WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

( Télécharger le fichier original )
par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PARAGRAPHE 2 : LA DIPLOMATIE DE L'AIDE

Parallèlement à son action diplomatique classique, le Japon a mis en oeuvre des actions tendant à renforcer son image de puissance globale au niveau international ; en cela, il a emboîté le pas aux partenaires traditionnels de l'Afrique. La philosophie de l'aide japonaise n'est pas une création ex nihilo, mais elle s'inscrit dans le cadre d'une politique étrangère qui a fortement évolué depuis une soixantaine d'années. La mise en oeuvre de l'APD nippone peut s'expliquer par des motivations diverses, qui tiennent compte à la fois du contexte international et de préoccupations spécifiques. Au fil des années, l'engagement du Japon à l'égard des pays en développement a évolué. Si, avant 1989, sa motivation était plutôt économique, après la disparition de l'Empire soviétique, celle-ci s'est complétée d'un volet diplomatique, dans sa quête de devenir un acteur majeur de la politique internationale. Lors de ce changement de cap, l'approche de la politique d'aide du Japon est devenue plus multilatérale, majoritairement par le biais des Nations unies et de ses agences spécialisées, et l'aide s'est progressivement « déliée ».138(*)

Pour mettre en oeuvre sa politique d'aide, il s'est doté d'instruments spécifiques, qui ont été chargés de mettre en oeuvre la politique d'aide, essentiellement en Asie et aussi de plus en plus en Afrique. Nous constaterons que, depuis sa mise en oeuvre, elle a connu différentes évolutions et que le Japon a été le premier pays non colonisateur à lancer un cycle de conférences bilatérales avec les pays africains, les TICAD, dont d'autres pays comme la Chine, Taiwan, l'Inde et la Corée du Sud s'inspireront quelques années plus tard.

Une vingtaine de ministères et d'agences spécialisées participent à des degrés divers à l'élaboration et l'exécution de la politique d'aide nippone aux pays en développement. Chacun d'entre eux ayant des objectifs et des priorités propres, ces intérêts parfois divergents peuvent occasionnellement être source de tensions. Ils compliquent l'élaboration d'une politique cohérente censée être le fruit d'une collaboration permanente entre les principaux acteurs que sont le MOFA, le MITI, le MOF et l'EPA (Economic Planning Agency)139(*).

L'Agence japonaise de coopération internationale (Japan International Cooperation Agency, (JICA), inspirée de l'International Development Cooperation Agency (IDCA) des États-Unis, qui est l'une des plus importantes agences d'aide bilatérale au monde, constitue le bras armé de la diplomatie de l'aide nippone. Créée en 1971, JICA s'est vu assigner plusieurs tâches : la coopération technique, la promotion des activités des Jeunes Volontaires japonais (JOCV), organisation calquée sur le Peace Corps américain, mise à la disposition d'entreprises privées nippones de fonds nécessaires à la réalisation de projets pilotes, au recrutement et à la formation de personnels d'encadrement technique. Deux lois vinrent compléter les missions de JICA : la première du 28 avril 1978, sur la Grant Capital Assistance (dons), la seconde du 6 septembre 1987, sur le Disaster Relief Team (aide en cas de désastre naturel). En octobre 2003, elle devint administrativement indépendante ; enfin, le 1er octobre 2008, la « nouvelle JICA » est née de la fusion de JICA avec la Banque japonaise de développement international (Japan Bank for International Cooperation, JBIC), dont la mission était d'octroyer des prêts bonifiés aux pays en développement. À cette occasion, la « nouvelle JBIC » a vu ses missions évoluer : promotion à l'étranger du développement des ressources naturelles stratégiques, aide aux efforts de l'industrie japonaise pour le développement de ses affaires internationales, et réponse aux désordres financiers dans l'économie internationale. La JBIC dispose de deux moyens pour attribuer ses prêts : les International Financial Operations (IFO), destinées à la fois aux pays développés et aux pays en développement, et les Overseas Economic Operations (ODA), essentiellement consacrées aux PVD140(*). Depuis sa réorganisation, JICA dispose de 97 bureaux qui élaborent des programmes dans 150 pays, d'un montant d'environ 8,5 milliards de dollars141(*).

Au plan quantitatif, l'aide au développement du Japon a subi des fluctuations tant dans son montant que dans sa répartition géographique. Le Japon, qui était devenu le premier pourvoyeur d'aide au niveau mondial entre 1993 et 2000, n'était plus que troisième en 2001 après les États-Unis et le Royaume-Uni, pour tomber à la cinquième place en 2007, derrière l'Allemagne et la France. Et si l'on tient compte du ratio aide/PNB, la performance est encore moins honorable, puisque l'aide nippone ne représentait que 0,25 % en 2006 et plaçait l'archipel au 19e rang des pays de l'OCDE. À la décharge des autorités japonaises, il convient de rappeler que la crise qui avait ébranlé l'économie nippone dès le milieu des années 1990 ne permettait plus au Japon d'accroître le volume de son aide. Mais les sinusoïdes de l'aide japonaise ont évolué au gré des décisions prises par les Premiers ministres successifs, qu'il s'agisse de Ryutaro Hashimoto, qui les diminua de 1997 à 2000, ou de ses successeurs, qui annulèrent la réduction du budget pour l'année 2000, ou de Junichiro Koizumi qui à son tour diminua l'aide en 2001 de 3 %, pour la réduire de 10 % supplémentaires l'année suivante (910 millions de yens)142(*).

* 138 Ibid. p.193

* 139 M. Aicardi de Saint-Paul, « Un donateur atypique : le Japon », Les aides à l'Afrique en question, Afrique contemporaine, La Documentation française, n° 188, octobre-décembre 1998, pp. 147-159.

* 140 Japan Bank for International Cooperation, Wikipedia, janvier 2010.

* 141 M. Aicardi de Saint Paul (2010), op.cit, pp : 193-194

* 142 S.Kamo (2004), op.cit, pp :63-64

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams