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Evaluation du statut de conservation des primates diurnes a la périphérie nord-est du parc national de Korup, sud-ouest Cameroun

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par Laurent Serge NDENGUE MEKONGO
Université de Dschang - Ingénieur des Eaux, Forêts et Chasses 2011
  

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CHAPITRE 3. MATERIELS ET METHODES

3.1. Présentation de la zone d'étude

3.1.1. Localisation géographique

Le PNK fut créé par Décret présidentiel No 86/1283 du 30 octobre 1986. Il couvre 1260 km2 et s'étend entre 4053'-5028'N et 8042'-9016'E. Sa plus grande surface s'étale sur le département du Ndian (arrondissement de Mundemba) tandis que le reste de sa surface se trouve dans le département de la Manyu (arrondissement d'Eyumojock). Sa plus grande largeur est de 46 km dans le sens Est - Ouest tandis que sa plus grande longueur est de 66 km. Sa ZP est une bande de 3 km autour du parc et couvre une surface de 612 km2 (MINFOF, 2008). Le PNK est limité au Nord par la Reserve de forestier d'Ejagham, au Nord--Est par les Monts Nkwende, à l'Est par la ville de Toko, au Sud par la ville de Mundemba, et partage 28 km de sa bordure Sud-ouest avec le Parc National de Cross river situé au Nigeria.

La zone d'étude se situe dans la région du Sud-ouest, département de la Manyu, arrondissement d'Eyumedjock et plus précisément dans la périphérie Nord-Est du PNK où elle englobe sept villages (Bajoh, Abat, Mgbegati, Osselle, Bakut, Bayib-ossing et Basu) comme l'indique la Figure 1.

Figure : Carte du cameroun montrant le PNK et les villlages étudiés Source : Adama (2010)

3.1.2 Climat

Le climat de la zone de Korup est du type équatorial du Nord de la zone côtière, caractérisé par deux saisons une saison sèche de quatre mois (novembre à février) et une saison pluvieuse de huit mois (mars à octobre). La pluviométrie moyenne est de 4000 mm et les mois les plus pluvieux sont juillet, août et septembre. La température moyenne annuelle varie entre 23,70C et 30,20C. Les températures les plus élevées s'enregistrent en février

(28,40C) et les plus basses en août (25,40C). L'humidité relative moyenne annuelle est de 83%, les extrêmes étant respectivement de 98% et 66% (MINFOF, 2008).

3.1.3. Relief et topographie

PNK repose sur une surface plane à ondulée du refuge africain (roche mère précambrienne) et sur des hautes terres fortement disséquées, caractérisées par de longues pentes raides et irrégulières, des ruisseaux et rivières fortement incisées. Le terrain est caractérisé par des affleurements de granites, des tas de roches granitiques et des arrêtes. Il a été estimé que 17% du parc se situe entre le niveau de la mer et 120 m d'altitude (MINFOF, 2008).

3.1.4. Géologie et sol

> Géologie

La géologie du PNK est favorable aux objectifs de conservation car le sous-sol ne contient aucune ressource minérale. On n'y trouve ni charbon ni pétrole et la zone n'est pas susceptible de fournir de l'or ou du diamant (Geze, 1943). D'après Gartlan (1986), quatre types de roche géologique coexistent dans la zone de Korup.

· Basalte et Andésite dans l'extrême nord-est du parc ;

· Des grés sédimentaires du crétacé dans l'extrême sud du parc ;

· Une roche mère précambrienne: la majorité du parc (113.000 ha) est fait de deux types proches de roche mère précambrienne assez semblable. Ectinites, quartzites et gneiss prédominant à l'Est; gneiss, embrechites et une aire de granite syntectonique à l'Ouest ;

· Le basalte tertiaire constitue la plus ancienne roche mère dans les zones de plus grande élévation.

> Sol

D'après le MINFOF (2008) les résultats d'une prospection pédologique menée dans le but d'évaluer la compatibilité du sol de la région de Korup à une culture de palmier à huile ont révélé la présence dans cette région de quatre types de sol :

· D'anciens sols sédimentaires issus des grés du crétacé et des plaines côtières non volcaniques, couvrent 6.000 ha (4% du Parc) dans la partie sud du parc ;

· Le long de la bordure Nord-Est du parc se trouve une autre zone d'ancien sol sédimentaire qui couvre environ 9.000 ha soit 7% du parc.


· Dans le secteur extrême nord-est du parc, de vieux sols volcaniques couvrent environ 7.000 ha soit 5% du parc.

· Le reste du parc (104.000 ha soit 84% du parc) est couvert par des sols issus de la dégradation in situ des roches mères précambriennes: granites, gneiss, schistes, embrechites et ectinites.

Les sols issus de ces roches mères sont grossiers, rugueux, fortement acides et ont un faible statut nutritionnel. De façon générale, les sols rencontrés dans la région de Korup tendent à être extrêmement sableux, pauvres en éléments nutritifs et possèdent une faible capacité de rétention en eau. Ils sont généralement très acides et infertiles avec une faible concentration en éléments nutritifs et en matière organique.

3.1.5. Hydrologie

Il y a trois principaux réseaux de drainage dans le PNK. Le secteur Nord (40% du parc) est drainé par trois principaux ruisseaux qui se jettent dans la rivière Bake-Munaya. Ce dernier coule vers le Nord et se jette dans la Cross river. La zone centrale (41% du parc) forme un basin drainé par la rivière Ndian qui coule vers le Sud. Le secteur Ouest et le secteur Sud-Ouest (19% du parc) sont drainés par les rivières Akpasang et Korup qui coulent vers le Sud (MINFOF, 2008).

3.1.6. Flore

La végétation du PNK est comprise dans la vaste forét d'Afrique Centrale et de l'Ouest qui originellement s'étendait de l'Est au delta du Niger, à travers Cameroun, jusqu'en Guinée Equatoriale et au Gabon dans le Sud. Localisé au centre de la forêt refuge guinéocongolaise (Maley et Brenac, 1998), le PNK est réputé être, en plus du meilleure exemple encore existant de ce type de forêt, la forêt africaine la plus riche de toutes celles dont les données sont disponibles (Richards, 1952 cité par MINFOF, 2008). Il n'y existe aucune évidence d'une influence humaine majeure à travers les temps historiques et au moins dans la partie Sud du parc, la forét est presque primaire. En dépit du stress sur l'écosystème, la forêt dans ce secteur du parc a une biomasse et une production équivalente à celles des autres forêts africaines (Newbery et al., 1997). La région regroupe quatre différentes associations forestières qui ont été décrites par Letouzey (1985) puis partiellement prospectées par Duncan (1995)

· La forêt atlantique biafréenne : Elle se trouve dans la zone côtière humide avec une saison humide très prolongée, caractérisée par une dominance des espèces de césalpiniacée

large et grégaire. Cette forêt est très importante pour la conservation dans la mesure où elle renferme des espèces de plantes très peu connues, rares et endémiques.

? La forêt marécageuse : Elle apparaît sur des sols ayant une nappe phréatique

superficielle. La canopée est haute de 25-30 m et la diversité spécifique est pauvre. Les herbes et les arbustes sont rares et disséminés. Les espèces caractéristiques de cette végétation incluent : Crateranthus talbotti, Mitragyna stipulosa, Protomegabaria stapfiana, Diospyros preussi, Spondianthus preussi, Symphonia globulifera, Amanoa strobilacea, Raphia sp., Liparis sp., Affrofittonia silvestris et Renealmia sp.

? La forêt de piedmont : D'après Letouzey (1985), la forét de piedmont est semi

décidue. Elle est située entre 500 m et 800 m d'altitude et non dominée par les Césalpiniacées. Cette forêt sert de transition entre la forêt sempervirente de basse altitude et la forêt submontagnarde. La forêt semi décidue réfère à la zone de forêt secondaire résultant certainement des pratiques culturales. La forêt de piedmont est importante pour la conservation, car elle renferme une grande richesse spécifique avec un grand nombre d'espèces peu connues, rares et endémiques (Duncan, 1995).

? La forêt submontagnarde : Située au-dessus de 800 m d'altitude sur les sommets du

PNK, des réserves forestières de Nta-Ali et Ejagham, la forêt submontagnarde a une canopée haute de 15-20 m et les arbres caractéristiques de cette forêt sont: Anonidium mannii, Camptostylus sp., Zenkerella citrina, Chionanthus sp., Syzygium staudtii, Anthocleista scandens et Garcinia sp. La forêt sub-montagnarde est connue comme étant le hotspot de la diversité botanique. Elle supporte des espèces de plantes d'un intérét botanique particulier en raison de leur répartition limitée ou discontinue.

3.1.7. Faune

La faune de Korup est très riche et diversifiée. Elle compte 33 familles de mammifères regroupant 161 espèces différentes. Parmi les grands mammifères, elle incluse également le quart de tous les primates africains d'où l'importance du site pour la conservation des primates menacés tels que le drill et le colobe bai de Preuss. La zone renferme un grand nombre d'espèces courantes dans la forêt guinéo-congolaise parmi lesquelles l'éléphant de forét Loxodonta africana cyclotis, le buffle de forêt Syncerus caffer nanus et des espèces à distribution plus réduite incluant des espèces endémiques donc l'angwantibo de Calabar Arctocebus calabarensis, drill Mandrillus leucophaeus et le colobe bai de Preuss Piliocolobus preussi (MINFOF, 2008). La présence des hippopotames Hippopotamus amphibius a été signalée dans la rivière Munaya

(Reid, 1989). La zone renferme également 55 espèces de chauves-souris (MINFOF, 2008), 47 espèces de rongeurs (MINFOF, 2008), 410 espèces d'oiseaux regroupées dans 53 familles (MINFOF, 2008) dont au moins 40 notamment le perroquet gris Psittacus erithacus (chassé pour l'exportation) sont considérées comme étant menacées (MINFOF, 2008). Il a été estimé que la zone renferme 950 espèces de papillons, dont seules 480 ont été répertoriées à ce jour (MINFOF, 2008). Certaines espèces parmi lesquelles Euriphene schultzei et Thermoniphans bibundana sont considérées comme étant endémiques à la région située entre la Cross river et la rivière Sanaga (MINFOF, 2008). On y rencontre également 82 espèces de reptiles, 92 espèces d'amphibiens (taux d'endémisme élevé), 89 espèces de grenouilles et crâpeaux (huit ne sont pas encore décrites), deux espèces de tortues terrestres, trois espèces de crocodiles et 55 espèces de serpents, sans oublier les 130 espèces de poissons (MINFOF, 2008).

3.1.8. Milieu humain

La population de la zone se répartit en 28 villages, soit 5 villages dans le parc et 23 villages dans la ZP. Linder (2008) cité par MINFOF (2008) estime à 2700 âmes l'ensemble de la population des 28 villages du parc et de sa zone périphérique, avec 900 personnes pour les cinq villages situés dans le parc. Mundemba et le camp des travailleurs de PAMOL regroupent les plus grandes concentrations humaines près de la ZP et sont reconnues comme étant des menaces dans la partie Sud du parc. Les cinq villages à l'intérieur du parc sont difficiles d'accès et tendent à être moins peuplés (moins de 200 âmes par villages) à cause notamment des difficultés d'accès au marché (MINFOF, 2008). D'après Vabi (1999), il existe huit groupes ethniques dans la zone (Korup, Bakoko, Batanga, Ngolo, Ejagham, Balondo, Badiko et Balong) et une importante population Nigériane. L'ethnie Ejagham est celle qui domine dans la zone Nord du parc où se situe la zone d'étude.

3.1.8.1. Institutions locales

Chaque village est dirigé par un chef assisté d'un adjoint. Le chef, dans la plupart des cas est le plus instruit et ne réside pas souvent dans le village. La langue commune dans la localité est le pidgin. Parmi les institutions qui influencent la prise de décision dans les villages, on peut citer le Chef adjoint, le conseil traditionnel, le chef de quartier, les diverses associations de développement. Pour avoir accès aux services des institutions gouvernementales, les populations doivent se rendre dans l'un des centres urbains les plus proches à savoir Mamfé, Nguti, Mundemba, Ekondo Titi ou Kumba.

3.1.8.2. Activités humaines

Les activités humaines recensées dans la zone sont l'agriculture, la péche, le ramassage des produits forestiers non ligneux, l'élevage, la chasse et le commerce.

La forme d'agriculture prédominante est l'agriculture itinérante sur brülis les cultures de rentes (cacao, café, palmier à huile) y sont cultivées tout comme les cultures vivrières (manioc, macabo, plantain, banane). Une famille moyenne possède 5-8 ha de terrain, Mais de façon générale, seuls deux hectares sont cultivés et reste des terres étant mis en jachère. La main d'oeuvre utilisée est familiale et parfois étrangère (nigériane). Le manioc produit ici est abondamment transformé en gari pour ravitailler les marchés environnants. Les arbres fruitiers à l'instar des oranges sont également cultivés dans la région.

Les poissons capturés dans les activités de pêche sont largement consommés et représentent la plus importante source de protéines pour les femmes et les enfants (Malleson, 2000). La péche a pris de l'importance comme activité lucrative pour les hommes (Vabi, 1999). Mais, la pêche reste une activité de subsistance même si le surplus de poisson est vendu (Infield, 1988). La péche ici est une activité saisonnière avec une baisse d'activités pendant les mois pluvieux (juillet, août, septembre). Les techniques utilisées pour la pêche sont variables et regroupent : la pêche à la ligne, la pêche au filet, la pêche à la nasse et l'empoisonnement des ruisseaux et des rivières par des toxines végétales issues de la macération de fruits de Strychnos aculeata, Blya supida et Massularia acuminata (Reid, 1989) et par des produits chimique tel que le Gamaline.

La collecte des produits forestiers non ligneux représente traditionnellement une source majeure de revenus pour les femmes et progressivement pour les hommes et les enfants. Les produits collectés englobent les noix de kola Cola et Garcinia spp., l'oignon traditionnel Afrostyrax lepidophyllus, le moabi Baillonella toxisperma, la mangue sauvage Irvingia gabonensis, l'eru Gnetum spp., les noisettes Poga oleosa, le njansang Ricinodendron heudelotti, les «chewing sticks» Garcinia mannii et Massularia acuminate, les vins prélevés à partir du raphia Raphia hookeriana et du palmier à huile Elaeis guineensis et plusieurs autres plantes médicinales. La mangue sauvage, l'eru et le njansang ont une grande valeur économique et leur collecte dans la forêt, les champs et la jachère attire de plus en plus les hommes et les enfants en raison de la baisse des prises et des nombreux risques liés à la chasse (MINFOF, 2008).

La chasse ici est une activité à plein temps, bien qu'elle connaisse un ralentissement des activités pendant les périodes d'intenses travaux champêtres. La viande de brousse reste la source de protéine la plus importante dans les villages situés à l'intérieur et autour du parc. Les instruments de chasse les plus utilisés sont les armes à feu (fabriquées localement et très

rependues dans la zone) et les pièges. La chasse se fait de jour et de nuit avec l'usage des lampes frontales. L'important commerce qui s'est développé autour de cette activité assure l'approvisionnement en viande des marchés de Mundemba, Tombe, Mufako Batanga, Abat, Manyemen, Ajayuk Ndip au Cameroun et Ekongnaku au Nigeria (Vabi, 1999). La chasse procure une quantité de viande égale à 120 kg/an à chaque individu dans les villages situés à l'intérieur du PNK (Infield, 1988). Toutefois, la chasse reste une activité génératrice de revenues plutôt qu'une activité de subsistance. Dans les villages situés à l'intérieur du PNK, la quantité d'animaux prélevés par les chasseurs est estimée à 270.000 kg / an (soit plus de 29.000 individus) (MINFOF, 2008). Les animaux les plus prélevés sont le céphalophe bai Cephalophus dorsalis, le céphalophe bleu Cephalophus monticola et le porc-épic Atherurus africanus. Le colobe bai de Preuss Piliocolobus preussi, le drill Mandrillus leucophaeus, le léopard de forêt Panthera pardus et pangolin géant Smutsia gigantea sont vulnérables à la chasse et dans certaines zones, ils sont localement éteints (Infield, 1988).

En plus des activités sus citées, les populations de Korup pratiquent du commerce à petite échelle et l'exploitation frauduleuse du bois. Beaucoup de jeunes se sont lancés dans la production, l'achat et la vente de l'huile de palme en raison de sa forte consommation et de l'augmentation de son prix dans les marchés locaux.

3.1.9. Exploitation forestière dans la zone

Deux compagnies forestières, TRC et WIJMA, exploitent respectivement les UFA 11- 001 (TRC) et 11-005(WIJMA) situées en périphérie Nord-est du PNK. En plus du payement des taxes, ces exploitants forestiers s'engagent dans leurs cahiers de charge à assurer la

maintenance des routes, à construire des centres de santé et des points d'eau potable.

L'administration du parc a signé avec ces sociétés forestières des accords lui permettant de bénéficier du soutien de ces dernieres dans la construction et la maintenance des postes de contrôle forestier et de chasse, dans les patrouilles anti-braconnages et d'aider les exploitants à assurer une exploitation à faible impact (MINFOF, 2008).

3.2. Méthodologie

3.2.1. Choix du site

Le choix de ce site a été motivé par diverses raisons:

> il abrite un Parc National ; pour les populations riveraines;

> les sources alternatives de revenus sont insufisantes et la faune sauvage constitue la principale source de protéines animales;

> la ZP est dotée d'une grande richesse floristique et faunique, avec un taux d'endémisme élevé;

> ce site est convoité par de nombreuses sociétés d'exploitation forestière qui exploitent de nombreuses UFA;

> la chasse n'est pas contrôlée d'où le besoin d'envisager des moyens de gestion durable de la faune.

3.2.2. Données secondaires

Les données secondaires ont été tirées des documents relatifs à la zone d'étude et au thème. Pour ce faire, la bibliothèque du Département de Foresterie, la bibliothèque centrale de l'Université de Dschang et internet ont été mis à contribution.

3.2.3. Données primaires

La collecte des données primaires s'est focalisée sur des informations relatives à l'abondance, la distribution spatiale, la perception et les menaces des primates diurnes dans la zone d'étude.

3.2.3.1. Préparation du site

Le site a été divisé en trois zones en fonction de l'éloignement du parc : le site 1 est celle comprise dans le PNK, le site 2 regroupe les villages les plus proches du parc (Basu, Bajoh, Bakut) et le site 3 regroupe les villages les plus éloignés du PNK (Osselle, Mgbegati, Abat, Bayip-ossing) (voir Figure 2). Cette division du site a permis d'observer l'évolution de l'abondance des primates et des activités anthropiques du parc vers la zone périphérique. Dans le but d'inventorier les primates, des activités anthropiques et des plantes portant des fruits, deux méthodes ont été utilisées celles de transects linéaires et celles de recces. Seize transects permanents ont été utilisés. Ces transects sont répartis dans les différents villages que sont Mgbegati (site 3), de Bajoh (site 2) et dans le PNK (site 1) (voir Figure 2) et mesurent 2 km de long chacun, à l'exception de deux d'entre eux qui, à cause des obstacles que constituaient les rivières, ne mesuraient que 1,8 et 1,95 km. Chacun de ces transects a été parcouru quatre fois en cinq mois pour un effort de 127 km. Seize pistes préexistantes (pistes de chasses, pistes villageoises et anciens transects), en raison de deux pistes par village, ont également été parcourues deux fois chacune pour un effort de 98,232 km. Pour la réalisation de ces travaux d'inventaire, un total de 225,232 km a été parcouru.

Les deux méthodes d'inventaire ont été combinées dans le but de maximiser leurs avantages respectifs. La méthode de transect linéaire est celle qui fournit les résultats les plus fiables, mais nécessite beaucoup d'efforts pour la mise en place et l'entretien des transects tandis que les recces permettent la collecte des données sur des pistes préexistantes (pistes de chasse, pistes d'éléphants, pistes villageoises) ; ils donnent de ce fait des résultats biaisés mais permettent de collecter des données sur une grande surface en un temps réduit. De plus, les recces ont une influence moins destructrice sur la forêt comparée aux transects linéaires (White et Edwards, 2000).

Pour ne pas perturber les animaux et biaiser les résultats pendant la collecte des données, une équipe, composée d'un boussolier et de deux machetteurs, a nettoyé les transects plusieurs jours avant la collecte des données. Les coordonnées des points de départ et d'arrivée des transects ont été relevées à l'aide d'un GPS.

Réserve forestiére

Zone 1

Zone 2
Zone 3

Figure : Présentation des transect et recces dans la zone d'étude

3.2.3.2. Collecte des données

La collecte des données sur les transects s'est faite de façon presque identique à celle sur les pistes, la seule différence étant que les recces ne nécessitent pas le relevé des distances perpendiculaires. Les données ont été collectées par une équipe composée d'un pisteur et d'un releveur. Les personnes recrutées dans les villages étaient celles qui ont été formées et qui ont participé au programme de »Suivi de la faune sauvage» mené par le projet Korup de 1999 à 2003. Les recensements des animaux proprement dits commençaient entre 6h30 et 9h00 (car

l'inventaire commençait parfois après les pluies du matin qui s'achevaient généralement après 8h) et se terminaient vers 18h. La vitesse de progression moyenne pendant les inventaires était d'environ 1 km/h. Lorsque le point de départ du transect était repéré sur le terrain, les membres de l'équipe se déplaçaient dans la direction indiquée, parcourant le transect ou la piste (dans le cas des recces) le plus silencieusement possible, regardant et écoutant de tous les côtés pour détecter d'éventuels animaux. Des arrêts étaient faits toutes les 10 minutes pour écouter les cris des primates. Seuls les petits primates, suffisamment bruyants et détectables permettent un suivi des populations par observations diurnes directes (UICN, 2008). En ce qui concerne les grands singes, les techniques basées sur les comptages directs sont difficilement applicables en forêt dense, vu le faible taux de contact consécutif à une faible visibilité et à la difficulté d'approcher suffisamment la plupart des espèces (Buckland et al., 1993; White et Edwards, 2000). Au vu des raisons sus évoquées, le comptage des chimpanzés devait se faire via le comptage des nids et la densité des nids devait ensuite être convertie en densité animale (White et Edwards, 2000). Toutefois, les chimpanzés détectés l'ont été par vocalisation. Quand un animal, un groupe d'animaux, une activité anthropique ou un arbre portant des fruits était vu, les informations suivantes étaient notées sur des fiches de collecte de données préétablies (Annexe 1) : l'heure d'observation, le signe indicateur, l'age de l'indice, l'espèce, le nombre d'individus, la hauteur au-dessus du sol, la distance perpendiculaire entre l'axe du transect et l'axe passant par la position de l'animal (ou le lieu où l'animal a été vu avant tout mouvement), la distance le long du transect ou de la piste, le type d'habitat, la position GPS du point de rencontre avec l'espèce, l'activité de l'animal au moment de la rencontre, les noms ou les codes des arbres en fructification et leur position GPS.

Ont été considérées comme appartenant à un même groupe, les formations dont les individus étaient spatialement distants de moins de 50 m.

3.2.3.3. Distribution spatiale des primates

La distribution spatiale des primates a été déterminée à partir des coordonnées GPS, des points de rencontre avec les différents groupes pendant les inventaires. Ces coordonnées ont permis de constituer une carte de distribution spatiale de toutes les espèces de primates diurnes rencontrées pendant l'étude.

3.2.3.4. Détermination des facteurs qui influencent la distribution des primates diurnes dans la zone d'étude et les menaces

Les données collectées sur les transects ont permis de calculer les Indices Kilométriques d'Abondance (IKA) des activités humaines, des arbres portant des fruits et des primates dans la

zone d'étude. Les corrélations entre l'abondance de plantes porteuses de fruits et l'abondance des primates tout comme celles entre l'abondance des différentes activités humaines et celle des primates diurnes ont fourni une idée sur le type de relation entre les variables de l'étude. Les données d'inventaire associées à celles des questionnaires ont fourni des informations sur la pression humaine et les autres facteurs qui menacent les primates diurnes dans la zone d'étude.

3.2.3.5. Perception villageoise des primates diurnes dans la zone d'étude

Les données de la perception villageoise sur les différents primates diurnes ont été collectées à partir d'un questionnaire et des observations dans la zone d'étude. Un exemplaire de ce questionnaire est présenté en Annexe 3. Ce questionnaire porte sur la chasse en général, la chasse aux singes et la vision qu'ont les chasseurs par rapport aux primates dans la zone.

38 chasseurs ont été interviewés parmi les 69 présents dans l'ensemble des 7 villages. Seul les chasseurs au fusil ont été considérés dans le cadre de cette etude car se sont eux qui chassent effectivement les singes. Ils ont été interviewés de façon individuelle pour éviter que les réponses des uns n'influencent celles des autres.

3.2.4. Analyse des données

3.2.4.1. Estimation de l'abondance et de la densité des primates diurnes

N'ayant pas obtenu les 30 groupes nécessaires pour utiliser le programme Distance 5.0 (Laake et al., 1994), les différentes données collectées sur les transects et les recces ont été analysées ensemble à l'aide du logiciel Excel pour le calcul des Indices Kilométriques d'Abondance (IKA) en utilisant la formule suivante:

IKA = N/D avec

N = nombre d'observations ; D = distance parcourue

Les densités quant à elles ont été calculées par la méthode King en utilisant uniquement les données collectées sur les transects. La formule suivante est celle utilisée pour ce calcul :

D = Z/2XY avec

Z : Nombre d'individus de l'espèce observée ;

X : Longueur totale de tous les transects ;

Y : Distance moyenne à angle droit des lignes de marche de tous les individus de l'espèce observée.

En utilisant le logiciel Statistica 8.5, les différences entre les moyennes d'IKA ou de densités ont été testées grace au test d'ANOVA auquel a été associé le test de Duncan à un seuil dans le but d'estimer les différences statistiques entre les différents sites de la zone d'étude.

3.2.4.2. Cartographie de la répartition des primates, des activités humaines et des plantes en fructification

Afin de déterminer la distribution spatiale des différentes espèces de primates recensées, l'ensemble des données géo-référencées collectées pendant les inventaires ont permis grâce au logiciel Mapinfos 8.5 de générer une carte de distribution géo-spatiale permettant la localisation les différents points de rencontre avec les espèces de primates.

3.2.4.3. Détermination des facteurs qui influencent la distribution des primates

Le logiciel Statistica 8.5 a permis de calculer et de tester les corrélations entre l'abondance de chacune des espèces de primates et celles des différentes activités humaines. La relation entre la présence des activités anthropiques ou celle des plantes porteuses de fruits et la distribution des primates s'est évaluer par l'interprétation des coefficients de corrélation calculés par la formule de Pearson :

r = [?XY-XY/n] /[?X2-X2/n]1/2[?Y2-Y2/n]1/2 avec :

r: le coefficient de corrélation ;

X: la valeur moyenne d'IKA des primates ;

Y: la valeur moyenne d'IKA des activités anthropiques ou des arbres portant des fruits ; n: le nombre de paires d'observations.

3.2.4.4. Perception villageoise sur les primates diurnes dans la zone d'étude

Les données collectées à travers les questionnaires ont été analysées en utilisant des statistiques descriptives du logiciel Microsoft Excel 2007. Leurs interprétations, associées à celle des données sur l'abondance, ont donné un aperçu sur des menaces et de la perception villageoise sur les différentes espèces de primates.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams