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L'abà¢à¢, corps de garde et espace de communication chez les Fang d'Afrique centrale. Une préfiguration des réseaux sociaux modernes.

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par Gérard Paul ONJI'I ESONO
Université de Yaoundé II Cameroun - Master 2015
  

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8. CADRE METHODOLOGIQUE

Nous avons opté d'entreprendre une étude de type exploratoire qui s'est donné pour ambition d'interroger l'Abââ en tant que structure sociale et les fonctions qu'il remplit chez les Fang. Dès lors, notre méthode de recherche épouse le type qualitatif et nous avons mené notre collecte d'information au moyen des sources suivantes : la recherche documentaire sous forme d'enquête littéraire, les entretiens avec des personnes-ressources (personnes âgées détentrices de la tradition et des intellectuels) ayant abordé peu ou prou notre sujet.

La revue de littérature nous a permis de développer d'abord une esquisse de socio-anthropologie du peuple Fang et la connaissance relevant du domaine des réseaux sociaux essentiellement à travers des sources documentaires que nous avons exploitées.

En ce qui concerne l'élucidation des fonctions sociales de l'Abââ, nous avons investigué par observation directe qui est une technique de l'observation participante, et par des entretiens, dans la phase de pré-enquête qui, selon GHIGLIONE et MATALON25(*), sont utilisés pour aider à la construction du cadre conceptuel, surtout dans un contexte comme celui dans lequel nous avons mené cette recherche, qui caractérisé par l'indisponibilité de données déjà collectées. C'est également fort de ce que cette méthode est recommandée par Yves WINKIN que nous avons jugé adéquat de l'intégrer dans la palette d'outils qui nous ont permis de mener cette investigation. La raison de ce choix se justifie lorsque cet auteur déclare à ce sujet que : « Il me parait que le travail scientifique sur la communication doit s'accomplir à deux niveaux, ou en deux temps. Tout d'abord, il s'agit de dégager par observation participante les cadres de perception et d'organisation par lesquels certains phénomènes naturels et sociaux sont tenus, dans un groupe social donné, pour des événements ou des actes de communication. »26(*)

En territoire camerounais, en raison de la forte concentration de villages sur l'axe routier reliant Meyo Centre à Ma'an et environs, nous avons choisi cette contrée qui compte 50 mebââ (pluriel d'Abââ) répartis dans 31 villages. C'est ainsi qu'entre 2010 et 2012, nous avons parcouru ces villages dont la liste figure plus loin (voir page 40). Le nombre total de voyages effectuées dans le cadre de cette étude et en dehors se chiffre à quarante-deux (42), avec la fréquence d'environ un voyage par mois.

En outre, afin de ressortir quelque éventuelle différence au niveau des Mebââ des Fang du Cameroun et ceux de Guinée Equatoriale, nous avons séjourné pendant deux semaines en Guinée Equatoriale dans l'Abââ de Minkok Messeng, du clan Esa nguii dans la période comprise entre le 1er et le 13 aout 2011. Il nous a été donné d'assister à plusieurs cérémonies qui se sont déroulées à l'Abââ, notamment des funérailles, une réunion du clan et un mariage traditionnel. Pour les mêmes raisons, nous avons effectué plusieurs voyages d'étude au Gabon au courant du mois de mai 2012, séjournant à Thoo Efak pendant une semaine et à Libreville pour sillonner certains villages environnants, à proximité de la localité de Ntoum située à une trentaine de kilomètres sur la route nationale qui mène vers le nord.

C'est à base de ces données collectées sur le terrain relevant de l'observation des activités menées par la communauté villageoise et de l'interaction que cela génère qu'il nous est apparu possible de rapprocher l'Abââ et les réseaux sociaux. En effet, c'est à travers ces outils qu'il a été possible de mettre en évidence leurs manifestations au travers de comportements observables. Cela nous a conduit à envisager une certaine homologie entre les deux phénomènes.

En fait, une étude exploratoire avec l'Abââ comme objet d'investigation, un sujet aussi singulier peut poser des problèmes d'unanimité sur les outils méthodologiques permettant de le cerner complètement. Mais, nous sommes dans une logique ethnographique qui privilégie l'observation participante confortée par l'approbation qu'en fait Yves WINKIN qui déclare : « personnellement, je crois à la pertinence de la démarche ethnographique. Les travaux qu'elle peut produire sont loin d'être de simples « monographies de village », comme d'aucuns l'ont dit. Elle permet d'appréhender le social avec tout le respect qu'on lui doit - et avec tout le plaisir que nous pouvons en tirer »27(*).

En ce qui concerne spécifiquement les entretiens, nous avons ciblé des informateurs sur la base du critère social de nyambôrô. Dans les communautés fang investiguées au Cameroun, au Gabon, et en Guinée Equatoriale, nous avons mené des entrevues individuelles avec une quarantaine d « anciens » rencontrés pendant nos différents voyages. Pour la plupart, ce sont des personnes âgées de cinquante ans et plus. Le contact s'est établi au sein de leurs différents Abââ où nous avons été introduits avec la facilitation de nos connaissances locales. Les aspects sur lesquels il leur a été demandé de s'exprimer concernaient notamment l'origine de l'Abââ et la symbolique de cette institution. Les autres domaines comme les fonctions sociales et la similitude de l'Abââ avec les réseaux sociaux modernes a ont été développés et analysés sur la base de l'observation directe.

De surcroit, nous pouvons aussi révéler que nous sommes originaire de cette aire socioculturelle. Certaines connaissances qui étaient déjà acquises, peut être a priori, ont été élaborées, exploitées, et mises en forme comme éléments du contenu de ce travail.

* 25GHIGLIONE, R. et MATALON, B. Les enquêtes sociologiques, Armand Collin, Collection U, 1978, 301 p.

* 26WINKIN, Yves, op. cit. pp. 95-96.

* 27 WINKIN, Yves, op. cit. p. 154.

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