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La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik

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par Sylvie Lembe
Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000
  

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2- Le retour du Congo dans les forums internationaux

Dans les tribunes internationales, le Congo marque son ?come back?. Sa voix est désormais entendue. Ainsi, le 30 mai 2006 à New York, le chef de l'Etat congolais a participé aux travaux de l'Assemblée Générale de l'ONU, travaux consacrés à la lutte contre le sida. Le Congo a été entendu (Annexe 2.). Mais le fait majeur de ce ?come back? est que, non seulement le Congo était présent à ce sommet mais aussi et surtout, il a assuré la présidence du Conseil de Sécurité192(*). Les nombreuses rencontres au sommet avec le Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, rendent compte du retour international effectif du Congo. S'ajoute à cela sa présence au sommet de la Francophonie (Bulgarie).

En somme, une reconnaissance internationale sans conteste pour le Congo qui semble avoir réussi à reconquérir les bonnes grâces de la communauté internationale.

L'acteur étatique congolais avait tout intérêt à se consacrer à transformer la situation désavantageuse en situation meilleure, n'est-ce pas là une application directe de la théorie réaliste en matière de politique étrangère ?

Paragraphe 3 : la présidence congolaise de l'Union Africaine ou le parachèvement d'une reconnaissance internationale acquise.

Deux présidences de l'Organisation panafricaine par le Président Denis Sassou Nguesso en l'espace de vingt années alors que l'U.A., la nouvelle institution panafricaine née des cendres de l'O.U.A, compte plus d'une cinquantaine d'Etats membres. Comment expliquer que la présidence de l'U.A pour l'exercice 2006 ait échu au Congo ? Quelles retombées pour le Congo ?

D'emblée, il y a lieu de penser que c'est le signe d'une reconnaissance du Président congolais par ses pairs africains qui, de facto, l'ont propulsé, lui et le Congo, au devant de la scène africaine. Il s'agit d'un véritable rayonnement international et d'une victoire de sa diplomatie, et d'un Congo au centre des enjeux africains pendant un an.

Cependant, des interrogations demeurent, comment cet acteur est-il parvenu à s'imposer sur la scène diplomatique africaine après cinq années passées dans l'ombre ? Y aurait-il un effet Sassou Nguesso ? Comment expliquer cette longévité politique africaine ? Comment expliquer « ces succès » ?

Un premier élément de réponse nous est donné par Rémy Bazenguisa Ganga qui, s'agissant du président Sassou Nguesso, soutient qu'il a acquis un «  parcours de légitimité [...]cumulé les prestiges liés aux diverses positions occupés, acquis à l'extérieur du Congo comme à l'intérieur une notoriété qui en fait un interlocuteur obligé»193(*).

Le 24 janvier 2006, le Congo a été désigné pour assurer la présidence en exercice de l'Union africaine. Plusieurs facteurs ont milité en faveur de ce choix. Rappelons que suivant le système de la rotation géographique, la présidence en exercice de l'Union africaine revenait au Soudan au lieu même où s'est tenu le Sommet des chefs d'Etat et de gouvernements africains, comme le veut la tradition de la jeune institution bien que la règle ne soit cependant pas inscrite dans les statuts de l'Union africaine194(*). Suivant cette logique, la présidence pour l'exercice 2006 devrait être assurée par le soudanais Omar El Béchir. Mais, ni l'Union européenne, ni les Nations unies et encore moins le F.M.I., ni les puissances titulaires française, britannique ou américaine195(*) ne souhaitaient voir le président El Béchir en exercer la présidence. L'argument politique à cette opposition est la violation des droits de l'Homme au Darfour et d'autres actes imputés aux autorités de Khartoum.

Le Soudan est effectivement en guerre à la fois interne et externe avec quelques uns de ses voisins notamment le Tchad. De plus, les exactions de ses milices appelées Djanjawid au Darfour ont terni l'image du gouvernement de Khartoum. Enfin, on lui a reproché ses « intensions expansionnistes en soutenant les rebellions Tchadiennes ou Ougandaises »196(*). Autant de points qui ne pouvaient que jouer en défaveur des autorités de Khartoum. C'est dans ce contexte que la présidence de la Conférence des chefs d'Etats et de gouvernements africains pour l'exercice 2006 a échu au Congo une seconde fois suite à d'intenses négociations. Toutefois, il est légitime de faire une lecture de second degré, qui permet de penser que c'est surtout grâce à la logique de petits arrangements entre amis que le Congo a été désigné.

En effet, le Congo jouit de plusieurs alliances dans toute la sous région de l'Afrique centrale. D'abord allié au Gabon par l'oreiller, où le président congolais est le beau père du président gabonais Omar Bongo Ondimba. Ensuite, viennent les amis tchadien, centrafricain, équato-guinéen, et angolais.

Ces derniers ont aidé le Général à reconquérir le pouvoir. A cette alliance hétéroclite, il conviendrait d'ajouter le soutien indéfectible de la France. Les Etats-Unis d'Amérique n'ont pas caché leur souhait de voir le président Sassou diriger la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernements africains pour l'exercice 2006.

Quelles retombées sur le Congo ? A l'évidence, cela est d'abord un succès personnel pour un acteur politique qui a réussi à s'imposer à la tête de la nouvelle institution panafricaine.

Il ne serait pas exagéré de parler de l'assouvissement de la soif de prestige. En tout cas, il obtient enfin la reconnaissance de ses pairs, lui qui « n'exerçait alors qu'une diplomatie discrète d'à peine à la hauteur de son petit pays »197(*).

Ensuite, cela constitue indéniablement un « bon point pour l'image du pays puisque, cette élection est comme un hommage rendu au chef de l'Etat congolais par ses pairs »198(*) qui, pendant toute l'année 2006 s'est trouvé « exposé en pleine lumière »199(*).

Ces succès qui ont permis au Congo d'être sur le coup des projecteurs pendant toute l'année 2006 sont rendus possibles en partie par la supériorité des prérogatives dont jouissent le président en exercice de l'Union africaine, provoquant à bien des égards, un certain déclassement des autres fonctionnaires majeurs de l'organisation, en l'occurrence le président de la Commission200(*).

En effet comme le montre Etiennette Essono, ce qui caractérise les trente neuf années d'existence de l'OUA c'est, sans conteste « l'irruption au devant de la scène politique du président en exercice qui, bien que non prévue par la Charte, fut amené à jouer un rôle politique et diplomatique de premier plan dans les relations internationales et transcontinentales »201(*).

Le problème dénoncé par l'analyste est que la mission de présider la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernements africains, la fonction de Président en exercice s'est transformée en une « institution dont le poids est aujourd'hui tel quelle tend à éclipser celle du Président de la Commission qui demeure pourtant (...) la clef de voûte de l'édifice politico- juridique bâtie en juillet 2000 à Lomé »202(*).

Ceci s'est vérifié avec la présidence congolaise de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernements africains où le président de la Commission de l'Union africaine a été quelque peu mis à l'écart au profit du président Sassou Nguesso qui s'est illustré comme un véritable chantre de la défense des enjeux africains dans les tribunes internationales.

Il s'est illustré comme un véritable défenseur d'une Afrique responsable 203(*)(Annexe 2). La personnalité du Président en exercice de l'Union africaine pour l'exercice 2006 semble avoir répondu à ce que préconisait le professeur Maurice Kamto en déclarant à propos du Secrétaire générale de l'O.U.A qu'il : « faut à l'organisation continentale un représentant auréolé du prestige de Chef d'Etat pour lui servir de porte parole dans les enceintes internationales »204(*).

Mais dans la réalité et dans le cas du Congo, la fonction est allé bien au delà. La présidence du Congo comportait bien des enjeux géopolitiques et stratégiques notamment pour le Général Sassou : cela lui aura permis de jouer un rôle plus visible, plus important, de faire entendre sa voix, d'être consulté et sollicité plus que d'ordinaire. Tous ces succès n'auront toutefois pas été fortuits, tout au contraire ; ils témoignent de la combinaison d'un certain nombre de facteurs tenant relevant tout d'abord de l'habileté d'un homme d'Etat qui, visiblement sait d'où il vient et où il va205(*), ensuite, des autres forces profondes qui en ont été des déterminants non négligeables.

* 192 Cf. Les Dépêches de Brazzaville du 8juin, ibid., pp. 1-2.

* 193 Remy Bazenguisa-Ganga, Les voies du politique au Congo. Essai de sociologie historique, Paris, Karthala, 1997, p. 62.

* 194Sébastien Reinier « Toute honte bue... Ce sera Sassou » in, Afrique éducation (Bimensuel international), daté du 23 février ,2006 p.8.

* 195 Sébastien Reinier « Toute honte bue... Ce sera Sassou » in, Afrique éducation (Bimensuel international), daté du 23 février ,2006 p.8.

* 196 Jeune Afrique « Hors série » n°12, L'état de l'Afrique, 2005, « Congo : un avenir plus clément », p.206-207.

* 197Sébastien Reinier , op.cit., p.8.

* 198 Mwinda Presse, «  la Françafrique à la tête de l'Union africaine » daté du lundi 30 janvier 2006.

* 199 Norbert Dabira « Sassou Nguesso : Sur le toit de l'Afrique », in International Afrique Média, n°102, octobre, 2006, pp. 16-18.

* 200 Etiennette G. Essono, La Commission de l'Union africaine: entre ambition et réalité, op.cit., p. 91.

* 201 Idem.

* 202 Ibid.

* 203 Cf. Interview de Sassou Nguesso, in Géopolitique africaine, juillet - septembre 2006.

* 204 Maurice Kamto, Jean Emmanuel Pondi et Laurent Zang, le Secrétaire général de l'O.U.A. dans le système international cité par Etiennette Essono in La Commission de l'Union africaine:entre ambition et réalisme.op.cit.p.79.

* 205 Norbert Dabira, «  Sassou Nguesso : sur le toit de l'Afrique »in, International Media, n°12, octobre, 2006 ; Jean Didier Boukongou, « Sassou Nguesso : Président de l'Afrique », Géopolitique africaine, n°22, avril, 2006, p.11.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille