WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La MONUSCO dans le résolution des conflits: entre contestation locale et légitimation global


par Bernard POPO-E-POPO
Université Paris 8 Vincennes Saint Denis - Master 2 2020
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. L'ingérence des acteurs étrangers

Si au point précédent j'ai voulu traiter des acteurs nationaux, ce deuxième sous point aborde plutôt la question de l'ingérence les acteurs étrangers dans les conflits congolais. En effet, l'ingérence des pays de la région des Grands dans l'Est de la République Démocratique du Congo s'est accrue de nouveau ces dernières années, plus précisément dans des zones qu'on appelle aujourd'hui `'zones sensibles». Parmi ces zones, nous avons le Nord-Kivu et les Hauts-Plateaux du Sud-Kivu. Dans les Hauts plateaux, « le Burundi et le Rwanda continuent de mener par procuration certaines de leurs luttes de le pouvoir tant à l'intérieur de chaque pays qu'entre eux »160

2.1. L'ingérence du Rwanda dans les conflits à l'Est de la RDC

La proximité du Nord-Kivu avec le Rwanda fait qu'il parait impossible d'aborder la problématique des conflits et violence dans les Kivu sans convoquer l'ingérence du Rwanda entant qu'acteur non négligeable de ces conflits. En fait, la situation limitrophe du Nord-Kivu avec le Rwanda a eu triple effet. Il y a tout d'abord des courants migratoires à différentes époques que j'ai indiqué plus haut, puis une radicalisation du clivage entre le Banyarwanda dont les uns étaient Hutu et les autres Tutsis, c'est dans ce sens qu'on assistera à un troisième effet qui est l'exportation du conflit interne rwandais au République Démocratique du Congo.

Depuis l'arrivée au pouvoir du président Felix Tshisekedi en janvier 2019, le Rwanda est intervenu plusieurs fois dans le Nord-Kivu avec plus de force pour cibler les rebelles rwandais qui sont en même temps les anciens génocidaires Interahmwes. Ces nouvelles ingérences s'inscrivent dans le prolongement d'un projet politique qui avait un objectif double. Comme le montre bien Gérard Prunier161, le premier objectif de l'ingérence du Rwanda à l'Est de la République Démocratique du Congo était non seulement de détruire la réorganisation militaire des génocidaires hutus installés en République démocratique du Congo mais également le renversement du pouvoir du président Mobutu. Une fois engagé dans cette guerre, dans le deuxième objectif, le Rwanda a commencé à construire une économie de guerre en exploitant les ressources minières de la République démocratique du Congo pour financer sa

160 Groupe d'étude sur le Congo, La cartographie de groupes armés dans l'Est du Congo, Op., Cit., p. 8.

161 Cfr. Gérard Prunier, Africa's World War: Congo, the Rwandan Genocide, and the making of a continental catastrophe, Oxford: Oxford University Presse, 2009.

66

présence sur place et la politique dans son propre pays. Gérard Prunier parle même d'intervention rwandaise en RDC en termes des paradoxes. Les paradoxes étaient massifs, surtout si l'on se souvient à l'idée que c'était pour « sauver » les Banyamulenge » qui étaient menacés du génocide que l'armée rwandaise était d'abord entrée au Congo. Cependant, cette même armée rwandaise attaquait les mêmes Banyamulenges avec des hélicoptères de combat162. Ce qui devient aujourd'hui un argument incontestable, du moins sur le plan de la recherche, c'est le fait d'affirmer que la cause fondamentale de l'action rwando-ougandaise en République Démocratique du Congo alors Zaïre à l'époque, précisément à partir de septembre 1996 tient bien évidement au problème des réfugiés rwandais au Kivu, « réfugiés armés qui menaçaient la stabilité du régime FPR et qui cherchaient à reprendre par la force le pouvoir de Kigali »163 Remarquons qu'aujourd'hui, ces interventions régionales, notamment celles du Rwanda est un facteur aggravant des conflits qui génère de la violence, notamment les conflits fonciers et les conflits liés aux ressources locales ainsi que la lutte pour le pouvoir politique et coutumier. On pourrait dire que le projet politique du Rwanda dans les conflits à l'Est de la République démocratique du Congo n'est pas du tout d'assister à l'émancipation d'un nouveau Congo, « mais plutôt la conception d'un « Congo vache à lait » qu'irait traire les cadets Tutsis d'une APR en surnombre à la recherche d'emplois pour ses jeunes officiers et d'un Kivu satellite ouvert à une quasi-colonisation rwandaise »164. Même si depuis le régime de Laurent-Désiré Kabila, le Congo en tant qu'État ne pouvait pas tolérer cette conception humiliante du Rwanda sur la République Démocratique du Congo, cette perception revient régulièrement dans le discours des congolais à chaque fois que la présence de militaires rwandais est observée sur le territoire congolais, notamment les régions du Kivu où règne l'instabilité. C'est d'ailleurs dans ce contexte que s'est développé non seulement la rhétorique contestataire contre la présence des militaires rwandais sur le territoire congolais, mais également s'est réactivé le discours anti-tutsi. Celui-ci étant devenu le potentiel ennemi du Congo. Cependant tout porte à croire que le Rwanda n'est pas le seul pays de la région à s'ingérence dans les conflits à l'Est du Congo. Un autre acteur régional parmi tant d'autres qui mérite d'être convoqué, c'est l'Ouganda.

162 Ibid., p. 283.

163 Gérard Prunier, « L'Ouganda et les guerres congolaises », In Politique africaine, 1999/3 N°75, pages 34 à 59, p. 47.

164 Ibid., p. 51.

67

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand