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L'abstentionnisme électoral au mali depuis l'avènement du multipartisme en 1992.

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par Madou NIMAGA
Université Cheickh Anta DIOP de Dakar - DEA en Science politique 2006
  

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Paragraphe 2 : L'éloignement du bureau de vote de l'électeur.

L'éloignement géographique du bureau de vote des populations surtout dans les zones reculées comme dans les milieux nomades constitue donc un facteur décourageant pour la participation électorale. Il s'agit, de la distance géographique entre l'emplacement du dispositif des bureaux de vote et les électeurs.

Le déploiement des centres de vote sur le territoire national doit répondre à cette préoccupation des citoyens. En effet, plus l'électeur est isolé géographiquement plus il a tendance à s'abstenir du vote surtout ceux qui n'ont pas un engagement politique assez élevé.

Au Mali, les périodes électorales coïncident très souvent avec le début des semailles77(*) dans le sahel. Ce qui n'est pas propice pour une forte participation électorale de la part des populations dont la conscience civique est encore faible. En plus, l'hivernage contribue à isoler certaines localités du reste du pays à cause de la montée du niveau des eaux de rivières.

La loi électorale78(*) prévoit qu'il est crée un bureau de vote au niveau du Chef lieu de cercle et du district de Bamako (art.180 de la loi du 04 septembre 2006).

Si l'on se réfère sur cette disposition, seuls les chefs lieux de circonscription ont droit à l'implantation du bureau de vote. Cependant, dans la pratique toutes communes ainsi que les principales juridictions de l'étranger disposent des bureaux de vote.

La question qui se pose ainsi, est de savoir si cette configuration des bureaux de vote (leur nombre, leur déploiement ou emplacement) ne constitue-t-il pas un facteur explicatif de l'abstention électorale ?

De prime abord, il faut souligner que la création des bureaux de vote, leur ressort ainsi que leur emplacement font l'objet d'une décision du représentant de l'Etat dans le cercle (Préfet) et dans le district (Gouverneur)79(*).

Lors des élections générales de 2002, le nombre de bureaux de vote est passé à 12.004 bureaux pour 5.446.202 électeurs dont plus de 900 bureaux pour la seule ville de Bamako.

On a constaté une augmentation sensible du nombre de bureau de vote pendant les dernières élections générales de 2007 avec 20.278 bureaux de vote, dont 18.918 bureaux à l'intérieur du pays et 1.360 pour les juridictions de l'extérieur. Cependant, cette augmentation du nombre des bureaux est plutôt consécutive à celle du nombre des électeurs inscrits qui est passé à 6.884.522 inscrits. Les emplacements habituels des bureaux de vote n'ont presque pas presque connu d'évolution significative.

La loi électorale poursuit qu'il est crée au moins un bureau de vote dans chaque village ou fractions nomades pour 500 électeurs. Or, tous les villages, fractions nomades ou consulats ne comptent pas ce seuil d'électeur. S'il faut que les électeurs parcourent des kilomètres (villages en villages voire pays en pays) pour voter, le risque d'abstention est trop élevé.

C'est pourquoi les Maliens de l'extérieur sont plus abstentionnistes80(*). Or, le Mali compte un nombre assez important de ressortissants qui vivent à l'extérieur du pays. Ces derniers sont estimés à près de 3.000.00081(*) de personnes résidant principalement en Côte d' Ivoire, en Afrique Centrale, en France, aux Etats-Unis d'Amérique etc.

Il faut donc une vraie politique de rapprochement de nos compatriotes établis à l'étranger avec les autorités diplomatiques et consulaires en vue de faciliter l'identification, l'inscription, et le vote de cette catégorie importante du corps électoral.

Au regard de ces difficultés qui freinent la participation électorale, l'administration en charge de l'organisation technique et matérielle des élections doit tout mettre en oeuvre pour davantage rapprocher le bureau de vote des électeurs le plus proche possible.

Nul n'ignore que le coût humain du vote est élevé (déplacement vers le bureau de vote, souvent attendre son tour dans un long fil, et surtout effectuer un choix qui n'est pas du tout facile entre plusieurs candidats...), donc toutes les facilités doivent être mises à la disposition de l'électeur pour l'inciter à accomplir son devoir civique.

Au Mali, pendant les élections, les partis politiques qui disposent de moyens financiers conséquents se chargent de transporter les électeurs vers les centres de vote, à cause souvent de la distance qui les sépare. Cependant, cette attitude des partis politiques est critiquable dans la mesure où elle peut constituer une influence sur les décisions des électeurs le jour du scrutin, où toute forme de campagne électorale est interdite82(*).

Si les facteurs liés à l'organisation matérielle et technique des élections sont aussi déterminants à la participation ou à l'abstention électorale, il n'en demeure pas moins pour les facteurs liés à la conjoncture du moment susceptibles de peser sur la participation des électeurs.

* 77 L'impact de hivernage sera étudié dans le Chapitre II consacré aux facteurs conjoncturels.

* 78 En ligne, http://www.dgemali.com/loi.html, Consulté le 15/11/2007.

* 79 Article 180 al.2 de la loi électorale du Mali.

* 80 En termes d'illustration, lors des élections générales de 1992, seuls 10% électeurs Maliens inscrits en Côte d'Ivoire ont voté.

* 81 Au terme du Recensement Administratif à Caractère Electoral (RACE) de 2001.

* 82 En effet, l'article 122 de la loi électorale interdit tout attroupements, clameurs ou démonstrations menaçantes, qui auront troublé les opérations d'un collège électoral, porté atteinte à l'exercice du droit électoral ou à la liberté du vote. Les coupables seront punis d'un emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende de vingt cinq mille (25.000) à deux cent cinquante mille (250.000) francs. Loi N°06-044/du 04 septembre 2006.

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