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L'abà¢à¢, corps de garde et espace de communication chez les Fang d'Afrique centrale. Une préfiguration des réseaux sociaux modernes.

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par Gérard Paul ONJI'I ESONO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master 2015
  

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3.2. Le principe de non exclusion d'un membre

Traditionnellement, tout homme est d'office membre de l'Abââ de son village, aussitôt qu'il est adolescent et le demeure jusqu'à sa mort. Selon ce principe, chacun peut apporter son point de vue sur les questions débattues à l'Abââ.

Toutefois, pour certaines questions, il est possible que ce soit les sages qui se concertent et font part, après, de leur décision à la communauté. Ne pas exclure un membre signifie également qu'il a droit, qu'il bénéficie de tous les avantages que l'Abââ octroie à la communauté individuellement ou collectivement.

3.3. Le principe de partage et de solidarité 

Le verbe partager en ntumu se dit « akap », il induit la division ou le morcellement d'un objet (repas, vin de palme, noix de kola, etc.) en plusieurs parts, selon le nombre de personnes qui doivent le partager en autant de parts que de personnes ou familles qui constituent la communauté.

Le partage est de règle dans l'Abââ. Comme l'a expliqué l'ancien ONDO NGUEMA ; la société fang ne supporte pas de voir une inégalité criarde entre les membres d'une même communauté. Selon lui, « il est admis que chacun peut avoir ses biens, mais il n'est pas compréhensible que quelqu'un jouisse de ses biens sans les partager, sans faire de la charité pour que les uns ne soient pas très pauvres el les autres très riche. Car selon la philosophie fang, le bonheur autant que le malheur se partagent. »54(*). A être titre d'exemple, même un passant a le droit de partager le repas qu'il trouve sur la table sans demander l'avis des personnes à qui il était initialement destiné. Même les hommes célibataires ou veufs ne sont pas exclus des repas lorsque les épouses des autres frères et oncles font parvenir les repas à l'Abââ. C'est ainsi que tout se partage entre les personnes qui séjournent à l'Abââ. L'on peut alors reconnaître ici que le volet social soit relevé plus loin comme une fonction essentielle de cette institution.

En dernier ressort, la dimension symbolique de l'Abââ peut côtoyer le mystique dans la mesure où même pour établir une relation entre les hommes et les existants métaphysiques, les aînés y invoquent les esprits tutélaires. C'est à l'Abââ que les Fang sont en communion avec les ancêtres, en ce sens que chaque village aura connu des aînés qui ont légué cette institution aux générations d'après et ils les ont toujours évoqués et invoqués lors des assises qui s'y tiennent. D'ailleurs, en cas de situation sérieuse dépassant la compétence humaine, comme des décès successifs des enfants du village, sans cause explicable, ou d'autres malheurs affectant la communauté, les ancêtres peuvent être invoqués à travers un rituel, au cours d'une cérémonie ésotérique qui s'appelle en Fang ngii55(*). Celle-ci est organisée par les anciens du village afin de susciter le nettoyage du mal et la purification du clan. Chaque ancien doit pouvoir prêter verbalement le serment de l'innocence avant que les esprits n'agissent. En cas de réticence, des soupçons peuvent alors être portés aisément sur cette personne comme auteur du mal qui s'est abattu sur le village.

* 54ONDO NGUEMA, 66 ans, originaire de la localité de Mimvul entretien tenu avec l'intéressé le 19 mai 2010, de 17h30 à 19h à Libreville au Gabon, dans son domicile sis au quartier la SNI.

* 55 Il s'agit d'un rite organisé par les anciens de la communauté lorsque plusieurs malheurs inexplicables par la compréhension humaine. Il a pour but d'invoquer les esprits des ancêtres qui protègent la communauté afin qu'ils purifient le village.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams