WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse de la situation socio-économique de la pêche maritime dans la commune de l'ile a vache

( Télécharger le fichier original )
par Claudy ANADIN
Universite Polyvalente d'Haiti (UPH) - agro-economiste 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE V

LA SITUATION SOCIOECONOMIQUE DE LA PECHE MARITIME A L'ILE-A-VACHE

CHAPITRE V

LA SITUATION SOCIOECONOMIQUE DE LA PECHE MARITIME

Dans plusieurs pays, le secteur de la pêche joue un rôle socio-économique vital et occupe une place très avancée parmi les secteurs de l'économie nationale en particulier dans les pays qui sont à la fois producteurs, consommateurs et exportateurs des produits halieutiques. Sur le plan alimentaire, les produits de la pêche contribuent de façon déterminante à satisfaire les besoins en protéines animales de la majorité de la population mondiale. Rappelons que la production mondiale des pêches était estimée en 2011 à environ 154 millions de tonnes (FAO, 2012).

5.1. Aspects sociaux des pêcheurs maritimes de l'Ile-à-vâche

A l'Ile-à-vâche, on retrouve une pêche traditionnelle c'est-à-dire une pêche qui est réalisée par des pêcheurs individuellement, utilisant différents types d'embarcations non motorisées. Les techniques de capture sont variées : filets divers, lignes diverses, nasses et harponnage (fusil).

Selon notre enquête socio-économique menée à l'Ile-à-vâche, la pêche maritime est pratiquée exclusivement par des hommes. Et la majorité de nos enquêtés ont leur âge compris entre 45 ans et plus (Tableau 1).

En ce qui concerne leur niveau d'instruction, sur les 80 pêcheurs de enquête, 45 d'entre eux déclarent n'avoir jamais été à l'école, soit 56,25 % ; 30 d'entre eux ont atteint le niveau primaire, soit 37,5 % ; 5 d'entre eux ont atteint le niveau secondaire, soit 6,25 % ; et aucun d'entre n'ont pu atteindre le niveau universitaire.

A l'ile-à-vâche, la pêche est effectuée parallèlement à d'autres activités, comme l'agriculture et l'élevage. Parmi les 80 pêcheurs de l'enquête, 14 d'entre eux, soit un pourcentage de 17,50%, sont considérés comme des pêcheurs à plein temps. Ces pêcheurs vont tous les jours à la pêche, sauf en cas de réparations de leurs engins de pêche. Ils déclarent avoir rentré directement dans la pêche sans exercer d'autres métiers. 39 d'entre eux, soit 48,75% comme pêcheurs à mi-temps et seulement 27, soit 33,75% comme pêcheurs occasionnels (ils s'occupent d'autres activités secondaires). Ce pendant, on en déduit que la pêche est considérée par la majorité des pêcheurs comme une activité lucrative permettant des bénéfices numéraires immédiats par opposition aux autres activités secondaires (élevage et agriculture) qui procurent des bénéfices à plus long terme.

5.2. Les points de pêche

La pêche maritime a été toujours et est encore aujourd'hui considérée comme étant l'activité économique prioritaire dans la commune de l'Ile-à-vâche. On estime que 63% de la population active de cette commune s'adonne à cette branche d'activité. L'île contient à peu près 10 points de pêche : Madame Bernard, Cayes coq, Grand sable, La source, Source Bambara, Cocoyer, Pélantin, Cayes-à-l'eau, Ilet-à- braie, Pointe-Est.

5.3. L'organisation sociale de la pêche

A l'Ile-à-vâche, le secteur de la pêche n'est pas organisé. Il faut dire qu'à travers ces différents points de pêche, il n'existe aucune organisation ou association éponyme (de pêche). Chacun se débrouille de ses propres moyens et de ses propres savoir-faire. A l'unanimité, les enquêtés avouent qu'ils n'ont jamais reçu aucune formation en matière de pêche de la part d'une ONG, ou de l'Etat haïtien. En conséquence, ces derniers se trouvent généralement en position de faiblesse et subissent souvent les décisions des Agences dans la fixation des prix d'achats des produits de pêche.

5.4. Les embarcations de pêche

Les embarcations de pêche les plus utilisées dans la commune de l'Ile-à-vâche sont les voiliers et les pirogues (communément appelées «  Bois-fouillés »ou « Bwafouye »). Parmi les 80 pêcheurs de l'enquête, seulement 3 d'entre eux qui utilisent des chaloupes, soit un pourcentage de 3,75% (?Graphique3). Par ailleurs, le caractère rudimentaire de ces embarcations et leur faible capacité ne permettent pas aux pêcheurs de s'éloigner au large des côtes de l'île pour une meilleure exploitation des fonds marins (?les photos ci-contre).

Photos 15 & 16 : Vue d'un bois-fouillé (Bwafouye) et d'un voilier

Source:Photo prise personnellement en Juillet 2013

so

5.5. La production

Nous partons du constat que le caractère traditionnel de la pêche maritime à l'Ile-à-vâche ne permet pas une exploitation réelle et grande échelle des produits halieutiques. Notons que, malgré nos diverses recherches, nous ne trouvons aucun document ayant des données statistiques concernant la quantité de produits halieutiques produite annuellement à l'Ile-à-vâche.

Par ailleurs, il n'existe aucun organisme local qui aurait pu nous donner quelques chiffres peut-être même par estimation. C'est en quelque sorte, l'une des limites de nos recherches.

5.6. Circuit de commercialisation

La pêche étant corollairement signalée antérieurement comme occupation de premier ordre de la commune de l'Ile-à-vâche, la commercialisation des produits résultants représente l'une des principales transactions au niveau de la commune .Celle-ci met en scène un ensemble d'agents économiques qui tissent entre eux des relations complexes permettant l'injection d'un flux monétaire considérable dans le système.

Les transactions commerciales des produits dérivant de la pêche à l'intérieur de la commune et vers l'extérieur font intervenir les agents suivants : les pêcheurs, les agences, les saras urbaines, les marchandes locales, les consommateurs c'est-à-dire les particuliers, les hôtels et restaurants.

Les agences, par l'intermédiaire des « délégués » (envoyés dans d'autres points de pêche) ou directement (quand ils habitent à proximité d'un point de débarquement) achètent et prennent livraison entre les mains des pêcheurs. Ces produits de pêche sont stockés avec de la glace dans glacières mobiles. Ils les revendent à des grossistes de Port-au-Prince ou fonctionnent en partenariat avec eux. La plupart d'entre elles jouent aussi le rôle de fournisseurs directs à certains grand hôtels et restaurants.

Les saras urbaines sont celles viennent au marché de la commune tous les «  lundi et jeudi [4] ». Elles n'ont que deux sources d'approvisionnement, à savoir : les pêcheurs et les marchandes locales (certaines sont femmes des pêcheurs). Elles achètent des poissons salés, séchés, et des poissons frais qu'elles procèdent à leur salage et/ou à leur séchage. Elles conservent ces poissons pendant quelques jours pour être vendus au marché public des Cayes ou de Port-au-Prince (majoritairement à Port-au-Prince).

Les Marchandes locales sont celles qui attendent la rentrée des pêcheurs sur le rivage et achètent les poissons de taille plus ou moins réduites (toutes catégories confondues). Elles les revendent aux détails au marché public de la commune le même jour et parfois, elles procèdent à leur salage et/ ou séchage pour les revendre au bout de quelques jours aux saras urbaines.

5.7. Prix des produits de pêche au niveau de chaque acteur

Le prix des produits de la pêche varie suivant la taille et les catégories des produits, la complexité du processus d'approvisionnement, le type et/ou le nombre d'acheteurs présents lors du débarquement des pêcheurs sur le rivage. Ainsi,  nous présentons ces acteurs :

a. Les agences

Les agences achètent des poissons et homards (moyens et gros) par livre. Le coût de la livre des produits ou espèces en question varie selon sa taille.

____________________________________

4. Lundi et jeudi : jours du fonctionnement du marché public de la commune de l'Ile-à-vâche.

A rappeler que, les agences n'achètent pas les espèces de petite taille. La livre des poissons de taille moyenne s'achète à environ 60 gourdes et celle de taille élevée s'achète 70 gourdes. La livre des homards de taille moyenne s'achète à 65 gourdes et celle de taille élevée s'achète à 75 gourdes (?Tableau 9).

b. Les saras urbaines et les marchandes locales

Ces deux catégories d'acheteurs se confondent pour avoir utilisé la même procédure d'achat face aux pêcheurs.

Les prises, une fois débarquées par les pêcheurs sur le rivage, sont achetées par les saras urbaines ou les marchandes locales en gros (prix global). Le prix négocié est généralement aux désavantages des pêcheurs compte tenu de la non-possession de moyens de conservation par ces derniers. Ces produits sont de tailles confondues (petits, moyens, gros). Contrairement aux agences, les saras urbaines ainsi que les marchandes locales n'utilisent pas vraiment une mesure pour quantifier les produits. Elles se servent surtout de leurs yeux pour évaluer le prix. De ce fait, il est impossible pour nous de présenter des chiffres pour ces catégories d'acheteurs.

VERIFICATION DES HYPOTHESES

Pour les besoins de compréhension de notre travail, nous procédons à la vérification des hypothèses:

· La première hypothèse s'est révélée exacte. Le tableau 5 montre que tous les 80 pêcheurs, sur lesquels l'enquête a été menée, n'ont jamais reçu de formations dans le domaine de la pêche. Il n'y a donc aucune intervention de l'Etat haïtien ni ONG en faveur de ces pêcheurs. Par ailleurs, ces derniers possèdent très peu d'engins ayant pour la plus grande part de faible capacité de capture.

· La seconde hypothèse s'est vérifiée dans les chapitres II (tableau 7) et V. Il n'existe pas vraiment un marché formel pour l'écoulement des produits de pêche à l'Ile-à-vâche. Il est clair que le circuit de commercialisation existant n'est guère favorable aux pêcheurs de la zone. Ces derniers ne se sont pas unis en association pour défendre leurs intérêts sociaux et économiques. Sur les 80 pêcheurs de l'enquête, la plus grande part ont leur revenu mensuel compris entre 1000 et 5000 gourdes, soit le plus faible niveau. Donc, la faiblesse de leur revenu témoigne clairement qu'ils ne puissent pas subvenir à leurs besoins primaires.

En définitive, nous pouvons affirmer que nos deux hypothèses sont confirmées.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius