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L'intéret national dans le processus d'intégration régionale en Afrique

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par Yanic KENHOUNG
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2014
  

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II- L'intergouvernementalisme libéral de Andrew MORAVCSIK

Cette approche reconnait avec l'intergouvernementalisme originel que le politique reste la clé de l'intégration. Mais MORAVCSIK refuse de considérer les États comme des boules de billard ou des boites noires dont les positions seraient rigides153. Pour lui, les intérêts que défendent les États sur la scène internationale proviennent bien des marchandages inter gouvernementaux qui ont lieu entre les autorités étatiques et les acteurs sociétaux internes154. Ici est postulée la rationalité de l'acteur étatique, car l'intégration est la résultante d'un marchandage stratégique entre États et l'hypothèse libérale de la formation des préférences nationales au niveau sociétal155.

L'intégration chez MORAVCSIK dépend ainsi de deux variables : la pression que les acteurs sociétaux exercent sur leurs gouvernements, lesquels peuvent mieux satisfaire leurs intérêts que le niveau régional; et le marchandage entre autorités étatiques au sein des institutions régionales. C'est dire d'après ce dernier que, l'intégration est comparable à un « jeu à deux niveaux 156 ».

153Andrew MORAVCSIK, «Negociating the Single European Act. National interests and Conventional Statecraft in the European Community», International Organization, 45 (1), hiver 1991, p. 19- 56.

154 Andrew MORAVCSIK, «Negociating the Single European Act. National interests and Conventional Statecraft in the European Community», International Organization, 45 (1), hiver 1991, p. 19- 56. Cite par Dario BATTISTELLA, op.cit. p. 382.

155 Dario BATTISTELLA, op.cit. p. 383.

156 Robert PUTNAM, «Diplomacy and Domestic policy. The Logic of Two-Level Game», cite par Dario BATTISTELLA, op.cit. p.384.

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En étudiant le traité de Rome, le marché commun, l'intégration monétaire, MORAVCSIK conclut que ces réalisations ont été possibles grâce au pouvoir relatif des États membres et à la convergence de leurs préférences politiques nationales157. MORAVCSIK présente donc une approche de l'inter gouvernementalisme dite libérale qui est une sorte de synthèse entre l'approche néofonctionnaliste qui est une fusion entre unités fonctionnelles et unités politiques et l'intergouvernementalisme originel dont les décisions techniques impliquent pour être légitimes, les décisions politiques. Il (re)politise donc l'intégration régionale en observant la construction européenne. A partir de ce qu'il appelle le cadre d'analyse rationaliste de la coopération internationale, il identifie à chaque fois trois étapes dans un processus d'intégration : la formation des préférences nationales, les négociations interétatiques, enfin, les choix des institutions supranationales158.

Les préférences nationales renvoient aux objectifs des groupes sociaux qui ont une influence sur l'État : syndicats, les regroupements catégoriels divers à l'instar des associations de défense de l'environnement et des minorités de toutes natures. Les négociations inter étatiques ont pour but non seulement de répercuter les préférences nationales au niveau communautaire, mais également de négocier la redistribution des gains au sein du processus d'intégration. Elles ont enfin pour but de faciliter l'adoption des mécanismes contraignants et incitatifs favorisant l'intégration. Le choix des institutions supra nationales concerne la délégation des pouvoirs faite par l'État-nation après les négociations. A cet effet, les États choisissent entre le partage de la souveraineté avec l'instance communautaire et la cession. L'Afrique, inscrite dans un processus d'intégration, ne peut se passer de cette approche; c'est pourquoi il est important de confronter cette approche à la réalité africaine pour ressortir la nature de l'intérêt national qu'elle laisse émerger.

PARAGRAPHE II : L'intérêt national dans la pensée intergouvernementaliste de l'intégration régionale africaine : un intérêt national égoïste

La détermination de la nature de l'intérêt national contenu dans la pensée

intergouvernementaliste de l'intégration régionale africaine consiste à démontrer son

157 Ibid.

158 Andrew MORAVCSIK, Ibid.

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enracinement dans cette réalité à travers le rôle et la place des gouvernements nationaux dans les grandes négociations politiques en Afrique (I) et à démontrer que l'intégration régionale africaine est aussi la formulation et la prise en compte des préférences sociétales (II).

I- Le rôle et place des gouvernements nationaux dans les grandes négociations politiques en Afrique

La création du NEPAD nous semble être le résultat de marchandages intergouvernementaux entre États africains venant faire prévaloir la vision du développement et de l'intégration africaine. En effet, le NEPAD est issu de trois initiatives gouvernementales parallèles. La première est le partenariat du millenium pour le redressement de l'Afrique conduit par l'ancien Plan OMEGA conçu par le Président du Sénégal d'alors Abdoulaye WADE. Les deux ont été fusionnées pour donner naissance à une troisième initiative appelée la Nouvelle Initiative pour l'Afrique laquelle a abouti au NEPAD en 2001 avec le concours de 3 autres gouvernements que sont l'Algérie, l'Égypte et le Nigéria. Toutes les 3 initiatives avaient en commun d'accélérer le rythme du développement et de l'intégration de l'Afrique.159 Elles présentaient certaines similitudes mais comportaient également des différences reflétant les priorités régionales et les intérêts de leurs concepteurs. Ce qui nous fait dire que les cinq gouvernements avaient à coeur la défense de leurs intérêts et que le processus d'adoption du NEPAD a été le fait d'autorités étatiques qui n'ont laissé la place à la communauté de l'UA qu'en dernière instance. Il a donc fallu faire des compromis entre les différents initiateurs pour fusionner ces trois propositions en une seule initiative. A cet effet, le NEPAD est la traduction des tractations intergouvernementalistes lesquelles ont permis d'aboutir à une initiative continentale. C'est d'ailleurs ce qui a amené Lennie GENTLE160 à affirmer que le NEPAD était une voie pour l'impérialisme Sud -Africain161

159 African Labour Research Network, Le NEPAD face à ses défis. Alternatives à la mondialisation néo-libérale , Johannesbourg, NALEDI, 2004, pp.11et 58.

160 Il est chercheur au groupe international de la documentation et d'information sur le travail, (ILRIG), situé au Cap, en Afrique du Sud.

161 Lennie GENTLE, « Le NEPAD et l'impérialisme Sud -Africain », dans le rapport de African Labour Research Network intitulé : Le NEPAD face à ses défis. Alternatives à la mondialisation néo-libérale, Johannesbourg, NALEDI, 2004, pp. 53et54.

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En dehors de l'intégration au sein de l'UA, les ententes intergouvernementales sont également perceptibles au sein des CER. C'est le cas au sein de la CEEAC dans le processus actuel de création des pôles d'excellence technologique universitaire (PETU) entre les dix membres de la région. En lieu et place d'une dynamique impulsée par les instances communautaires de la CEEAC, nous voyons plutôt en première ligne quatre États de la région162. Parmi ces États, le Cameroun est le véritable moteur de cette initiative. C'est cet État qui a accepté d'accueillir et d'organiser en moins de six mois deux réunions dont les résultats ont été indispensables au processus de création des PETU en zone CEEAC. C'est également le Cameroun qui a saisi l'UNESCO pour accomplir dans l'organisation de cette série de concept et bien plus à l'observation de la création des PETU, il ressort une prépondérance des autorités gouvernementales qui doivent répondre au préalable à une déclaration commune d'engagement avant que la CEEAC n'adopte une directive en la matière. Ceci nous montre à quel point les États sont en première ligne dans le processus d'intégration face à des institutions communautaires plutôt passives pour ne pas dire sans poids majeur tant que le partage du pouvoir ou sa cession n'est pas encore décidée par les gouvernements des États163.

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