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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

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par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

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SECTION II : LES « NOUVEAUX ENJEUX » : CONTRER L'OFFENSIVE DES « PEER COMPETITORS » ASIATIQUES PRESENTS SUR LE CHAMP AFRICAIN.

En réalité, il ne faut pas succomber sur l'illusion du caractère inédit de ces enjeux qui ont toujours été présents, mais ils étaient beaucoup plus en latence. Les considérer donc comme de « nouveaux » enjeux revient simplement à dire qu'ils ont connu une certaine accentuation ces dernières années plus que par le passé, sortant ainsi de leur léthargie pour s'imposer progressivement aujourd'hui comme étant l'une des matrices structurantes des relations entre le pays du Soleil-Levant et d'autres pays issus principalement du giron asiatique qui ont nourri ces dernières années de réelles prétentions hégémoniques et qui ont fait de leur présence en Afrique un des tremplins sur lequel ils pourraient s'appuyer vue de parvenir à leurs fins. Parmi ces rivaux avérés, figurent en bonne lice l'Empire du Milieu (paragraphe 1) et le Pays du Gange (paragraphe 2)

PARAGRAPHE 1 : L'OFFENSIVE AFRICAINE DE LA CHINE

La dimension onusienne demeure essentielle dans la rivalité qui existe entre Tokyo et Pékin en terres africaines. Jusqu'au début des années 2000, la question du vote au sein de la commission des droits de l'homme semblait constituer un élément important. Cette importance s'est réduite depuis que les grandes puissances ont renoncé à présenter des résolutions « antichinoises ». Des éléments nouveaux sont apparus, confirmant l'importance de ce vote africain : la réforme des Nations Unies et l'éventuelle entrée du Japon au Conseil de Sécurité. Ils font ressortir « un véritable duel diplomatique entre Pékin et Tokyo dans l'arène africaine »182(*). La Chine tente d'obtenir de son côté, le soutien à l'ONU des pays africains sur la question de la définition des zones économiques exclusives qui l'oppose au Japon en mer de Chine, en leur offrant un « package diplomatique ».

La puissance montante de la Chine crée un dilemme pour ses voisins. Les pays d'Asie sont manifestement confrontés à des objectifs contradictoires dans leurs relations avec Pékin. Ils entendent bien sûr tous s'inscrire dans la dynamique de croissance, mais ils ne souhaitent pas que cette puissance économique altère significativement la posture diplomatique et stratégique de la Chine. La difficulté est particulièrement claire pour le Japon. Comme Washington, « Tokyo privilégie l'intensité croissante des liens économiques pour renforcer l'intégration de la Chine dans l'économie mondiale et favoriser l'adoption par ce pays de politiques pragmatiques. D'un autre côté, la relation bilatérale Chine-Japon reste marquée par des souvenirs historiques mal assumés et le renforcement de l'axe Washington-Tokyo a toujours été perçu à Pékin comme « un contre-feu préventif » à l'encontre d'une influence chinoise croissante. L'équilibre est tout aussi difficile à redéfinir pour Séoul, Pékin jouant un rôle pivot dans la gestion de la crise Nord coréenne. La Chine est donc dans tous les esprits183(*).

La dimension politico stratégique de l'intérêt chinois pour l'Afrique se complète dans une synergie particulièrement dynamique, d'un volet économique diversifié et d'importance croissante, notamment dans la prise de marchés dans le domaine clé de l'énergie, mais aussi dans les minéraux, le bâtiment et les travaux publics ou le marché des biens de consommation courante. Pour la Chine, l'Afrique présente le double intérêt d'être un réservoir de ressources et un vaste marché accessible aux produits chinois.184(*)

Sur le plan des ressources, depuis 2004, la Chine est le second importateur de pétrole africain, derrière les Etats-Unis et devant le Japon185(*).La Chine reçoit 30 % de son approvisionnement de l'Afrique (38 millions de tonnes sur 127 millions de tonnes en 2006). 85% des exportations africaines vers la Chine proviennent de l'Angola, du Congo, de la Guinée équatoriale, du Nigeria et du Soudan. L'importance du marché chinois est par ailleurs vitale pour un pays comme l'Angola puisque 60% de sa production sont exportés vers l'Empire du Milieu186(*). La part des exportations de l'Afrique vers la Chine est passée de 1,3% en 1995 à plus de 15% en 2009. La Chine a élargi de 190 à 4000 les produits africains exonérés de droits de douane. Ses besoins en matières premières (fer, bois, coton, diamant, cuivre, manganèse) sont considérables.187(*)

En termes de marché l'Afrique est pour la Chine un marché immense, ouvert sans contrainte aux produits chinois de grande consommation dont la faible qualité est souvent compensée par un coût adapté au  pouvoir d'achat des pays africains.  Les échanges sino-africains connaissent donc un nouveau record, ne dépassant pas 10 milliards de dollars en 2000, ils atteignaient 40 milliards de dollars en 2005 puis 55 milliards de dollars en 2006 et l'objectif de 100 milliards de dollars en 2015 pourrait être atteint. Ces échanges sont fortement appréciés par les Etats africains188(*).

Mais la Chine en Afrique a également pu jouer du relatif retrait de l'Occident qui, après la fin de la guerre froide et la disparition de l'URSS, et alors que l'importance stratégique de l'Afrique diminuait, a progressivement assorti ses programmes d'aide de conditions liées à l'amélioration des règles de gouvernance et de la démocratie. La Chine aujourd'hui, qui dispose de moyens nouveaux, est donc apparue comme un recours face à cette nouvelle exigence occidentale. Le montant de l'aide chinoise à l'Afrique est aujourd'hui significatif. Une promesse d'aide de 3 milliards de dollars a été faite avant le départ de Hu Jintao pour le continent Africain, qui a presque doublé. Cette aide, selon un principe constamment réitéré par Pékin, est accordée « sans conditions » c'est à dire sans « ingérence  dans les affaires intérieures » séduit la plupart des pays africains189(*).

La TICAD dont la 4ème édition a connu une mobilisation sans précédent et des engagements forts significatifs, est donc l'occasion pour le Japon de rattraper son retard en lançant une "diplomatie des ressources». Le Japon, qui avait été le premier acteur de poids à inaugurer des grands-messes avec l'Afrique, s'était aperçu, au milieu des années 2000, que d'autres, comme la Chine, lui avaient emboîté le pas et lui avaient ravi des positions stratégiques, surtout dans des secteurs clefs comme l'énergie. Il devenait vital pour le Japon de réactiver ses liens avec un continent qui contenait les matières premières qui lui faisaient cruellement défaut.

A ce titre, si elle les a précédées, la TICAD s'inscrit désormais au côté des dernières initiatives chinoises telles que le Forum de coopération Afrique-Chine de 2006 comme un cadre d'approfondissement de sa coopération avec le continent africain afin de faire face à l'influence grandissante de l'Empire du Milieu ici. Si le gouvernement japonais a semblé avoir réussi son pari en égalant voir en dépassant la performance de Pékin en 2006, il lui reste beaucoup à faire pour rattraper la percée économique chinoise sur le continent. Ainsi alors que les échanges entre l'Afrique et la Chine ont atteint 73 milliards de dollars en 2007, les échanges avec le Japon n'ont été que de 26 milliards de dollars. Pékin se trouve également aujourd'hui au premier rang des donneurs d'aide à l'Afrique tout en insistant sur "l'inconditionnalité" de cette aide. Face à ce nouvel instrument de la stratégie extérieure de la RPC, le Japon comme les Etats européens ne peut être que sur la défensive190(*).

* 182 V. Niquet (2006). « La stratégie africaine de la Chine » in. Politique Etrangère. Institut français des relations internationales. P. 362

* 183 Selon un sondage Ipsos-Reid d'août 2007, 54% des Américains considèrent que « l'émergence de la Chine comme une hyper puissance constituerait une menace pour la paix ».

* 184 V Niquet (2006), op.cit, p366

* 185 Lire J.Eisnman et D. Stewart dans « China - Japan oil rivalry spills into Africa ». Cet article est disponible sur <www.atimes.com>, consulté le 04 octobre 2010.

* 186 S.C Alima Zoa (2008), op.cit, p.146

* 187 Philippe Hugon, (2010), « Les nouveaux acteurs de la coopération en Afrique », in Revue internationale de politique de développement, mis en ligne le 11 mars 2010, Consulté le 07 septembre 2010. URL : http://poldev.revues.org/118

* 188 Valérie Niquet, (2007) « L'offensive africaine de la Chine », in La lettre du centre Asie, ifri, n°11

* 189 Idem

* 190 Julien Kita «  La 4ème TICAD : accélération de la coopération Japon-Afrique », la lettre du Centre Asie, IFRI, n° 26 du 10Juin 2008.

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