WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

( Télécharger le fichier original )
par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PARAGRAPHE 2 : VERS UNE PRECISION NOTIONELLE DE PUISSANCE MOYENNE

Au regard de ce qui précède, on peut dire que le concept de moyenne puissance s'est fort répandu au cours des dernières années dans la théorie des relations internationales. Une façon de définir ce concept est d'en énumérer les composantes : une moyenne puissance possède un certain niveau de capacité militaire et économique, et occupe à l'échelle internationale une position intermédiaire73(*)

En général, les moyennes puissances cherchent à jouer un rôle modérateur, coopératif dans le système mondial, en facilitant ou en déclenchant certaines lignes d'actions souhaitées au niveau international, ou encore en supervisant ou en orientant des régimes ou institutions . Comme on peut s'y attendre, à l'inverse des super (ou grandes) puissances qui tendent à étendre leur influence diplomatique au niveau mondial, les moyennes puissances ne cherchent pas des interventions d'envergure mondiale, mais se focalisent plutôt sur un nombre limité de domaines de crise et sur les politiques portant sur une région géographique précise.74(*)

En adhérant à l'idée d'un système mondial et au rôle des moyennes puissances dans le maintien de l'ordre mondial (qu'il soit ou non hégémonique), Robert T. Cox affirme que «les éléments clés du rôle de la moyenne puissance sont la possibilité de se distancer quelque peu d'une implication directe dans les grands conflits, un niveau suffisant d'autonomie par rapport aux grandes puissances, un engagement dans le sens de l'ordre et de la sécurité dans les relations interétatiques et la facilitation du changement dans le système mondial75(*)

Aussi, la notion de puissance moyenne décrit -elle une manière de penser une diplomatie plutôt que de rendre compte d'une position de classement. La sortie de la bipolarité et la mondialisation ayant libéré diverses ressources longtemps comprimées par le chape de plomb bipolaire, certains Etats ont disposé des moyens de se penser moyenne puissance, de faire le choix d'agir comme tel, de déployer une diplomatie qui se séparerait des rigueurs et des rigidités des alignements d'antan. Ainsi, cette catégorie est essentiellement subjective (c'est le principal apport du modèle behaviouriste). Variées sont les postures d'Etats qui de nos jours, permettent aux diplomaties de se distinguer dans ce rôle inédit : présents dès la guerre froide, les « Etas -tampons » comme l'était la Finlande ou les « Etats-barrières » à l'instar de la Turquie, gagnaient déjà une forme d'inédit et d'exceptionnalité qui les forgeait comme puissances à part. Aujourd'hui, les Etats rentiers, les Etats fournisseurs de matières premières, les Etats fortement peuplés, ceux disposant de ressources culturelles ou religieuses inédites rejoignent les Etats qui occupent le haut du tableau des performances économiques, commerciales, financières ou technologiques.76(*)

Dans un système international fondamentalement souple, flexible et multipolaire, « la puissance moyenne se définira donc comme celle qui entend déployer, face à l'hégémon, une diplomatie d'autonomisation et de mobilisation ou qui, du moins, affiche clairement sa volonté ou sa capacité de le faire »77(*)

Dans ces conditions, la puissance moyenne peut se stabiliser dans deux postures possibles. La première consiste à se saisir soit d'un vide de puissance propre à une région, soit une occasion stratégique de se rendre incontournable. On est proche alors de ce que l'on appelle « la diplomatie de niche ». Au gré des circonstances, l'Ouzbékistan, ou le Pakistan, servis par la crise afghane, l'Iran ou la Syrie, alimentés par l'instabilité propre au Moyen Orient, l'Ethiopie, confortée par les incertitudes propres à la corne de l'Afrique, purent ou peuvent encore jouer un jeu propre et produire une diplomatie leur offrant une latitude plus ou moins marquée, par rapport aux grandes puissances.

La seconde posture consiste à mettre ses ressources propres et ses capacités au service d'une diplomatie de rayonnement plus large. Suffisamment forte pour prétendre à un rôle international, mais trop faible pour pouvoir exercer une réelle hégémonie, la puissance moyenne cherchera à optimiser sa capacité en construisant une diplomatie de stabilisation, de médiation et de pacification. Dans la hiérarchie des coûts, la domination pure et simple est souvent inatteignable et dangereuse, car chargée d'incertitudes et d'effets pervers. Faute d'imposer son pouvoir, la puissance moyenne peut ainsi offrir ses vertus médiatrices, composées de savoir- faire diplomatique, de réseaux de toute nature, de prêts, de dons, d'aides conditionnelles, d'appui à la reconstruction. La puissance vient ainsi à se transformer en influence. A une diplomatie dispendieuse de la guerre est ainsi préférée une diplomatie de paix dont le coût, sans être nul, devient beaucoup plus modique.78(*)

Ainsi conçue, cette diplomatie de paix est bénéfique pour celui qui la promeut. Elle est évidemment valorisante, pourvoyeuse de prestige et d'influence ; elle offre les conditions de visibilité et d'activisme diplomatique sans couter trop cher, tant en moyens qu'en risques. Elle permet ainsi de se distinguer, à peu de frais et à moindre risque, de la puissance hégémonique.79(*)

En définitive, nous retenons que « les moyennes puissances sont des Etats qui, sur la base de leurs capacités et de leurs intérêts, se conduisent dans le système international comme des éléments catalyseurs sur le plan politique. Ils choisissent un domaine ou une région géographique où ils peuvent aider à produire les résultats désirés et se faire les champions d'interventions ou de politiques internationales qui souvent sont le reflet de leurs propres valeurs de société. De manière spécifique, ils chercheront à être des conciliateurs, des médiateurs ou des passerelles dans la politique mondiale ».80(*)

Dès lors, il est question de s'interroger sur l'enracinement de ce concept dans la politique étrangère nippone.

* 73 S. Cornelissen (2004), « La politique Japonaise de moyenne puissance et l'Afrique » in Afrique contemporaine Hiver 53, p.38

* 74 idem

* 75 R.T Cox (1989), «Middlepowermanship, Japan and future world order», International Journal, vol. 44, n° 4, p825

* 76 B.Badie, op.cit, p.219

* 77 Idem, p.220

* 78 Ibid., p.221

* 79 Ibid., p222

* 80 S. Cornelissen (2004), op.cit, pp : 48-49

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire