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L'etre-là  africain et inculturation: essai d'une relecture théologique de Martin Heidegger pour l'Afrique

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par Roland TECHOU
Grand Séminaire Mgr Louis Parisot Tchanvedji Bénin - Baccalaureat en théologie 2010
  

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Chapitre 4

3.4- L'ENGAGEMENT HERMENEUTIQUE DE LA THEOLOGIE EN AFRIQUE
3.4.1- De la négritude à la théologie

Jésus-Christ est le mode de dialogue entre Dieu et les hommes. Et notre réponse à son appel à entrer en alliance nous est dictée encore par lui. Il est donc la mesure de notre engagement. En ce sens, l'africain ne s'inscrira dans la vraie alliance comme en partenariat avec Dieu que s'il s'inscrit dans la réalité de l'inculturation. La négritude comme mouvement littéraire de cette quête d'identité a pensé les jalons d'une telle quête de soi. Son enjeu de revendication est à dépasser dans un contexte de relation de l'africain avec l'Etre Transcendant de qui il reçoit sens et existence. L'engagement authentique de l'africain en face de l'évangile ne peut se faire dans l'ignorance ou le mépris de son identité culturelle. L'être-là africain est ouvert et réceptif. D'où il importe de pouvoir situer culturellement le Message évangélique. C'est assumer la négritude et la dépasser. Car, l'histoire définitive de Dieu avec les hommes n'est pas un objet historique banal. C'est cette histoire même qui dispose de nous et nous détermine. L'auto livraison objective de Dieu en Jésus-Christ, dira R. Barth, devient réalité subjective en nous par l'effusion du Saint Esprit74(*). C'est cette réalité subjective qui est ouverte à dire Dieu à partir de l'auto livraison qu'il accueille. Toute la démarche de l'inculturation est à ce niveau et il faut le percevoir dans l'ouverture que nous propose M. Heidegger.

3.4.2- De l'ontothéologie à l'inculturation

Nous voulons partir de cette critique heideggérienne, adressée à la théologie embrigadée dans des considérations sur le concept Etre, pour déterminer les points théologiques qui doivent servir de bases à l'inculturation. Ceci pour justifier une fois encore la pertinence de notre choix du philosophe allemand dans un débat sur l'être- là africain en quête d'identité théologique. La révolution opérée par ce philosophe a montré la force de la tradition et sa capacité d'ouverture. L'enjeu fondamental du débat de Heidegger avec la théologie est que tout homme possède une identité culturelle capable d'accueillir le message de salut, de se l'approprier et de se l'exprimer avec son outil conceptuel propre. C'est en cela que nous avons posé l'hypothèse que toute Herméneutique est une Inculturation. Toute interprétation de la Bonne Nouvelle de salut est un engagement de celui qui accueille, à faire sien le message, à se l'approprier et à lui faire porter les marques de son être-là. Ne pas le percevoir ainsi, c'est vivre en dichotomie avec sa foi dans un contexte où Dieu est sans enjeu pour le sujet culturel. Il importe de voir comment l'évangélisation des cultures réalise l'inculturation. J. Scheuer notait que « L'inculturation est le processus par lequel la vie et le message chrétien s'insèrent dans une culture particulière, s'incarnant pour ainsi dire dans une communauté culturelle, une société donnée et y prennent si bien racine qu'ils produisent de nouvelles richesses, des formes inédites de pensée, d'action, de célébration. »75(*) Et H. Carrier renchérit en notant que « L'inculturation désigne l'effort pour faire pénétrer le message du Christ dans un milieu socioculturel, appelant celui-ci à croître selon toutes ses valeurs propres dès lors que celles-ci sont conciliables avec l'Evangile. ... dans le plein respect du caractère et du génie de chaque collectivité humaine. »76(*) A la suite de ses définitions rendues accessibles par la critique ontothéologique qui nous fait passer de `'Dieu égal à l'Etre'' à `'Dieu sans l'Etre'', nous nous inscrivons dans les analyses de Achiel PEELMAN77(*) pour percevoir combien l'inculturation, un terme proprement théologique se situe aux frontières de l'anthropologie et de la théologie systématique. Il note en effet que le rôle de la culture qui reçoit l'Evangile est primordial. C'est d'elle-même que chaque culture doit produire les fruits de l'inculturation. Chaque inculturation véritable de l'Evangile est en quelque sorte une actualisation dans le temps et dans l'espace du mystère unique et central de l'incarnation ou de l'humanisation de Dieu. L'incarnation est donc le donné fondamental sur lequel repose le processus d'inculturation et qui en même temps détermine le mode de dialogue. Dieu se propose à l'homme et communique à celui-ci l'itinéraire pour l'accueillir. Peelmann note que du côté du Fils de Dieu incarné, il n'y a donc aucune restriction au lien qui l'attache à l'humanité et à l'histoire. Au contraire, précise Balthasar, c'est en parlant notre langage, le langage culturel et anthropologique d'un groupe humain particulier, que s'ouvre pour lui la voie de l'universalité et que sa parole s'offre comme message de salut à l'humanité toute entière78(*). L'inculturation est fondée sur le mystère de l'incarnation mais d'une incarnation rédemptrice. C'est là une des conclusions auxquelles aboutit la critique de Heidegger montrant que c'est la personne de Jésus crucifié qui permet d'entrevoir le vrai visage de Dieu. En Jésus nous contemplons la Parole crucifiée. Et cette crucifixion est fondamentale dans l'oeuvre d'inculturation où l'Eglise pour laisser transparaître son universalité ne peut s'imposer en réalisant une seule expression culturelle à toutes les cultures. Le salut offert par le Père dans le Fils et par l'Esprit est une possibilité pour tous. C'est pourquoi le grand respect pour l'expérience humaine est fondamental. C'est le lieu où s'opère la première action de l'Esprit Saint comme médiation de la rencontre salutaire avec le Père et le Fils. On notera l'engagement des cultures dans ce processus à partir de l'esprit de créativité et d'originalité dont ils feront montre. C'est la condition royale pour sortir des situations de captivité et de pesanteur ; et retrouver le chemin de la libération. La critique ontothéologique a su donc ouvrir les portes pour l'inculturation, que seul un engagement herméneutique rendrait authentique.

* 74 _ R. Barth, Kirchliche Dogmatik t. ½ , 6

* 75 _ J. Scheuer, « L'inculturation. Présentation du thème », Lumen Vitae, vol. 39, 1984, n°3, p .253

* 76 _ H. Carrier, Evangile et Cultures de Léon XIII à Jean-Paul II. Cité du Vatican, Libéria Editrice Vaticana, Paris, Mediaspaul, 1987, p. 147

* 77 _ Achiel PEELMAN, Inculturation. L'Eglise et les cultures, Desclée/ Novalis p 112-149

* 78 _ H.U.von Balthasar, La foi du Christ, coll. « Foi Vivante », n°76, Paris, Aubier Editions Montaigne, 1966, p 129

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