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Performance sociale et viabilité financière des IMF au Sénégal

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par Moussa DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA Sciences de gestion 2012
  

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2. Mesure de la viabilité financière

Il existe plusieurs indicateurs permettant de mesurer la viabilité financière. Parmi ceux-ci nous pouvons noter essentiellement le ratio d'autosuffisance opérationnelle et le ratio d'autosuffisance financière.

2.1. L'autosuffisance opérationnelle

Selon Boyé S. et al. (2006) les institutions de microfinance font face à trois types de coût à savoir les charges d'exploitation, les provisions pour les créances douteuses et les charges financières. L'autosuffisance opérationnelle est un indicateur essentiel qui évalue la capacité d'une IMF de couvrir ces trois types de charges. Elle est mesurée par le ratio :

[Revenus d'intérêt et commissions] / [Les charges d'exploitation + Les provisions pour les créances douteuses + Les charges financières]

Conformément aux instructions données par la BCEAO, la norme du ratio d'autosuffisance opérationnelle s'établie à 100%. Ainsi, toute institution qui ne parvient pas à atteindre cette barre subit des pertes qui, à terme, anéantissent sa viabilité financière.

2.2. Le ratio de l'autosuffisance financière

L'autonomie financière indique que les produits générés globalement (hors subventions de toute nature) sont suffisants pour couvrir l'ensemble des charges d'exploitation, les dotations pour créances douteuses ainsi que les charges financières.

Cependant, Gibbons et Meehan (1999) considèrent que l'autonomie financière est définie comme la capacité d'une IMF à couvrir l'intégralité de ses charges de fonctionnement en prenant en compte les divers ajustements relatifs à l'inflation et aux subventions explicites et implicites.

Dans cette perspective, Boyé S. et Al. (2006) estiment qu'en plus de ces trois types de charges citées ci-dessus, il existe pour une IMF un quatrième type de charge à savoir le coût de capital qui est la charge à laquelle l'IMF aurait à faire face :

· si elle devait son fonds de crédit sans recevoir de subvention et sans bénéficier de crédits à des taux bonifiés ;

· et aussi si elle devait maintenir la valeur de ses fonds propres malgré l'inflation.

Concernant le premier point, les charges de financement de l'IMF seraient alors égales à ses emprunts moyens sur l'année multipliés par le taux de l'emprunt sur le marché. De ce moment, il faut soustraire les charges de financement réellement payées par l'IMF dans l'année pour connaître le surcoût qu'aurait connu l'IMF en l'absence des subventions.

Ce surcoût égal à:[(emprunt moyen) × (taux de l'emprunt)] - charges de financement réelles. (1).

Pour le second point, nous pouvons dire que l'inflation a pour effet de réduire la valeur de fonds propres de l'IMF en termes réels à l'exception des immobilisations comme les terrains et les bâtiments dont la valeur réelle n'est pas affectée par l'inflation. L'IMF doit donc générer des revenus suffisants pour compenser l'effet de l'inflation sur ces fonds propres nets de ses immobilisations. Cet effet est égal à: taux de l'inflation × (fonds propres moyens - immobilisations moyennes) (2). Le coût de capital est donc égal à la somme de ces deux termes [(1) +(2)].

Dès lors, nous pouvons évaluer la capacité de l'IMF par l'ensemble de ses quatre catégories de coûts en calculant son ratio d'autosuffisance financière qui est égal à :

[Revenus d'intérêt et commissions] / [Les charges d'exploitation + Les provisions pour les créances douteuses + Les charges financières + Le coût de capital]

Selon toujours la norme édictée par la BCEAO, seules les IMF dont le ratio d'autosuffisance financière est supérieur à 100% pourront durablement poursuivre leurs activités sans subventions et sans voir aussi leurs fonds propres diminuer.

De manière générale, les IMF évoluent d'abord progressivement vers l'autosuffisance opérationnelle avant d'atteindre, à plus long terme, l'autosuffisance financière. La question de l'autonomie financière suit un certain nombre d'étapes. Ainsi, de nombreuses études sont actuellement menées pour décrire la voie idéale conduisant à la pérennité financière.

Otero et Drake (1993)17(*) dressent un cycle de vie susceptible de refléter la transformation d'une institution de microfinance en une véritable institution d'intermédiation financière. Trois phases sont à distinguer à cet effet:

· la première phase est dite de démonstration durant laquelle l'institution d'appui fait preuve qu'il est possible de prêter aux pauvres grâce à un mode de fonctionnement adapté ;

· la deuxième phase est dite de seconde génération durant laquelle l'institution tente de conforter son mode de fonctionnement afin de tendre vers une autonomie ;

· la troisième phase est dite de développement opérationnel lié à l'expansion durant laquelle l'institution commence à s'interroger sur sa véritable fonction d'intermédiation financière.

En outre, pour juger de la dépendance des IMF face aux subventions, le critère de référence est l'indice de dépendance des subventions. Mais pour juger de l'autonomie financière d'un programme, nous pouvons se référer soit au taux de couverture des charges opérationnelles ou ratio d'autosuffisance opérationnelle qui n'inclut pas le coût de capital soit au taux de couverture total qui prend en compte l'ensemble des charges (Yaron, 1998).

A cet égard, l'étude exploratoire que nous avons menée auprès de certaines IMF nous permet de constater que la plupart d'entre elles ne dispose pas d'un système d'information et de gestion adéquate comme le souligne tantôt Sakho (2005). A cet effet, l'opérationnalisation de la viabilité financière sera limitée exclusivement à l'autosuffisance opérationnelle, comme l'a indiqué Yaron (1998), puisque l'autosuffisance financière intègre le coût de capital. Dans ce sens, vue les difficultés rencontrées dans l'évaluation de ce coût, nous jugeons nécessaire, compte tenu de nos moyens financiers et du temps qui nous est imparti, de l'intégrer dans nos études ultérieures.

Par ailleurs, comme les acteurs de la microfinance s'interrogent régulièrement sur les équilibres entre ciblage des pauvres ou plus généralement entre performance sociale et performance financière, nous pouvons s'interroger sur le lien entre performance sociale et viabilité financière. Il s'agit en outre de pouvoir tester l'hypothèse selon laquelle à moyen terme, il existe une convergence entre performance sociale et viabilité financière.

Ceci nous amène au chapitre qui suit concernant toujours la revue de la littérature axée notamment sur le lien ou l'arbitrage entre performance sociale et viabilité financière.

CHAPITRE II : LA MICROFINANCE UNE REPONSE A L'EXCLUSION BANCAIRE : LE LIEN ENTRE PERFORMANCE SOCIALE ET VIABILITE FINANCIERE

Comme évoqué dans la partie introductive, de nombreuses personnes ont longtemps été rejetées du système bancaire traditionnel et se sont dès lors vues contraintes de se tourner vers des sources de financement alternatives. La première section a pour objectif de comprendre les raisons pour lesquelles les banques commerciales traditionnelles se sont détournées de ces populations aux revenus modestes et aux activités économiques de petite envergure et les alternatives qui s'offrent à ces dernières. Dans la deuxième section, l'arbitrage entre performance sociale et viabilité financière dénommé le schisme de la microfinance est mis en évidence.

Tout au long de la première section, nous nous référerons aux théories contractualistes car, selon De Briey (2005), il s'agit du cadre théorique habituellement mobilisé dans la littérature scientifique pour expliquer le phénomène d'exclusion des micro-entrepreneurs du marché du crédit. Cette situation va nous permettre de voir, de facto, l'émergence des modes de financement alternatifs dans les pays du sud de manière général et au Sénégal en particulier.

* 17 Cité par Imène Berguiga dans performance sociale versus performance financière, date

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry