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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

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par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

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PARAGRAPHE 2: LE JAPON DANS L'UNIVERS COGNITIF DES AFRICAINS : « UN ERSATZ GEOSTRATEGIQUE ET TECHNOLOGIQUE »124(*)

Considérant l'Afrique dans sa présentation physique comme une partie émergée d'un titan macrocéphale, dont la face regarde l'Orient et la nuque l'Occident, Hubert Mono Ndjana125(*) s'étonne de constater que l'Afrique tarde à ouvrir ses yeux qui regardent pourtant l'Asie, pour compléter ses connaissances et conquérir le monde. Cette situation, soutient le philosophe camerounais, lui semble regrettable, car occuper une position aussi centrale sur la planète avec l'Europe sur sa tête, les Amériques sur son dos et l'immensité asiatique face à elle, donne inévitablement à l'Afrique, le devoir de pivoter dans tous les sens, en toute liberté. Selon Joseph Vincent Ntuda Ebode deux explications peuvent justifier aisément l'entrée du Japon dans l'univers mental des Africains.

Premièrement, ce qu'il considère comme « une gestion victorieuse des contraintes » notamment géostratégiques inhérentes à sa situation insulaire et sa mise tutélaire par les Etats-Unis d'Amérique. L'Empire du Soleil-Levant est passé d'une position mineure et subordonnée à celle d'un partenaire majeur et incontournable pour Washington. Un retournement de situation qui ne saurait laisser l'Afrique indifférente, elle qui subit la subordination politique, économique, culturelle et stratégique par rapport à l'Europe. Deuxièmement, le type de développement hybride, alliant harmonieusement modernité et tradition et qui de ce fait semble plus proche du type qui prend corps en Afrique126(*).

A l'opposé des autres nations tombées sous l'hégémonie occidentale, le Japon127(*) à son éveil à la fin du XIXe siècle s'est coulé avec vivacité et rapidité dans le moule des civilisations étrangères plutôt qu'il n'a été modelé par ces civilisations. C'est ainsi que « les Japonais ont maîtrisé les innovations plutôt qu'ils n'en ont été les victimes. L'influence étrangère a anéanti d'autres pays mais elle a donné souffle au Japon », observe Ezra Vogel.128(*)

Le Japon est donc perçu «comme une source d'inspiration à laquelle il est important de puiser ». Il est en effet admis d'après Axelle Kabou129(*), que « le Japon et l'Afrique sont probablement plus proches de leurs traditions médiévales que les Occidentaux ne le sont des leurs » et qu'à la fin des années 1950, la situation économique, id est l'état de sous développement de nombreux pays d'Asie du Sud était comparable sinon moins satisfaisante que celle de certains pays d'Afrique subsaharienne. Mais les évolutions ultérieures ont été si divergentes qu'aujourd'hui, alors que l'Asie orientale joue quasiment le rôle de locomotive de l'économie mondiale, le continent noir connaît plutôt une désastreuse dégradation de ses conditions économiques.

Animé du désir de rattraper le retard technologique sur l'Occident, l'Etat japonais s'est engagé dans une campagne volontariste de propagation de l'idéologie technologique pour imposer des changements à une société où le temps et les unités de mesure étaient encore régis par les phénomènes naturels tels que les saisons ou le soleil. L'enseignement primaire est également devenu obligatoire dès 1871 avec un accent particulier sur le questionnement scientifique de la nature. Le pays s'est doté d'une masse critique d'ingénieurs et de techniciens capables de prendre la relève de l'assistance technique étrangère. Au niveau de ce tissu industriel, l'Etat a favorisé délibérément dans les différents secteurs d'activités, l'émergence de grands groupes capables de faire de la production de masse pour le marché domestique et l'exportation, en déployant avec succès les technologies de la deuxième révolution industrielle. « Pour créer les conditions d'une compétition intense au niveau domestique, le MITI a poussé les entreprises locales à acheter les licences ou à copier des technologies étrangères. Il a investi dans le développement des capacités pour absorber ces technologies et les améliorer »130(*)

Pour Barthélemy Biao131(*) et Emil Hatcheu Tchawe132(*) le développement en Asie en général et au Japon en particulier, n'a pu être possible sans de profondes mutations de politiques économiques. Elles apparaissent marquées par l'adhésion à des stratégies dites Out-ward looking et Export-puch de l'ouverture des économies au commerce international, un investissement approprié dans le développement des ressources humaines, un approfondissement financier par la libéralisation des taux d'intérêt, la réforme foncière et le développement du secteur agricole. En fait d'après Babissakana et Abissama Onana133(*) , « chaque pays qui veut accroître durablement le niveau de vie de ses citoyens doit faire tout ce qui est possible de faire pour accéder en permanence au grand marché international des capitaux privés. C'est le cas de tous les pays dits avancés et émergents ». Il semble que ces différentes approches théoriques rencontrent peu de « succès » lorsqu'elles sont confrontées aux réalités africaines, où les spécialisations dans le secteur primaire issues de la colonisation sont assez stables. Pourtant, la richesse se crée. Il n'y a pas de fatalité africaine dans des guerres absurdes, des gouvernements incompétents et corrompus, des comportements irresponsables de vie facile et de jouissance débridée. Depuis des siècles, l'Histoire nous enseigne à travers toute l'humanité, que se libérer, briser les chaînes, cela demande toujours une volonté, une décision et parfois... une révolution. C'est pourquoi il convient  d'éviter de faire le fétichisme des facteurs ou des moyens de la puissance. Encore faut-il pouvoir mobiliser lesdits facteurs de manière efficace afin de passer du stade de la potentialité à celui de l'effectivité. En cela, l'intelligence s'avère une matière inépuisable dans la dynamique de la transformation socio économique134(*).

* 124 La paternité de cette expression revient à Alima Zoa (2008), op.cit, p.155

* 125 Cité par Ntuda Ebode (2005), op.cit, p.125

* 126 J.V Ntuda Ebode (2005), op.cit, p.126

* 127 On constate que ce pays fortement conservateur sur le plan culturel et religieux a réussi un puissant développement industriel qui ne porte pas atteinte à l'essence même de la société japonaise et de sa culture.

* 128 Cité par S.C Alima Zoa (2008), op.cit, p156

* 129 A. Kabou, (1991), Et si l'Afrique refusait le développement ? , l'harmattan, Yaoundé, p.177

* 130 E. Nyambal. (2006). Créer la prospérité en Afrique. Dix clés pour sortir de la pauvreté.

Paris: L'Harmattan, p.122

* 131 B.Biao (1998)."Développement et mutations en Asie du Sud-est" in Simo (dir.) La politique de développement à la croisée des chemins. Le facteur culturel, Yaoundé: Editions Clé, p.144

* 132 E. Hatcheu Tchawe (2004), "Gérer le développement du Cameroun après l'ajustement : et si le modèle venait d'Asie ? " Revue Africaine des Sciences Économiques et de Gestion. Vol. VI. N° 2. P.81

* 133 Babissakana et Abissama Onana. (2005), Les débats économiques du Cameroun et d'Afriques. Yaoundé: Prescriptor,p.550

* 134 Alima Zoa (2008), op.cit, p.157

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