WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik

( Télécharger le fichier original )
par Sylvie Lembe
Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

VII. Revue de la littérature

La politique étrangère du Congo fût-il une République populaire (1963-1991) alignée idéologiquement derrière l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques  (URSS), est une véritable curiosité. Une question qui se pose avec beaucoup d'intérêt comme en témoignent les travaux qui y ont été produits. Notre étude est donc loin d'être ici un travail de pionnier. A vrai dire, l'héritage bibliographique dans le domaine nous a même incitée à poursuivre la réflexion sur ce sujet dont la pertinence est avérée. Le sujet a déjà suscité l'attention de nos devanciers qui en ont fait l'objet de leur thèse de troisième cycle ou de travaux de réflexion. Néanmoins, seuls ceux qui ont un rapport étroit avec la présente étude seront cités ici.

Jacques Mavoungou33(*) a focalisé son attention sur la politique étrangère de la République populaire du Congo sur la période allant de l'arrivée au sommet de l'Etat une deuxième fois du Général Sassou Nguesso en 1979, à la chute du Mur de Berlin en 1989. Il en a fait son cadre d'expérimentation. Il repose sa réflexion sur les incohérences qui ont émaillé la diplomatie congolaise empreinte de l'idéologie marxiste. Globalement l'intéressé étudie les raisons du manque de péréquation entre l'idéologie marxiste dans laquelle s'inscrivait théoriquement la République populaire du Congo (R.P.C.) et la réalité des faits. Il montre en outre que les données internes du Congo n'avaient pas présidé véritablement à l'élaboration de la vie internationale de la R.P.C. Mais encore, la R.P.C. ne disposait pas de lignes directrices clairement définies pouvant guider la conduite à tenir. Quant à sa politique étrangère, tout est improvisé « la politique étrangère s'adaptant alors à la conjoncture »34(*).

Dans le même sillage, Bertin Nzelomona35(*) passe au crible les contradictions politiques internes et leurs incidences paralysantes sur la politique étrangère du pays et ce, pour la même période que la précédente analyse (1979-1989). A la différence que, ce dernier étend sa réflexion jusqu'à la fin du règne de Sassou Nguesso I, en 1991 plus précisément. Il adopte l'approche historique et montre avec un réalisme poussé les conséquences d'un Etat «victime d'une double tutelle idéologique  à la descente dans l'arène infernale de la Françafrique»36(*).

En effet, de 1979 à 1991, les ressorts de la politique internationale de la R.P.C. sont insaisissables. La R.P.C. fait de Moscou (pays à orientation idéologique socialiste) sa gardienne politico-militaire et diplomatique. Par contre, dans le domaine économique, «Son  attitude tend à faire de la France son principal alliée, son pourvoyeur d'aide financière pour redresser sa situation économique »37(*). Ce manque de cohérence et ces ambiguïtés avaient pour facteur explicatif la nécessité réelle pour la R.P.C de compter sur l'aide multiforme de la France.

Fatalement, ces paradoxes avaient non seulement mis son indépendance à rude épreuve mais encore, avaient-ils sclérosé « la libre expression de sa souveraineté sur la scène internationale »38(*).

Adoptant une toute autre démarche, Ganga Tsila39(*) apporte quelques éléments comme réponse aux questions soulevées par les deux précédentes analyses. Il montre que certes, la R.P.C. était d'obédience socialiste, avait une idéologie définie, et que les ressorts de son action politique extérieure se trouvaient bel et bien  fondés et légitimés dans un espace théorique précis : celui du marxisme- léninisme 40(*). Mais, les réalités liées à son récent passé colonial dominé par la France, son passé historique, sa situation géographique, le «  fardeau omniprésent et obsédant de sa dette extérieure, et autres facteurs de sujétion », l'ont obligée d'une part, à faire preuve d'un réalisme poussé et, d'autre part à rechercher le compromis et les réajustements  et comme le dirait Marcel Merle  « Une idéologie n'est jamais aussi pure et dure qu'avant d'avoir subi l'épreuve de la réalité. Dès qu'elle franchit le seuil de l'expérience, elle est obligée d'entrer dans la voie des compromis »41(*).

La R.P.C. étant un pays sous-développé, économiquement dépendant de l'extérieur ne pouvait être maître de ses décisions de politique étrangère. L'analyste conclut sa réflexion en affirmant que les pays nouvellement indépendants, empreints de leur héritage colonial ne pouvaient véritablement mettre en pratique ce dont ils étaient convaincus. D'où le fossé entre ce que se réclamaient leurs dirigeants et la réalité des faits. D'où la pertinence de la réflexion du Professeur Mouelle kombi insistant à cet effet que « cela tiendrait du miracle si  les déterminants historiques, géopolitiques ou économiques de ces nations prolétaires étaient sans influence sur leurs activités diplomatiques »42(*).

Dans les trois études, il se dégage une réelle divergence en ce que les deux premières dénoncent le manque de cohérence entre la politique du « dehors » et la politique du « dedans ». La dernière tente de montrer les difficultés pour un Etat sorti de la colonisation, sous développé, se prévalant d'une idéologie mais ayant les mains liées ; ne disposant guère de latitude véritable pour mettre en pratique ses options de politique étrangère. Cependant, toutes reconnaissent que la vie internationale du Congo fut à l'image même pour le moins, assez ambivalente dudit Etat dont dépendent la conception, l'application, l'évaluation et le contrôle de l'action diplomatique.

Yitzhak Koula 43(*) pour sa part, s'intéresse à la structuration des relations entre le Congo et la France au lendemain de l'installation au pouvoir du Général Sassou Nguesso II.

Il soutient que la posture du Congo face à l'ancienne puissance coloniale est une posture de « subordination où dominent des arguments géopolitiques avec certains intérêts »44(*). L'ancienne puissance coloniale s'accommode toujours de la situation du Congo en se cloisonnant dans les limites de la « politique de maintenance »45(*). Ce qui lui permettrait d'assouvir ses intérêts fondamentaux.

Il déplore que ce réalisme de la France conduira à la totale anesthésie de l'initiative diplomatique du pouvoir congolais.

Aussi conclut-il avec une certaine amertume que  la politique étrangère du Congo ne saurait « indéfiniment se faire par procuration (...) ou être confiée à une puissance ou une entreprise étrangère fussent-elles l'Etat français, Elf ou totalfina »46(*).

Notre réflexion, dont la philosophie est dans une certaine mesure en phase avec les analyses sues évoquées, ne se cantonne cependant pas sur un cas particulier. Elle se situe à une échelle plus globale de la réflexion sur les enjeux et les visées véritables des orientations de la politique étrangère du Congo post guerres civiles. En mettant l'accent sur les multiples facettes du personnage de Sassou Nguesso, notre but est d'établir un lien entre lui, sa personnalité et les différentes postures diplomatiques congolaises. Le décryptage des paramètres et l'évaluation des stratégies adoptées pour rentrer dans le giron international, constituent notre objectif.

* 33 Jacques Mavoungou, La diplomatie congolaise de 1979 à 1989, Thèse de doctorat, Sciences politiques, Université Paris I, 1989.

* 34 Jacques Mavoungou, ibid. p. 307.

* 35 Bertin Nzelomona, La politique étrangère du Congo Brazzaville (1979-1991) : Un tissu de contradictions, Paris, Essai de Sciences politiques, 2004.

* 36 Bertin Nzelomona, Bertin Nzelomona, La politique étrangère du Congo Brazzaville (1979-1991) : Un tissu de contradictions, op.cit.,p. 92.

* 37 Bertin Nzelomona,ibid.,p.157.

* 38 En parlant du Cameroun, le Professeur Mouelle Kombi dénonce indirectement la face insidieuse de l'aide des pays développés en vers ceux non développés. Celle-ci est un véritable fardeau « omniprésent » car, à l'examen, elle a assujetti les pays pauvres sortis de la colonisation. La dépendance qu'elle entraîne met à rude épreuve leur indépendance. Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris,L'harmattan, p.8.

* 39 Ganga Tsila, Idéologie et réalisme en politique étrangère : l'exemple de la République Populaire du Congo, Mémoire pour le diplôme de 3è cycle spécialisé en relations internationales, option : Diplomatie, IRIC, Yaoundé, 1981.

* 40 Ganga Tsila, ibid, p. 62.

* 41Marcel Merle cité par Ganga Tsila, ibid, p. 6.

* 42 Narcisse Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, op.cit., p.8.

* 43 Yitzhak koula, La démocratie congolaise « brûlée » au pétrole, Paris, L'Harmattan, 1999.

* 44 Yitzhak koula, ibid., p. 21.

* 45Yitzhak koula, ibid., p. 57.

* 46 Yitzhak koula, ibid.,op. cit., 74.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard