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Traque aux innovations piscicoles paysannes dans le district de Vatomandry: étude de pratiques piscicoles alternatives aux référentiels techniques proposés par l'APDRA


par Toan Hersant
ISTOM - Ingénieur Agronome 2021
  

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B/ Les activités de recherche-action de l'APDRA, un 2ème filtre écartant des pratiques innovantes :

L'APDRA accompagne déjà certaines innovations piscicoles qui sont testées en milieu paysan (la recherche action). En ce moment, les principales innovations étudiées par l'ADPRA Côte-Est sont l'élevage de gourami, la ponte multiple de carpes ou encore le décalage de ponte de carpes. Le faible temps de terrain disponible a fait qu'il était préférable d'étudier des pratiques piscicoles peu connues par l'APDRA et donc d'écarter notre traque de ces innovations déjà étudiées.

C/ D'une traque qui se veut large à un échantillon restreint de pisciculteurs étudiés :

1) Une traque qui se veut large :

Phase

méthodologique

2ème partie des enquêtes : les études de cas

Légende :

Les phases du stage

Phase de
télétravail et
début de terrain

1ère partie des
enquêtes : Un panel
d'innovations

Personnes ressources : Pisciculteurs, équipe
APDRA, DRAEP
Echantillon : ACP/ Pisciculteurs APDRA et hors
APDRA

Personnes ressources : Pisciculteurs, DRAEP,
équipe APDRA, autres acteurs de la pisciculture
Echantillon : Pisciculteurs APDRA et hors
APDRA

2) Une traque adaptée au contexte de l'étude :

3) Une « traque qui a le trac » ?
Personnes ressources : Surtout les ACP
Echantillon : Principalement des pisciculteurs
APDRA

4) Les études de cas :
Personnes ressources : Uniquement
ACP
Echantillon : Pisciculteurs APDRA
dont la moitié étudiée par Marion
Mounayar en 2019

Légende :

Difficultés rencontrées

Des études de cas
sur un échantillon
connu par l'APDRA

Restrictions
COVID 19 ;
Temps de terrain
diminué

Faible
identification
grâce aux
pisciculteurs

Figure 8: L'évolution de la construction de l'échantillon des pisciculteurs aux pratiques innovantes 1) Une traque qui se veut large :

Pour identifier des pratiques éloignées de ce que propose l'APDRA, nous avion prévu, lors de la phase de préparation méthodologique, qu'une part importante de l'échantillon soit des pisciculteurs non encadrés ou anciennement encadrés par l'APDRA. Afin d'identifier ces pisciculteurs, nous avions prévu d'entrer en contact avec des agents du Service de la Pêche et de l'Aquaculture (SPA) de la Direction Régionale de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (DRAEP). L'identification de ces pisciculteurs pouvait se faire également par « effet boule de neige » en suivant la démarche proposée par Chloé Salembier (Salembier et al., 2016). Cette démarche consiste à mobiliser le réseau social d'un

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pisciculteur en lui demandant s'il connait ou travaille avec d'autres pisciculteurs ou s'il a vu d'autres pisciculteurs qui ont adopté les mêmes pratiques innovantes que celles qu'il met en place.

2) Une traque adaptée au contexte :

Le contexte de la pandémie de COVID 19 a fortement impacté les champs d'études de cette traque (voir page 15). Le bureau de l'APDRA sur la Côte Est se trouve à Vatomandry, ville principale du district. 18 des 23 zones où intervient l'APDRA (voir Tableau 1) sur la Côte Est se situent dans ce district, ce qui regroupe 65% des pisciculteurs que l'ONG encadre. Les enquêtes se sont quasi exclusivement passées dans le district de Vatomandry à cause des temps de transport importants pour aller à la rencontre des pisciculteurs plus excentrés. Finalement, cette traque s'est limitée à étudier principalement des pratiques innovantes mises en place par des pisciculteurs encadrés par l'APDRA dans le district de Vatomandry.

- Identifier des pisciculteurs aux pratiques innovantes pendant la phase de télétravail (11 pratiques innovantes identifiées) :

La première identification de pisciculteurs aux pratiques innovantes s'est faite à distance lors de la phase de télétravail. Nous avons demandé aux ACP de la Côte Est de relever des pratiques qu'ils jugeaient innovantes chez les pisciculteurs qu'ils encadrent. Ensuite, lors d'entretiens téléphoniques avec les ACP, nous avons caractérisé ces pratiques (selon le point de vue des ACP) et nous avons, en réexpliquant la notion d'innovation, tenté d'identifier d'autres pisciculteurs aux pratiques innovantes. Une partie de ces pratiques identifiées se sont avérées par la suite, être déjà étudiées par les activités de recherche-action de l'APDRA. Ensuite, des discussions informelles avec le coordinateur national de l'APDRA ont permis d'identifier d'autres pisciculteurs aux pratiques innovantes.

- Identifier des pisciculteurs aux pratiques innovantes lors du début de la phase terrain grâce aux ACP et aux pisciculteurs (10 pratiques innovantes identifiées) :

La première semaine de la phase terrain a été une semaine de découverte en suivant les ACP dans leur travail. Les premières discussions informelles avec les ACP et les pisciculteurs encadrés par l'APDRA ainsi que les observations terrains ont permis d'enrichir le panorama d'innovations non mentionnées lors de la phase pré-terrain. La première semaine d'entretien auprès des pisciculteurs (identifiés grâce aux ACP) a alors eu pour objectif principal d'identifier de nouvelles innovations et non de caractériser les innovations repérées en amont de la phase terrain. Cela s'est fait à travers des entretiens semi directifs en discutant de l'historique de la pisciculture dans l'exploitation, la gestion piscicole actuelle et les échanges avec d'autres pisciculteurs. Une des portes d'entrées pertinente a été d'identifier les problèmes rencontrés par le pisciculteur et les solutions (parfois innovantes) développées par celui-ci en retour.

L'identification d'autres pisciculteurs par « effet boule de neige » s'est avérée peu efficace sur le terrain, surtout pour identifier des pisciculteurs en dehors de l'APDRA. En effet, l'unique réseau mentionné par les pisciculteurs lors des entretiens était leurs groupements. Ces groupements ont été formés sous l'impulsion de l'APDRA et sont constitués uniquement de pisciculteurs encadrés par l'ONG. De plus, les pisciculteurs enquêtés se sont bien souvent désignés comme unique « penseur et créateur » de la pratique innovante identifiée (cet élément sera discuté dans le chapitre 4).

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3 ) Une « traque qui a le trac » ?

- Identifier des pisciculteurs aux pratiques innovantes grâce aux ACP et au responsable du Service de la Pêche et de l'Aquaculture de Vatomandry (15 pratiques innovantes identifiées) :

Un deuxième entretien a été mené auprès de chaque ACP pour détailler les pratiques innovantes identifiées lors du début de la phase terrain chez certains pisciculteurs et repérer d'autres pisciculteurs les pratiquant (uniquement des pisciculteurs encadrés par l'APDRA).

Un entretien a également été mené auprès du responsable du SPA de Vatomandry. Nous avons identifié trois pratiques innovantes chez deux pisciculteurs non encadrés par l'APDRA. Cet entretien a surtout permis de mieux visualiser la diversité des formes de pisciculture existantes et des acteurs de la pisciculture présents sur la Côte Est de Madagascar.

Peu d'innovations ont été identifiées chez des paysans ne faisant que de la rizipisciculture. En effet, peu d'entre eux ont été rencontrés. Selon le Responsable Suivi Evaluation (RSE), 73% des rizipisciculteurs ont commencé après le 1er octobre 2019 et 52% après le 1er janvier 2020 (voir annexe 1). Nous avons écarté ces pisciculteurs « nouveaux » car selon les équipes de l'APDRA, ils sont encore peu expérimentés et se contentent d'adopter les pratiques recommandées par l'ONG.

4) Les études de cas :

Nous avons approfondi deux innovations à travers des études de cas. Celles-ci ont permis d'identifier quelques autres pratiques innovantes mais elles ont surtout permis d'approfondir celles identifiées en amont. Notre échantillon se compose de 12 pisciculteurs, généralement accompagnés par l'APDRA depuis plus de 3 ans. Ils ont été sélectionnés au fur et à mesure car ils présentaient des innovations, plus systémiques sur leurs exploitations. Nous supposons que leur ancienneté leur procure un niveau de maîtrise piscicole suffisant pour innover. On remarque que 6 de ces 12 pisciculteurs avaient déjà été sélectionnés dans les études de cas de Marion Mounayar en 2018-20193. Elle cherchait à étudier l'évolution de la stratégie de pisciculteurs et avait donc également sélectionné des pisciculteurs anciens. Cependant, il faut noter que nous nous écartons des pisciculteurs « inconnus » par l'APDRA recherchés en début de traque.

Tableau de l'échantillon des pisciculteurs enquêtés et des zones étudiées :

 

Nombre de pisciculteurs

Nombres de zones de
l'APDRA

Pisciculteurs APDRA-Côte Est

211

23

Pisciculteurs APDRA-district de
Vatomandry

137

18

Exploitations piscicoles visitées au

total

35

14 (1 zone de Mahanoro)

Pisciculteurs enquêtés au total

25 (1 hors APDRA)

12

Pisciculteurs enquêtés pour les
études de cas

12

10

Tableau 1: Nombres de pisciculteurs encadrés par l'APDRA sur la Côte Est et pisciculteurs enquêtés

3 Ce rapport se base principalement sur des études de cas (de pisciculteurs accompagnés par l'ADPRA) pour décrire l'évolution de la stratégie piscicole et la place de la pisciculture dans certaines exploitations agricoles sur la Côte Est de Madagascar.

23

3ème étape : Caractérisation des innovations piscicoles paysannes

La phase de caractérisation se rapporte à la collecte des données sur les innovations étudiées. La porte d'entrée adoptée dans cette étude pour caractériser les innovations est tout d'abord zootechnique. Notre démarche combine et confronte un ensemble de matériaux empiriques issus d'enquêtes qualitatives menées dans la zone d'étude. En effet, les données brutes collectées proviennent des dires des pisciculteurs et des observations terrains récoltées lors des entretiens semi directifs. L'entretien semi directif est un outil intéressant pour avoir une discussion autour d'un sujet délimité sans être trop restrictif dans les réponses attendues : « le questionnaire provoque une réponse, l'entretien fait construire un discours » (Ferraton & Touzard, 2009). La quasi-totalité des entretiens ont été enregistrés et réécoutés pour obtenir le plus de détails possibles lors des retranscriptions. Cela a également permis de limiter les erreurs de traduction en faisant réécouter au traducteur des passages qui semblaient incomplets ou erronés dans leurs premières interprétations. De plus, très régulièrement et surtout pour les études de cas, après avoir visité la parcelle du pisciculteur, une carte représentant son exploitation et ses surfaces piscicoles était réalisée pour servir de support de discussion. Cette carte était parfois vérifiée et complétée par l'ACP.

En nous appuyant sur le concept de système d'élevage (voir 2.1.2 Le système d'élevage), les entretiens avec les pisciculteurs ont consisté à leur faire expliciter les dimensions suivantes :

- Les caractéristiques de leurs systèmes d'élevage ou des techniques élémentaires innovantes

qu'ils mettent en oeuvre (ce qu'ils font et comment)

- Les raisons / les motivations qui les conduisent à mettre ces systèmes en oeuvre

- Les mécanismes zootechniques (et parfois agronomiques) qui permettent, de leurs points de

vue, à l'innovation d'aboutir aux effets qu'ils attendent

- Les conditions d'émergences et d'efficacité de l'innovation

- La trajectoire d'évolution de l'innovation (phase de test, pratique déjà expérimentée depuis

longtemps, ...)

- Les réseaux mobilisés (groupements de pisciculteurs, ACP, autres acteurs)

- Les performances de l'innovation du point de vue du pisciculteur

- L'insertion de l'innovation dans le système d'élevage voir au-delà (système de production,

territoire).

4 Au cours de l'entretien, d'autres innovations peuvent alors découler de la première identifiée.

La première phase de collecte de données a permis de caractériser un panel d'innovations afin de montrer la diversité des pratiques piscicoles innovantes existantes dans la zone d'étude. Cette première caractérisation des innovations se base sur les dimensions citées précédemment. En fonction de la nature de l'innovation (plus ou moins simple à caractériser) et du temps d'échange avec le pisciculteur, les pratiques innovantes ont été plus ou moins détaillées et caractérisées.

Ensuite, une phase de capitalisation et de restitution à l'équipe technique et à l'équipe de coordination a eu lieu. Elle a permis de confronter les premiers résultats récoltés, de les consolider et de sélectionner les innovations les plus intéressantes à approfondir à travers des études de cas. Ces innovations ont été choisies car elles sont de nature systémique, elles englobent une grande partie du système d'élevage du pisciculteur et révèlent des stratégies innovantes mises en place par celui-ci. Elles sont également jusqu'alors peu connues par l'APDRA.

La deuxième phase de collecte de données s'est focalisée sur deux innovations : « la combinaison de la pisciculture en étang barrage et en rizière chez un même pisciculteur » et « des

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conduites d'élevages innovantes du tilapia du Nil ». La moitié des 12 pisciculteurs sélectionnés pour les études de cas avaient déjà été enquêtés lors de la première phase et une première collecte de données avait été réalisée. La caractérisation de ces deux innovations systémiques s'est faite sur les 8 dimensions citées à la page précédente. Plus précisément, nous avons décortiqué avec le pisciculteur les différentes étapes de son calendrier piscicole l'année en cours et les années précédentes. Les étapes clés comme la reproduction, le pré grossissement des alevins, le grossissement, les pêches, les ventes et les autres activités agricoles (notamment la riziculture sur les surfaces empoissonnées) ont été essentielles à comprendre pour déterminer les choix du paysan dans sa gestion de son activité piscicole. Cela a permis, in fine, de mieux comprendre ses stratégies piscicoles et la place de la pisciculture dans son exploitation.

A la fin de la phase terrain, une restitution a été faite auprès de toute l'équipe technique de la Côte Est. Cette restitution portait essentiellement sur les résultats de la phase d'étude de cas et présentait en détail les résultats obtenus (calendriers piscicoles, pratiques innovantes et stratégies développées par les pisciculteurs). Cela a permis de confronter nos résultats avec les dires des ACP afin d'enrichir nos données, remettre en question certains résultats obtenus et en valider d'autres.

4ème étape : Analyse des innovations piscicoles paysannes

Pour l'ensemble des innovations analysées, nous présentons dans un premiers temps la pratique conseillée par l'APDRA dans son référentiel pour ensuite caractériser la ou les pratique(s) alternative(s) observée(s) chez les pisciculteurs enquêtés.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams