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L'abstentionnisme électoral au mali depuis l'avènement du multipartisme en 1992.

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par Madou NIMAGA
Université Cheickh Anta DIOP de Dakar - DEA en Science politique 2006
  

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CHAPITRE II : Les facteurs liés à la conjoncture.

Par facteurs liés à la conjoncture, on entend les facteurs relatifs au contexte social, politique ou économique dans lequel chaque élection est organisée.

Dans la sociologie électorale, il est bien établi que chaque élection se joue sur des enjeux qui varient selon la nature de l'élection et selon la perception par les électeurs des problèmes de l'heure ainsi que la capacité des candidats à y trouver remède.

Il faut aussi entendre, les facteurs relatifs au calendrier électoral, en ce sens que, lorsque celui coïncide avec des périodes peu propices pour une plus grande mobilisation électorale. C'est le cas lorsque la période électorale a coïncidé avec l'hivernage ou la saison des pluies. Si l'on sait que les activités agricoles constituent la principale occupation des populations maliennes pendant la saison pluvieuse.

Le charisme ou la personnalité des candidats en lice ainsi que la pertinence de leur offre électorale sont aussi des facteurs influençant la participation électorale.

Ainsi au terme de nos enquêtes, ils sont nombreux, les enquêtés à fustiger la faible perception des enjeux électoraux (Section I) et le calendrier électoral comme souvent un obstacle pour une large participation électorale (section II).

SECTION I : Les enjeux électoraux.

Les études sur le comportement électoral ont presque toutes montré l'influence décisive des grands enjeux entourant une élection sur l'orientation du vote ou sur la participation électorale. Il s'agit ici pour nous de voir comment, les enjeux électoraux peuvent-il constituer un facteur explicatif de l'abstentionnisme électoral au Mali.

Rappelons que le caractère décisif d'un enjeu sur la participation électorale dépend surtout du niveau général de connaissance, d'information ou de perception des offres électorales à travers des débats politiques directs et intelligibles83(*) entre les différents responsables politiques.

Ainsi, nous allons examiner ici, la faible intensité du débat politique (Paragraphe 1) et la pertinence de l'offre électorale (Paragraphe 2).

Paragraphe 1: Le débat Politique.

Si depuis l'instauration de la IIIème République en 1992 et jusqu'à nos jours, le pluralisme médiatique a connu une évolution considérable, force est de constater, une rareté du débat politique entre les acteurs politiques maliens.

En effet, la multiplicité et l'intelligibilité des débats politiques sont indispensables pour l'information des citoyens surtout en période électorale qui est enfin déterminante pour leur participation à l'élection. Un citoyen bien informé des enjeux électoraux, des programmes défendus par les candidats en compétition, c'est-à-dire la capacité de chaque candidat à apporter des solutions aux problèmes du pays, est plus incité à accomplir son devoir civique.

L'électeur du troisième millénaire devient de plus en plus un « électeur rationnel » adaptant à court et moyen terme, ses intérêts à l'offre du marché politique. Conscient de ses choix, le citoyen minimise ses pertes et maximise ses chances de profit par un calcul coût-avantage en considérant le coût physique du vote (nécessite de se déplacer, inscription, opérer un choix...). L'avantage qu'un électeur peut tirer de son vote est surtout la satisfaction d'avoir accompli son devoir civique, ou la satisfaction à travers la victoire du candidat qu'il a soutenu par son vote.

L'électeur rationnel84(*) à donc besoin de toutes les informations qui entourent un scrutin donné pour mieux opérer ses choix. Nombres de citoyens suivent l'actualité politique sur les médias bien qu'ils ne soient pas des militants actifs de partis politiques ou ne s'intéressant pas à la politique en tant que tel. Aussi, la plupart personnes interrogées reconnaissent avoir mené des discutions politiques, mais dans une sphère privée (familiale ou avec ses amis).

La faiblesse du débat politique entre les différentes tendances politiques du pays, crée une sorte d'apathie politique surtout sur le front électoral.

Le code électoral malien ne prévoit pas une confrontation médiatique directe entre candidats ni au premier, ni au second tour des élections présidentielles. Il se contente seulement de repartir le temps d'antennes entre les candidats dans les médias d'Etat et ces derniers se succèdent individuellement pour exposer leur programme ou projet de société. Les électeurs seraient mieux éclairés et plus incités s'il y avait de débats contradictoires directs entre les candidats en vue de la confrontation des programmes politiques ou projets de société.

En plus, hors des périodes de campagne électorale, les émissions politiques au niveau de l'ORTM voire des médias privés sont presque inexistantes. L'histoire politique du Mali nous montre qu'après le débat direct télévisé qui a apposé les deux premiers candidats arrivés en tête lors du premier de l'élection présidentielle de 1992, Alpha Oumar KONARE (Candidat de l'ADEMA-PASJ) et Tiéoulé Mamadou KONATE (Candidat de l'US-RDA), jamais un tel duel public ne s'est répété dans notre récente histoire démocratique. Or, si on jette un regard dans les grandes démocraties comme par exemple, les Etats-Unis d'Amérique, la France, on se rend compte que la confrontation directe devant médiatisée est devenue quelque chose d'institutionnelle et attire l'attention de nombreux citoyens. Ce débat politique est considéré dans ces pays comme l'une des activités politiques la plus suivie et joue un impact considérable sur la participation au vote. En France, lors de la présidentielle de 2007, le duel qui a opposé Nicolas SARKOZY (candidat de l'UMP85(*)) à Ségolène ROYAL (candidate du PS86(*)) a mobilisé plusieurs millions de téléspectateurs et auditeurs.

Nous pensons qu'au Mali, l'arrivée à la tête du pays du candidat « sans parti », Amadou Toumani TOURE en 2002, explique en partie la baisse d'intensité des débats contradictoires entre les tendances politiques avec le concept cher à lui de gestion consensuelle du pouvoir, qui consiste à gouverner avec l'ensemble de la classe politique dans le consensus. En effet, pendant le premier quinquennat (2002 - 2007) du Président TOURE, le peuple a assisté à une sorte de complicité entre les partis politiques et le Président de la République qui a rendu la vie politique malienne homogène c'est-à-dire sans opposition significative.

Cette situation politique a beaucoup contribué à baisser l'intensité du débat politique avec l'absence de toute opposition réelle, puis que les trois grands blocs politiques de l'époque, l'ARD87(*), l'Espoir 2002 et l'ACC88(*) soutenaient les actions du Président de la République.

Une grande démocratie suppose toujours l'existence d'une certaine opposition politique significative qui critique les actions du gouvernement, critiques qui éclairent les citoyens de la manière dont sont conduites les affaires publiques et permettent au gouvernement d'être vigilant.

Si l'intensité du début politique entre les acteurs politiques influence la participation électorale, il n'en demeure pas moins pour ce qui concerne la pertinence de l'offre électorale.

* 83 Intelligibles c'est-à-dire dans des termes et des langues compris par la majorité de la population. Au Mali, le français étant la langue officielle de communication, la plupart des discours sont faits dans cette langue qui n'est parlée que par un Malien sur quatre à peu près.

* 84 Dont LANCELOT et HARBERT, 1996 : p56, traçaient déjà le portrait dès les élections législatives 1988.

* 85 Union pour la majorité présidentielle.

* 86 Parti Socialiste.

* 87 Alliance pour la République et la démocratie.

* 88 Alliance pour la Convergence et le Changement.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus