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La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik

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par Sylvie Lembe
Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000
  

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B. La mise en place d'un cadre en faveur du « dialogue national »

En 2001, sous la pression des bailleurs de fonds et des partenaires internationaux au développement qui condamnaient le gouvernement congolais pour non respect des principes démocratiques, celui-ci réagit et organise ce qu'il a appelé  un cadre pour un dialogue sans exclusive. Il vise à « réconcilier » tous les fils du Congo et permettre le retour de la plupart des figures principales de l'opposition ainsi que leur participation au processus électoral, mais aussi à la marche du pays.

Il faut ajouter que ce cadre est toujours d'actualité, comme l'indique le retour à Brazzaville de l'une des figures de proue du gouvernement de Pascal Lissouba en la personne de Victor Tamba-Tamba.

Ce dernier a été effectivement reçu le 17 janvier 2007 par le président Sassou Nguesso. Il déclare être rentré au Congo parce que les « conditions s'y prêtent et qu'il est disposé à contribuer à la consolidation de la paix »103(*).

A cela, il conviendrait d'ajouter le retour le 6 août 2007 de Monsieur Yombi Opango104(*). Comment appréhender le retour de ces anciens responsables congolais ? Constituerait-il un signe de bonne volonté du président Sassou Nguesso résolument décidé à se passer pour pacifiste aux yeux du monde ? Tout paraît stratégiquement calculé, et semble répondre à la logique du Général de maintenir un équilibre des forces internes, de manière à laisser transparaître un jeu politique transparent et démocratique.

Aurait-il compris que l'opposition est, non pas une force avec pour dessein de nuire à son pouvoir, mais une force de propositions , qui doit lui rappeler les dérives du pouvoir central s'il venait à enfreindre la loi ? Les observations et analyses politiques s'interrogent encore sur les intentions réelles de ce geste.

Il conviendrait d'ajouter ici un élément important dans la dynamique du retour à la normalité de la vie politique interne du Congo  à savoir la mise en place d'un programme visant la tenue à terme des élections.

L'établissement d'une commission nationale électorale

Il est permis de penser que Denis Sassou Nguesso a pris conscience de ce que pour revenir dans les bonnes grâces des pays les plus puissants de la scène internationale, et de ses partenaires au développement, il lui était indispensable de garantir la tenue d'élections  libres : principe sacré de la démocratie. Bernard Russet affirme à ce titre : «  un système politique est dit démocratique dans la mesure où ses hauts décideurs (...) sont sélectionnés au terme d'élections périodiques, honnêtes et justes »105(*).

Il s'agit pour Sassou Nguesso qui voudrait endosser le manteau de démocrate de montrer que sa responsabilité et son devoir consistent à défendre les intérêts congolais et à promouvoir la démocratie, tentant ainsi de gommer le fait que cette démocratie, il l'a pourtant « brûlée au pétrole » en provoquant la chute de son prédécesseur par son refus d'aller aux urnes.

Ainsi, après une période dite de transition de près de quatre ans et demi, le gouvernement en place a renoué avec un processus électoral, dont les irrégularités seront cependant dénoncées par l'opposition.

La mise en route de ce programme répond parfaitement à la philosophie de la nouvelle constitution, qui de ce fait, prévoit l'organisation d'une élection présidentielle tous les sept ans.

Bien plus, la Constitution en son article 53 garantit l'existence de plusieurs partis politiques tant que ces derniers ont un  « caractère national, et défendent les idéaux de la nation congolaise »106(*). Aujourd'hui, on compte une dizaine de formations politiques au Congo hormis le parti présidentiel : le Parti Congolais du Travail (P.C.T.).

La Commission nationale électorale née à la suite de revendications des forces de l'opposition permet au Congo d'avoir un programme bien défini avec des objectifs précis pour les différentes formations. Aussi, prévoyait-elle l'organisation des élections législatives de juin 2007 (élections législatives) et la présidentielle de 2009

C'est autant de signes tangibles dont Sassou NGuesso aura fait montre dans sa recherche d'une crédibilité et d'une reconnaissance auprès des bailleurs de fonds et de ses autres partenaires au développement.

En définitive, il convient de dire que les guerres civiles congolaises qui commencent en 1997 par l'avènement de Sassou Nguesso comme acteur principal de la scène politique congolaise et qui s'éteignent peu à peu à partir de l'année 2001, ont fragilisé davantage ce petit Etat de l'Afrique centrale en le plongeant dans une phase sombre aux conséquences multiples. Cette nouvelle situation a provoqué le discrédit et l'isolement du nouveau gouvernement, faute de légitimité politique interne et externe.

Conscient de cette « décote stratégique », le  nouveau président congolais repense ses options et ses méthodes de gestion, infléchit sa position, et adopte une nouvelle posture. Il comprend qu'il lui faut désormais adopter un nouveau comportement où il doit faire des concessions devant l'obligation de résultats exigés par les Etats-Unis, l'U.E. (exceptée la France officielle), les institutions financières internationales, mais aussi face à l' O.U.A devenue l'Union africaine.

La prise en compte du déficit démocratique, du manque de légitimité, du discrédit, de l'isolement du nouveau président congolaise et de son équipe gouvernementale, du déséquilibre diplomatique dont est victime le pays dont il a pris la charge se manifeste par un aggiornamento de sa politique interne. C'est la condition sine qua non pour parvenir à une réconciliation avec les autres acteurs du « vaste monde » et partenaires au développement et de se faire reconnaître. C'est là le réalisme qui commande que le Congo adopte des choix qui s'imposent en vue de répondre à l'impératif de la préservation de l'intérêt national que l'on peut lire au travers de cette quête de légitimité, de crédibilité, de reconnaissance et de la réintégration du Congo au sein de la communauté internationale.

Depuis, toute l'action politique extérieure du Congo essaie de réconcilier la réalité interne et l'aspiration à un repositionnement international avantageux.

* 103Ancien Ministre des transports sous la présidence de Lissouba, aujourd'hui, Président du principal parti de l'opposition au Congo, à savoir, l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) Sources : Les Dépêches de Brazzaville, n°182, 20 janvier, 2007.

* 104 Yombi Opango ,ancien président du Congo ,a été en exil depuis 1999 à Paris.

* 105 Bernard Russet, Grasping the democratic peace. Principles for a post Cold war world, Princeton University Press, 1993, p.25.

* 106 Cf. la nouvelle Constitution de janvier 2002.

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