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Performance sociale et viabilité financière des IMF au Sénégal

( Télécharger le fichier original )
par Moussa DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA Sciences de gestion 2012
  

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CONCLUSION GENERALE

Au reste, pour être un levier important du développement et lutter efficacement contre la pauvreté dans le monde, la microfinance a changé d'option et s'est engagée depuis les années quatre vingt dix sur la voie de la pérennité financière conformément à la perspective institutionnaliste. En effet, la plupart des acteurs du secteur se sont investis pour l'atteinte de ces objectifs. Mais cette procédure a créé une tension pour les IMF entre la poursuite de leurs missions sociales (toucher les exclus, renforcer leurs capacités, etc.) et l'atteinte de leurs objectifs financiers (couvrir les coûts de l'offre de services) (CERISE, 2010). Ainsi, dans le but de mieux cadrer les institutions de microfinance et les différents acteurs sur les leviers à agir, nous avons choisi de travailler sur le thème « Performance Sociale et Viabilité Financière des IMF au Sénégal ». Ce thème se situe dans la problématique d'arbitrage entre objectifs sociaux et pérennité financière ayant fait, dans le domaine de la microfinance, l'objet d'un débat entre le courant Welfariste et le courant Institutionnaliste.

L'objectif général du travail consiste à voir la convergence entre une prise en compte de la dimension sociale, par les IMF, et la recherche de la viabilité financière. Cet objectif général est scindé en trois objectifs spécifiques qui consistent à :

· étudier le lien pouvant exister entre le ciblage des pauvres et le ratio d'autosuffisance opérationnelle ;

· vérifier s'il ya une corrélation entre l'adaptation des services aux besoins des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle;

· examiner le lien entre le capital social et le ratio d'autosuffisance opérationnelle des IMF.

Pour atteindre ces objectifs cités ci-dessus, une méthodologie hypothético-déductive a été retenue, alliée à une démarche quantitative. Cette dernière nous a permis de recueillir une moisson d'informations sur notre terrain de recherche à l'aide des instruments de collecte de données comme le questionnaire et l'interview. Après un dur travail de labeur, nous sommes parvenus aux résultats suivants: l'analyse descriptive révèle que les mutuelles de l'échantillon pratiquent correctement les trois dimensions de la performance sociale prises en compte dans ce travail. Il s'agit essentiellement du ciblage des pauvres exclus, de l'adaptation des produits et services aux besoins de la clientèle et de l'amélioration du capital social et politique des clients. Par contre la plupart des mutuelles de l'échantillon ne sont pas autosuffisances c'est-à-dire elles ne parviennent pas à atteindre la norme de 100% édictée par la BCEAO. Pour mieux visionner ce résultat, les scores moyens obtenus sont agrégés dans le tableau ci-après:

Tableau 11 : Scores moyens des dimensions des différentes variables

Concepts de la recherche

Dimensions

Scores moyens

Performance sociale

Le ciblage des pauvres exclus

58,4 %

L'adaptation des produits et services

61,33%

L'amélioration du capital social et politique des clients

56,6%

Viabilité financière

Ratio d'autosuffisance opérationnelle (RAO)

54%

Source : Données de l'enquête

Après l'analyse descriptive, les tests statistiques notamment l'utilisation du test de corrélation de Pearson au seuil de 5% a été appliquée à l'ensemble de nos hypothèses. Ainsi, concernant l'hypothèse H1, aucune corrélation n'est notée entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ce faisant, l'hypothèse H1 est rejetée.

L'hypothèse H2 est aussi rejetée mais les services innovants et non financiers en général et les alliances extérieures en particulier élargies à la diversité des produits et services sont corrélées positivement et de manière significative avec le ratio d'autosuffisance opérationnelle.

Il y'a enfin l'hypothèse H3 liant l'amélioration du capital social et politique des clients et le ratio d'autosuffisance opérationnelle qui est, tout de même, rejetée. Mais l'item « l'accès des clients aux bilans financiers », traduisant ainsi la transparence dans la gestion et la confiance entre clients et IMF, est aussi lié positivement et de manière significative au ratio d'autosuffisance opérationnelle.

Les résultats issus de nos analyses sont intéressants dans la mesure où, dans le contexte du Sénégal, l'hypothèse H1 est en déphasage avec la plupart des travaux réalisés en Europe, en Amérique et en Afrique plus particulièrement au Bénin avec le consortium ALAFIA. En revanche, les hypothèses H2 et H3 confirment en partie ces travaux précités.

Sur ce point, la convergence entre performance sociale et viabilité financière passe donc par l'adaptation des produits et services aux besoins des clients à travers les alliances extérieures et la diversité des produits et services des institutions d'une part, et d'autre part par l'amélioration de la situation politique et économique des clients (capital social) à travers la transparence et la confiance entre clients et institutions.

Pour approfondir ce travail, il est intéressant d'élargir ces comparaisons à d'autres types d'études. Par exemple, inclure à cette analyse des mesures de la pauvreté permettant de vérifier la concordance entre les efforts entrepris par les IMF pour servir les pauvres exclus et le profil réel de leurs clients. A cet effet, deux nouveaux instruments d'évaluation de la pauvreté comme l'Index de Progression de sortie de la Pauvreté (PPI) et le Poverty Assessment Tool (PAT) ont été mis au point pour évaluer la pauvreté d'usagers d'un programme de développement d'une manière particulièrement opérationnelle et peu onéreuse.

Comme le remarque CERISE (2008), ces méthodes s'appuient sur un nombre réduit d'indicateurs issus d'enquêtes nationales sur les niveaux de vie et sont sélectionnées en fonction de leurs capacités statistiques à déterminer le niveau de pauvreté d'un ménage. Les indicateurs non financiers portent sur des critères facilement identifiables et vérifiables, et permettent d'établir la probabilité qu'une personne soit pauvre. En l'appliquant à l'ensemble de la clientèle ou à un échantillon, nous pouvons en déduire la proportion de clients qui sont en situation de pauvreté.

En croisant également les résultats issus des indicateurs de performance sociale avec ceux d'études de marché, nous pourrons, en outre, savoir si une prise en compte de la performance sociale, en termes de diversité des produits, de services innovants et non financiers, de confiance et de transparence, influence effectivement l'image de l'institution auprès du public.

Au final, ce travail a donné l'opportunité d'étudier les relations existantes entre les indicateurs de performance sociale à savoir le ciblage des pauvres exclus, l'adaptation des produits et services aux besoins des clients et l'amélioration du capital social des clients et celui de la viabilité financière en l'occurrence le ratio d'autosuffisance opérationnelle. Cette recherche constitue, à notre connaissance, un terrain peu exploré en Afrique de manière général et au Sénégal en particulier. Nous avons ainsi pu mettre en évidence la convergence existante entre les deux concepts tout en montrant à travers les résultats que les relations peuvent être approfondies davantage, surtout au niveau de l'amélioration du capital social et politique des clients, afin de développer de manière beaucoup plus fine des approches intégrées d'évaluation de gouvernance et de gestion de performance sociale. Ces dernières constituent ainsi une perspective encourageante pour permettre aux IMF de combiner avec plus d'efficacité l'utilité sociale et viabilité financière.

En plus de ces perspectives de recherches, nous pouvons également, dans nos études futures, intégrer des variables comme le rendement des capitaux propres, le rendement des actifs et la productivité du personnel qui constituent des variables stratégiques de la performance financière. L'intégration des ces variables nous conduit ipso facto à nous interroger sur la question de l'analyse de la convergence entre performance sociale et performance financière des IMF au Sénégal ?

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