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Les mandats des opérations de maintien de la paix de l'ONU en République Démocratique du Congo face aux réalités locales: utopisme ou réalisme?

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par Claude BOYOO ITAKA
Université de Kinshasa - Licence 2012
  

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2. HYPOTHESES

Les hypothèses englobent une série de réponses qui permettent de prédire la vérité scientifique, vraisemblable au regard des questions soulevées par la problématique et dont la recherche vérifie le bien fondé ou le mal fondé12(*).

En soi, les hypothèses sont des propositions qui anticipent une relation entre deux termes (concepts ou phénomènes). Elles anticipent : c'est dire qu'elles sont provisoires et nécessitent la vérification13(*).

Ceci étant, répondre d'emblée si les mandats de forces onusiennes correspondent ou pas aux réalités congolaises risque de nous conduire à une subjectivité et ne nous permettra pas de bien comprendre la situation telle qu'elle s'est présentée au cours de l'histoire. Néanmoins, nous reconnaissons que c'est grâce à cette force onusienne que la RDC aurait retrouvé son intégrité territoriale et instauré l'ordre à travers tout le territoire national. Au cours de son histoire, la MONUC devenue aujourd'hui la MONUSCO aurait changé à maintes fois son mandat conformément au changement et à l'évolution de la situation sur terrain. Au départ force d'observation, ensuite devenue une force de maintien de la paix avec pour mission particulière de protéger la population, ses résultats demeurent jusqu'ici mitigés. C'est-à-dire que ces forces auraient eu, d'une part, des mandats qui les ont permis à s'adapter aux réalités et au contexte sécuritaire du pays. D'autre part, il s'avère cependant qu'au regard des nouvelles crises qui secouent la partie orientale de la République Démocratique du Congo, avec déjà des millions de morts et d'autres millions de vies dévastées, ces mandats deviendraient de plus en plus caduques, présenteraient beaucoup de limites et seraient écartés de la réalité locale. Déployer plus de 17.000 casques bleus et ne pas leur accorder un mandat qui leur permet de combattre c'est « absurde14(*) », avait déclaré Laurent FABIOUS, Ministre des Affaires Etrangères de la France après la chute de la ville de Goma entre les mains des rebelles du M23. Même si la résolution 2098 du 28 Mars 2013 lui confère un mandat d'imposition de la paix en créant une brigade d'intervention rapide composée de 3000 militaires, il s'avère que l'action de cette force n'aurait pas des résultats escomptés par les congolais. En fait, le vrai problème ne résiderait pas nécessairement dans les textes des mandats, mais également dans la volonté de leur application. Malheureusement, la volonté politique, telle qu'elle est exprimée dans les instances internationales, ne suffit pas : les enjeux principaux sont sur le terrain ; c'est là que l'on réussit ou que l'on échoue, et c'est donc là qu'il faut s'imposer15(*).

L'inefficacité des interventions de l'ONU en RDC s'expliquerait en grande partie par le fait que son engagement serait instrumentalisé par ses membres les plus puissants qui, à côté de l'objectif global de l'organisation, poursuivent leurs propres intérêts dans les jeux où ils sont impliqués16(*). Il faudrait à cet égard reconnaitre avec P. De SENARCLENS que « les grandes puissances utilisent l'Organisation en suivant leurs propres intérêts, et ne concèdent rien aux exigences de la Charte lorsque cette dernière contrarie leurs ambitions politiques ». ALBRECHT SCHNABEL explique à ce sujet que « les politiques de maintien de la paix de ces pays reposent sur « des évaluations au cas par cas» de chaque conflit, par rapport à leurs préoccupations particulières, leurs intérêts géostratégiques et leur statut régional ou global. Les questions plus générales, comme la défense des valeurs humanitaires universelles ou la sécurité mondiale, ont peu d'impact sur les processus réels de décisions concernant les actions des Casques bleus et le maintien de la paix »17(*). Outre les paralysies conjoncturelles dues aux enjeux géopolitiques ou économiques, il n'est pas insensé de postuler que les difficultés rencontrées par les principaux acteurs des relations internationales, les Etats et les organisations internationales, sont également dues à la complexité des enjeux en cause de cette affaire18(*).

Face aux nouvelles crises en RDC, il serait nécessaire que le mandat de la MONUSCO puisse être redéfini dans le simple but de lui permettre non seulement de stopper ces crimes et surtout de stabiliser cette région qui a tant souffert des conflits armés pendant des décennies. Il suffirait de donner l'ordre aux dix-sept mille soldats (en mission pour l'ONU en RDC) de faire leur métier et de remplir leur mandat.19(*) La MONUSCO doit par conséquent devenir une force d'imposition de la paix au lieu de se limiter uniquement à la protection de la population. Elle ne doit pas être une force observatrice, mais au contraire une force combattante et active avec objectif principal l'imposition de la paix parce qu'on ne maintien la paix que lorsqu' elle est effective, si c'est le contraire, on la recherche par tous les moyens y compris par la force. Certes, la brigade d'intervention rapide a un mandat d'imposition de la paix, mais son effectif par rapport à la gravité et à la complexité de la situation, par rapport également à la multiplicité des groupes armés, nous fait encore retomber dans un scepticisme quant aux résultats escomptés. Il faudrait une requalification générale du mandat de la MONUSCO avec comme mandat l'imposition de la paix et la reforme du secteur de sécurité comme priorité. La MONUSCO devrait se préoccuper prioritairement de l'éradication de tous les groupes armés et se dessaisir des activités humanitaires au profit d'autres organismes de l'ONU ou de l'équipe pays.

* 12 SHOMBA KINYAMBA S., Méthodes de recherche en sciences sociales, Kinshasa, CEDESURK, 2010, p. 34.

* 13 André Cabanis et Ali, Méthodologie de la recherche en droit international, géopolitique et relations internationales, Agence universitaire de la Francophonie (AUF), Paris, 2010, p.84.

* 14 Propos de Laurent FABIOUS sur la Radio France Internationale (RFI) le 21 novembre 2012.

* 15 Guéhenno. J.M., « Maintien de la paix : les nouveaux défis pour l'ONU et le Conseil de sécurité. » In Politique étrangère N°3-4 - 2003 - 68e année, p. 697.

* 16 Pole Institute, « Repenser l'Indépendance : la RD Congo 50 ans plus tard », In Actes du Colloque du cinquantenaire organisé à Goma, Juillet 2010, p.86.

* 17 SCHNABEL, Albrech, « L'avenir du maintien de la paix et la viabilité de la sécurité collective: une interprétation réaliste », in Tous pour un ou chacun pour soi, Québec, Institut des Hautes études internationales, 1996, p.199.

* 18 BERTRAND BADIE et Ali, Ce que nous apprenons de la guerre, Paris, L'arroseur arosé, 1997, p.47.

* 19 http://www.jeanmarcmorandini.com/article-297918-republique-democratique-du-congo-jacques-chirac-et-valerie-trierweiler-appellent-l-onu-a-remplir-son-mandat.html consulté le 20 Mars 2013 à 12h31.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault