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L'etre-là  africain et inculturation: essai d'une relecture théologique de Martin Heidegger pour l'Afrique

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par Roland TECHOU
Grand Séminaire Mgr Louis Parisot Tchanvedji Bénin - Baccalaureat en théologie 2010
  

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2.2.1- La culture africaine

Evoquant la question de la culture, nous commençons par dire ce qu'elle n'est pas et ce à quoi il ne faudrait pas s'attendre, pour finir par présenter le type de culture adéquate pour une inculturation porteuse de sens et respectueuse de l'être-là africain. Quelle culture pour quelle inculturation sera donc la finalité de ce paragraphe. Nous reconnaissons la diversité culturelle du continent et nous mentionnons aussi les effets destructeurs de l'acculturation forcée qui a fait perdre au continent une bonne part de son héritage spirituel. La désintégration culturelle et la destruction sociale des communautés africaines au contact de l'Occident et du christianisme sont une réalité. Il est vrai que le christianisme s'est présenté à l'africain à la manière d'un duel "Blanc-Noir". Ce fut une rencontre plutôt malencontreuse parce que devenue affrontement et confrontation. L'Occident s'était auto- surestimé en nation civilisatrice, substituant le pacifisme missionnaire à une arrogance militaire et impérialiste. On assista à une destruction quasi systématique du patrimoine africain. Contre le gré des chefs traditionnels, des églises furent implantées en lieu et place des couvents. Des baptêmes furent administrés en signe de prestige; des conversions opérées par mimétisme et suivisme. Loin de vouloir établir un procès ou de présenter un bilan, force est de remarquer que l'Afrique n'a pas pour autant disparue, elle est toujours là et aujourd'hui plus que jamais elle se sent interpellée à apporter sa pierre à l'édifice mondial de la reconstruction de l'humanité; une humanité phagocytée par le développement de la science et de la technologie avec tout le corollaire de contre valeur culturelle et religieuse que cela engendre. Pour ce, il lui faut redorer ses blasons culturels. Malgré l'existence des valeurs traditionnelles culturelles qui caractérisent cet être-là: le sens aigu de la présence de Dieu, la conscience de sa propre infimité et de la grandeur de Dieu, l'amour de la famille, l'hospitalité, le respect de la nature, la préciosité de la personne humaine, la foi en la Providence, l'attention à la présence de Dieu au coeur des éléments de la création, le sens d'action de grâce et d'adoration, la conscience de sa finitude, la reconnaissance de la transcendance de Dieu, autant de valeurs traditionnelles qui se trouveraient purifiées et ennoblies par la révélation de Jésus-Christ. On ne peut plus envisager aujourd'hui une culture typiquement et authentiquement africaine sans aucune hybridation. Aujourd'hui les transformations économiques, sociales et culturelles n'ont pas manqué d'avoir des répercussions sur ces valeurs. Cependant elles demeurent indéniables et se développent à travers le sens du partage, la compréhension de la communauté humaine enracinée dans la famille, les relations de haute estime envers les anciens et les jeunes, la vision spirituelle de la création, le souci pour la protection de l'environnement. Toutes ces valeurs, formant un tout harmonieux et indissociable ont une dimension purement religieuse. La culture dès lors qu'elle ne repose plus sur un passé mythique, n'est pas synonyme de tradition au sens d'une réalité figée et statique sans aucune ouverture créatrice qui façonne l'âme ou la forme spirituelle d'une société. La culture d'un peuple a pour composante la langue, la coutume, et les valeurs qui en constituent les piliers inconditionnels et le facteur d'humanisation. Les coutumes précisément doivent rechercher l'uniformité, c'est-à-dire qu'on doit s'habituer à relativiser les coutumes ancestrales et ne pas diaboliser celles étrangères. Quant aux valeurs, leur système donne la grandeur d'une culture. Mais ce à quoi on assiste aujourd'hui est loin d'un renversement des valeurs plutôt qu'une perturbation de nos préjugés sur la culture. Ce qui naît est une nouvelle forme de culture et il faut veiller à son insertion et à son édification. Car si la culture implique des connaissances à un degré de qualité, elle est aussi et surtout caractéristique d'un certain mode de vivre, de penser, de travailler, d'organiser la vie sociale. Et ceci en s'ouvrant et en affrontant les valeurs extérieures et étrangères. Il importe de garder fermement la conviction de nos valeurs nègres49(*), dans une fermeté d'esprit intellectuellement ouvert et capable de contribuer à notre dire théologique. Loin d'être exclusivement africaines, ces valeurs nous portent à un universalisme qui fait de l'être-là un éthos capable de se positionner en face de tout apport étranger. C'est sur cette base que devrait se positionner l'inculturation pour répondre aux attentes de l'être-là africain. On peut donc se convaincre que l'Afrique a une culture qui n'a rien d'un traditionalisme borné ou d'un autarcisme, mais une culture capable de se positionner face à des impératifs modernes susceptibles de s'ouvrir à tout, même à une révélation. Toute culture doit être pulvérisée des carcans qui l'asservissent et se déterminer à recevoir ou non une réalité extérieure.50(*) Nous avons donc accepté avec Ka Mana51(*) de nous positionner non plus face à une culture liée du passé ni une civilisation d'un autre âge, mais une culture pour notre époque, une civilisation à la mesure de notre temps. Or aujourd'hui, l'édification du décor humain moderne, de notre culture et de notre civilisation contemporaine est fondamentalement liée au pouvoir créateur de la science et de la technique. Est donc révolu le temps où la culture de l'être-là africain est définie à partir d'un recours à la tradition figée telle l'Egypte pharaonique, les "Bosquets initiatiques", l'idéologie senghorienne de la négritude. Toutes ces tentatives de sauver l'africain furent des illusions parce que trop penchées sur des cris de révolte au détriment d'une intériorisation de ce qui fait notre spiritualité. Ainsi, « Rompre avec le passé comme réponse et réhabiliter la tradition comme question, entraîne à penser l'avenir sur une vision claire de permanence de l'humain et de ruptures radicales qu'il conviendrait d'assumer réellement afin que notre rapport à l'avenir soit créateur et novateur », nous enseigne Ka Mana52(*). Et ceci rejoint largement la vision heideggérienne de la tradition que nous empruntons pour revitaliser notre être-là africain qui tout en relisant sa tradition comme réappropriation, ne s'enferme pas dans une vision du passé qui manquerait de dynamisme et de créativité. Le fond culturel duquel l'Afrique doit maintenant partir est celui-là qui offre au christianisme sa chance de relever l'être-là africain. La réalité culturelle africaine se présente comme une réalité culturelle très complexe. Cependant, ces cultures sont une réalité contemporaine tout à fait aptes à s'adapter aux conditions modernes de la vie et à fournir à leurs membres les valeurs fondamentales dont ils ont besoin pour survivre dans le monde aujourd'hui. Il faut donc renoncer à parler de la culture comme un fait de musée soumis à une vision passéiste en perpétuel nostalgique. Cette conception est périmée et oblige à penser, à insister selon les mots de J-M ELA53(*),'' sur le travail culturel à l'oeuvre dans les initiatives et les pratiques sociales des acteurs historiques dont le dynamisme et la créativité se déploient à travers leurs capacités d'adaptation aux défis du temps présent. C'est d'ailleurs là une donnée fondamentale de la culture qui autorise à un regard neuf sur l'homme africain54(*)''.

* 49 _ Le cardinal MARTY le 15 février 1976, lors de l'inauguration de l'ICAO à Abidjan n'a pas manqué de citer ces valeurs nègres que sont: Le sens de sacré des africains pour humaniser la civilisation technicienne. - La théologie africaine attendue comme synthèse du vrai, du beau, de l'humain et du divin pour sortir des impasses du rationalisme.

- Le sens de l'accueil et de l'hospitalité de l'africain comme remède à la solitude et au désespoir où s'enferme l'homme moderne.

- La joie familiale et le respect des vieux comme antidote à l'abandon des traditions.

* 50 _ Il en est ainsi de la révélation qui selon EBOUSSI BOULAGA, s'adresse à des hommes debout qui, du milieu de leur expérience historique, décident librement de l'accueillir ou de le rejeter.

* 51 _ KA MANA, G., Foi chrétienne, crise africaine et reconstruction de l'A

* 52 _ KA MANA, G., Op. cit. ,

* 53 _ Jean Marc ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère. Karthala 2003,

* 54 _ Jean Marc ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère. Karthala 2003, p31

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard