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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

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par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

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SECTION II : L'ENRACINEMENT DU CONCEPT DE PUISSANCE MOYENNE DANS LA POLITIQUE ETRANGERE DU JAPON

La situation internationale a subi une profonde mutation ces vingt dernières années avec la fin de la guerre froide. Dans ce cadre, le japon doit redéfinir son rôle sur la scène mondiale en modifiant les orientations de sa politique étrangère81(*). Selon Green82(*), il n'est pas de grand projet international sans signification politique au sens fort du terme. La question théorique de « moyenne puissance » tient compte d'un certain nombre de facteurs, de signes annonciateurs en rapport avec l'extension de l'agenda diplomatique et la combinaison de plus en plus complexe des instruments politiques. Considérer donc le Japon comme une puissance moyenne revient en premier lieu d'envisager sa diplomatie centrée autour de ses données thématiques majeures (paragraphe I) ; en second lieu, rendre compte de la dialectique d'autonomisation et de subordination qui structure fondamentalement sa politique étrangère (paragraphe II).

PARAGRAPHE 1: LES DONNEES THEMATIQUES DE L'ACTION INTERNATIONALE NIPPONE : LES PARAMETRES D'UN CHAMP DIPLOMATIQUE83(*)

La politique étrangère du Japon, comme celle de tous les pays se traduit par l'emploi des thèmes clés qui reviennent dans la majorité des déclarations officielles ou autres documents de base. Ces thèmes expriment les préoccupations et problèmes majeurs. Certains acquièrent avec le temps un caractère plutôt rhétorique, d'autres sont l'expression, des orientations de base, d'objectifs permanents ou encore traduisent des visées conjoncturelles ou relèvent de la tactique diplomatique. Toujours est-il que toute politique étrangère s'inspire de tous ces éléments que Pascal Dejoli Mbogning appelle « le référentiel ». En ce qui concerne l'Empire du Soleil-Levant, la paix et la prospérité sont des slogans employés pour encourager le libre échange (a) et la solidarité internationale (b).

a) La rhétorique de la paix et de la prospérité comme support du libre échange

Cinq ans après la défaite, la Guerre de Corée ouvre au Japon la voie vers ce que Marlis Steinert observe comme « une nouvelle ascension dans l'arène internationale ». Dans le climat de la Guerre Froide, les Etats-Unis d'Amérique ont besoin de renfort et signent rapidement un traité de paix à San Francisco en 1951 avec les ex-ennemis. L'Empire du Soleil-Levant pour accroître son influence diplomatique, entre dans des organisations internationales comme le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, l'Organisation des Nations Unies (ONU), l'Organisation de Coopération et le Développement Economique (OCDE) entre autres. La plupart de ses thèmes diplomatiques sont traités dans les « Diplomatic Blue Book » aussi appelés « White Papers ». De la sorte, il y a la publication du Gaimusho qui a résumé la politique étrangère des années 1960. Sont évoqués les concepts de base : la liberté, la sécurité et la prospérité. Le désir de fonder la sécurité du pays, son existence sur la justice et la volonté de paix, avait été exprimé d'une part dans le préambule de la constitution japonaise, renforcé d'autre part dans l'article 9 ; « le leitmotiv de sa politique de défense ». Quel serait l'instrument japonais pour rendre une telle paix possible ? Depuis le début des années 1990, le Japon s'est engagé de plus en plus activement dans les efforts en faveur de la construction de la paix et de la stabilité internationale. Sa participation aux opérations onusiennes de maintient de la paix et au soutient à la solidarité internationale a été remarquable comme l'indique la cartographie ci-dessous.

Sources : « Le Japon face au dynamisme de l'environnement stratégique », journée d'études Actes du 10 décembre 2007. Fondation pour la Recherche Stratégique, p.34

Il semblerait que ce soit sa « diplomatie luttant pour la paix » déployée à l'ONU, comprenant thématiquement entre autres le règlement pacifique des conflits, le désarmement, l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et le dialogue Nord-Sud.

A côté du thème fondamental de la paix, c'est celui séculaire de la prospérité qui est mis en évidence. La « diplomatie de la prospérité » consiste en l'expansion du commerce par l'abaissement des tarifs, la libéralisation des importations, la coopération financière pour le développement scientifique. C'est une diplomatie en faveur du libre échange et de la coopération internationale basée sur la maintenance de liens très étroits avec les Etats-Unis d'Amérique et ceci dans tous les domaines. Bien qu'il ait atteint une certaine situation de self-reliance, le Japon doit promouvoir une entente avec l'ensemble des nations et multiplier des échanges culturels. La « diplomatie multilatérale » est apparue pour la première fois dans le livre diplomatique de l'année 1974. Elle est la conséquence de ce que les observateurs économiques ont appelé les « Nixon shokku » et de la crise du pétrole. Cette « diplomatie multilatérale » est marquée par les visites du Premier ministre à l'étranger ainsi qu'une présence continue dans les différents continents. Aussi,  dans le cadre de l'ONU, elle mise sur la coopération dans les grandes enceintes internationales comme le FMI, le GATT ou l'OCDE.

b) La rhétorique de la paix et de la prospérité comme support de la solidarité internationale

Le gouvernement nippon s'emploie en se donnant officiellement l'ambition d'une politique globale et popularisant l'idée d'une nécessaire « internationalisation » (Kokusaika) à obtenir de l'étranger un jugement plus favorable, tout en portant à un degré supérieur l'expression économique. Depuis la dégénérescence  des régimes communistes et la fin de l'affrontement politico symbolique qu'il signifiait, on a pu parler de l'accroissement de l'indépendance des Etats, de l'émergence d'un monde unipolaire, de l'avènement d'un monde « post international ». Face à ces modifications externes considérables, le Japon est forcé de s'interroger une fois encore sur les buts et moyens de sa politique étrangère et son rôle dans la communauté internationale.

En Afrique du Sud le 9 janvier 2001 par exemple, le Premier ministre Yoshiro Mori s'est prononcé pour une diplomatie nippone au XXIème siècle en faveur de la paix, introduisant à la même occasion pour la première fois, le concept de « sécurité humaine ». Dans ce sens, a-t-il souligné, le succès ou l'échec de la coopération avec l'Afrique pour y assurer cette « sécurité humaine », constitue un test important pour le fondement même de la diplomatie japonaise. Lors de son discours de politique générale le 26 septembre 2006 à la Diète, le Premier ministre Shinzo Abe a encore abondé sur « les ritournelles »  traditionnelles de la diplomatie nippone. Son gouvernement, a-t-il martelé, sur le plan des affaires étrangères et de la sécurité aura, pour but « de démontrer encore plus clairement l'alliance entre le Japon et les Etats-Unis d'Amérique, au service de l'Asie et du reste du monde, et de contribuer activement à une solidarité internationale ». Dans son intervention84(*) durant le colloque de l'Institut Japonais des Etudes Internationales, le 30 novembre 2006 à, M. Taro Aso alors chef de la diplomatie japonaise, a parlé de « diplomatie vertueuse » et de l' « arc de la liberté et de la prospérité » indiquant à l'occasion que ces deux expressions constituent le nouvel axe de la politique extérieure nippone. « Le rôle de la diplomatie est aussi, (poursuit-il), de donner aux citoyens une certaine fierté réaliste, décente et paisible. En ma qualité de ministre des affaires étrangères, je cherche à mener une diplomatie qui suscite le dynamisme et donne confiance aux Japonais ».

On peut donc se rendre compte que toute politique est inspirée d'un référentiel. Ce dernier n'est qu'un « ensemble de normes prescriptives qui donne un sens à un programme politique en définissant des critères de choix et des modes de désignation des objectifs85(*) » .Il est dès lors utile d'apprécier l'état d'activité de la politique étrangère de Tokyo à l'aune du modèle de puissance moyenne car la récurrence de la paix et de la prospérité dans la rhétorique diplomatique du japon conjuguée à des actions internationales concrètes en vue de le matérialiser constitue autant d'opportunités qui conduisent le japon à adopter un comportement de « bonne citoyenneté internationale ». Elle lui est donc pourvoyeuse de prestige et d'influence dont le rayon d'action déborde largement son environnement immédiat.

* 81 K. Kakizawa (1996), « La nouvelle définition de la politique étrangère du Japon » in Politique Etrangère, Volume 61, Numéro 2, p.293

* 82 M.Green (2001). Japan's reluctant realism. Foreign policy challenge in an era of uncertain power. New York: Palsgrave.

* 83 La majeure partie des idées développées dans cette sous partie ont été tirées du Mémoire de DEA d'Alima Zoa (2008), op. Cit, pp : 35-38

* 84 Voir <www.mofa.go.jp/announce/fm/aso/speech0611.html>

* 85 P. Mbogning (1999). "L'Asie dans la politique étrangère du Cameroun depuis 1960. Etudes des influences de l'histoire et des mutations internes et internationales sur la hiérarchisation des partenaires étrangers". Thèse de doctorat 3e cycle en Relations internationales, IRIC.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille