative, au point que l'archipel devint le premier partenaire commercial de l'Afrique du Sud en 1987. Entre 1962 et 1980, le commerce bilatéral avait été multiplié par deux. Mais cette progression phénoménale des échanges conduisit la communauté internationale à inciter le Japon à réduire ses échanges avec l'État paria ; il quadrupla entre 1973 et 1987, pour atteindre 4 milliards de dollars. Officiellement, le commerce bilatéral déclina rapidement, mais de nombreuses violations des sanctions furent relevées pendant cette période. Cette année-là, six sociétés de commerce japonaises effectuaient la moitié des échanges avec la RSA : Mitsui, Nissho Iwai, Sumitomo, Mitsubishi, Itoh et Marubeni, pour un total cumulé de 18,5 milliards de dollars145(*).

Le commerce entre le Japon et l'Afrique, qui était au plus bas entre 1999 et 2001, progresse à nouveau, sans atteindre le point culminant de l'année 1981. En 2007, il était en augmentation de 16,3 % par rapport à l'année précédente ; les exportations japonaises en direction de l'Afrique doublèrent entre 2003 et 2007, pour atteindre 11,6 milliards de dollars, alors que les importations atteignaient leur plus haut niveau pendant trois années consécutives, avec un montant de 14,8 milliards de dollars. À la suite de l'augmentation progressive des matières premières, jusqu'à la crise financière de 2008, la balance commerciale traditionnellement favorable au Japon s'est changée en déficit ; en 2007, il était de 3,2 milliards de dollars. En 2006, le brut et le platine étaient les principaux produits d'importation, et ils représentaient respectivement 21 % et 8 % des 13,26 milliards de dollars achetés par l'archipel. La majeure partie du pétrole provenait du Soudan, d'Angola et du Nigeria, alors que les métaux rares provenaient d'Afrique du Sud, d'Ouganda et de Zambie. Comme par le passé, l'Afrique du Sud demeure le partenaire commercial le plus important du Japon sur le continent, avec 50 % des échanges, suivi par le Soudan (11 %), l'Égypte (8 %) et le Nigeria (5 %) . Quant aux exportations japonaises en direction du continent noir, elles sont majoritairement constituées par les véhicules automobiles (24 % du total), les navires (6 %) et les machines-outils (4 %). Bien qu'une cinquantaine de chefs d'entreprise nippons aient accompagné le Premier ministre Shinzo Abe en Égypte et que la TICAD 4 ait souhaité accroître le commerce bilatéral, il ne représente aujourd'hui que 2 % des flux globaux japonais146(*).

Les investissements japonais en Afrique ont suivi peu ou prou la même tendance que les échanges commerciaux. Pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut, la prudence a été de mise chez les investisseurs japonais. Bien que, entre 1990 et 1994, le retour sur investissement ait été plus élevé en Afrique qu'en Asie (24 % à 30 % contre 16 % à 18 %), l'Afrique a peu attiré les investisseurs étrangers. En 1993, les investissements directs étrangers (IDE) qui y étaient effectués ne représentaient que 2,3 % de ceux réalisés dans le monde. Les Japonais étaient encore plus réservés, puisqu'ils n'y auront investi que 7,351 milliards de dollars en 1994, soit 1,74 % de leurs IDE totaux. Aujourd'hui encore, les IDE japonais en Afrique demeurent faibles et sont même en baisse depuis les années 1990, puisqu'ils ne s'élèvent qu'à 1,5 %, pour des investissements de 1,1 milliard de dollars en 2007147(*).

Jusqu'en 2005, la majeure partie d'entre eux étaient investis en Afrique du Sud, essentiellement dans le secteur minier et automobile, et en Égypte 85 % de l'IDE nippone sur le continent ainsi qu'à Maurice, au Nigeria, au Kenya et en Angola. Cependant, depuis trois ans les investissements japonais se dirigent un peu plus vers d'autres pays africains. Partenaire le plus ancien de l'Afrique en dehors des anciens colonisateurs et des États-Unis, le Japon a été le premier pays asiatique à s'y intéresser, tant au plan économique qu'à celui de la coopération. Il a fait de son offensive diplomatique en direction des États africains, matérialisée par les conférences de la TICAD, une des lignes de force de sa politique étrangère qui a pour vocation de faire du Japon une puissance globale. Pendant longtemps, le Japon a été l'intervenant asiatique majeur sur le sol africain, exception faite de Taiwan et de quelques opérations ponctuelles de la Chine, comme la construction du TANZAM, chemin de fer reliant la Tanzanie à la Zambie entre 1970 et 1975.148(*).

Au terme de cette partie il ressort que le Japon occupe une place relativement centrale au coeur de l'échiquier mondial, place que le Japon n'a sans cesse voulu renforcer depuis la fin de la guerre froide. Pour cela, le pays du soleil -levant, a mis sur pied divers instruments aussi politiques, économiques et commerciaux en vue d'élargir son aura internationale, particulièrement dans le continent africain dont la TICAD en est le principal outil.

* 143 M. Aicardi de Saint Paul (2010) op.cit, p.  198

* 144 Idem, pp : 198-199

* 145 Ibid, p.199

* 146 Source : MOFA, 2008

* 147 M. Aicardi de Saint Paul (2010), op.cit, p.200

* 148 Idem, p.201

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery