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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

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par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

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SECTION II : LES AMBITIONS AFRICAINES DU JAPON

Elles peuvent se décliner en trois composantes : la sécurité (paragraphe 1), la diplomatie de l'aide (paragraphe 2), et le commerce et l'investissement (paragraphe 3)

PARAGRAPHE 1 : LA PAIX ET LA SECURITE

La chute du mur de Berlin et la fin de la division du monde en deux blocs antagonistes ont ouvert la boîte de Pandore des ambitions planétaires de pays comme le Japon. Déjà, à la fin des années 1970, le gouvernement Ohira (1978-1980) avait affirmé le rôle du Japon dans le monde, en se penchant sur le concept de « sécurité globale » qui reflétait une mondialisation des préoccupations japonaises. Celle-ci ne devait pas être envisagée stricto sensu, mais dans un sens plus large. Elle partait du principe selon lequel l'économie japonaise dépendant du reste du monde, tant pour ses approvisionnements en matières premières que pour ses débouchés, le Japon devait prendre une responsabilité plus grande dans sa stabilité et son développement. Il s'agissait donc là d'une mondialisation des préoccupations japonaises. Ainsi, la politique globale avait pour but d'affermir les valeurs traditionnelles des Japonais sur le plan intérieur, tout en ouvrant largement le pays au monde, afin qu'il y joue un rôle à la mesure de sa puissance.135(*)

Mais ce sont les bouleversements géopolitiques planétaires du début des années 1990 qui ont aiguisé les appétits de puissance du Japon. D'ailleurs, il est indéniable que le débat sur la place du Japon sur l'échiquier mondial évolue en faveur d'une plus grande prise de responsabilités de sa part, malgré les contre-feux allumés par sa grande rivale : la Chine. Toutefois, des hésitations se sont fait jour entre l'évocation permanente de sa politique onusienne et ses actions pratiques sur la scène internationale, notamment à l'occasion de la guerre du Golfe. Aujourd'hui, la contribution du Japon aux efforts de paix et de prospérité dans le reste du monde ne s'envisage plus ni comme un « partage du fardeau », ni comme une alliance inconditionnelle avec les États-Unis, mais comme une prise de responsabilité accrue dans les affaires de la planète. Longtemps accusé de s'être abrité derrière sa Constitution pour ne pas intervenir sur le terrain dans le cadre des opérations de la paix et de privilégier la « politique du chéquier », le Japon a dû faire évoluer son implication lors des crises africaines. C'est ainsi qu'il a accru depuis les années 1990 sa participation aux Opérations de maintien de la paix (OMP) de l'ONU136(*).

Sa première intervention sur le continent africain s'est déroulée au Sud-Ouest africain/Namibie d'avril 1989 à mars 1990, au sein du Groupe d'assistance à la transition (UNTAG). Puis ce fut la contribution, uniquement financière d'ailleurs, du Japon à la Mission des Nations Unies en Somalie (ONUSOM 2), au début de l'année 1992. Mais la bonne foi des Japonais ne peut être mise en doute dans leur refus d'engager des hommes en Somalie, dans la mesure où deux conditions devaient être réunies : qu'une demande des autorités locales (inexistantes à l'époque) soit effectuée et que la situation ne soit pas trop conflictuelle, car les militaires nippons n'auraient pas été autorisés à faire usage de leurs armes, même dans le cas de légitime défense. Si la participation du Japon à la Mission des Nations Unies pour la Vérification des Accords de paix en Angola (UNAVEM 2) fut quasi symbolique (trois personnes dans le cadre de la surveillance des élections), il en fut autrement au Mozambique. Le Japon s'était déjà mobilisé pour ce pays dans les années 1980, alors qu'il était en proie à une guerre civile qui avait occasionné des centaines de milliers de morts en 1984-1985. Quelques années plus tard, le Japon participait à la Mission des Nations Unies au Mozambique (UNOMOZ) avec un contingent de 53 militaires sur les 354 observateurs internationaux. Dans ce cas d'espèce, c'est le ministère des Affaires étrangères qui emporta la décision, alors que le Premier ministre Miyasawa était plutôt opposé à cet engagement. Le drame rwandais donna indirectement l'occasion au Japon d'affirmer sa présence militaire en Afrique. Il semble incontestable que la nomination de l'universitaire Sadako Ogata à la tête du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en 1991 ne fut pas étrangère à la décision du Japon d'envoyer un contingent de 260 hommes des Self Defence Forces (SDF), pour la première fois sous commandement japonais, à Goma. Les raisons que nous avons évoquées précédemment dans l'exemple de la Somalie s'appliquant au Rwanda, les militaires nippons furent basés de l'autre côté de la frontière, au Zaïre voisin. Le carcan constitutionnel japonais, et en particulier son article 9, étant trop contraignant, une réflexion sur son abandon ou sa modification a constitué un sujet d'opposition entre le Parti libéral démocrate (droite), au pouvoir jusqu'à il y a quelques mois, et l'opposition de gauche. Un premier pas a été franchi dans la « normalisation » des institutions japonaises le 9 janvier 2007, lorsqu'il s'est doté pour la première fois depuis 1945 d'un ministère de la Défense. Il n'en demeure pas moins que la participation militaire du Japon aux interventions de l'ONU n'est pas systématique. Ainsi, en 2007, le Japon a décliné l'offre qui lui a été faite de transporter les troupes burundaises au Darfour137(*).

* 135 M. Aicardi de Saint Paul (2010), op.cit, p.190

* 136 Idem, pp : 190-191

* 137 Ibid., pp : 191-192

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