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Les instruments du COPAX face aux enjeux sécuritaires en Afrique centrale.

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par Cyr Revelli MBA ABESSOLO
Université Omar Bongo - Master recherche en Géographie 2014
  

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II. La CEEAC, maître d'oeuvre de l'architecture de la paix et de la sécurité en Afrique centrale

Alors que la plupart des pays africains fêtent leurs 50 ans d'indépendance nationale, la promotion d'une unité du continent reste d'actualité. L'Union africaine (UA), qui s'est emparée en 2002 de l'héritage du panafricanisme, tente de faire ses preuves en s'attelant à relever les nombreux défis laissés en friche par l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) avait échoué. Avec la création de l'Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS), l'un de ceux-ci reste à présent la redéfinition de la coopération entre l'UA et les Communautés économiques régionales (CER). En effet, traditionnellement reconnues comme de simples piliers de la Communauté économique africaine (CEA), les CER sont devenues des acteurs à part entière en matière de paix et de sécurité. La CEEAC s'est donc engagée dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits en Afrique centrale.

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II.1. Les Prémices de la promotion de la paix et de la sécurité au sein de la CEEAC : la création du Comité consultatif permanent des Nations unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale (CCPNUQSAC)

En décembre 1981 les dirigeants de l'Union Douanière et Économique de l'Afrique Centrale (UDEAC) ont donné leur accord de principe pour élargir la Communauté Économiques d'États de l'Afrique Centrale. La CEEAC à été créée, le 18 octobre 1983 par les membres de l'UDEAC et les membres de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) (Burundi, Ruanda et le Zaïre - ainsi nommé à l'époque), ainsi que Sao Tomé et Principe. L'Angola a conservé un rôle d'observateur jusqu'en 1999, date à laquelle le pays est devenu membre. La CEEAC fonctionne dès 1985, mais est restée inactive pendant une grande partie des années quatre-vingt dix.

En 1986, Paul Biya, alors président en fonction de la CEEAC, demande à l'ONU d'aider l'organisation à restaurer la confiance entre les Etats afin de réduire le risque de conflit. Huit ans plus tard70, le Secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali, créait le Comité consultatif permanent des Nations unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale (CCPNUQSAC). Au sein de ce comité, les ministres des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Défense de la région se rencontraient pour aborder les questions de paix et de sécurité et rédiger des recommandations devant être ratifiées par les chefs d'Etat. Le Comité s'est révélé utile ; il a amélioré progressivement la communication entre les gouvernements d'Afrique centrale sur les questions de sécurité, alors que la CEEAC se trouvait dans un coma prolongé. A la fin de la cinquième réunion à Yaoundé, le 9 septembre 1994, la RCA, la République du Congo, le Cameroun, la Guinée Equatoriale, le Gabon et Sao Tomé-et-Principe ont adopté un pacte de non-agression posant ainsi les jalons de la signature par l'ensemble des membres de la CEEAC, d'un pacte identique. Ce dernier, signé le 8 juillet 1996 a été peu suivi d'effet. La première guerre du Congo a éclaté en novembre pour continuer presque sans interruption pendant sept années.

Entre temps, la mort de dix-huit soldats américains en Somalie en octobre 1993 et de dix casques bleus belges au Rwanda en avril 1994 avait entamé l'appétit des puissances occidentales pour les interventions de maintien de la paix en Afrique. La France, le Royaume-

70 En février 1988, le Centre régional des Nations unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC) a organisé à Lomé, au Togo, une conférence sur la promotion de la confiance, de la sécurité et du développement dans le cadre de la CEEAC. Un séminaire a suivi en juin 1991 à Yaoundé, sur la résolution de conflits, la prévention et la gestion de crises et le renforcement de confiance entre les Etats membres de la CEEAC. Mutoy Mubiala, « Coopérer pour la paix en Afrique centrale », Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), 2003.

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Uni et les Etats-Unis ont lancé des programmes de renforcement des capacités des forces africaines et encouragé les institutions régionales et continentales à établir des structures leur permettant de résoudre leurs conflits. En 1994, la France commença à mettre en place son programme de renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (RECAMP). En 1996, les Britanniques lancèrent leur programme de soutien à la formation en maintien de la paix (Peacekeeping Training Support Programme), intégré au sein de l'Instrument pour la prévention des conflits en 2001. En 1997, les Américains mirent sur pied l'initiative de réponse aux crises africaines (African Crisis Response Initiative, ACRI), remplacée par le programme d'assistance et de formation aux opérations de secours en Afrique (African Contingency Operations Training and Assistance) Ce virage politique a contribué à mener à terme le remplacement de l'Organisation de l'unité africaine par l'Union africaine (UA) en 2002. Contrairement à ceux de son ainée, les principes fondateurs de l'UA mettent l'accent sur la sécurité collective et intègrent les organisations régionales dans le schéma continental en les incitant à créer leurs propres structures et mécanismes de sécurité collective L'architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) de l'UA, lancée au même moment que cette dernière, comprend un certain nombre de mécanismes pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits (le système continental d'alerte précoce, le Conseil des sages, les Forces africaines en attente, etc.). L'UA a prévu que les communautés économiques régionales prendraient la tête de la sécurité en reproduisant ses mécanismes pour la prévention, la gestion et le règlement de conflits au niveau régional. La CEEAC, parce qu'elle avait plus de membres que la CEMAC, fut jugée plus à même de jouer ce rôle en Afrique centrale71. Si à la fin des années 1990 l'UA n'était pas encore sur pied, l'UE et la Commission économique de l'ONU pour l'Afrique se sont révélées d'influents avocats de la renaissance de la CEEAC. Une des conditions de l'UE pour la signature des accords de partenariat économique avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) en 1995 à Lomé, et pour ceux de Cotonou en 2000, était qu'ils s'engagent pour l'intégration régionale72.

71 Voir le « Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine », session ordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine, 9 juillet 2002.

72 Bruno Békolo-Ebé, « L'intégration régionale en Afrique : caractéristiques, contraintes et perspectives », Mondes en développement, n°. 115-116 (2001/3), cité dans le rapport de Crisis Group n°1981, op. cit. p. 4.

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II.2. La CEEAC et son nouveau rôle de promoteur de paix et de sécurité

Le 6 février 1998, à Libreville, les dix chefs d'Etat de la CEEAC ont tenu leur deuxième sommet extraordinaire qui s'est conclu par la décision de réactiver l'organisation sous-régionale et d'élargir ses attributions au-delà du champ économique originel pour inclure la promotion de la paix et de la sécurité. Cette nouvelle orientation devait devenir la raison d'être de l'organisation alors que ses fonctions économiques se présentaient de plus en plus comme marginales, la CEMAC couvrant à peu près le même domaine, pour un groupe d'Etats plus restreint. L'idée était de créer une structure institutionnelle par le biais de laquelle les Etats membres pourraient élaborer des réponses politiques et militaires promptes et efficaces face à l'émergence d'une nouvelle crise et contribuer à prévenir les conflits, protégeant ainsi le développement économique de la région. De par sa taille, les décisions de la CEEAC et ses interventions bénéficieraient d'une impartialité et d'une légitimité essentielle aux yeux des parties au conflit et des observateurs internationaux73.

Au moment de sa renaissance, la CEEAC s'est trouvée confrontée à la fois à la méfiance de nombreux dirigeants d'Afrique centrale, hésitants à s'engager dans un projet d'intégration potentiellement contraignant, et à un contexte politique peu favorable dans plusieurs pays. La République du Congo, la RDC, le Tchad, le Burundi, le Rwanda et l'Angola sortaient tout juste de guerres civiles et s'acheminaient vers une consolidation intérieure incertaine. Au Cameroun, le caractère réservé de Paul Biya constituait un frein à son engagement plus visible dans ce nouveau projet. De son côté, la Guinée Equatoriale n'avait pas les moyens de ses ambitions. Seul le Gabon paraissait actif sur la scène régionale. Les talents politiques du président Omar Bongo ainsi que ses soutiens extérieurs ont compensé les moyens économiques et militaires plutôt limités du pays et lui ont conféré un rôle central74. Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso tenaient particulièrement à la renaissance de la CEEAC. Le premier cherchait à rehausser son profil régional et international par des moyens convenant à son statut de doyen des présidents d'Afrique centrale. Sassou Nguesso, de son côté, venait de sortir victorieux d'une sanglante guerre civile en 1997, qui avait laissé Brazzaville en ruines75.

73 Voir Rapport de Crisis Group, n°18.1, op cit. , p.9.

74 Sur la conjoncture politique régionale au moment de la relance de la CEEAC, voir Hakim Ben Hammouda, L'intégration régionale en Afrique centrale. Bilan et perspectives (Paris, 2003) et Angela Meyer, « Regional integration and securityin Central Africa - Assessment and perspectives 10 years after the revival », Egmont - The Royal Institute for International Relations, Paper 25, décembre 2008.

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Il a donc pris un rôle de premier plan dans la renaissance de la CEEAC pour légitimer son régime et redorer son image ternie. La réserve de Laurent-Désiré Kabila à l'égard de la CEEAC a joué en sa faveur. Kabila venant tout juste de remporter la première guerre du Congo, la consolidation de son pouvoir constituait un défi plus urgent76. En l'absence d'autres prétendants, Sassou Nguesso s'est assuré que la fonction de secrétaire général incombe à l'un de ses compatriotes, Louis-Sylvain Goma77.

En janvier 1999, la demande de l'Angola, qui avait jusqu' alors un statut d'observateur, de devenir membre permanent de la CEEAC a été acceptée. Bien que le commerce extérieur du pays soit principalement tourné vers le Sud de l'Afrique, l'implication historique de la RDC dans les conflits internes à l'Angola constituait un motif légitime pour le président José Eduardo Dos Santos de rechercher une plus grande influence en Afrique centrale. En reconnaissance de la richesse pétrolière de l'Angola et de sa supériorité militaire, le poste de secrétaire général adjoint chargé des questions de paix et de sécurité lui a été attribué78.

75 « Trois guerres civiles en dix ans », Libération, 19 juin 2002. Sassou Nguesso aurait aussi financé le premier immeuble de la CEEAC à Libreville. Entretien de Crisis Group, cadre de la CEEAC, Bangui, RCA, 24 janvier 2004.

76 Entretien réalisé par Crisis Group, diplomate d'Afrique centrale, Libreville, Gabon, 24 mars 2011.

77 Louis Sylvain-Goma est de Pointe-Noire, en République du Congo. Il a suivi une formation militaire en France et s'est élevé au rang de chef des forces armées en 1974. Il fut Premier ministre du 18 décembre 1975 au 7 août 1984, sous trois présidents, le dernier étant Sassou Nguesso. Il a par la suite occupé une série de positions politiques avant de rejoindre la compagnie pétrolière Agip Congo de 1992 à 1998.

78 Sur la structure interne de la CEEAC, voir le chapitre III. B du rapport de Crisis Group n°181.

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Photo : Siège de la CEEAC à Libreville (Gabon)

Cliché : Cyr Revelli Mba Abessolo, 3 mars 2013.

Pour l'essentiel de ce deuxième chapitre, retenons que la coopération sécuritaire en Afrique centrale est à l'origine le fait d'une mission interafricaine dénommée MISAB. Après l'échec de la MISAB, la CEMAC a pris le relais en 2002 en envoyant une force sous-régionale de maintient de la paix qui avait pour objectif de remplacer celle de la CEN-SAD appelée en renfort par le président Patassé. La CEEAC qui avait été choisi par l'Union Africaine lors de son initiative de rationalisation des CERs en Afrique, deviendra le maître d'oeuvre de l'architecture de paix et de sécurité en Afrique centrale.

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