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Evaluation du statut de conservation des primates diurnes a la périphérie nord-est du parc national de Korup, sud-ouest Cameroun

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par Laurent Serge NDENGUE MEKONGO
Université de Dschang - Ingénieur des Eaux, Forêts et Chasses 2011
  

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ABSTRACT

A study on diurnal primates was conducted between May and September 2010 in seven villages in the North-East periphery of Korup National Park (KNP). The objective was to contribute to a better management of diurnal primate populations through an updated database. This study was specifically aimed at estimating the abundance of diurnal primates, except for drills, to determine the factors influencing the spatial distribution of primates, to map the spatial distribution of different species of diurnal primates and to identify threats and the village perception on primates in the study area. Thus, a survey was conducted on 16 transects and 16 recces paths distributed in the study area and in KNP, for a total effort of 225.232 km. A questionnaire was also administered to 38 hunters of the seven villages prospected. It appears that the abundance of diurnal primates continues to decline compared to data collected from previous surveys in the area. Cercopithecus nictitans (0,209 #177; 0,221), Cercopithecus mona (0,221#177;0,213) and Cercopithecus erythrotis (0,131 #177; 0,179) are the most abundant primates. The distribution of primates is influenced by the availability of fruits and human activities. To date, species such as Cercocebus torquatus (0,014#177;0,062), Pan troglodytes (0,009 #177; 0,053) and Piliocolobus preussi (0,005 #177; 0,029) have found refuge in some remote areas where they continue to be hunted. The abundance of diurnal primates decreases from inside to the periphery of KNP. In addition, seen as easy game to hunt and as a source of income, primates are not really protected by taboos. Indeed, although certain species of diurnal primates are perceived as "animal totems», customs and traditions which are losing their values have no real effect on their conservation because the few existing restrictions on hunting and consumption of these animals are scorned by almost all the villagers. Primates in the study area are threatened by factors among which the destruction of habitat through agriculture and logging, excessive hunting, bushmeat and young primate trade. The control of hunting weapons and the fight against poaching are strongly recommended, as well as a community-based wildlife management sheme to counteract the disappearance of diurnal primate species through the creation of a community hunting area in the zone.

Keywords: Spatial distribution; Inventory; Threats; Diurnal primates. ; Korup National Park

CHAPITRE 1. INTRODUCTION

1.1. Contexte

En 2007 l'UICN, dans sa liste des 25 espèces de primates les plus menacées au monde, avait retiré certaines espèces, à l'instar du gorille des plaines orientales, qui y figuraient pourtant en 2005. En effet, une certaine attention avait été portée à leur détresse et diverses études portant sur, la détermination de la distribution spatiale et du statut de conservation, l'évaluation des menaces sur les éspéces sans oublier la sensibilisation environnementale avaient été menées. Ces études, qui par ailleurs s'inscrivent dans le cadre de la conservation de la biodiversité, ont souvent été menées dans la zone de Korup et ont largement contribué à la connaissance de l'immense biodiversité de ladite zone qui a acquis de ce fait une renommée internationale. Cela justifie le nombre élevé de recherches effectuées dans la zone. En effet, le Parc National de Korup (PNK) et sa Zone Périphérique (ZP) renferment un nombre impressionnant de formations végétales, d'espèces végétales et animales dont le quart de toutes les espèces de primates d'Afrique (Waltert, 2000).

Concernant les primates diurnes, on en dénombre huit espèces dont plusieurs sont menacées et soumises à une pression de chasse si forte que certaines de ces espèces sont devenues rares dans certaines zones. Ainsi, Edwards (1992) et Usongo (1997) observent sept espèces de primates diurnes dans le PNK. En référence à la liste rouge des espèces menacées de l'UICN, 75% des primates diurnes du PNK sont menacés (Astaras, 2009). Le statut des primates diurnes dans la zone de Korup tel que determiné par Usongo en 1997, est comme suit :

> espèces menacées : chimpanzé Pan troglodytes et colobe bai de preuss

Piliocolobus preussi;

> espèces rares : moustac à oreilles rousses Cercopithecus erythrotis et cercocèbe à collier blanc cercocebus torquatus ;

> espèces non menacées : hocheur Cercopithecus nictitans, Mone Cercopithecus mona et Cercopithèque pogonias cercopithecus pogonias.

1.2. Problématique

La chasse et les autres activités humaines continuent de modifier l'habitat des primates dans la zone de Korup (Edwards, 1992). Très peu d'études ont porté sur le statut des primates diurnes dans la zone. Ainsi, à l'exception du drill Mandrillus loeucophaeus étudié par Astaras (2009), il existe très peu de données récentes sur l`abondance et le statut de conservation des espèces de primates diurnes dans la zone. La question mise en relief par ces observations est

celle de savoir si la situation (abondance, distribution spatiale) des différentes espèces de primates dans la zone de Korup est telle que ces espèces puissent continuer à faire face à l'énorme et grandissante pression humaine qui sévit dans la zone. Ainsi, conscient du fait qu'il est nécessaire dans le cadre d'une gestion rationnelle de bien connaître la situation actuelle et les tendances évolutives de la ressource (primates diurnes), il est surtout question pour la présente étude de savoir :

> Quelle est l'abondance des primates diurnes à la périphérie Nord-Est du PNK ?

> Quelle est la distribution spatiale des primates diurnes à la périphérie Nord-Est du PNK ?

> Quels sont les facteurs qui influencent la distribution spatiale des primates diurnes à la périphérie Nord-Est du PNK ?

> Quelle est la perception villageoise sur les différentes espèces de primates diurnes de la zone d'étude ?

1.3. Objectifs

1.3.1. Objectif global

L'objectif global de l'étude est de contribuer à une meilleure gestion des populations de primates diurnes dans la zone de Korup à travers la determination de leur statut de conservation.

1.3.2. Objectifs spécifiques

Spécifiquement, Il s'est agit de :

> Estimer l'abondance des primates diurnes, à l'exception du drill, en périphérie Nord-est du PNK ;

> Cartographier la distribution spatiale des différentes espèces de primates diurnes dans la zone d'étude ;

> Identifier les facteurs qui influencent la distribution spatiale des primates, ainsi que les menaces, dans la zone d'étude ;

> Documenter la perception villageoise sur les primates dans la zone d'étude.

1.4. Importance de l'étude

La présente étude fournit de nouvelles informations sur les populations de primates diurnes dans la périphérie Nord-Est du PNK, notamment sur les effectifs et des tendances. Elle permettra une meilleure gestion des ressources (primates diurnes) à travers une meilleure orientation des priorités et des activités de gestion. Elle constitue aussi une des études initiées par

le projet Volkswagen devant contribuer à la mise en place d'une zone de chasse communautaire pour enclencher une gestion durable de la faune sauvage dans la zone.

1.5. Limites de l'étude

L'étude s'est entièrement déroulée en saison pluvieuse. Il est impératif de poursuivre la même étude en saison sèche pour avoir des données annueleles celles-ci n'étant fiable qu'en saison de pluies.

Il n'était pas possible de collecter les échantillons de lianes sur la cime des arbres, vu la hauteur de la canopée; cela aurait pourtant permis d'avoir une identification précise de certaines espèces consommées par les primates dans la zone.

CHAPITRE 2. REVUE DE LA LITTERATURE 2.1. Définition de quelques concepts

2.1.1. Aire protégée

Une aire protégée est une zone géographiquement délimitée et gérée en vue d'atteindre des objectifs spécifiques de conservation et de développement durable d'une ou de plusieurs ressources données (MINEF, 1994).

2.1.2. Zone tampon

La zone tampon est une aire protégée située à la périphérie de chaque parc national, réserve naturelle ou réserve de faune destinée à marquer une transition entre ces aires et les zones où les activités cynégétiques, agricoles et autres sont librement pratiquées (MINEF, 1994).

2.1.3. Ecosystème

L'écosystème est un complexe dynamique formé de communautés de plantes, d'animaux et de micro-organismes et de leur environnement non vivant qui par leur interaction forment une unité fonctionnelle (MINEF, 1994).

2.1.4. Habitat

D'après Ramade (1993), l'habitat est le lieu où vit une espèce donnée dans son environnement immédiat à la fois biotique et abiotique.

2.1.5. Diversité biologique

Au sommet de Rio de Janeiro en 1992, la diversité biologique a été définie comme étant la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris les écosystèmes terrestres, marins, aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie. La notion de diversité est liée à ce que les naturalistes appellent subjectivement la richesse d'un peuplement (Ramade, 1993). La diversité peut être divisée en trois catégories hiérarchiques : gène, espèce et écosystème.

2.1.6. Primates

Le terme primates désigne un ordre de mammifères placentaires euthériens. Ils se caractérisent par un neurocrâne considérablement développé par rapport à leur massif facial, des orbites en position facial et entourer d'un anneau osseux complet. Le pouce de la main (pollex) est toujours opposable tandis que celui du pied (hallux), excepté celui de l'homme présente une pseudo-opposabilité. La main est capable d'ample mouvement de supination et de pronation caractéristique d'une adaptation primordiale à l'arboricolisme, l'extrémité des membres est pentadactyle avec des ongles plats au lieu des griffes chez la plupart des primates (Betrand, 1998).

2.1.7. Primates diurnes

L'expression «primates diurnes» est utilisée pour désigner tous les primates actifs pendant le jour.

2.1.8. Chasse

La chasse est toute action qui consiste à (République du Cameroun, 1995):

> Poursuivre, tuer, capturer un animal sauvage ou mener des expéditions à cet effet ; > Photographier et filmer des animaux sauvages à des fins commerciales.

2.1.9. Braconnage

Le braconnage est toute action de chasse sans permis, en période de fermeture, en des endroits réservés ou avec des engins ou des armes prohibées (MINEF, 1995).

2.1.10. Gestion durable

La gestion durable consiste à utiliser les foréts d'une manière et à une intensité telles qu'elles maintiennent leur diversité, leur productivité, leur capacité de régénération et leur vitalité. Cette gestion durable des forêts doit également permettre de maintenir leur capacité de satisfaire actuellement et pour le futur des fonctions écologiques économiques et sociales pertinentes au niveau local, national et mondial (FAQ, 1994).

2.1.11. Statut d'une espèce

Le statut d'une espèce peut être défini comme la situation particulière de cette espèce à un moment donné.

2.2. Classification des primates

D'après Bertrand (2001), l'ordre des primates appartient à l'embranchement des vertébrés, à la classe des mammifères. Il se divise en deux sous-ordres : les Prosimii ou prosimiens et les Anthroponidae.

Les prosimiens se divisent en deux infra-ordres les loriformes qui regroupent quatre familles : lemuridae, indriidae, megalopidae et daubentoniidae, et les losiriformes qui regroupent trois familles : cheirogaleidae, galagidae et losiridae.

Les anthroponidae quant à eux se divisent en deux infra-ordres les platyrrhinii ou platyrhiniens ou singes du nouveau monde (Amérique du sud et du centre) et les catarrhinii ou catarrhiniens ou singes de l'ancien monde (Afrique, Asie).

Les platyrrhinii se divisent en trois familles (cébidés, Callithricidés, Atelidés) :

Les cébidés regroupent quatre genres, le genre Cebus (singe de taille moyenne à queue préhensible); et trois autres genres de singes à petite taille : Saïmiri (singes écureuils) ; Aotus (douroucouli), le seul primate supérieur nocturne ; et le Callicebus (titis).

Les Callithricidés qui regroupent : Les tamarins (Saguinus et Leontopithecus), les marmosets (Ouistitis, Callithrix et Cebuella) et le genre Callimico.

Les Atelidés qui incluent les Atelinés : singes-araignés (Ateles), miriquis (Brachyteles), singes-laineux (Lagothrix) et les hurleurs (Alouatta) ; et les pithécinés qui incluent les Saquis (Pithecia et Chiropotes) et les ouakaris (Cacajao).

Les catarrhinii se divisent en deux supers familles les Cercopithecoidae et les Hominoidae. Les cercopithecidae se divisent en Cercopithecinés et Colobinés.

Les Cercopithecinés se regroupent en deux tribus : les cercopithecini et les papionini. Les

premiers englobent les singes forestiers, excepté le Patas (Erythrocebus patas) et le vervet (Cercopithecus aethiops). Elle a un seul genre qui donne le rang de sous-genres au talapoin (Miopithecus talapoin), au singe gris-vert des marrais (Allenopithecus nigroviridis) et au singe rouge (Erythrocebus patas). La tribu des papionini regroupe cinq genres : Papio (babouins), Theropithecus (geledas), Cercocebus (comprend deux espèces : torquatus et albigena), Lophocebus, et Macaca.

Les colobinés se divisent en quatre genres : Colobus (strictement Africain) et trois genres asiatiques Presbytis, Pygathrix et Nasalis.

Les hominoidae ou anthropomorphes se repartissent en quatre familles : Hylobatidés (genres Hylobates et Nomascus qui comprennent tous les gibbons concolor), pongidés qui comprennent le genre Pongo, panidés (ensemble formé par les genres Pan et Gorilla) et hominidés qui referment les genres Homo.

2.3. Synthèse de quelques études

2.3.1. Espèces de primates diurnes présentes dans la zone d'étude

Le PNK a une très grande richesse spécifique, reflétée ici par la présence en son sein de quatorze espèces de primates parmi lesquelles neuf espèces diurnes dont le Cercocèbe à collier blanc Cercocebus torquatus, Moustac à oreilles rousses Cercopithecus erythrotis, Mone Cercopithecus m. mona, Hocheur Cercopithecus n. nictitans, Cercopithèque pogonias Cercopithecus. p. pogonias, Guenon de Preuss Cercopithecus lhoestis preussi (présent uniquement dans la réserve forestière de Nta-ali), Drill Mandrillus leucophaeus, Colobe bai du Cameroun Piliocolobus preussi, Chimpanzé Pan troglodytes (MINFOF, 2008). Toutefois, seules les cercocébe torquatus, moustac à oreilles rousses, mone, hocheur, cercopithèque pogonias, drill et colobe bai du Cameroun, soit sept des neuf espèces préalablement citées ont pu être recensées dans le secteur Nord du PNK (Edwards, 1992; Waltert et al., 2002). Un inventaire zoologique mené dans le PNK par Usongo (1997) a également identifié la présence de sept espèces dont Cercocébe torquatus, moustac à oreille rousse, mone, hocheur, cercopithèque pogonias, colobe bai du Cameroun et chimpanzé.

En majorité, les primates diurnes sont omnivores à tendance frugivores, avec des variations saisonnières qui les obligent parfois à consommer plus de feuilles et de bourgeons que de fruits lorsque ces derniers se font rares : tel est le cas du chimpanzé (Kingdon, 1997). Toutefois, le colobe bai du Cameroun reste essentiellement frugivore (Usongo, 1992).

2.3.2. Abondance des primates diurnes dans la zone de Korup

Des études sur l'abondance des primates diurnes ont été menées dans la zone de Korup et les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau 1.

Tableau : Abondance des primates dans le PNK

(Waltert et

al., 2002) (Usongo, 1997) (Edwards, 1992)

individus/km groupes/km groupes/km2 individus/km2

Transect Transect

Transect
(e t)

Cadrat
(e t)

Transect
(e t)

Cadrat
(e t)

Taille
moyenne
du
groupe

Espèces

 

Vues

Entendues

 
 
 
 
 

Cercopithecus

 
 
 
 
 
 
 
 

nictitans

75

0.07

0.19

0,01 (1,91)

1,52 (0,79

16,2

18,5

16

C. pogonias

42

0.04

0.11

0,50 (1,11)

0,84 (0,50)

8,0

13,4

16

C. erythrotis

16

0.01

--

0,29 (0,88)

0,33 (0,49)

4,6

4,8

16

C. mona

47

--

0.03

0,86 (1,49)

0,96 -0,61)

13,8

14,2

16

Cercocebus torquatus

2

--

0.01

--

0,04 (0,18)

--

0,8

21

Piliocolobus preussi

26

0.03

0.04

0,56 (0,01)

0,52 (0,40)

28,0

26,0

50

Mandrillus

 
 
 
 
 
 
 
 

leucophaeus

8

--

--

--

0,16 (0,33)

--

9,6

60

Pan troglodytes

--

--

--

--

--

--

--

 

Note : e t : écart type

Waltert et al. (2002) ont montré que bien que la plupart des primates de la communauté de primates originelle de Korup reste présent dans la zone d'étude; le colobe bai du Cameroun, le drill et le cercopithèque pogonias ont connu une remarquable diminution des effectifs entre 1990 et 2000 comme le confirme les données du Tableau 1. Ils sont allés plus loin en disant que le drill et le colobe bai du Cameroun font probablement face à une extinction locale.

2.3.3. Répartition des primates diurnes

Le tableau 2 résume quelques aspects de la distribution des primates diurnes présents dans la zone d'étude.

Tableau : Répartition des primates diurnes rencontrés à Korup

Espèces Aire de distribution à Aire de distribution en Afrique2

Korup (ha) 1

Cercopithecus nictitans 55-80 Rivière cross à la rivière Sanaga

Cercopithecus mona -- Rivière volta à la rivière Sanaga

Cercopithecus pogonias 55-100 Rivière cross à la rivière Sanaga

Cercopithecus erythrotis 30-90 Rivière cross à la rivière Sanaga

Colobus badius 16-53 Zone de Korup

Cercocebus torquatus 247 Ouest Nigeria au Gabon

Mandrillus leucophaeus 10 km2-20 km2 Rivière cross à la rivière Sanaga

Pan troglodytes -- Est-Nigeria à Ouest-Cameroun

Source : 1(Edwards, 1992) ; 2(Waltert et al., 2002)

2.3.4. Prélèvement des primates diurnes

Usongo (1996) a estimé les prélèvements de primates diurnes en fonction du mode de chasse dans la réserve forestière d'Ejagham près du PNK. Ses résultats ont montré que les prélèvements des primates se font principalement au cours de la chasse diurne avec usage des armes à feu (97% des prises). Le tableau 3 présente les taux de prélèvements (Infield, 1988) et les taux de productions (Edwards, 1992) des primates diurnes dans le PNK.

Tableau : Productions et prélèvements annuels des primates diurnes dans le PNK

Espèces

Productions max

Prélèvements soutenus

Prélèvements

 

(pmax)

(20 % pmax)

observés

 

(animaux/km/an)

 

(animaux/km/an)

Cercopithecus nictitans

1,75

0,35

0,90

Cercopithecus pogonias

1,08

0,22

0,04

Cercopithecus erythrotis

0,47

0,09

0,23

Cercopithecus mona

1,41

0,28

0,67

Cercocebus torquatus

0,08

0,02

0,08

Piliocolobus preussi

4,18

0,84

1,74

Mandrillus leucophaeus

1,54

0,31

1,36

Source : Edwards (1992)

 
 
 

A l'exception du cercopithèque pogonias, les taux de prélèvement des différentes espèces de primates diurnes sont supérieurs aux taux de prélèvement soutenus qui représentent pourtant le niveau maximum pouvant être prélevé dans l'optique d'une gestion durable. Notons que les taux de production restent malheureusement inferieurs au taux de prélèvements pour beaucoup d'espèces. La chasse pratiquée par les populations vivant dans et autour du PNK représente ainsi une menace d'extinction locale pour les primates dans la zone (Edwards, 1992).

2.3.5. Statut de conservation des primates diurnes de la zone de Korup

le statut de primates diurnes dans la région de Korup n'est pas des plus envieux car l'étude d'Edwards (1992) a montré que beaucoup de ces espèces font face à une forte pression de chasse et risquent l'extinction si les conditions actuelles continuent de prévaloir, Les espèces telles que le hocheur, le moustac à oreilles rousses, le cercopithèque pogonias et le mone font face à une destruction de l'habitat assez faible et une pression de chasse forte tandis que, le cercocèbe torquatus , le chimpanzé et le colobe bai du Cameroun font également face à une faible destruction de l'habitat mais à une pression de chasse très forte (Usongo, 1997).

L'UICN (2008) montre que six des huit espèces de primates diurnes présentes dans la zone font face à une menace d'extinction au niveau mondial notamment, le colobe bai de Preuss est en danger critique, le chimpanzé et le drill sont en danger tandis que le cercocèbe torquatus, le cercopithèque pogonias et le moustac à oreilles rousses sont vulnérables.

La CITES (2009) classe le Cercopithecus m. mona, le Cercopithecus p. pogonias, le Cercopithecus n. nictitans, le Cercopithecus e. cameronensis, le Cercocebus t. torquatus, le Piliocolobus preussi en annexe II tandis que le Mandrillus leucophaeus, et le Pan troglodytes vellorusa sont classés en annexe I.

Dans le but de contribuer à la protection de la faune et de la biodiversité, le gouvernement camerounais à travers le MINFOF a regroupé les espèces animales vivant à l'intérieur de son territoire en trois classes de protection (A, B, C) selon les modalités fixées par l'administration en charge de la faune. Ainsi, le drill et le chimpanzé sont en classe A et bénéficient d'une protection intégrale tandis que tous les autres primates de la zone d'étude sont en classe C, leur chasse étant ainsi réglementée par l'administration en charge de la faune (Robinson, 2008).

Astaras (2009) estime la population de drill à 950-1450 drills dans le PNK et 2500-3000 dans la zone de Korup en général. Toutefois, il souligne que l'habitat de ces animaux est de plus en plus fragmenté et qu'ils sont soumis à une forte pression de chasse.

2.3.6. Quelques paramètres écologiques observés dans la zone Nord-Est du PNK

Le tableau 4 résume quelques paramètres écologiques des primates diurnes observés dans la zone Nord-est du PNK.

Tableau : Quelques paramètres écologiques des primates diurnes observés dans la zone Nord-est du PNK

Espèces

Poids adulte (kg)

Taille du groupe

Aire de distribution (ha)

Déplacement journalier

(m)

Strate

Régime alimentaire

Male

Femelle

 

Cercopithecus

 
 
 
 
 
 
 

nictitans

6,6

4,2

7-20

55-80

1500

Arboricole

Omni/frug

C. mona

4,5

2,7

2-35

--

--

Arboricole

Omni/frug

C. pogonias

4,5

3,0

11-20

55-100

1600

Arboricole

Omni/frug

C. erythrotis

4,1

2,9

4-29

30-90

1200

Arboricole

Omni/frug

Piliocolobus

 
 
 
 
 
 
 

preussi

8,3

8,2

23-67

16-53

649

Arboricole

Folivore

Cercocebus

 
 
 
 
 

Semi-

 

torquatus

11,6

5.1

14-38

247

--

terrestre

Omni/frug

 
 
 
 
 
 

Terrestre

 

Mandrillus
leucophaeus

40

--

25-77

10-20km2

2926

/semi-
terrestre

Omni/frug

Source : (Edwards, 1992).

Notes : Omni/frug = omnivore/frugivore

2.3.7. Facteurs qui influencent la distribution des primates

Les primates sont des animaux qui, comme toute entité vivante, réagissent à des perturbations dans leur environnement immédiat ce qui transparait clairement dans les variations de leur répartition.

De Thoisy et Delcourt (2004) ont montré l'influence de la chasse et de l'exploitation forestière sur la distribution des primates suite à une observation des populations de primates dans la forét de Coumani en Guyane, avant et après l'exploitation. Ils ont constaté que les grands singes plus vulnérables à la chasse étaient plus abondants dans les foréts exemptes d'activités de chasse ; que les singes abandonnent les sites en cours d'exploitation pour occuper les parcelles voisines et lorsque l'exploitation forestière se déplace vers ces sites voisins, ils les quittent pour revenir aux anciens sites déjà exploités ; que la diversité spécifique et même la densité intraspécifique diminuaient après exploitation ; que sous l'action de la chasse, les espèces chassées continuaient à décroître longtemps après l'exploitation tandis que celles non chassées tendaient à retrouver leur équilibre. De façon globale, les conclusions suivantes ont pu être tirées :

> dans les forêts récemment exploitées, les productions de fruits deviennent très irrégulières, du fait de la modification des paramètres microclimatiques. Les espèces frugivores, comme l'atèle, qui ne consomment pas les fruits des espèces pionnières, sont quasiment absentes ;

> les espèces frugivores-folivores, comme les singes hurleurs, peuvent persister, en modifiant la composition de leur régime, grâce à une certaine plasticité alimentaire (De Thoisy et Richard-Hansen, 1997) ;

> les espèces à régime insectivore-frugivore, comme les tamarins, peuvent quantitativement se maintenir ou même augmenter, avec une part d'insectivorie croissante dans le régime alimentaire. Ce type de régime est aussi celui des capucins, mais dans ce cas la pression de chasse indissociable de l'exploitation forestière sur Counami fait que cette stabilisation attendue des effectifs ne soit pas observée. Mais, lors d'autres inventaires dans des forêts exploitées où la chasse était moindre ou tout au moins focalisée sur les primates, des densités assez fortes de capucins avaient été relevées (De Thoisy, 2001).

La répartition des primates est aussi influencée par le type d'habitat. En effet, l'habitat doit procurer une quantité suffisante d'aliments à toute la population animale qu'il abrite. C'est ainsi que les primates habitent différents types de forêt en fonction de leur régime alimentaire. Certains, à l'instar du babouin hamadryas, fréquentent les dépôts d'ordures et d'autres sont attirés par les plantations agricoles ; ce qui leur vaut la qualification de nuisible (De Thoisy et Delcourt, 2004).

Il faut noter que la répartition des primates est influencée par les activités humaines (exploitation forestière, chasse et activités agricoles) et par les différents types d'habitats (Magdalena, 1995) qui sont eux-mêmes liés à différents degrés de disponibilité en nourriture.

2.3.8. Productions par espèce de primates

La production des primates est fonction de quelques paramètres dont la durée et la fréquence des cycles d'oestrus qui sont fonction des facteurs environnementaux. Ce cycle est de 25 à 40 jours chez les primates d'Afrique et d'Asie (catarrhiniens), la durée de la gestation est grande, relativement aux poids du corps. La production des primates diurnes dans la zone de Korup est présentée dans le tableau 3.

2.3.9. Menaces et perception villageoise des primates

Dans la zone d'étude comme partout ailleurs dans le monde, les populations de primates sont soumises à de nombreuses menaces dont les plus récurrents sont la dégradation des habitats (Edwards, 1992; Astaras, 2009) à travers l'exploitation forestière, la création des voies de communication, la transformation des terres forestières en terres agricoles. La chasse non contrôlée reste une des menaces les plus importantes (Edwards, 1992; Astaras, 2009), accentuée par l'explosion démographique qui s'accompagne d'une augmentation de la demande en viande de brousse près des exploitations agricoles à proximité des zones de conservation.

En dehors des travaux d'Astaras (2009), aucune étude ne s'est attardée sur la perception locale en ce qui concerne les primates. Parlant du drill et dans une certaine mesure d'autres espèces de primates, il n'existe pas de tabou ou de croyances traditionnelles qui protègent ces espèces. De plus les villageois pensent que ce sont des bêtes faciles à chasser, dont la viande est de bonne qualité et résout les problèmes d'anémies. Ces gibiers sont ainsi très prisés dans les marchés (Astaras, 2009).

2.3. 10. Méthodes d'inventaire de primates diurnes

La méthode des transects linéaires est la plus utilisée en forêt pour estimer l'abondance de la faune mammalienne qui inclut les primates diurnes. Dans cette méthode, une ligne droite appelée transect est parcourue par une équipe qui note la distance perpendiculaire (ri) entre l'objet observé et l'axe du transect, la distance entre le point de départ du transect et le point d'intersection entre l'axe du transect et la ligne qui lui est perpendiculaire et qui passe par la position de l'indice observé. Dans son concept théorique, la méthode des transects linéaires est un modèle probabiliste et son application exige que les conditions suivantes soient remplies (Gaillard et al., 1993):


· Tous les objets situés sur la ligne de marche sont détectés;

· Les objets sont détectés à leur position initiale avant tout mouvement éventuellement düà une réponse à la présence de l'observateur;

· Les distances mesurées sont exactes;

· Les détections sont des évènements indépendants;

· Aucun objet n'est compté plus d'une fois sur une même ligne de marche.

Deux avantages sont associés à la méthode des transects linéaires (Gaillard et al.,

1993):

· Aucune condition sur la répartition spatiale des animaux n'est nécessaire. Le grégarisme des animaux augmente la variance de l'estimation, mais ne biaise pas les observations;

· Un animal non compté n'introduit de sous estimation systématique de la densité s'il se trouve en dehors de l'axe de marche de l'observateur (Burnham et al., 1993). Ceci confère à la méthode de transect linéaire une meilleure efficacité et moins de biais.

La méthode des transects linéaires est souvent associée à celle de recces ou marche de reconnaissances qui lui est semblable. La différence entre les deux méthodes est que pendant la collecte des données, les distances perpendiculaires ne sont pas notées et les pistes de collecte de données ne sont pas forcément droites dans le cas des recces.

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