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De la TICAD III à  la TICAD IV: enjeux et mutations de la politique africaine de coopération du Japon

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par Patrick Roger Mbida
Université de yaoundé II  - Master professionnel 2011
  

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PARAGRAPHE 2 : LA DIALECTIQUE SUBORDINATION /AUTONOMIE COMME FACTEUR STRUCTURANT DE LA POLITIQUE ETRANGERE NIPPONE.

Dans cette perspective, toute l'action internationale du Japon doit être comprise comme l'exercice délicat qui vise à maintenir la relation de subordination avec les États-Unis tout en s'autonomisant sur les points où ses objectifs nationaux particuliers ne coïncident pas avec ceux de la puissance tutélaire.

Le plus fondamental de ces objectifs, celui-là même qui justifie le lien de subordination est d'affirmer son statut de puissance régionale, qui ne va pas de soi aux yeux des autres pays d'Asie. C'est ce qui explique sa rigidité extrême dans les litiges territoriaux qui l'opposent à ses voisins86(*) , et l'obstination du Parti Libéral Démocrate (PLD) à ne jamais reconnaître officiellement la culpabilité du Japon pour les agressions commises pendant la période coloniale. Cette intransigeance a notamment empêché Séoul et Tokyo de signer un traité de paix avant 1965, bien que cela aille à l'encontre des intérêts américains en affaiblissant la solidarité du camp anticommuniste en Asie. Après 1989, Tokyo a invoqué la question des Kouriles pour refuser son aide économique à la Russie, malgré les insistances américaines. En 1996, son attitude provocatrice aux Senkaku a donné lieu à des affrontements avec les Chinois qui étaient la dernière chose que pouvait souhaiter Washington, gendarme des mers asiatiques, au moment où Clinton amorçait un rapprochement avec Pékin.

Le Japon cesse aussi de suivre la diplomatie américaine quand celle- ci menace ses objectifs vitaux permanents. Alors que tous les alliés asiatiques de Washington ont envoyé à un moment ou un autre des forces combattre en Corée ou au Vietnam, il s'y est toujours dérobé, conformément au principe fondamental qui lui dicte d'éviter la guerre sur le continent. Les années 1972 et 1973 constituent un tournant, quand D'abord en reconnaissant la République Populaire de Chine (RPC) et en rompant abruptement avec Taiwan ; puis en s'autonomisant davantage des États-Unis au Moyen-Orient pour assurer ses approvisionnements pétroliers.87(*)

Il ne s'agissait encore là que d'ajustements tactiques dans le cadre stratégique de la subordination nécessaire. Mais, plus la catastrophe de 1945 s'estompe et plus sa puissance économique s'affirme, plus le Japon semble tenté de revenir à une stratégie d'affranchissement. Sur fond de bras de fer commercial permanent avec les États-Unis, la «diplomatie tous azimuts » (zenhoi gaishô) des années 1972-1980 en direction de Moscou et Pékin puis le recentrage asiatique amorcé avec la formulation de la « doctrine Fukuda » en 1977 sont sous-tendus par la volonté de relâcher la relation de dépendance en s'appuyant sur de nouveaux partenaires. Après 1980, cette pulsion s'exprime de plus en plus ouvertement au sein du PLD, où une aile néonationaliste très active proclame sa volonté de refaire du Japon un « État normal » (futsu no kuni) en lui rendant la liberté de ses armements et en renégociant le traité de sécurité sur la base de l'égalité, voire en y mettant un terme 88(*)

Au terme de ce chapitre, on peut retenir qu'en se conduisant en moyenne puissance sur l'échiquier international,  la démarche nippone permet d'avoir un regard neuf sur la dichotomisation réactive/proactive de sa politique extérieure. Elle adhère ainsi à l'idée d'un système mondial et au rôle des moyennes puissances dans le maintien de l'ordre mondial, rôle bien décrit par Robert T. Cox.89(*) Ce qui nous fait dire avec Marc Aicardi de Saint-Paul90(*) que « grâce à la fin de la Guerre Froide, le Japon a accru son autonomie sur la scène internationale »

* 86 Les quatre îles Kouriles avec l'URSS, l'île Tokushima avec la Corée et le minuscule archipel des Senkaku avec la RPC et Taiwan.

* 87 J-M Bouissou, (1999), « une spécificité japonaise ? » in Pouvoirs, revue française d'études constitutionnelles et politique  n°88 : La politique étrangère aujourd'hui, p.100 Consulté le 10 /08/2010. URL : http://www.revue-pouvoirs.fr/la politique étrangère aujourd'hui.html

* 88 Idem

* 89 Op.cit, p.825

* 90 Op.cit, p.150

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